«On est en retard sur la connaissance des organisations criminelles», estime Béatrice Brugère

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00:00On a deux problèmes.

00:01Un, on a un problème de déni

00:03qui est consubstantiel à notre société,

00:06et on a un problème d'absence, je pense,

00:09ou de rigueur intellectuelle sur la connaissance des phénomènes criminels.

00:12Il faut réinvestir ce champ criminel.

00:14Je vous le dis, par exemple,

00:15on ne fait pas de criminologie comme d'autres pays.

00:17Donc, en fait, on a toujours l'impression de découvrir les choses.

00:20Or, ça pose plusieurs problèmes.

00:21D'abord, un, parce qu'on est en retard sur la connaissance

00:24des organisations criminelles,

00:26et deux, parce que ces organisations criminelles

00:28sont en mutation permanente.

00:29C'est-à-dire que ce que vous savez hier

00:31n'est pas nécessairement valable pour demain.

00:33Donc, il faut réinvestir le champ criminel.

00:35Si le diagnostic n'est pas bon et il est évolutif,

00:38à ce moment-là, nous sommes à côté de la problématique.

00:41Et, par exemple, ceux qui disent qu'aujourd'hui,

00:44on peut parler de narcoterrorisme,

00:46eh bien, si vous avez des organisations criminelles

00:48qui ont pris le contrôle de certains quartiers,

00:51qui tuent, qui font des règlements de comptes,

00:52il faut une forme de terreur.

00:54Et je pense que la menace du narcotrafic

00:57est aussi importante que la menace du terrorisme.

01:00Alors, il y a quand même des résultats,

01:01puisque, par exemple, Félix Bengui, surnommé Le Chat,

01:04c'est l'un des plus gros trafiquants,

01:06chef présumé du clan Yoda à Marseille,

01:08a été extradé du Maroc vers la France.

01:10Il devrait intégrer une prison de haute sécurité,

01:12comme d'autres grands trafiquants.

01:14Béatrice Brugère, c'est la proposition

01:16du garde d'essau Gérald Darmanin

01:18de regrouper les plus gros criminels en prison.

01:20Est-ce que c'est pertinent et est-ce que c'est faisable ?

01:22Alors, on demande toujours, c'est un peu injuste d'ailleurs,

01:26aux nouveaux gardes d'essau qui arrivent,

01:28de régler tous les problèmes en quelques secondes,

01:30problèmes qui sont souvent le résultat de dix ans d'abandon

01:33ou de déni ou de mauvais choix politiques.

01:35Donc, il est dans l'urgence.

01:37Aujourd'hui, on n'a pas de prison de haute sécurité.

01:40On va déjà commencer par ça.

01:42Donc, on n'en a pas. C'est Badinter, d'ailleurs,

01:44qui avait fait supprimer les quartiers de haute sécurité.

01:47Et même, et ça ne fait pas sourire,

01:49mais on est encore capable, il y a encore quelques temps,

01:52c'était sous Nicole Belloubet,

01:53de construire des prisons sans barreaux,

01:54parce qu'on trouvait que ce n'était pas nécessaire.

01:57Bon, donc, c'est n'importe quoi.

01:59Oui, donc, on vient de loin, on vient de très loin.

02:01Donc, quand on est un garde d'essau aujourd'hui qui...

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