Vendée Globe : le bilan positif de Clarisse Crémer, 11ème du Vendée Globe 2024

FRANCE 24

29/01/2025

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00:00Donc vous, vous venez de boucler votre deuxième Vendée Globe consécutif.

00:03Déjà, on va vous demander comment ça se passe ce retour sur Terre

00:06après plus de deux mois en mer.

00:07On a toujours l'air un peu éberlué, je crois, parce que quand on a passé

00:10presque deux mois et demi tout seul sur un bateau, c'est toujours étonnant

00:13de se retrouver à Paris et avec plein de monde autour de nous.

00:16Mais c'est hyper joyeux,

00:17parce que c'est quelque chose qu'on attend depuis longtemps

00:19et de passer la ligne d'arrivée et de finir ce Vendée Globe.

00:22Donc trop contente de retrouver du monde.

00:23Ça fait du bien de retrouver un lit qui ne bouge pas dans tous les sens

00:26à chaque instant.

00:27Un lit qui ne bouge pas et le silence surtout.

00:29C'est des bateaux hyper bruyants et on est toujours en train d'analyser

00:32le bruit pour savoir s'il y a un nouveau problème

00:34et donc de ne pas avoir à analyser notre environnement.

00:36C'est un vrai repos.

00:37Alors là, on voit sur les images votre arrivée à La Rochelle,

00:39puisque je le disais, vous avez eu une arrivée mouvementée

00:42en raison de la tempête Herminia.

00:44Vous n'avez pas pu aller jusqu'au port des Sables d'Olonne.

00:46Vous avez été dérouté vers La Rochelle.

00:47Et là, on vous voit sur les images avec votre fille Mathilda.

00:50D'ailleurs, c'était comment ce moment, cette arrivée ?

00:53C'était super chouette, parce que c'était un peu dur

00:56de ne pas arriver aux Sables d'Olonne au début.

00:58En fait, on m'a clairement dit, tu passes la ligne d'arrivée,

01:00t'es toute seule au milieu de la nuit,

01:01puis tu dois convoyer jusqu'à La Rochelle.

01:03Il faut imaginer, je viens de faire un tour du monde

01:05et puis on me dit, l'arrivée, elle n'est pas là, elle est un peu plus loin.

01:07Enfin, c'était complètement improbable.

01:08Et puis, finalement, j'ai eu un accueil absolument extraordinaire des Rochelais.

01:12J'ai eu un vrai chenal, mais pas dans la bonne ville.

01:15Et j'ai cette chance qu'en plus, je vais avoir un nouveau chenal

01:17en allant aux Sables d'Olonne samedi.

01:19Donc finalement, j'ai tout gagné.

01:21Deuxième fête prévue ce samedi, donc, aux Sables d'Olonne.

01:24On vous voyait sur les images avec votre fille Mathilda dans les bras.

01:27Vous êtes jeune maman.

01:28C'est la première fois que vous passez autant de temps loin de votre fille.

01:31Comment ça s'est passé, ces retrouvailles avec Mathilda ?

01:33C'était assez émouvant.

01:34Je pense que j'étais plus perturbée qu'elle parce qu'elle a tellement grandi.

01:37Elle a deux ans, donc c'est des âges où on change vite.

01:39Mais voilà, je suis hyper entourée avec ma famille qui s'occupe d'elle et tout ça.

01:44Donc ça s'est super bien passé.

01:46Et finalement, elle est hyper facile à retrouver.

01:50Donc c'était quelque chose que j'attendais depuis longtemps.

01:53Mais pendant le Vendée Globe, je n'y ai pas trop pensé.

01:54J'étais surtout concentrée sur ma course

01:56parce que voilà, il ne fallait pas ouvrir trop cette brèche au fond du cœur.

02:00Parce que c'est difficile de quitter sa petite fille comme ça pendant si longtemps.

02:03Alors, il y a quatre ans, vous aviez terminé 12e en 87 jours.

02:06Cette fois-ci, 11e en 77.

02:08Évidemment, j'imagine que le bilan est positif.

02:11Le bilan est hyper positif.

02:13C'est toujours difficile d'expliquer.

02:15Chaque édition est différente.

02:16Là, il y avait un plateau vraiment hyper intense

02:19avec beaucoup de monde qui partait pour gagner.

02:20Des super bateaux, des super projets hyper professionnels.

02:24Moi, j'y allais aussi pour des raisons intimes.

02:26J'avais effleuré quelque chose du doigt

02:28la dernière fois sur ce premier tour du monde en solo.

02:30Plein de choses que j'avais apprises et que j'avais envie d'utiliser

02:33et de vivre plus profondément.

02:34Et là, c'est exactement ce que j'ai ressenti.

02:37J'étais beaucoup plus sereine sur ce Vendée, beaucoup plus compétitive.

02:40J'ai vraiment fait la régate à l'échelle planétaire et c'était hyper réjouissant.

02:45J'ai vraiment vécu 77 jours de dingue

02:48avec des moments difficiles.

02:49Forcément, c'est un sport qui est quand même dur,

02:52mais je suis hyper, hyper contente et hyper fière aussi pour l'équipe

02:56parce qu'on a eu un projet compliqué avec beaucoup de rebondissements,

02:59assez peu de temps pour se préparer.

03:01L'Occitane, ils m'ont fait confiance, mais on a eu peu de temps pour se préparer

03:05et trop fière de leur offrir ça.

03:06Et voilà, super contente.

03:08Ces choses difficiles durant le Vendée Globe auxquelles vous avez fait référence,

03:11c'était quoi concrètement ?

03:13Des avaries techniques surtout.

03:15C'est des bateaux extrêmement pointus technologiquement,

03:18beaucoup d'électronique, plein de systèmes assez pointus

03:22qui peuvent assez vite casser.

03:23Et sauf qu'on fait la régate, donc en fait, on a des bateaux à côté

03:26et quand on a une avarie, on fait en sorte d'aller, de continuer d'aller vite.

03:30Donc, on se retrouve à des vitesses assez exceptionnelles

03:32avec le bateau qui tape dans les vagues,

03:33à être la tête dans un puits de foils en train d'essayer de faire,

03:37de mettre des cales en bois pour caler.

03:38Enfin voilà, on se retrouve dans des conditions très étranges parfois

03:42en ayant tout le temps en tête la régate, en se disant

03:44combien de mille j'ai perdu sur mon concurrent.

03:46Et ça, ça dure deux mois et demi.

03:47Donc, c'est hyper intense pour le cerveau tout en dormant assez peu,

03:51tout en étant dans un environnement qui bouge, qui tape, qui vole.

03:55C'est difficile à expliquer.

03:56C'est difficile à expliquer.

03:57Il était différent ce bateau de celui de l'année dernière justement.

04:00Vous parliez beaucoup des performances des bateaux.

04:02Oui, en fait, les bateaux continuent d'évoluer.

04:04C'est ça aussi qui fait la richesse du Vendée Globe.

04:06C'est qu'à chaque édition, on trouve des nouvelles choses technologiquement

04:08pour que les bateaux aillent plus vite.

04:10Mais la vitesse

04:12n'est pas forcément un gage de sérénité.

04:14C'est plutôt l'inverse.

04:15C'est la vitesse des bateaux qui rend les choses exigeantes.

04:19Et donc, ce bateau-là, par rapport à celui que j'avais il y a quatre ans,

04:22était beaucoup plus performant, donc plus rapide et donc un peu plus violent,

04:27avec beaucoup moins de moments de pause, beaucoup moins de moments

04:29de contemplation, qui sont des choses qui me nourrissent aussi

04:31moi quand je suis toute seule sur l'océan.

04:33Et ça, c'est difficile.

04:35Je n'étais pas surprise, c'est ce à quoi je m'attendais.

04:37Mais je ne pensais pas forcément que j'allais tenir un rythme de régate

04:42à ce point-là sur aussi longtemps.

04:44Et donc, ça veut dire qu'on ne se laisse aucun moment de répit.

04:46Et c'est étonnant d'expliquer.

04:49C'est vraiment une épreuve sportive sur 77 jours.

04:51Il n'y a pas beaucoup d'épreuves équivalentes dans d'autres univers.

04:56Et on est tout le temps un focus sur la compétition.

04:58C'est physique, c'est mental.

05:00C'est très mental, surtout.

05:02Et physique parce qu'on est très fatigué.

05:03En fait, on ne dort pas beaucoup.

05:05On a beaucoup parlé des contraintes,

05:06mais est-ce qu'il y a eu quand même des moments de bonheur

05:07sur ce bateau durant cette course ?

05:10Vous avez eu le temps de contempler ce qui se passait autour de vous.

05:12Oui, j'ai eu beaucoup de moments de joie et quelques-uns vraiment de presque d'euphorie,

05:17notamment après le cap Horn, où justement, c'était un de ces rares moments de pause

05:20où la mer s'était calmée, le vent s'était calmé.

05:23Il y avait une espèce de brouillard, de brume de soleil aussi.

05:26Et j'ai vu une rencontre avec des dauphins et des albatros qui m'ont suivi

05:29pendant hyper longtemps.

05:30Et comme il y avait peu de vent, ils s'approchaient très proches.

05:33Ils étaient même posés sur l'eau pour les albatros

05:35et les dauphins en suivant au bateau pendant super longtemps.

05:37Et alors ça, c'est des moments...

05:39En plus, on est loin de tout le monde depuis longtemps,

05:41donc on a l'impression de rencontrer des gens, c'est des êtres vivants.

05:44Et ça, c'est des images qui resteront gravées

05:48dans mon cerveau pendant toute ma vie.

05:50Donc on se dit, c'est dur, mais dans ce moment-là, ça vaut la peine.

05:53En fait, ça vaut tout le temps la peine, parce que même quand c'est difficile,

05:56c'est tellement gratifiant de réussir à faire marcher ces machines extraordinaires,

05:59de les optimiser, même quand on répare une avarie.

06:02En fait, tout ce qu'on apprend, c'est hyper gratifiant.

06:05Et moi, j'ai tellement gagné en confiance en moi sur cette épreuve-là.

06:09Donc même quand c'est difficile, on trouve du positif.

06:10Alors il y a des moments où il faut juste un peu éteindre son cerveau

06:12parce que c'est trop dur et qu'il faut juste dire que ça ira mieux plus tard.

06:16Mais globalement, même dans les moments difficiles,

06:20on trouve pas mal de choses positives, parce que déjà,

06:23c'est une épreuve qu'on a choisie.

06:24Ça reste que du sport et du jeu.

06:26Jamais 203 ?

06:27Jamais 203, c'est une très bonne question.

06:29Ce que j'ai envie de dire, c'est que cette fois-ci,

06:30j'ai envie de prendre le temps de profiter de la chance

06:32qui m'a été donnée de vivre ce Vendée.

06:34Et oui, c'est une passion qui est un peu dévorante, mais

06:38le Vendée Globe, c'est quand même prenant.

06:40Ça apprend beaucoup de choses dans la vie.

06:42Je l'ai vraiment vécu de fond pendant quatre ans,

06:45notamment avec une vie de famille.

06:46Donc je ne sais pas encore. Je le laisse le temps.

06:48Merci. Peut-être on vous reverra dans quatre ans, alors peut-être.

06:51Merci en tout cas, Clarisse Temer d'être venue.

06:53Onzième du Vendée Globe, on le rappelle.

06:55Et puis maintenant, bon repos et on attend surtout votre compagnon,

06:58puisque Tanguy Le Turquais, votre compagnon, participe aussi au Vendée Globe.

07:01Et il est attendu dans les prochains jours sur la ligne d'arrivée.

07:03Et il a une bonne idée de rester derrière moi.

07:07Merci, Clarisse Temer. Merci beaucoup.

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