"Jouer avec le feu" avec Vincent Lindon et Benjamin Voisin : Famille au bord de l'implosion

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En salles le mercredi 22 janvier 2025.

Transcript

00:00Un père dépassé, un fils maudit, un fils prodigue.

00:03Vincent Lindon, Benjamin Voisin, Stéphane Crépon,

00:05c'est le trio de Jouer avec le Feu,

00:08le nouveau film de Delphine et Muriel Coulin.

00:11Hier, on collait les affiches pour la manif.

00:14Il y avait une bande de pieds niqués qui taguait au bout des voies.

00:16Il y avait un gars qui avait la dégaine de ton gamin.

00:20Qu'est-ce que tu fabriques, Fousse ?

00:22C'est la compagnie des potes.

00:23C'est où il a commencé, il y a des ténures.

00:25Il y a retourné la tête des gosses.

00:27Ça ne te gêne pas que tu en fasses un autre, non ?

00:29Quoi ? Qu'il y a des potes ultra ?

00:30Non, non, ce n'est pas seulement des ultras.

00:31C'est le troisième film de Delphine et Muriel Coulin,

00:33deux sœurs qui font presque tout ensemble.

00:36On les avait découverts il y a une petite dizaine d'années

00:38avec 17 filles, un film assez étrange

00:40qui s'inspirait d'un fait divers

00:42où 17 lycéennes décidaient d'être enceintes en même temps.

00:45Et là, Jouer avec le Feu, c'est leur troisième film

00:47et de très loin, c'est le plus beau, le plus convaincant à mes yeux.

00:50Ils se sont inspirés d'un roman

00:52et pour parler vraiment d'une relation à trois,

00:54d'une relation très masculine entre un père et ses deux grands-fils.

00:58Quelque chose va venir dérégler cette famille.

01:01C'est la politique, une certaine forme de politique.

01:03Le personnage de Fuss que joue Benjamin Voisa

01:07va rencontrer des ultras du foot

01:09qui vont l'emmener vers l'extrême droite.

01:12Alors forcément, pour le père cheminot,

01:15qui grandit dans le culte du service public, de la gauche,

01:18il est syndicaliste aussi, c'est très, très difficile à vivre.

01:20Est-ce qu'on aimerait nos gosses s'ils devenaient des gens détestables ?

01:24Est-ce qu'on aimerait nos gosses s'ils devenaient des fachos, en gros ?

01:27Est-ce que l'amour maternel, paternel est inconditionnel ?

01:30Ça, c'est une vraie belle question de cinéma

01:32à laquelle le film tente de répondre.

01:33Et en fait, c'est vraiment la question politique

01:36vue par le prisme de l'intime et de la cellule familiale.

01:39Alors pour ça, évidemment, il faut transformer Vincent Lindon

01:43en sorte de père courage.

01:44Donc, il faut qu'on voit que,

01:46comme il s'occupe bien de ses grands petits chéris,

01:49alors il est cosse des haricots, il vit de la machine à laver.

01:52Il est ultra présent.

01:53Tout ça, ça crée le foyer.

01:56Et évidemment, ça paraît un peu étrange

01:59quand on a une telle proximité.

02:00Étrange, mais pas impossible.

02:02Étrange que personne n'ait vu venir

02:05qu'à un moment, le gamin était devenu un facho.

02:09Il a des potes qui n'aident.

02:11Il passe son temps à regarder des vidéos qui disent

02:13la France aux Français et autres joyeusetés.

02:16Ils sont pas racistes, pas plus que toi et moi.

02:17Ils sont pas racistes.

02:18Ils sont juste contre les immigrés, mais à part ça, ils sont pas racistes.

02:21Ceux qui sont déjà là, il n'y a pas de problème

02:22tant qu'ils restent calmes.

02:24D'accord ?

02:25Mes potes à moi, ils sont comme nous.

02:27Ils sont carrés, ils sont droits, ils sont propres sur eux.

02:29Ah ouais, ils trouvent qu'ils sont propres ?

02:30Ouais.

02:31Moi, je trouve qu'ils sont sales.

02:32Ce qu'ils écrivent, c'est sale.

02:34Ils enculent tout ce qui bouge.

02:36Ils sont vulgaires en plus.

02:38Ils sont prêts à se battre contre tous ceux qui pensent pas comme eux.

02:39Moi, ça m'a laissé un peu songeuse

02:42parce que je me dis, c'est quand même faire la peinture

02:45d'un père assez parfait et en même temps totalement dépassé.

02:48J'ai un petit souci avec le film,

02:50que je trouve par ailleurs bien fichu.

02:51C'est bien fait et c'est bien réalisé.

02:54Il est quand même pas mal cannibalisé par Vincent Lindon

02:57et ça, il n'y peut rien.

02:57On sait que c'est un très bon acteur.

02:59D'ailleurs, il a eu le prix d'interprétation

03:00à la dernière Mostra de Venise pour ce rôle précisément.

03:03Mais c'est vrai qu'à la première image,

03:05quand on le voit apparaître avec son gilet jaune,

03:08sa visseuse, son casque de chantier, etc.,

03:10on se dit, c'est parti pour un Vincent Lindon movie.

03:13De qui c'est l'histoire ?

03:14Est-ce que c'est l'histoire de ce père courage ?

03:16Est-ce que c'est l'histoire de ce frère qui n'a pas l'air,

03:18pour le coup, l'intelligent, qui n'a pas l'air de s'affoler trop ?

03:21Que son frère soit un total abruti

03:23qui passe sa vie avec des fachos ?

03:25Moi aussi, Vincent Lindon, il peut m'énerver parfois.

03:27Il en fait parfois un peu beaucoup.

03:29Mais le problème, c'est que dans cette fameuse première séquence

03:32où il a son gilet, il va réparer un caténaire de nuit.

03:35Moi, j'y crois. Je ne sais pas comment il fait, Vincent Lindon.

03:37Il a beau être un grand bourgeois du sixième arrondissement,

03:39quand il joue au prolo, moi, j'y crois.

03:41Il cannibalise le film ?

03:42Oui, peut-être un peu,

03:43mais il a quand même deux très grands acteurs qui sont avec lui.

03:46Pas face à lui, vraiment avec lui, c'est Stéphane Crépon

03:49dans le rôle du fils maudit, qui est le personnage le plus compliqué à jouer.

03:52Parce qu'effectivement, comme l'a dit Marie, on se demande un peu ce qu'il fait là.

03:55Il ne réagit pas beaucoup.

03:57C'est le personnage un petit peu effacé.

03:59Et Stéphane Crépon, il arrive vraiment à le faire vivre quand même

04:01avec beaucoup d'émotions, ce personnage.

04:03Et puis, il y a Benjamin Voisin, alors qui est...

04:06C'était le jeune idéaliste des illusions perdues,

04:08qui vraiment confirme que c'est un des très grands acteurs de sa génération.

04:11Il va falloir arrêter de minimiser.

04:14Je dirais que ce n'est jamais assez bien pour toi, ce qu'il fait.

04:15On n'est pas obligé de tout faire comme toi.

04:17Tu gâches ta vie si tu veux, mais pas la sienne.

04:18Tu ne peux rien contre moi.

04:21J'ai l'impression que c'est devenu quelqu'un d'autre.

04:24Si ta mère te voit, je te jure.

04:26Tu as dit quoi ?

04:26Je dis que si ta mère te voit...

04:28Tu ne dis pas.

04:29C'est assez bien filmé, malgré tout.

04:31Il y a une sorte de fascination pour le corps.

04:34Qu'est-ce que c'est que le corps du néo-nazi ?

04:36C'est un corps sportif qui se fout sur la gueule dans des cages de MMA.

04:40Et c'est décrit un peu, par moment, par la mise en scène,

04:42comme une sorte de danse viriliste, tribale, vraiment primitive.

04:48Assez flippante et on change, il me semble, un peu de point de vue.

04:53J'ai entendu des confrères qui disaient que le film ne dit quand même pas grand-chose

04:56sur pourquoi on s'engage dans cette voie-là politique.

04:59Sans trop passer par le discours, mais on comprend par où ça peut passer.

05:03Il y a cette espèce de fascination pour le corps dont parlait Marie,

05:06avec une espèce de violence physique qui peut malgré tout être galvanisante

05:10pour certains individus.

05:13Et puis, il y a aussi le côté, c'est qu'on lui fait une place et qu'on l'aide.

05:16C'est-à-dire que le film dit quand même beaucoup aussi de l'évolution de la société française.

05:19Ceux qui aiment ont toujours raison.

05:22Pour moi, jouer avec le feu, c'est bof bien.

05:25Allez, c'est bien.

05:26Jouer avec le feu, c'est très bien.

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