La protection des loups réduite en Europe. La biodiversité est-elle en danger ?

euronews (en français)

Le loup n'est plus une « espèce strictement protégée » en Europe.

Transcript

00:00On trouve des brebis mangées vivantes le matin.

00:02La souffrance, elle est énorme.

00:03Mon troupeau, c'est ma famille.

00:04J'estime avoir le droit de défendre ma famille.

00:10Le loup n'est plus une espèce rigorosement protégée.

00:13L'ont décide les membres des États-Unis de la Convention de Berne

00:16en accueillant une proposition de la Commission européenne.

00:20Proposition controversée,

00:21soutenue par le président de la Commission, Ursula von der Leyen,

00:24après avoir tué son pote en 2022.

00:28Le loup reste une espèce protégée,

00:30mais les membres des États-Unis auront plus de flexibilité pour l'abattre.

00:36Depuis longtemps, les éleveurs demandaient des règles moins strictes sur les abattements.

00:40Pour les associations environnementales, c'est un coup dur contre la biodiversité.

00:46Pourquoi le statut de protection du loup a-t-il été transformé

00:49dans une question politique de telles proportions ?

00:52Nous en parlons sur European Stories.

00:58Il y a aujourd'hui plus de 20 000 loups dans l'Union Européenne,

01:02une population presque doublée dans les dix dernières années.

01:06L'an dernier, cette espèce a été chassée jusqu'à sa extinction en Europe.

01:11La Convention de Berne, qui préserve la flore et les faunes sauvages,

01:15avait étiquetté le loup comme une espèce strictement protégée en 1979.

01:20Le loup a un rôle clé dans l'écosystème.

01:23Il peut régler les faunes sauvages en réduisant les dégâts à l'agriculture et à la forêt.

01:28Le retour du loup est considéré comme l'un des plus grands succès

01:32dans la conservation de la faune sauvage en Europe.

01:35Un succès cher.

01:37Chaque année, au moins 65 500 capes de loups sont tués dans l'Union.

01:42Les pays membres dépensent presque 19 millions d'euros par an en ressources.

01:47Les attaques aux loups dans certaines régions sont diminuées

01:51grâce à l'utilisation de mesures préventives.

01:53En Europe, il n'y a pas de décès mortel contre l'homme depuis 40 ans.

02:04Le loup en France a été totalement éradiqué en 1937

02:08à la suite d'une politique de chasse intensive.

02:11Les premiers exemplaires sont réapparus spontanément

02:14pour la récolonisation naturelle en 1992.

02:17Aujourd'hui, il y a plus de 1000 loups en France.

02:22Les capres et les pécores sont les prédés favoris du loup.

02:25Chaque année, entre 10 000 et 14 000 loups sont tués en France.

02:28Le pays européen paye le plus d'impôts à l'élevage.

02:52L'éleveur, c'est un métier difficile aujourd'hui.

02:55Il y a plein d'aléas et un temps de travail énorme pour gagner très peu d'argent.

02:59Et le loup rajoute une pierre au fardeau qui était déjà bien assez lourd.

03:09Une nuit, un loup est venu et a tué sept brebis

03:13parmi la vingtaine que j'avais sur place dans la ferme.

03:17Eric explique d'avoir subi trois autres attaques dans les derniers années

03:21et d'avoir perdu une riette et deux scroffes.

03:36Eric a admis qu'il attendait des années

03:38pour que le stade de protection du loup soit baissé.

03:46On ne m'a jamais accordé ça, alors que nous sommes, nous éleveurs,

03:49confrontés tous les jours aux loups

03:52et que nous sommes les mieux placés pour défendre notre troupeau.

03:59En France, le personnel spécialisé peut éliminer,

04:02avec des tâches de tâche, le 19 % de la population des loups.

04:07Une population qui, en 2023,

04:09a diminué pour la première fois en environ 10 ans.

04:13A-t-on besoin de moins de loups ou de plus de mesures de protection ?

04:17La réponse reste controversée.

04:19Et pourtant, dans les Alpes françaises,

04:21au-delà de la moitié des entreprises agricoles

04:23qui ont reçu des financements pour introduire des mesures de protection,

04:26ils n'ont pas subi d'attaques.

04:28C'est le cas de Gilles et de sa femme Anne-Laure.

04:43Se protéger, ça coûte relativement cher

04:46quand on met les filets, les clôtures électriques,

04:48l'entretien du chien.

04:50Si on rajoute le berger,

04:52on peut vite arriver sur une valeur entre 15 et 20 000 euros à l'année.

04:56Je pense qu'on peut estimer à peu près à la moitié la prise en charge par l'État.

05:01Gilles, comme la majeure partie des allévatoires français,

05:04est satisfait que le loup soit moins protégé en Europe.

05:07Mais il pense que la convivence soit possible.

05:11Il faut absolument supprimer des animaux

05:14qui aujourd'hui ont des comportements déviants

05:16pour qu'à un moment donné, les loups aient à nouveau peur de l'être humain,

05:20sans supprimer évidemment tous les individus

05:22et qu'on puisse vivre en bonne communauté

05:24entre les éleveurs qui ont besoin de vivre

05:27et les loups qui, eux, vivent dans un territoire sauvage.

05:30La Convention de Berne a répandu plusieurs fois

05:33le déclassement du statut de protection des loups.

05:35Ce n'est pas en décembre.

05:37Environ 300 associations environnementales

05:39soutiennent que c'était une décision politique

05:41sans aucun fondement scientifique.

05:43Je l'ai discuté avec la présidente de l'organe directif de la Convention.

05:51Est-ce que vous estimez que les loups

05:53sont en mesure de protéger l'environnement ?

05:57Est-ce que vous estimez que, en déclassant la protection des loups,

06:00vous défendez l'héritage naturel européen ?

06:03Donner plus de flexibilité aux pays

06:05facilite certains conflits sociaux.

06:07Cela peut aussi faciliter la poaching ou la poisonnerie,

06:11parce que si les gouvernements sentent

06:13qu'ils ne peuvent pas prendre des décisions

06:15en cas d'animaux problématiques,

06:17ils peuvent prendre les choses en leurs propres mains.

06:20Mais comment comptez-vous vérifier

06:22que les États membres font leur travail correctement ?

06:26Les pays doivent répondre officiellement

06:28à la Convention sur l'héritage naturel

06:30chaque six ans.

06:32Et nous avons de très forts NGOs en Europe.

06:35Mais les NGOs disent déjà

06:37que cette décision est un désastre potentiel

06:40pour la biodiversité.

06:42Les arguments scientifiques disent

06:44que dans la plupart des pays de l'UE,

06:46la population des loups a beaucoup augmenté.

06:49Donc, comme il y a plus de loups,

06:51vous pouvez en tuer plus ?

06:53Je ne dirais pas que c'est le cas,

06:55mais la tendance est positive.

06:57Nous devons accepter de ne pas garder

06:59un niveau de protection pour ces espèces

07:01qui sont assez abondants.

07:03Comment espérez-vous que la population des loups

07:05change maintenant ?

07:07C'est très difficile à savoir, bien sûr,

07:09mais j'espère vraiment que les États membres

07:11n'utiliseront pas cette opportunité.

07:13Cette décision est biologique,

07:15mais aussi politique,

07:17parce que c'est à propos

07:19de la sécurité de l'espèce,

07:21mais aussi des conflits sociaux et économiques.

07:23Et je pense que chaque pays doit trouver

07:25une bonne balance.

07:51Sous-titrage Société Radio-Canada

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