L'Assemblée nationale examine une proposition de loi visant à réformer le métier d'infirmier et d'infirmière. Ce texte concerne 640.000 professionnels de santé en France, majoritairement des femmes. Nos infirmiers pourraient ainsi prescrire certains médicaments, comme du paracétamol. À la réaction de Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 10 mars 2025.
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00:00RTL 18h44, bonsoir Daniel Guilherme, vous présidez la Fédération Nationale des Infirmiers, merci de nous rejoindre sur notre 18-20.
00:11Cela fait deux ans que vous l'attendiez, l'Assemblée Nationale examine une proposition de loi visant à réformer le métier d'infirmière,
00:18puisque l'on l'emploie très souvent aux féminins. Ce texte concerne 640 000 professionnels de santé en France, majoritairement des femmes.
00:26Nos infirmiers pourraient-ils ainsi prescrire certains médicaments, comme par exemple du paracétoamol, et est-ce que c'est nécessaire ?
00:33Alors ce texte a ceci de particulier, c'est qu'il consacre deux mots en fait dans son article premier, c'est le mot « consultation » et le mot « prescription ».
00:46Alors ce qu'il faut savoir c'est qu'aujourd'hui on a un champ de prescription mais qui est relativement limité.
00:52Là l'idée en fait au travers des consultations c'est de détendre un petit peu ce rôle de prescription et bien sûr tout ça sera encadré par des textes,
01:01et notamment un décret en fait qui définira les missions des infirmières et le référentiel d'activité et de compétences.
01:07Nous aurons après une liste en fait des médicaments autorisés à prescription par les infirmières.
01:12Et aujourd'hui qu'avez-vous le droit de faire justement en termes de prescription ?
01:16Absolument, on peut prescrire des dispositifs de pansement en particulier, on a un droit de prescription également sur la vaccination,
01:22et ça c'est quelque chose qu'on a obtenu dernièrement après la crise sanitaire, une extension en tout cas de notre champ d'activité sur la vaccination.
01:31Aujourd'hui on a quasiment accès à la totalité, l'intégralité du calendrier vaccinal.
01:37Je veux faire mon vaccin anti-grippe à l'automne, je peux m'adresser à vous ?
01:41Absolument, on peut vous le prescrire et vous le faire.
01:43Très bien.
01:44En revanche, il y a des choses effectivement que vous ne pouvez absolument pas prescrire,
01:48certains médicaments, ne serait-ce que du paracétamol, ça pour l'instant, ça vous est interdit ?
01:53Absolument, on ne peut pas prescrire de sérum physiologique.
01:56Le sérum physiologique c'est de l'eau salée.
01:58Il y a des choses à caler au niveau des prescriptions, alors il ne s'agit pas pour nous d'accéder à l'intégralité de la pharmacopée.
02:07Évidemment, nous ne sommes pas médecins et nous n'avons pas l'intention de devenir médecin.
02:11Qui dit nouvelle qualification dit par définition nouvelle formation.
02:15Est-ce que vous y êtes prêts et est-ce que les études vont changer elles aussi ?
02:19Cette proposition de loi s'inscrit dans une réforme beaucoup plus large de nos vecteurs législatifs.
02:24Un, on aura un nouveau décret en Conseil d'État qui définira nos missions et un référentiel d'activité et derrière, des arrêtés correspondants.
02:34Parallèlement à ça, on a engagé une réingénérie de notre diplôme d'État.
02:37C'est-à-dire ?
02:38C'est-à-dire qu'on va refaire le contenu de la formation.
02:42C'est-à-dire que tout ça va bouger et va se mettre en adéquation avec les nouveaux textes.
02:47Donc la prochaine rentrée normalement, avec le diplôme d'État nouvelle version, devrait se faire en septembre 2026.
02:55Cette proposition de loi, elle est vécue comment par la profession ? Comme une sorte de reconnaissance de vos compétences ?
03:02Ce que ce texte a d'inédit, c'est que c'est la première fois qu'on définit la profession dans la loi.
03:07Jusqu'à présent, nous n'étions pas définis. Nous étions définis comme une profession, entre guillemets, à actes délégués.
03:13Et notre seule existence, en fait, se faisait dans le Code de la santé publique.
03:17Donc on avait une définition uniquement réglementaire.
03:20Ce texte nous amène une définition légale.
03:22Donc on a un cadre beaucoup plus large.
03:24Et l'idée, en fait, qui a présidé à cette réforme, c'est d'amener de la souplesse, en fait, dans nos champs de compétences.
03:31Aujourd'hui, les sciences et les techniques évoluent très vite et il faut pouvoir s'adapter.
03:36On a une double contrainte en plus.
03:38C'est qu'aujourd'hui, en fait, on a des problèmes d'accès aux soins via les médecins généralistes.
03:43Donc l'idée n'est pas de remplacer les généralistes, mais effectivement d'amener peut-être une porte supplémentaire d'entrée dans le système de soins.
03:50Alors pourtant, vous le savez, certains médecins généralistes sont inquiets de prérogatives étendues à votre profession.
03:58Que leur répondez-vous ?
03:59J'aimerais les rassurer. Dans un premier temps, les rassurer complètement.
04:02Il ne s'agit pas pour nous, demain, de jouer au docteur.
04:05C'est clair. Ils ont en fait un diagnostic qui est un diagnostic médical.
04:09Nous, notre diagnostic, c'est un diagnostic infirmier.
04:12Les consultations qu'on fera ne seront pas des consultations généralistes au même titre que les médecins.
04:17Mais ce qu'on demande, nous, en tout cas, à la Fédération nationale des infirmiers, ce sont des consultations périmétrées.
04:21Je vous donne un exemple.
04:22Oui.
04:23Une consultation sur la vaccination.
04:25Mise à jour, en fait, de la vaccination à un patient.
04:28Pour ça, en fait, il faut aller voir où il en est dans l'intégralité de ces vaccins.
04:32C'est une vraie consultation.
04:34Et durant laquelle, on peut faire du recueil de données cliniques.
04:39Donc, on est dans une consultation infirmière.
04:41Il ne s'agit pas pour nous, derrière, en fait, d'aller prescrire X médicaments, etc.
04:45On sera, en fait, sur une prescription de vaccins.
04:48La même chose sur les conduites addictives.
04:50La même chose sur la prévention, sur l'éducation thérapeutique.
04:53On a un champ de compétences, aujourd'hui, qui a été totalement inexploité.
04:56Les contraintes du système font qu'aujourd'hui, les tutelles, en tout cas,
05:00s'intéressent un peu plus à ce champ spécifique, en fait, et à ce rôle propre infirmier.
05:05Je peux prendre un exemple que vous venez de citer, qui est étonnant. Conduite addictive.
05:07Je trouve que je force un petit peu sur l'alcool, en ce moment.
05:10Je pourrais appeler un infirmier que je connais, qui me faisait, par exemple, mon vaccin anti-grippe, habituellement,
05:15et lui dire, voilà, j'aimerais bien en parler avec vous. Est-ce que vous avez quelques conseils à me donner ?
05:19Absolument. Il va vous faire ce qu'on appelle une consultation de prévention.
05:22Et il vous orientera, en fait, aux besoins, selon le recueil de données cliniques, dans le système de santé.
05:28Que cela fixe un cadre légal pour la profession, on l'a bien compris.
05:32En revanche, il n'est pas question de rémunération dans cette proposition de loi.
05:35Et là, on peut s'étonner, nous, publics, parce qu'on le sait,
05:39ce n'est pas une profession qui rémunérait à la juste valeur de ce que vous faites au quotidien.
05:46Il y a de fortes revendications dans la profession, que ce soit dans le secteur salarié ou le secteur de ville.
05:51Le secteur salarié a été revalorisé quand même un petit peu après le Ségur de la santé.
05:57Il y a eu quand même une meilleure attractivité, en tout cas au niveau des services hospitaliers, sur les rémunérations.
06:02Le secteur de ville, c'est un peu plus compliqué, parce que là, on n'est pas dans un secteur salarié.
06:05Donc, vous travaillez, vous gagnez bien votre vie. Vous travaillez moins, vous gagnez moins.
06:09Ceci dit, en fait, dans le secteur de ville, on a un problème particulier.
06:13C'est qu'un tiers de nos lettres-clés, c'est-à-dire ce qui nous permet de coter nos actes,
06:18la valeur de ces lettres-clés est bloquée depuis 2009.
06:21Nous, ce qu'on demande au gouvernement, c'est une enveloppe qui nous permette de sortir de ce marché prix-volume dans lequel il nous enferme.
06:29Pourquoi ? Parce qu'il nous dit, écoutez, nous, on ne peut pas augmenter votre enveloppe parce que les volumes augmentent.
06:33À un moment donné, on ne pourra pas prendre en charge nos patients en ville à moyen constant, c'est évident.
06:39Pourquoi pas de rémunération dans cette proposition de loi ?
06:43Pourquoi pas de rémunération dans cette proposition de loi ? Parce que vous avez deux types de rémunération.
06:48Les rémunérations qui sont fixées pour le cadre des établissements, ce sont des négociations salariales.
06:54Et vous avez des négociations qui sont des négociations conventionnelles avec l'assurance maladie pour la ville.
06:59Donc ça, évidemment, ça va suivre derrière.
07:03Et la profession attendait cette PPL pour justement rentrer en négociations conventionnelles.
07:10Merci beaucoup, Daniel Guillerm. Vous présidez la Fédération nationale des infirmières et infirmiers.
07:14Merci d'avoir pris la parole ce soir sur RTL.
07:16Dans un instant, un homme qu'on vous prescrit sans limite, une dose de rire tous les soirs,
07:20le bon docteur Marc-Antoine Lebray de la faculté de Breaking News.