#TBT : en 1977, le combat de Gisèle Halimi pour criminaliser le viol

Brut

Son combat pour faire reconnaître le viol comme un crime avait conduit à une révision de la loi, le viol devenant un crime puni de 15 ans de prison.

Transcript

00:00Quand une femme est violée, on commence par dire

00:03qu'elle n'avait qu'à ne pas porter un jean collant, qu'elle n'avait qu'à ne pas sourire,

00:07qu'elle n'avait qu'à ne pas sortir, qu'elle n'avait qu'à ne pas, à la limite,

00:10qu'elle n'avait qu'à ne pas exister en tant que femme.

00:13Et à la cour d'incise, nous demandons, c'est une des propositions de loi

00:17que Choisir va déposer incessamment sur le bureau du garde des Sceaux

00:21et à l'Assemblée nationale,

00:23qu'il n'y ait pas de huis clos.

00:25C'est-à-dire, sauf bien entendu, la seule réserve,

00:28si la jeune femme violée le réclame elle-même.

00:31Nous voulons donc la publicité.

00:33Cour d'incise et publicité.

00:36Parce que nous pensons qu'une chose pour un homme est de violer

00:40et autre chose est de vouloir qu'on le sache dans son village,

00:43dans son travail, dans les journaux.

00:46Donc la publicité peut jouer comme un moyen de dissuasion.

00:51Mais je le répète, nous ne sommes pas répressifs.

00:53Chaque fois qu'on nous a demandé des mises en liberté provisoires de violeurs,

00:57Choisir a dit banco.

00:59Ça veut dire que nous n'avons pas pensé, nous n'avons jamais pensé

01:02que la prison pouvait être une bonne thérapeutique.

01:05Mais ce que nous trouvons suspect et inadmissible,

01:09c'est que la campagne se fasse contre l'emprisonnement des violeurs.

01:13Elle ne se fait pas ailleurs.

01:15C'est un signe important.

01:16Ça veut dire, violer une femme,

01:19c'est pas grave au point qu'on mette des hommes en prison.

01:23En revanche, voler dans un drugstore ou faire un chèque sans provision,

01:26la prison, oui.

01:27Alors nous disons, si vous voulez supprimer la prison pour tout le monde,

01:31comme système, nous signons des deux mains.

01:33Mais si vous commencez à la supprimer uniquement quand il s'agit de viol,

01:38c'est une indication qui est grave

01:40et qui signifie que vous considérez que c'est une chose badale, anodine.

01:46En fait, une femme violée, c'est une femme cassée.

01:49C'est une femme éclatée.

01:51C'est une femme qui ne s'en remettra à mon sens jamais.

01:54Elle entre dans une espèce de coma,

01:57une partie d'elle-même entre dans une espèce de coma

02:01et elle survit, je crois, d'une espèce d'autre vie.

02:05Et quand elle se bat, elle a véritablement un courage

02:08parce qu'elle sait que ça n'est pas pour elle,

02:10elle, sans remettre, je ne sais pas si elle le peut,

02:12mais qu'elle le fait justement pour que les autres femmes

02:14ne passent pas par les épreuves qu'elle a subies.

02:18Les hommes, tout de même, un jour, violeront de moins en moins.

02:21Vous savez, moi, si je mène ces luttes, c'est que je dois être optimiste,

02:25autrement, je ne les mènerais pas.

02:27Je pense qu'en tout cas, l'enjeu est très important.

02:29Vous savez, ça n'est pas un procès de viol, l'enjeu.

02:31Ce n'est pas une condamnation ou un acquittement.

02:34L'enjeu, c'est changer les rapports fondamentalement

02:37entre les hommes et les femmes.

02:39Il ne peut pas y avoir de société

02:41où le couple, au plan de l'amour, soit basé sur un rapport de force physique.

02:45C'est quasiment du fascisme.

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