La figure du père dans le cinéma de Mel Gibson

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Transcript

00:00De ce qui peut être perçu de l'extérieur, celui que l'on surnomme Mad Mel dans ses pires heures,

00:04a toute sa vie tenté d'aller à contre-courant de l'éducation qu'il a reçue.

00:08Essayant de s'ouvrir au monde à travers sa profession,

00:10faisant passer différents messages d'amour et d'acceptation de l'autre dans ses films.

00:14Mais se faisant souvent rattraper par son être profond, celui qu'on a façonné mais qu'il n'a pas choisi d'être.

00:20Son côté obscur qui lui fera sans doute sombrer dans l'alcool

00:23et peut-être endosser tous ces rôles où il s'auto-flagellera en permanence.

00:27Dans ses films, on a souvent affaire à une mise en scène qui mêle deux extrémités.

00:31A savoir la pureté de l'amour et la violence la plus viscérale.

00:35Notamment dans La Passion où la douleur des flashbacks dénote avec une violence quasi insoutenable.

00:40Ou encore dans Tu ne tueras point où la première heure qui se veut être sous le signe de la famille et de l'amour

00:45laissera place à une deuxième heure qui prendra un virage opposé

00:48en montrant de façon ultra réaliste ce que violence et guerre veulent dire.

00:52Maintenant là où Gibson vient faire éclater cette bipolarité,

00:55c'est à travers la figure du père qu'il dépeint dans ses films.

00:58On va toujours avoir affaire à deux éducations bien distinctes et totalement opposées.

01:02Dans L'Homme sans visage, Norsetat va sans cesse jongler entre un environnement où la figure paternelle est absente,

01:07du moins très variable au vu du nombre de mariages de sa mère,

01:10et une sorte de cocon où un professeur qui l'apprécie comme un ami

01:14fera au fur et à mesure du récit au fils d'un père idéal à ses yeux.

01:17Dans Bravert, c'est le père de Wallace, courageux et sage,

01:21qui va dénoter avec le roi Edouard qui ne voit qu'en son fils que déception et dégoût.

01:25Dans Apocalypto, deux relations père-fils seront développées,

01:28une qui poussera le fils à respecter l'environnement qui l'entoure,

01:31à vaincre ses peurs, ce qui l'aidera dans les pires moments à faire preuve de courage,

01:35et l'autre qui façonnera le fils dans la violence représentée par ce couteau,

01:39qu'on peut considérer comme une sorte d'artefact synonyme de croyance dans le père à foi,

01:43et qu'il transmettra à son fils que ce dernier acceptera sans vraiment comprendre le sens et qui engendrera sa perte.

01:49Dans les deux cas, on est sur des valeurs de transmission,

01:52la différence sera les conséquences de cette transmission.

01:55Et je vais bien sûr évoquer la relation très complexe entre un père et ses fils dans Tu ne tueras point,

02:00une relation qui sera en permanence ébranlée par des différences d'opinion

02:04et où la frontière entre amour et haine se franchira très souvent.

02:08Cette image du père que développe Gibson dans ses films et qui oscille entre bienveillance et machiavélisme

02:13démontre un certain tiraillement chez le metteur en scène qui doit, sans aucun doute,

02:17projeter sa vision d'un père qu'il aime, qu'il respecte,

02:20mais dont il ne comprend pas tous les aspects et qu'il a dû, par ses choix de vie et de carrière, forcément décevoir.

02:27Toutes ces symboliques très christiques lui seront constamment reprochées,

02:30mais Mel Gibson n'en tiendra pas rigueur et enfoncera le clou, si je peux me permettre cette expression,

02:35à travers le développement de ses personnages.