Une étude de l'Institut Pasteur et du CNRS révèle que l'amygdale, au cœur du cerveau, joue un rôle clé dans le pessimisme et la dépression. Les chercheurs constatent une hyperactivité des neurones négatifs, ouvrant la voie à de nouveaux traitements pour améliorer la santé mentale.
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00:00C'est Votre Vie Psycho avec Johanna Rosenblum.
00:02Ce matin, Johanna, tu voulais nous parler de cette étude menée par des chercheurs de l'Institut Pasteur et du CNRS
00:08qui ont voulu explorer notre cerveau et observer son fonctionnement lors d'épisodes dépressifs
00:13ou tout simplement chez des personnes qui sont particulièrement pessimistes.
00:17Oui, exactement. Vous savez qu'on est 15 à 20 % à traverser des petits épisodes où on se sent un petit peu moins bien, moins en forme
00:24et pessimiste, comme tu le dis Adeline. Et dans 30 % des cas, les traitements peinent à fonctionner.
00:30Donc il y a quand même un gros enjeu à essayer de comprendre ce qui se passe dans notre cerveau
00:34et ce qui induit ce pessimisme, ce biais de pensée.
00:37Bon, et ça se passe dans une zone très particulière du cerveau.
00:40Oui, tu l'as dit Christophe, dans une zone très particulière. Vous allez voir la photo sur votre écran.
00:45C'est l'amidale. L'amidale, c'est tout au centre du cerveau, dans le cerveau limbique, bien protégé.
00:50Attends, moi, je crois que les amidales, c'est au fond de la gorge.
00:52Ça s'appelle pareil, mais ce n'est pas la même chose.
00:55On ne les enlève pas.
00:57Vaut mieux pas l'enlever parce qu'en fait, c'est une petite zone en forme d'escargot.
01:00Et c'est la zone du cerveau, donc dans le cerveau limbique, qui reçoit les informations sensorielles,
01:06c'est-à-dire sans l'amidale, on a du mal à évaluer un danger, par exemple.
01:09L'amidale, si je vous donne un exemple au quotidien, c'est celle qui va percevoir qu'on est dans une situation
01:14où il faut se protéger et qui va envoyer des informations au cortex préfrontal,
01:18la zone qui permet d'analyser et de prendre des décisions,
01:21et qui va créer des réactions physiologiques pour nous faire réagir.
01:24J'essaie de te suivre. Par exemple, l'amidale, c'est elle qui va nous dire « ça sent le brûlé, il faut partir ».
01:27Exactement, c'est celle qui va envoyer l'information.
01:30Mais quand on n'est pas très en forme, quand on est un petit peu pessimiste,
01:34on voit que les informations qui sont positives deviennent un petit peu neutres
01:38et les infos négatives sont vraiment sombres.
01:41Donc, ça induit un biais de pensée, un biais de négativité,
01:45et c'est sur ça que les chercheurs engagent leur recherche.
01:47Et là, qu'est-ce qui se passe dans le cerveau ?
01:49Alors, ce qui se passe dans le cerveau, vous allez voir sur la petite animation.
01:52Les chercheurs, déjà, ont mis des patients dans une IRM.
01:55Vous savez, c'est la machine où on n'est allongé qu'en cercle.
01:57Là, vous voyez tous les neurones qui s'activent.
02:00Donc, ils sont tout simplement allés regarder…
02:02Ça, c'est des vraies images, c'est pas un reconstitué.
02:04Ça, c'est des vraies images. Là, c'est une image qui a été reconstituée.
02:07Vous voyez le centre du cerveau, l'amidale qui scintille.
02:10Et en fait, l'IRM a révélé que tout le réseau neuronal autour de l'amidale
02:15s'activait chez les personnes qui sont un petit peu déprimées.
02:18Mais pas toutes les neurones.
02:19Ce sont essentiellement les neurones qui traduisent de façon négative les informations.
02:23Donc, en fait, ils se sont rendus compte que les neurones
02:27qui interprètent de façon négativement les informations étaient hyper sollicitées.
02:31Et celles qui interprètent les informations de façon positive étaient un petit peu embernes.
02:35Et c'est ça qui caractérise le biais de pensée de négativité.
02:38Donc, en fait, avec ces découvertes, on se dit, on va trouver des traitements
02:43qui permettent de booster les amidales du côté positif.
02:46Exactement, c'est tout l'enjeu.
02:47Aujourd'hui, les traitements agissent sur l'inhibition de la recapture de la sérotonine.
02:51On agissait uniquement sur les hormones du bonheur.
02:54Et on se rend compte que le problème, ce n'est pas forcément ça.
02:57C'est cette hyperactivité des neurones qui interprètent avec ce biais de pensée de négativité
03:01qui nous fait voir tout en noir.
03:03Donc, c'est une promesse pour des nouveaux traitements,
03:05pour ces 30 % de patients qui réagissent mal aux antidépresseurs,
03:08comme je vous le disais notamment.
03:10Et puis, c'est aussi une promesse pour les personnes qui ont des troubles de l'humeur
03:13ou qui souffrent de troubles de la bipolarité.
03:15D'ailleurs, je vous rappelle les petits symptômes qui doivent alerter.
03:18On va vous afficher ça.
03:20Si vous avez des symptômes qui tardent un petit peu à s'évaporer,
03:24qui traînent sur plusieurs semaines, une humeur dépressive, un abattement,
03:27une perte d'énergie et que cela dure plus de deux semaines en général,
03:30n'hésitez pas à consulter.
03:32Il y a des beaux traitements.
03:34La recherche avance.
03:35Il y a plein de promesses.
03:36Donc, il faut prendre soin de sa santé mentale.
03:38Vive les neurosciences.
03:39Vive les chercheurs.
03:40Et si devant toi, tout est gris, contourne l'éléphant.
03:43Tout simplement.
03:45Merci.
03:47Merci Alice.
03:48Merci Johanna.