Affaire Louise : «Vous ne pouvez pas connaître tout ce que fait votre enfant quand vous n'êtes pas là», rappelle Jean-Christophe Couvy

Europe 1

12/02/2025

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00:00Et je salue mes camarades de La Première Heure. Bonsoir Catherine Ney.

00:03Bonsoir Pierre.

00:04Grande Voix d'Europe 1, éditorialiste politique, bonsoir Olivier Darpigolle.

00:07Bonsoir Pierre.

00:08Et nous accueillons Jean-Christophe Kouvi.

00:10Et quand je dis que nous l'accueillons, il n'est monté que d'un étage, j'allais

00:15dire, du studio de Laurence Ferrari dans Punchline à Europe 1 Soir, il n'y a qu'un

00:19pas secrétaire national du syndicat de police Unité.

00:21Bonsoir.

00:22Bonsoir.

00:23Merci, vous nous avez apporté votre éclairage tout à l'heure, merci de continuer à nous

00:29éclairer sur ce sujet.

00:31Pendant la pause publicitaire, vous disiez quelque chose de très très important, vous

00:34disiez, pour l'instant, ce ne sont que les déclarations de ce jeune de 23 ans.

00:38Oui, en fait, bon là il y a les aveux, donc c'est ses aveux à lui.

00:42Maintenant le procureur de la République, effectivement, a assez, puisqu'on a l'épreuve

00:46ADN, on a les aveux de la personne.

00:49Donc maintenant il va y avoir une instruction, et c'est le juge d'instruction qui va continuer

00:53à instruire le dossier pour l'emmener aux assises.

00:56Et donc là, du coup, on va pouvoir aller plus en profondeur, notamment dans la biographie

00:59de ce garçon, de savoir depuis sa jeunesse, tout ce qu'il a réellement traversé, tous

01:05les éléments.

01:06On a appris, par exemple, qu'il avait été interpellé deux fois pour des vols en 2021

01:11et 2022.

01:12Une tentative et un vol.

01:15Il y a eu une alternative aux poursuites, donc il avait reconnu, et effectivement il

01:19avait fait un stage de citoyenneté.

01:20Entre 2022 et maintenant, il a disparu des radars, sauf qu'en fait, pareil, quand on

01:25regarde un petit peu, puisqu'il était en BTS en alternance, son BTS, il a continué

01:29jusqu'en décembre.

01:30A partir de décembre, à priori, il n'était plus en alternance, donc un peu livré à

01:33lui-même.

01:34Voilà.

01:35Est-ce que c'est à partir de là que, patatras, tout est revenu et quelqu'un qui a besoin

01:40peut-être d'être cadré n'était plus assez cadré ?

01:42Bon, tout ça, c'est encore une fois l'enquête, là c'est l'enquête brute qui a été

01:46faite avec ses aveux.

01:47Maintenant, il y aura une enquête beaucoup plus à l'intérieur, plus précise, pour

01:51cerner le personnage, le cerner psychologiquement aussi.

01:54Vous allez voir des psychiatres pour voir dans quel état il est, s'il est compatible

01:58justement un jour pour être jugé ou pas.

02:00Voilà, tout ça, ça va être un peu plus long, ça va prendre du temps.

02:05Ça va prendre du temps, combien de temps ?

02:06Ça dépend du juge d'instruction et ça dépend aussi des enquêteurs qui sont dessus.

02:10Là, on avait 60 enquêteurs qui se sont relayés jour et nuit pour résoudre cette enquête,

02:14sauf qu'après, il faut savoir aussi que quand vous êtes enquêteur, vous avez d'autres

02:18affaires.

02:19Et donc, le juge d'instruction, lui, il veut faire avancer le dossier, mais vous n'avez

02:22pas les enquêteurs à sa disposition que pour ce dossier-là.

02:25Vous avez plein d'autres dossiers qui sont en cours, encore une fois, d'instruction.

02:29Dès qu'un enquêteur a le temps, il construit le dossier, il fait des réquisitions, etc.,

02:36il reçoit des résultats, il continue à faire le dossier, mais il a d'autres dossiers en

02:39cours.

02:40C'est assez complexe.

02:41C'est pour ça qu'on explique aussi des fois, là, c'est la police judiciaire.

02:45C'est quand même des faits alignés, on est en nombre, on a le temps, on est spécialisé.

02:50Mais dans les commissariats, vous savez, vous avez entre 150 et 200 procédures dans votre

02:56bannette et vous devez avoir autant de personnes qui attendent à ce que les procédures avancent

03:04et souvent, vous êtes seul.

03:05Donc, c'est très compliqué, ça demande du temps et c'est long.

03:07Olivier Dardigolles ?

03:08On a quelques premiers éléments, il y a eu la conférence de presse du procureur, notamment

03:13sur sa relation avec cette petite sœur, avec des violences peut-être intra-familiales,

03:21avec je ne sais s'il s'agit d'une main courante et non pas d'un dépôt de plainte, avec une

03:26famille CSP+, en termes de catégorie socio-professionnelle.

03:31La question qu'on se pose toujours, c'est est-ce qu'on est passé à côté de quelque

03:35chose ? Est-ce que notre société a dysfonctionné à un moment donné ? Est-ce qu'un signal

03:40faible était déjà une alerte forte ?

03:42C'est ce que disait Linda Kebab sur repas au micro de Sonia Mambo.

03:44Alors, est-ce que c'est la société ou est-ce que c'est les parents, la famille, l'éducation

03:49nationale ? Je veux dire tout.

03:51Je ne suis pas là pour chercher des coupables.

03:54En revanche, effectivement, il faut se poser la question pour que ça n'arrive plus, ou

03:57moins souvent.

03:58C'est ça en fait le boulot de policier.

04:02On a résolu cette affaire, il faut que maintenant le politique s'en empare aussi pour essayer

04:07de trouver justement des parades, pour éviter un cursus.

04:10En fait, ce qu'on voit...

04:12Catherine Ney a dit quand même la famille d'un demi mot et je pense qu'elle a raison.

04:17C'est toujours facile de dire voilà, il y a peut-être eu un loupé, il y a peut-être

04:23eu...

04:24Vous avez dit, il n'y a pas de suivi entre 2022 et aujourd'hui.

04:28Il a fait son stage de citoyenneté.

04:30Quelles conséquences on en a tiré ? Peut-être qu'il s'est très bien tenu dans son stage

04:35de citoyenneté.

04:36Vous savez, c'est comme l'autre jour, Béatrice Bougère qui disait très justement, vous

04:39savez, parfois il a des remises de peine parce qu'il s'est très très bien comporté

04:42en prison.

04:43Mais en réalité, il a fait des trucs horribles avant.

04:45Les parents, dans notre système actuel, dans notre maillage actuel, c'est très très important

04:54et j'ai l'impression qu'on les disculpe parfois.

04:58Quand vous avez un jeune qui, au lieu de faire son BTS, se retrouve devant un Fortnite.

05:03Vous avez déjà vu Fortnite ? Vous avez vu le jeu vidéo Fortnite ?

05:09Moi, j'ai vu mon gamin qui a huit ans, qui a été chez des cousins, sa première fois

05:17que je jouais à Fortnite, c'est quand même des gens qui tuent des gens.

05:20Pendant une heure, deux heures, trois heures ou six heures, on tue des gens avec une arme

05:26sur un écran.

05:27Ils trouvent ça génial.

05:28On tue des gens.

05:29Pardonnez-moi, mais je ne suis pas là en train d'accuser les providers de jeux vidéo,

05:33mais à un moment donné, les parents, qu'est-ce qu'ils font ? Ils le laissent jouer pendant

05:38huit heures ? Ils se calment, ils prennent leur bagnole pour se calmer ?

05:41Moi, j'ai joué à des jeux vidéo où je tuais des gens dans les jeux vidéo, des jeux

05:43de guerre, etc.

05:44Je ne suis pas pour autant gaga, mais ce gamin, il a 23 ans quand même, c'est un jeune adulte

05:51aussi.

05:52Donc les parents, à un moment donné, quand on a quelqu'un de 23 ans, on le siège plus

05:57comme peut-être on peut suivre des enfants de 16 ans, 15 ans, 12 ans, etc.

06:02Vous vous interrogez quand même si votre gamin passe sa vie devant ce genre de truc

06:06violent ?

06:08Vous voyez, des fois, vous pouvez vivre avec un conjoint, une conjointe qui a une double

06:10vie, vous ne le savez pas, et pourtant, vous vivez H24 avec.

06:12Non, mais vous ne pouvez pas connaître tout ce que fait votre enfant quand vous n'êtes

06:19pas là.

06:20Vous imaginez que c'est quelqu'un de très très bien, qui respecte les règles, etc.

06:23Il battait sa petite sœur quand même, il ne se parlait plus depuis un an.

06:27Peut-être qu'elle n'a pas parlé non plus, mais c'est pour ça que le juge d'instruction

06:30est là pour dégrossir ce que ces gens font.

06:32Pour dégrossir, connaître la vérité et emmener le dossier complet ficelé devant

06:36les assises, pour que derrière, parce qu'il y a la partie adverse, le défenseur de ce

06:42jeune homme, de Owen, qui sera là aussi pour battre en brèche tout ce qu'on pourra amener.

06:48Ça fait partie du procès.

06:49Oui, moi, ce qui m'a le plus étonnée, c'est d'apprendre qu'il y a quelques jours, il

06:54avait déjà essayé d'amener une autre petite fille de 12 ans dans les bois, en lui disant

06:59qu'il avait perdu quelque chose, qu'il voyait mal et qu'il l'emmenait et qu'elle

07:02n'avait pas voulu.

07:03Donc, quelle était son intention ? Pourquoi est-ce qu'on amène une petite fille loin

07:07de la vue ? Est-ce que c'est pour fouiller dans ses affaires, lui prendre quoi ? C'est

07:12dans son cartable ? Est-ce que c'était pour la tuer ? Pas forcément ! Est-ce que

07:17c'était pour la violer ? Puis la petite fille a poussé des cris, il a eu peur, il

07:21l'a tué.

07:22Mais là, il y avait déjà une intention, il y a quelque temps, et il a recommencé.

07:27Et quelle était sa véritable intention ? Est-ce que c'était une pulsion sexuelle,

07:31après un énervement ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Ou meurtrière ? Donc, c'est dans

07:38la personnalité, on voit déjà des failles qui sont beaucoup plus profondes qu'on ne

07:42l'imaginait.

07:43Et donc, quand on a un garçon qui vit chez ses parents et qui est aussi violent, est-ce

07:49qu'il faut le montrer à des psychiatres ? Avoir un traitement médical ? Des médicaments,

07:57j'en sais rien !

07:58Et c'est pour ça que vous vous interpellez sur le rôle des parents.

08:00Le temps nous manque Jean-Christophe Cuvie, donc peut-être un mot de conclusion sur cette

08:06affaire, même si on va bien sûr en reparler le jour prochain.

08:09Effectivement, je pense que même pour les habitants d'Épinay, c'est une double trahison

08:15parce que quelque part, c'est quelqu'un qu'ils connaissaient, qui avait été passé

08:18par le collège, etc., qui est un habitant du coin, et donc qui fait partie de leur univers.

08:23Et ils s'attendaient peut-être à ce que ce soit un SDF, une personne extérieure, etc.

08:27Là, c'est l'un des leurs, entre guillemets, d'entre eux, et je pense que ça va laisser

08:30quand même beaucoup de traces, et après, encore une fois, on ne connait jamais la personne

08:35avec qui on est.

08:36Merci beaucoup Jean-Christophe Cuvie, 20h10, la psychologue-clinicienne Marie-Estelle Dupont sera

08:41avec nous pour tenter de dresser le portrait psychologique d'Owen.

08:45A tout de suite sur Europe !

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