Adil Rami

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PARTIE 1 Adil Rami : de la découverte tardive du football professionnel à la consécration mondiale en 2018, retour sur le parcours riche et atypique d’un défenseur au caractère bien trempé, aujourd’hui reconverti en consultant et personnalité médiatique.

Transcript

00:00Toi, c'était pas les centres de formation, tu commences à Fréjus,

00:01t'es employé municipal, t'as tes premiers salaires, c'est ça ?

00:04Ils sont des salaires pas foufous.

00:061100 euros.

00:07Voilà, 1100 euros, tu vois, t'imagines ?

00:09Non, 1100 euros, 1100 euros et...

00:11Et je me retrouvais à découvert au bout de trois jours.

00:14Ah oui, parce que quand tu commences le mois que t'es à découvert...

00:17Moi, je connais ce délire.

00:18T'avais à peine 20 ans, c'est ça ?

00:19J'avais 19 ans.

00:21Et tu joues dans la équipe de Fréjus, ça te fait un petit complément de salaire ?

00:24500 euros.

00:25500 euros de complément de salaire...

00:28Franchement, ça partait vite.

00:30Ça partait très très vite, en plus je sortais à l'époque.

00:32À Fréjus-Sarafelle, Cannes, tous les week-ends, on sortait.

00:35Donc là, tu te dis pourquoi pas être joueur de foot ?

00:38Et je crois que maman, elle n'est pas d'accord.

00:41Non, elle dit c'est quoi ce projet irréaliste ?

00:44Ouais, mais en fait, le problème, c'est tous les jeunes qui nous regardent de Fréjus-Sarafelle.

00:48Je parle de ces deux villes-là parce que c'est là où j'ai grandi.

00:51Mais malheureusement, c'est partout en France.

00:52On ne donne même pas le droit de rêver.

00:56On a l'impression que tout est loin.

00:59Et donc du coup, pour ma mère, c'est encore plus loin.

01:00Donc quand on était à l'école, conseiller d'orientation, c'est une dinguerie.

01:05Parce que même ça, aujourd'hui, avec du recul, je me dis

01:06mais comment tu peux voir un conseiller d'orientation ?

01:09Il va te dire, il va te conseiller quel métier tu pourrais faire.

01:13Il va te casser tes rêves, quoi.

01:14C'est pas il va me casser mes rêves, mais même lui, le pauvre.

01:16Comment tu vas demander à un gamin de 14-15 ans

01:19qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?

01:20Le gamin de 14-15 ans, qu'est-ce qu'il a vu dans sa vie ?

01:21Excuse-moi, mais il a vu le chauffeur de bus qu'il a emmené à l'école ?

01:24Il a emmené le restaurateur, le coiffeur ?

01:27Tu vois ce que je veux dire ?

01:28T'as pas de choix, en fait.

01:30Tu sais pas qu'il y a plein d'autres métiers qui existent dans le monde.

01:32Et aujourd'hui, ils sont fiers et la famille ?

01:34Bah oui.

01:35Est-ce qu'au début, évidemment, ils étaient réticents ?

01:37On peut les comprendre.

01:38Non, mais ma mère, quand on m'a posé la question, elle avait honte

01:40parce que je disais footballeur.

01:41Elle était à côté.

01:42Elle me dit, mais non, mais footballeur, c'est pas un métier.

01:44Parce que pour nous, c'est pas grave, c'est pas un métier

01:45parce qu'à l'époque, personne n'avait réussi.

01:47Personne, il n'y avait pas un joueur référent qui a...

01:49Non, personne qui nous a fait rêver.

01:50Je crois que j'ai été...

01:52Je crois que j'ai été le premier.

01:53Mais ce que je veux dire, c'est que la pauvre, elle me disait bon, d'accord.

01:57Elle a essayé de me concentrer un petit peu là.

01:59Et après, le football, OK, le football, d'accord.

02:01Et après le football, il faut que tu te rendes un métier.

02:02Et je lui répondais, bah non, je vais être riche.

02:04Je veux pas travailler, en fait.

02:06Je n'ai jamais voulu travailler.

02:07Je suis un hyperactif, je m'amuse dans la vie.

02:10Le football, c'est un amusement.

02:12Et après, je verrai.

02:13Et j'ai toujours vécu du jour en jour.

02:16C'est comme ça.

02:17Donc après, là, on se vite fait la petite carrière quand même,

02:19parce qu'elle est bien.

02:20Après, c'est donc Lille.

02:22Après, c'est Valence.

02:23Exactement.

02:24Milan.

02:24Ouais.

02:25Séville.

02:26Séville, exactement.

02:27Et l'OM.

02:27Et Marseille.

02:28Et après, ça s'est fini vers là, plus ou moins en mode très haut niveau.

02:31Après, ça s'est arrêté là.

02:32C'est vrai que c'est le meilleur stade, le Véronique.

02:35Moi, j'y vais en tant que spectateur.

02:36Mais quand on est sur le terrain, là, on se sent porter, pousser des ailes.

02:39C'est incroyable.

02:40Quand t'es footballeur et que tu passes à l'Olympique de Marseille,

02:43aujourd'hui, je me dis que j'ai fait le bon choix,

02:44parce qu'en fait, quand t'es marseillais, ils te le rendront à vie.

02:47Même si tu n'y es fait que deux ans, ils te le rendent à vie.

02:50T'es marseillais à vie.

02:51C'est un club vraiment atypique.

02:52Comme on dit, Marseille, c'est un pays dans un pays.

02:55Cette ville, elle est incroyable.

02:57Quand je vais là-bas de temps en temps, là-bas, il n'y a rien de normal.

03:00Même quand tu fais des commandes Uber Eats, il n'y a rien de normal.

03:03C'est une dinguerie, Marseille.

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