Robert-Michon : «On ne pouvait pas rester sans rien faire» - Tous sports - Budget des sports

L'Équipe

22/01/2025

Porte-drapeau de la France aux JO 2024, Mélina Robert-Michon est intervenue en direct dans L'Equipe de choc afin de commenter la tribune signée par 425 athlètes français contre la baisse du budget des Sports.

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Sport

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00:00Les athlètes français poussent un coup de gueule.

00:02Oui, ils se mobilisent contre la baisse du budget des sports

00:06qui va passer de 909 millions d'euros à 607 millions,

00:10une baisse de 33%.

00:12Ils se sont mobilisés dans une tribune publiée sur le site L'Equipe.

00:15425 athlètes qui ont participé au Jeu de Paris ont signé cette tribune.

00:19On retrouve Teddy Riener, Marie Patouillet, Nicolas Batum,

00:23Mélina Robert-Michon, encore Alexis Anquin-Camp.

00:27Nous, athlètes de l'équipe de France olympique et paralympique,

00:30avons porté haut les couleurs de notre pays lors des Jeux de Paris 2024,

00:35convaincus que cet événement marquerait un tournant décisif pour le sport français.

00:38Mais qui aurait cru que nous passerions aussi rapidement de la ferveur populaire

00:43à la désillusion la plus totale ?

00:44Nous en appelons au Président de la République et au gouvernement

00:47préserver l'héritage des Jeux de Paris 2024,

00:50investir dans le sport, pas seulement pour ses médailles,

00:53mais surtout pour son impact positif sur nos vies et notre société.

00:57Nous, athlètes de l'équipe de France, ne resterons pas silencieux

01:00face à ce désastre annoncé. La France mérite mieux.

01:03On va tout de suite aller voir Mélina Robert-Michon,

01:05qui nous fait l'honneur d'être avec nous dans l'émission.

01:07Mélina, merci beaucoup.

01:09Vraiment, je crois que c'est une journée d'entraînement en plus.

01:11Donc tu prends le temps, ça fait plaisir.

01:14Tu as signé cette tribune.

01:15Évidemment qu'on te comprend, évidemment qu'on vous comprend.

01:19Est-ce que tu penses qu'il y aura un réel impact ?

01:23On ne sait pas pour l'instant,

01:25mais en tout cas, on ne pouvait pas rester sans rien faire, ça c'est sûr.

01:28Et je crois qu'au nombre de signataires,

01:32on est tous dans l'inquiétude de se dire...

01:36Enfin, ce n'est même plus l'inquiétude,

01:38c'est que dès la fin des Jeux, on avait alerté en disant

01:40attention, il y a un truc qui s'est créé,

01:42il y a des choses qui ont été mises en place.

01:44Gardons et restons sur cet élan-là.

01:46Et là, on n'y est plus du tout.

01:49C'est un vrai sentiment de trahison après ce bel événement

01:52qu'il y a eu à Paris ?

01:55Oui, de trahison et de se dire, mais à quoi ça sert ?

01:57Tout ce qu'on a fait, tout ce qu'on a mis en place,

01:59c'est quand même quelque chose qui est exceptionnel.

02:03On l'a vu cet été, que le sport, c'est plus que du sport,

02:06ça rassemble, ça englobe plein de choses.

02:08Et là, c'est dommage, on était bien partis et ça coupe tout.

02:12Je rappelle que vous prenez la parole une semaine après

02:14que le gouvernement avait proposé un amendement

02:17pour encore réduire le budget.

02:19Amendement rejeté, heureusement, par le Sénat.

02:23Comment ça s'est passé ?

02:24Comment vous vous êtes mis d'accord ensemble ?

02:25Vous êtes quand même 425 pour signer cette démarche collective.

02:29Comment vous avez fait ?

02:30Comment ça s'est goupillé ?

02:31Tu peux nous donner les coulisses ?

02:34Oui, je pense qu'il y a eu déjà pas mal de messages d'échange,

02:37de se dire, il y a des choses qui ne vont pas,

02:39comment on peut s'organiser ?

02:41Et après, ça s'est organisé avec notamment le CPFS et le CNOSF

02:47qui sont un peu nos relais

02:50et qui permettent de rassembler tout le monde aussi.

02:54Je vais passer la parole à Julien Allienne.

02:56Mélina, évidemment, tu restes avec nous

02:58parce qu'Emmanuel Macron a répondu à cette tribune,

03:00le président de la République.

03:01Oui, il est d'accord avec les athlètes, le président français.

03:04Vous avez raison, ce qu'il a déclaré.

03:06Depuis 2017, j'ai veillé à ce que le budget du sport augmente.

03:09Chaque année, nous avons organisé des Jeux olympiques

03:12et par olympiques magnifiques.

03:13Il faut tenir nos engagements et mettre les moyens pour nos sportifs

03:16et pour que l'héritage des Jeux bénéficie à tous.

03:19Mélina, ça veut dire quoi ?

03:20Ça veut dire que le coup de gueule du mouvement sportif porte ses fruits ?

03:24Il est contre son gouvernement, le président ?

03:28Je pense qu'il se rend compte surtout que...

03:30Souvent, on réduit le sport au sport, en fait.

03:32Et là, on se rend compte que cette baisse-là, elle va impacter...

03:37On parle souvent du sport de haut niveau,

03:38mais là, on ne parle pas du sport de haut niveau.

03:40Nous, on parle en tant qu'athlètes de haut niveau

03:42qui avons commencé dans des clubs.

03:45Là, on l'a vu, il y a eu un engouement.

03:46Les enfants ont voulu pratiquer, ont été vers les clubs.

03:49S'il n'y a pas des structures,

03:51s'il n'y a pas des entraîneurs pour les accueillir,

03:54on perd tout.

03:55Et là, on parle d'enjeux de santé,

03:57on parle d'enjeux d'éducation, de social.

04:01En fait, le sport, c'est tout ça.

04:03Et en diminuant ce budget-là, on touche toutes ces strates-là.

04:07C'est ça qui est important.

04:09Souvent, on a tendance à dire, oui, mais le sport de haut niveau,

04:11il n'y a pas besoin d'argent.

04:12Mais on ne parle pas du sport de haut niveau.

04:14Là, on parle de tous les étages du sport en France

04:17qui permettent du petit gamin qui a vu du sport à la télécédé

04:22et qui s'est dit, tiens, je vais faire du sport.

04:23Voilà, c'est ce gamin-là qui va faire du sport.

04:26Il va prendre ce rythme-là.

04:27Peut-être que c'est de l'argent de gagner plus tard

04:29parce qu'il aura une bonne santé, qu'il n'aura pas à être soigné.

04:32Pour moi, le sport, c'est de l'investissement, en fait.

04:35Mélina, ces mots du président, ces mots d'Emmanuel Macron,

04:38est-ce que pour toi, c'est une vraie prise de position

04:40ou plutôt une posture de la communication ?

04:43Comment, toi, tu le ressens ? Comment tu le vis ?

04:46Je pense qu'il essaye de tempérer un petit peu ça,

04:50mais on attend de voir des actions concrètes.

04:55Je crois que c'est 0,2 % du budget.

04:57Alors, je comprends qu'il faille diminuer

04:59puisqu'on diminue un petit peu de partout.

05:00Et ça, on en a conscience.

05:01Il n'y a pas de problème par rapport à tout ça.

05:03Mais là, c'est quand même un peu violent.

05:04Pierre Bouby, Mélina.

05:06Salut, Mélina.

05:08Bon, on a bien compris que ces 425 athlètes

05:11étaient un peu en tête de gondole

05:12pour essayer de faire en sorte que ceux qui n'ont pas les moyens

05:15d'avoir une parole forte puissent s'exprimer sur le sujet.

05:20Moi, je voulais savoir si, justement,

05:21étant donné l'impact que tu as à l'intérieur du sport français,

05:24est-ce que ça ne te vient pas à l'idée, justement,

05:26d'essayer de rentrer à l'intérieur pour essayer de changer les choses ?

05:32Oui, après, je suis encore en activité,

05:34donc c'est un petit peu compliqué.

05:35Mais par exemple, je me suis présentée

05:37au comité directeur de ma fédération,

05:38justement, pour essayer de faire bouger les choses

05:40déjà au niveau de mon sport.

05:43Mais après, je pense que c'est encore autre chose derrière.

05:47Il y a des athlètes déjà qui sont de plus en plus écoutés à ce niveau-là.

05:52Et je pense que pour l'instant, il y a encore du boulot à faire là-dessus.

05:56Mais oui, je pense que c'est soit on râle contre un truc

06:00et on ne fait rien pour, soit on essaye de faire bouger.

06:02Moi, c'est ce que je me suis dit en allant au niveau de ma fédération.

06:06Moi, j'encourage tous les athlètes à s'investir chacun à leur niveau

06:09pour, justement, se faire entendre et faire entendre le terrain aussi.

06:15Thomas, toi, depuis les JO, tu râles un petit peu.

06:18Tu te dis que...

06:20Non, mais moi, j'en avais parlé ici.

06:21Je ne sais plus si c'était l'équipe du soir ou quoi.

06:23Mais moi, j'avais dit que je ne croyais pas

06:27à ce que l'élan des JO soit conservé après.

06:30Peut-être que, entre guillemets, le malheur des JO,

06:32c'est d'être proche, entre guillemets, de nouvelles élections présidentielles,

06:36qu'on évolue aujourd'hui dans un contexte politique hyper compliqué,

06:40que les budgets mettent du temps à se dessiner pour tout et n'importe quoi,

06:43et que le sport, comme tous les autres secteurs aujourd'hui en France,

06:47empâtisse.

06:48Donc, voilà, moi, je confirme à dire que la France

06:53n'est et ne sera pas un pays de sport, ne sera jamais un pays de sport.

06:57Et quand je parle de sport, on crée des champions.

07:01On en a plein des champions en nous, nos sportifs, nos équipes ont gagné plein de choses.

07:04Ils sont nés là, ils vont s'entraîner à l'étranger.

07:05C'est ça, c'est que nos champions sont français,

07:08mais explosent hors de la France, à la marge, évidemment.

07:12Donc, voilà, moi, la question que je voulais poser à Mélina,

07:15et je la salue, c'est le texte pour moi.

07:18OK, moi, la réponse de Macron, je la prends,

07:21on ferme le journal, terminé.

07:23Mais est-ce que la solution, c'est bien de partir sur un texte,

07:26une signature, de voir un élan de sportifs de haut niveau contesté ?

07:30Mais est-ce que la solution aussi, elle n'est peut-être pas aussi

07:33avec un peu plus de présence de champions dans les instances

07:37et dans les personnes qui vont prendre ces décisions, dans les gouvernements, etc. ?

07:40Est-ce que la solution se situe pas là de prendre,

07:42d'avoir des grands champions, des grands sportifs

07:45avec encore plus de responsabilités qui dépassent le simple cadre sportif ?

07:51Oui, après, est-ce qu'ils sont écoutés ?

07:53Parce qu'on a eu des sportifs à des postes.

07:56Est-ce qu'ils ont pour autant les mains libres de faire

08:00et d'appliquer vraiment ce qu'il faudrait ?

08:02Je ne suis pas sûre.

08:03C'est surtout ça, je pense qu'on a un manque de respect envers le sport en France,

08:06en fait, de dire...

08:08Parce qu'encore une fois, on limite le sport

08:12au simple sport de haut niveau ou encore même plus,

08:15parfois plus trivialement, au football.

08:17Oui, non, mais le foot, il y a de l'argent et le sport, en général, c'est comme ça.

08:21Non, je vous dis, c'est de l'éducation, c'est de la mixité.

08:25On peut faire passer des choses par le sport dans tous les domaines de la société.

08:29Et je trouve qu'un budget de 0,2 %

08:32par rapport à tout ce qu'on peut faire avec le sport, ce n'est pas assez.

08:36Et je pense qu'on n'est pas assez respecté

08:39et on ne met pas le sport au niveau où il devrait.

08:42Et ça, ça a toujours été.

08:45J'avais l'espoir de me dire, peut-être que les Jeux, ça va un petit peu faire bouger les choses.

08:49On a montré, concrètement, on a vu tout ce qu'on était capable de faire à travers le sport

08:55parce qu'il y a eu plein d'événements avant les Jeux, pendant les Jeux.

08:59On a vu tout ce que ça pouvait faire, tout ce que ça pouvait apporter à la France.

09:04On ne se sert pas de ça. Je trouve que c'est quand même dommage.

09:07Merci beaucoup, Mélina Robert-Michon, d'avoir été avec nous dans l'équipe de Choc.

09:11Franchement, c'était un honneur.

09:12Et merci d'avoir expliqué un petit peu plus cette tribune.

09:16À très vite, Mélina. Merci.

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