Laurent Wauquiez, député Droite Républicaine de la Haute-Loire, s'exprime au pupitre de l'Assemblée nationale, après le discours de politique générale du Premier ministre, François Bayrou.
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00:00Madame la Présidente, Monsieur le Premier ministre, chers collègues,
00:06nous avons donc écouté la troisième déclaration de politique générale en un an,
00:12et la France a connu quatre premiers ministres,
00:16ce qui n'était pas arrivé depuis un siècle.
00:19Et pour quel résultat ?
00:22Que de temps perdu, que d'incertitude pour les Français pendant ce temps-là,
00:28pour nos entreprises, pour les agriculteurs, pour les artisans, pour les commerçants,
00:34pour nos communes, que de projets reportés.
00:39Cette situation n'est pas le fruit du hasard,
00:43elle est le résultat d'artisans du chaos,
00:46elle est le fruit d'irresponsables depuis la France insoumise
00:51jusqu'au Rassemblement national
00:54qui ont choisi de sacrifier la stabilité gouvernementale.
01:03Cette responsabilité, votre responsabilité,
01:07elle est d'autant plus lourde que notre pays, lui, est au bord de la ruine.
01:11L'État s'endette à des taux supérieurs à ceux du Portugal,
01:15et nous sommes perçus comme moins sérieux que la Grèce.
01:19Chaque point de taux d'intérêt en plus,
01:23c'est moins d'argent pour nos services publics
01:26et plus de charges pour payer nos créanciers.
01:29Jamais autant de PME n'ont fait faillite depuis 30 ans.
01:34Notre pays est au bord d'un gouffre financier
01:37où la France risque de perdre tout à la fois sa crédibilité et sa souveraineté.
01:44Et je tiens à rendre hommage ici à Michel Barnier,
01:49parce qu'il est le premier à avoir eu le courage de tenir ce discours de vérité.
01:55Est-ce qu'on mesure bien ce que représente aujourd'hui le décrochage de notre pays ?
02:00Industriel, éducatif, sécuritaire et même maintenant démographique.
02:09Et pourtant toute une part de la classe politique
02:12préfère faire le pitre, détourne le regard
02:17et plutôt que de travailler à la reconstruction, continue de jouer l'instabilité.
02:25Cette période, quand je vois la façon dont vous vous comportez avec tellement de légèreté,
02:32n'est pas sans rappeler certains moments de notre histoire.
02:36Celle du Vème siècle, la suite de l'Empire romain.
02:41Rome tombait alors dans la décadence.
02:46Par contre, vous jouez assez bien le rôle des brutus.
02:52Ceux qui sont incapables de respecter la démocratie.
02:56Ceux qui sont incapables de protéger la République.
02:59Ceux qui s'amusent sur les bancs et font les pitres
03:02pendant que les Français sont inquiets de votre comportement.
03:05Ceux qui voient la médiocrité de la France insoumise dans cet hémicycle.
03:09Ceux qui voient toutes les trahisons auxquelles vous êtes prêts
03:12avec le Rassemblement National pour faire tomber les gouvernements.
03:15Voilà l'image que vous apportez.
03:17Celle de la médiocrité d'une époque que vous avez choisi de soutenir.
03:21Voilà ce qu'est votre vérité.
03:24Et oui, à l'image de ces factions dont vous êtes bien le reflet
03:29qui sur le Palatinate préférait faire tomber les empereurs,
03:32vous avez définitivement choisi d'être du côté de ceux qui ne défendent pas la République
03:36mais préfèrent la fragiliser.
03:40Et les périodes d'instabilité politique, celles que vous nourrissez,
03:44ne l'oublions jamais, sont toujours les prémices de grand chaos pour notre pays.
03:51Alors oui, face à cette situation inédite, nous avons tous un choix à faire.
03:58Le pari de l'instabilité ou l'esprit de la responsabilité.
04:03Le poison de l'incertitude ou le remède de la stabilité.
04:08Les petits intérêts des partis ou l'intérêt du pays.
04:13Les Français que vous n'écoutez pas aspirent à la stabilité.
04:18Ils nous demandent de donner de la stabilité au pays.
04:22Et c'est pourquoi avec les parlementaires de la droite républicaine,
04:26nous avons fait le choix de la responsabilité.
04:29Elle prendra, monsieur le Premier ministre, la forme d'un soutien exigeant à votre gouvernement.
04:36Un soutien, cela signifie que nous ne voterons pas la censure,
04:41contrairement à ceux qui n'ont de cesse d'agiter cette menace.
04:45Mais exigeant, cela signifie, et vous l'avez compris, que nous jugerons texte par texte
04:51si les orientations prises sont conformes à l'intérêt du pays.
04:55Monsieur le Premier ministre, nous prenons vos responsabilités
04:59et nous attendons aussi que vous preniez les vôtres.
05:03Votre première responsabilité est d'éviter à notre pays de s'enfoncer dans la crise financière.
05:09Je n'oublie pas que vous avez été le premier à vous emparer avant d'autres du sujet de la dette.
05:15Et c'est désormais l'heure des actes.
05:18Nous avons déjà les impôts et les charges les plus élevés du monde.
05:22La France n'a pas un problème de moindre recette,
05:26elle a un problème de dépenses excessives.
05:30Et si l'on veut baisser les impôts, il faut baisser la dépense.
05:35Nous payons aujourd'hui le quoi qu'il en coûte aux autres,
05:39et pour la droite républicaine, notre position est constante
05:43des baisses de dépenses, pas de nouvelles hausses d'impôts.
05:51Au cours du débat budgétaire, nous ne ferons aucune proposition de dépense nouvelle,
05:57uniquement des propositions d'économie.
06:00Nous ne ferons aucune proposition de fiscalité nouvelle,
06:04uniquement des propositions d'économie.
06:07Nous ne ferons aucune proposition de nouveau sec gouvernemental,
06:12uniquement des propositions d'économie.
06:15Au cours des derniers jours, nous vous avons alerté sur le risque d'une fuite en avant
06:21de l'irresponsabilité budgétaire.
06:25Le débat politique compte suffisamment de pitres, d'illusionnistes,
06:30qui promettent de travailler moins et de dépenser plus,
06:33quitte à fracasser notre pays sur le mur du réel.
06:37Des Mostens parlaient du danger des paroles qui plaisent,
06:41plutôt que des paroles qui sauvent.
06:43S'agissant des retraites, faire une réforme qui aboutirait à plus de dépenses,
06:50sans aucune piste de financement, serait irresponsable.
06:54Ceux qui prétendent que c'est possible mentent,
06:58car cela conduirait soit à aller chercher cet argent en paupérisant les retraités,
07:04soit à augmenter les charges sur ceux qui travaillent,
07:07soit très probablement aux deux à la fois.
07:10La réforme des retraites, nous l'avons toujours dit,
07:14et les députés de la droite républicaine l'ont toujours portée, peut être améliorée.
07:18Mais cela ne doit en aucun cas se traduire par des dépenses supplémentaires
07:22qui seraient payées soit par les retraités, soit par ceux qui travaillent.
07:26Et si l'on veut baisser la dépense, il y a des marges d'économie partout.
07:31Non pas sur les services publics dont nous avons besoin,
07:35mais sur la bureaucratie administrative.
07:38Nous avons porté ce combat avec la droite républicaine, avec Véronique Louvazi,
07:42contre ce millier de comités, d'opérateurs, d'agences.
07:46Leur budget a doublé en dix ans.
07:49La NCT, l'ADEME, France Stratégie.
07:54Autant d'organismes à l'utilité douteuse et au coût bien réel.
08:00Il faut baisser leur budget, il faut les fusionner,
08:05il faut supprimer une large partie,
08:08parce que non seulement ces organismes coûtent cher,
08:11mais aussi parce qu'ils sont à l'origine des normes qui épuisent notre pays
08:14et parce qu'ils aboutissent à déposséder le politique de la décision,
08:18ce qui est fondamental dans le fonctionnement d'une démocratie.
08:24Ces économies sont nécessaires si l'on veut investir dans la santé, cher Yannick.
08:28Ils sont indispensables si l'on veut relancer l'investissement dans nos transports,
08:31et nous serons aux côtés de Philippe Tabarro.
08:34Ils sont fondamentales si l'on veut protéger, cher Rachida, notre patrimoine
08:37et faire rayonner la culture française.
08:40Il faut les mener si nous voulons pouvoir soutenir nos agriculteurs
08:43ou accompagner nos entreprises, cher Sophie, cher Véronique, cher Annie.
08:49Par ailleurs, monsieur le Premier ministre,
08:51je voudrais revenir sur un sujet que vous n'avez pas mentionné.
08:55Vous connaissez notre volonté de créer une aide sociale unique.
08:59Nous sommes convaincus qu'il faut garder le social pour ceux qui en ont vraiment besoin,
09:02revenir sur l'assistanat, revaloriser le travail.
09:06De ce point de vue, nous souhaitons que puisse être fusionnée
09:08la trentaine d'aides sociales existantes
09:11avec une aide sociale unique plafonnée à 70% du SMIC,
09:14ce qui ferait à la fois gagner en clarté et en justice.
09:20Enfin, et c'est une évidence,
09:24notre système social ne peut pas rester, demeurer ouvert au monde entier.
09:29On parle souvent à ce sujet de l'AME
09:32et on oublie le titre de ces jours qui permet de venir en France
09:35pour bénéficier de soins gratuits.
09:39Nous demandons tout simplement, monsieur le Premier ministre,
09:41que l'accès à la solidarité nationale, comme dans la très grande majorité des pays européens,
09:46soit conditionné à un minimum de trois ans de résidence régulière.
09:54Je suis convaincu que cette proposition n'est pas conflictuelle, mais consensuelle.
10:00Je suis convaincu qu'elle peut être soutenue par une très grande majorité de Français.
10:05Et s'il n'y a pas de majorité ici pour la voter,
10:09alors il faut aller au référendum.
10:13Et nous vous demandons, monsieur le Premier ministre,
10:17d'en faire la proposition au Président de la République.
10:20C'est l'esprit de la Ve République.
10:23Le Président lui-même a ouvert lors de ses voeux aux Français
10:27le souhait qu'il puisse y avoir plus de consultations et de référendums.
10:31C'est aux Français de trancher cette question
10:34et nous serons vigilants à ce que ce point puisse avancer dans les mois qui viennent.
10:39Autre axe essentiel que vous avez mentionné, la suppression des normes, ZAN, DPE, ZFE.
10:46Autant de sigles qui pavent l'enfer bureaucratique français.
10:50Cela ne coûterait rien à l'État de les supprimer, mais cela apporterait de l'oxygène au pays.
10:56Laissons vivre les Français, laissons vivre les artisans, les agriculteurs, les entreprises,
11:01les commerçants, les professions libérales qui sont aujourd'hui épuisées de toutes ces règles.
11:12Au-delà de cette urgence économique et budgétaire, il y a deux chantiers de fonds
11:16dont votre gouvernement doit se saisir.
11:19D'abord, rétablir l'ordre.
11:22Nous voyons encore avec les derniers chiffres l'explosion de la délinquance partout en France
11:27à laquelle Bruno Retailleau fait face avec beaucoup de courage.
11:31Il a tout notre soutien.
11:34Et pour mettre fin au laxisme, il faut un principe simple que nous avons toujours défendu ensemble,
11:39à chaque infraction une sanction.
11:42Et pour ne plus se payer de mots, il n'y a pas en France, contrairement à ce que certains disent,
11:47une surpopulation carcérale, il y a une sous-capacité carcérale.
11:52Et comment comprendre que alors que nous, pour les Jeux Olympiques et leurs équipements,
11:55nous avons adopté une loi de simplification,
11:58nous ne soyons pas capables de prendre une loi d'exception pour la construction de prisons
12:02pour assurer la sécurité de nos compatriotes.
12:07S'agissant enfin sur ces questions, cher François Noël, du département de Mayotte,
12:11si durement dévasté, il ne pourra être reconstruit sans arrêter la submersion migratoire.
12:18Ce n'est pas un sujet de débat.
12:20Nos compatriotes maorais nous le demandent.
12:24Nous proposerons donc, Madame la Présidente, dans la niche parlementaire de la droite républicaine,
12:29dès le mois prochain, d'y supprimer le droit du sol pour les immigrés illégaux,
12:33en lien avec le ministre de l'Intérieur, pour que enfin cette question puisse avancer et être tranchée.
12:43Enfin, et vous savez à quel point ce sujet est important pour nous,
12:48il faut revaloriser le travail.
12:51La plus grande injustice dans notre pays, c'est la situation des travailleurs pauvres.
12:56La plus grande injustice en France, c'est de travailler et de ne pas pouvoir vivre dignement.
13:02La plus grande injustice en France, c'est qu'aujourd'hui règne le travailler plus pour payer plus.
13:08C'est-à-dire que l'on travaille pour payer plus d'impôts et bénéficier de moins d'aides,
13:13curieuse reconnaissance pour ceux qui ont le sens de l'effort et du mérite.
13:18Nous proposerons donc, avec notre groupe, que les heures supplémentaires soient exclues du revenu fiscal de référence.
13:26Celui qui travaille doit pouvoir vivre du fruit de ses efforts.
13:30Celui qui a travaillé toute sa vie doit être reconnu.
13:34Et je le dis clairement, celui qui abuse de la solidarité nationale doit être sanctionné.
13:40Les 15 heures d'activité en contrepartie du RSA, que la France Insoumise et le Rassemblement National ont rejeté de concert,
13:48comme ils le font bien souvent en votant ensemble, donnent aujourd'hui des résultats
13:52et montrent ce que peut être la refondation nécessaire de notre système social.
13:57Le vrai social, c'est le travail, pas d'aide sans devoir.
14:01Ça, c'est la justice d'un système social refondé.
14:04Face à ces enjeux, monsieur le Premier ministre, qui peut croire que l'instauration de la proportionnelle soit une priorité ? Sérieusement.
14:13En 1958, le général de Gaulle a mis fin à l'instabilité de la 4ème République.
14:19Notre responsabilité à tous est tout simplement de protéger notre pays contre l'image pitoyable qu'offre aujourd'hui, trop souvent, la scène de cet hémicycle.
14:29La proportionnelle sera la garantie que le désordre politique exceptionnel que nous connaissons aujourd'hui deviendra la règle.
14:37La proportionnelle, monsieur le Premier ministre, ancrerait au cœur de nos institutions l'instabilité politique et la primauté des intérêts partisans sur l'intérêt général.
14:47Nous, nous y opposerons et la droite républicaine assumera ses responsabilités.
14:51Alors, vous l'avez compris, monsieur le Premier ministre, un soutien, mais un soutien exigeant, texte par texte, ce sera la feuille de route de la droite républicaine.
15:01Et nous veillerons à ce que dans les semaines à venir, elle se traduise en acte. Je vous remercie.