Juliette Méadel : «Je serai la ministre des ascenseurs qui marchent !»

Europe 1

08/02/2025

Catégorie

🗞

News

Transcription

Afficher la transcription complète de la vidéo

00:00Europe 1, matin, week-end. 6h, 9h, l'Enaïc Monier.

00:06Europe 1, 8h12, c'est l'heure de l'interview actue d'Europe 1, matin, week-end.

00:10Enaïc Monier, vous recevez la ministre déléguée chargée de la Ville, Juliette Méadel.

00:14Oui, parce que vivre en sécurité, il semblerait que ce soit la moindre des choses.

00:17Il faut rétablir l'ordre, juste une expression de Ségolène Royal,

00:22que vous avez employée il y a quelques jours.

00:24Bonjour Juliette Méadel, ministre de la Ville.

00:26Des villes où se développe non plus un simple sentiment, mais une réelle insécurité.

00:31On l'a vu encore ces derniers jours, que ce soit à Paris dans le 14ème, à Bobigny, à Bagneux.

00:35Comment on le rétablit cet ordre juste, vite ?

00:39On le rétablit vite d'abord avec le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau s'est exprimé là-dessus

00:43et a une vision heureusement dynamique, engagée et très juste, je crois.

00:49En ce qui concerne mon portefeuille, on prévient l'insécurité avec des mesures de plus long terme.

00:54En s'occupant mieux des enfants, lorsqu'ils sont jeunes et des adolescents,

00:58j'annoncerai toute une série de mesures pour mieux les accompagner,

01:02dans le cadre notamment des cités éducatives.

01:04Et puis surtout, la question de l'insécurité se règle aussi avec tous dans le quartier.

01:12On dit souvent qu'un quartier c'est comme un village.

01:15Et vous voyez, les adultes dont nous avons besoin nous,

01:18moi en tant que mère de famille, même en tant que ministre,

01:20il faut que les adultes jouent aussi leur rôle de tuteurs, aiguilles et protègent les enfants.

01:26La question des quartiers, à mon sens, la question de l'insécurité,

01:29il faut l'aborder dès l'enfance, c'est-à-dire qu'il faut protéger les plus petits,

01:34leur donner les moyens aussi de s'émanciper.

01:36Et la politique de la ville c'est ça, en fait, c'est accompagner de toutes les façons possibles

01:41les plus jeunes dans les quartiers pour qu'ils grandissent bien.

01:44Et je voulais aussi vous dire que ce que j'ai constaté dans ces villes,

01:48dans ces quartiers où je vais depuis maintenant un mois et demi,

01:50c'est que oui il y a les trafics de drogue,

01:53oui, et heureusement nous avons un ministre de l'Intérieur et de la Justice qui s'en occupent,

01:57qui s'en occupent et ils ont absolument raison,

02:02parce que si on ne lutte pas contre le trafic de drogue,

02:04en particulier dans les quartiers, la vie des habitants continuera à être vraiment très difficile.

02:10Donc c'est une priorité.

02:11Mais pour ce qui me concerne, ce qui est fondamental,

02:14c'est qu'on s'occupe aussi de tout ce qui est créé.

02:17Et dans les quartiers, vous avez une énergie, une créativité.

02:20J'étais hier à Montreuil, à Positive, qui est un incubateur,

02:24où j'ai pu voir à quel point il y a plein de jeunes qui créent tous les jours des initiatives

02:30pleines d'énergie dans les domaines de la cuisine,

02:33parfois aussi dans les domaines de la tech, dans les domaines de l'économie, du bien-être.

02:37Et donc ça, il y en a plus qu'ailleurs.

02:39Disons-nous bien qu'il y a plus de créativité dans les quartiers qu'ailleurs.

02:44On a des statistiques qui montrent que le taux de création d'entreprise,

02:47en tout cas d'initiative, est très important.

02:50Seulement maintenant, ils ont besoin d'être accompagnés et aidés

02:52pour que les banques leur prêtent.

02:54Et c'est aussi à cela que je m'attelle.

02:56Vous disiez, Juliette Madel, qu'il faut remettre les adultes au cœur du réacteur.

02:59Il faut aussi que les parents réapprennent la notion de bien et de mal.

03:02On a l'impression que pour certains gamins, c'est complètement exclu.

03:05Maintenant qu'on peut se balader avec un couteau et pour un téléphone portable,

03:08aller faire n'importe quoi.

03:10Est-ce qu'on ne responsabilise pas assez les parents ?

03:13Je crois qu'on a un vrai sujet dans toute la France sur cette violence qui explose.

03:16Et elle explose aussi.

03:18Les jeunes en sont les victimes.

03:20Disons-nous bien qu'un jeune qui a un couteau sur lui, c'est inacceptable.

03:23Pour commencer, il y a des règles à apprendre.

03:26Il y a des parents, effectivement, qu'il faut mieux accompagner.

03:29Et puis, dans toute la France, mais même vous et moi,

03:32être parent, c'est quand même un sacré métier.

03:35C'est sûr qu'il y a un certain nombre de choses à apprendre.

03:38Je m'attellerai, et je commence déjà à m'y atteler,

03:42à l'accompagnement psychologique des enfants, quand ils sont petits.

03:46Et vous savez, accompagner un enfant quand il est petit,

03:49c'est aussi accompagner ses parents.

03:51Vous ne réglerez rien de la vie quotidienne d'un enfant de 0 à 10 ans

03:55si vous ne prenez pas en considération et en soin les parents.

03:59Il faut intervenir vite, mais il faut intervenir avec les parents.

04:03C'est là que je vous rejoins.

04:05Oui, parce qu'en fait, la règle doit être apprise tout petit.

04:09Pour bien grandir, un enfant a besoin de limites et a besoin de règles.

04:12Donc, pour commencer, il faut effectivement que les parents l'intègrent.

04:16Mais il faut également que toute la société comprenne qu'un enfant,

04:19ça se protège et ça s'encadre.

04:21Donc, ce n'est pas de la fermeté, c'est juste des limites pour bien grandir.

04:24C'est vrai qu'on a l'impression que parfois, les limites sont devenues totalement absentes.

04:28Alors, c'est vrai qu'on parle beaucoup aussi de l'évolution de la ville de demain.

04:32Donc, ça, c'est votre portefeuille, Juliette Méadel.

04:35On a parlé beaucoup de l'éclairage public, par exemple,

04:37qui fait son retour dans certaines villes, comme à Bordeaux, à Limoges, à Orléans.

04:41Qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce qu'il faut également rassurer,

04:44notamment les femmes qui rentrent chez elles le soir ?

04:46Il est certain que le maire de Bordeaux a eu raison de changer d'avis

04:49et de remettre de l'éclairage.

04:51Il a eu raison, parce que qu'est-ce que je vois, moi, tout le temps, tous les jours ?

04:54Des femmes qui ont peur de descendre dans leur parking pour prendre leur voiture.

04:59Donc, on a besoin, évidemment, de rassurer.

05:02C'est-à-dire que cette insécurité, mais surtout, et même ce sentiment d'insécurité,

05:06ne peuvent plus perdurer.

05:08Moi, je veux une France sereine, apaisée.

05:11Et une France apaisée, c'est aussi une France où on n'a plus peur de sortir de chez soi

05:15et où on n'est plus non plus en crainte de l'autre.

05:19Parce que c'est aussi ce qui fait la richesse de notre pays,

05:22c'est cette énergie et cette créativité.

05:24Si demain, chacun se claque mur chez soi parce qu'il a peur de l'insécurité

05:28ou parce qu'il a peur de l'autre,

05:29on sera à l'opposé du projet de la France républicaine que nous aimons.

05:34François Barreau vous a demandé, justement,

05:36alors pas qu'à vous Juliette Médelle, mais à tous les membres du gouvernement

05:38pendant un petit déjeuner cette semaine,

05:39de rester connectés, de parler au français.

05:42Vous êtes dans cette énergie, il faut que les ministres sortent des ministères ?

05:45Le premier ministre a raison, c'est un élu, c'est le maire de Pau.

05:49Avant tout, nous sommes aussi tous, à peu près tous, des élus.

05:53Il n'y a pas de politique sans ancrage,

05:56que vous soyez élu maire ou que vous soyez dans l'opposition,

05:59peu importe.

06:00Mais l'ancrage, ça peut aussi être un ancrage associatif, c'est fondamental.

06:04Pourquoi ? Parce que nos concitoyens ont l'impression que

06:07les responsables politiques sont déconnectés de la réalité.

06:10Ils ont ce sentiment, et peut-être dans certains cas c'est vrai,

06:14parfois c'est vrai, mais en fait, dans l'écrasant de majorité des cas,

06:18c'est pas vrai parce qu'on est sur le terrain, on est là,

06:21et rendre compte de ce que nous faisons dans nos circonscriptions

06:26ou dans nos mairies,

06:27ça me paraît être la moindre des choses pour respecter les Français.

06:32Et quand vous allez justement à leur rencontre,

06:34quelle est la première chose qu'ils vous demandent ?

06:36D'abord, la première chose qu'ils me demandent, c'est

06:39c'est pas trop dur, ce qui est gentil de leur part.

06:42D'abord, je leur réponds que c'est un grand honneur de servir la France.

06:46Et le deuxième point, c'est qu'ils me disent

06:49heureusement que le budget a été voté parce que nous avons besoin de stabilité.

06:53Et la plupart des messages que je reçois en ce moment,

06:56et notamment au lendemain du vote du budget,

06:57j'espère d'ailleurs que le Parlement restera serein sur les mois qui viennent,

07:03la première chose que me disent les Français que je rencontre,

07:05c'est heureusement que vous allez avoir un peu de temps

07:09pour mettre en place les mesures que vous souhaitez mettre en place

07:13et pour vous occuper de votre portefeuille.

07:14Et alors, si on avait une à annoncer ce matin sur Europe 1 pour vous, Juliette,

07:17mais Adèle, laquelle serait ?

07:19Rendre la dignité aux habitants qui vivent dans les quartiers,

07:22notamment du point de vue de leurs conditions de vie,

07:24les ascenseurs, la propreté, les poubelles,

07:27je serais la ministre des ascenseurs qui marche.

07:30Si je réussis d'ici six mois à améliorer les conditions de vie des habitants

07:34dans les logements sociaux, dans les quartiers,

07:36j'estimerais que j'aurais été utile,

07:38donc je serais la ministre des ascenseurs qui marche.

07:40Avec une bonne dose de civisme également derrière.

07:42Merci en tout cas Juliette et Adèle d'être venue sur Europe 1 ce matin,

07:45ministre de la Ville.

Recommandations