Interview Brut : Eva Green et Claudie Haigneré

Brut

Dans "Proxima", Eva Green incarne une astronaute qui se prépare à partir pour sa première mission spatiale.  Cette aventure, Claudie Haigneré l'a vécue. Première femme française à être allée dans l'espace, elle a partagé son expérience avec l'actrice.

Transcript

00:00Les astronautes sont des êtres extrêmement passionnés,

00:04investis à 200%, qui sont très talentueux dans plein de domaines.

00:08Pour moi, ce sont mes super-héros.

00:11Je suis en grande admiration devant ce...

00:14Ce n'est même pas un métier, c'est une vocation.

00:30Le vécu, ça se partage aussi, parce que ces expériences-là,

00:39on n'est quand même que de très rares privilégiées à l'avoir vécu.

00:41Il y a une soixantaine de femmes aujourd'hui qui ont volé.

00:44Et vous, Eva, dans ce que Claudie vous a raconté,

00:46est-ce qu'il y a une anecdote qui vous reste particulièrement en mémoire ?

00:51Oh... Dieu...

00:54Je ne sais pas, peut-être le départ avec le miroir, de regarder...

00:58Oui.

01:00Effectivement, je me souviens de ce moment-là,

01:03dans cette fusée, au moment du départ,

01:05quand on a été installé au sommet de la fusée, dans sa capsule.

01:08La mise à feu, le décollage, donc, vertical.

01:12Donc, l'extraction, la séparation de la Terre, ce moment.

01:16Et ça ne dure pas longtemps.

01:19Ça dure quelques minutes.

01:22Et donc, c'est le seul moment où on va se voir extraire verticalement de la Terre.

01:25C'est un moment à ne pas rater, une fois que la coiffe est séparée

01:28et qu'on peut regarder par le hublot.

01:30Mais on ne peut pas regarder par le hublot,

01:33parce qu'on est coincé avec son harnais dans son siège.

01:36Donc, la seule solution, c'est le petit miroir qu'on a sur le manche de son scaphandre,

01:41qui est fait pour regarder si on a bien la tête.

01:45Le manche de son scaphandre, qui est fait pour regarder

01:48si on a bien bouclé notre casque en cas de dépressurisation.

01:54Et là, en regardant dans le petit miroir, par le hublot,

01:58on se voit partir de la Terre dans cette direction verticale.

02:03C'est quand même une aventure extraordinaire,

02:06d'aller ouvrir les coutilles et de se retrouver dans le vide extra-atmosphérique,

02:12dans ce petit scaphandre qui est ce qui vous protège de ce milieu hostile,

02:18de voir la Terre défiler à 28 000 km heure, à 400 km en orbite.

02:24Oui, ce sont des moments magiques.

02:26Évidemment, je vais parler de cette vision par le hublot,

02:29de cette petite planète bleue et blanche,

02:32qui est la Terre dans ce cosmos noir plutôt mystérieux,

02:37une beauté, une fragilité tout à fait extra-ordinaire.

02:44Ce sont des moments où on ressent des sensations qui ne sont pas habituelles.

02:49On appelle ça le « overview effect ».

02:51Quand on est astronaute, c'est difficile de trouver les mots pour le raconter,

02:55parce que c'est à la fois de l'harmonie, une planète dont on sait qu'elle porte la vie,

03:00et on a cette possibilité de la regarder et ensuite de transmettre ce regard.

03:04Donc ça, c'est très fort.

03:06Je suis aussi très attachée aux beautés de la Terre, où qu'elles soient.

03:11Le retour dans les stèpes du Kazakhstan, c'était l'ouverture de l'écoutille,

03:15l'odeur de la Terre.

03:17Pas d'odeur dans la station.

03:19Et on est quand même des terriens quelque part,

03:22et on est attachés à cette planète.

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