« De nombreuses années d'abus » : le jeu vidéo français se met en grève pour la première fois - Vidéo Dailymotion

Le Parisien

Le secteur français du jeu vidéo s'est mis en pause ce 13 février, le temps d'une grève nationale inédite et de rassemblements dans une dizaine de villes pour dénoncer les conditions de travail et les suppressions d'emplois.

Transcript

00:00On a énormément de membres burn-out.

00:03Nous, on avait fait une stat entre nous en production.

00:06On avait vu que grosso modo, au bout de 2-3 ans,

00:08chaque personne qui avait travaillé en production avait fait un burn-out.

00:11C'est très jeune.

00:12Tout le milieu du jeu vidéo français s'est mis en grève ce jeudi 13 février

00:16pour la première fois avec des rassemblements dans une dizaine de villes.

00:20C'est de nombreuses années d'abus et de conditions de travail un peu difficiles

00:24qui ont fini par un peu réveiller les consciences

00:27et forcer les gens à se mobiliser

00:29parce qu'on voit bien que ça ne change pas.

00:31C'est un milieu qui souffre beaucoup de ce qu'on appelle un peu le métier passion

00:35où les gens acceptent d'être moins bien payés

00:37mais travaillent dans un milieu qui les fait rêver.

00:39Je pense que ce qui a été le déclencheur,

00:40c'est qu'on a vu qu'au sein de plusieurs entreprises,

00:43Ubisoft, Dontnod,

00:44il y a vraiment eu des suppressions de postes.

00:46Aujourd'hui, on a lancé la première grève nationale du jeu vidéo,

00:49internationale même,

00:50puisque les camarades d'Ubisoft Barcelone et Milan nous rejoignent

00:53et de nombreuses autres organisations à travers le monde.

00:56Ce mois-ci, il y a des risques que je sois licencié

00:58parce qu'il y a un PSE, un plan de sauvegarde de l'emploi,

01:00actuellement chez Dontnod.

01:02Ça peut me tomber dessus, on ne sait pas encore.

01:03Moi, j'ai fait toutes les phases du deuil,

01:05c'est-à-dire le déni, la colère, la frustration, la tristesse

01:09et maintenant je suis dans l'acceptation

01:10avec une totale incertitude de retrouver un emploi après.

01:13Malgré l'expérience que j'ai,

01:14ça fait presque dix ans maintenant que je fais du jeu vidéo.

01:16On voit des gens qui sont passionnés par ce qu'ils font,

01:17qui sont extrêmement bons dans ce qu'ils font,

01:19qui se font virer pour des raisons purement financières.

01:23Il y a toujours cette espèce de petit jeu sur le

01:25que les patrons savent plus ou moins

01:27qu'on ne va pas accepter de sortir quelque chose de mauvaise qualité

01:29parce qu'on aime ce qu'on fait, on aime notre entreprise.

01:31Moi, j'aime profondément ma boîte.

01:33Et du coup, il y a toujours ce petit truc un peu toxique

01:34qui fait que les gens vont avoir tendance à se cramer

01:36pour quand même remplir et faire plaisir aux joueurs et aux joueuses.

01:39On est devant le fait accompli

01:40de « il faut réaliser des projets irréalisables »

01:42et c'est comme ça.

01:43Cette journée est un marqueur historique.

01:45Nous leur montrons que désormais,

01:46nous sommes capables de nous organiser

01:48et de faire valoir nos droits et nos intérêts.

« De nombreuses années d'abus » : le jeu vidéo français se met en grève pour la première fois

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