Un mois après le cyclone, "certains élèves ne répondent toujours pas" selon une enseignante iséroise basée à Mayotte

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00:00que vous avez été marquée par la catastrophe à Mayotte.

00:03Comment est-ce que vous êtes mobilisée ?

00:05La catastrophe qu'a vécue l'île vue de l'Isère,

00:09eh bien on en parle ce matin au 04-76-46-45-45

00:12et avec votre invitée Théo H.

00:13Oui, bonjour Estelle Bimel.

00:15Bonjour.

00:16Merci d'être en direct avec nous ce matin.

00:18Vous êtes professeure d'espagnol au lycée de Petite Terre à Mayotte.

00:21Vous y travaillez depuis 7 ans et vous vous apprêtez à y retourner.

00:25Là, pour l'instant, vous êtes aux abrés endorphinés.

00:27Vous vous apprêtez à retourner à Mayotte.

00:28Est-ce que vous avez eu, là, ces derniers temps,

00:31des nouvelles de votre école, de vos élèves, de vos collègues ?

00:35Alors, la rentrée des élèves, normalement,

00:38elle était prévue pour ce lundi 20 janvier, initialement,

00:43mais avec la tempête, elle est retardée.

00:47Oui, on a quelques petits soucis de liaison.

00:50Est-ce que vous nous entendez bien, Mme Bimel ?

00:52Oui, je vous entends très bien.

00:53Vous ne devez plus bouger, Mme Bimel, immobile.

00:55D'accord.

00:57Vous avez eu des nouvelles de là-bas, alors ?

01:00Oui, alors, pour le moment, on ne sait pas dans quelles conditions.

01:04Mme Bimel, alors, si vous me l'entendez, on va la rappeler, effectivement.

01:08On va la rappeler par téléphone

01:10pour essayer d'avoir une liaison un petit peu meilleure.

01:12Mais justement, on peut prendre quelques instants,

01:14le temps de la rappeler, pour accueillir Yassine,

01:16qui est avec nous, qui nous appelle de Voiron.

01:17Bonjour, Yassine.

01:19Oui, bonjour.

01:20On parlait de la mobilisation, justement, par rapport à Mayotte

01:23et vous, vous vous êtes mobilisé.

01:26Oui, tout à fait, en tant que coordonnateur citoyen

01:30et coordonnateur départemental des cadets

01:32de l'Union nationale des combattants de l'ISER.

01:35On a organisé une collecte de vêtements et de jouets.

01:40Et c'est l'association qui s'est mobilisée ?

01:45C'était une initiative de quelqu'un en particulier ?

01:48Disons que la solidarité chez nous, c'est important.

01:54Et c'est vrai qu'on a l'habitude à l'UNC d'organiser des collectes.

01:59Il y a quelques années, on a fait une collecte alimentaire

02:01pour les sapeurs-pompiers suite aux incendies.

02:04Et c'est vrai que nos jeunes ont été rapidement volontaires avec leur famille.

02:09Et ça a bien fonctionné, cette cagnotte, pour Mayotte ?

02:12Alors, c'est une collecte de vêtements et de jouets.

02:16Et vous avez récupéré beaucoup de vêtements et de jouets pour l'instant ?

02:19Alors, c'est en cours.

02:23Ce qui nous manquait un petit peu, c'était pour stocker les vêtements.

02:26C'est-à-dire que nous, on se laisse un petit peu aussi le temps de bien faire les choses

02:30pour pouvoir faire parvenir toutes ces têtes.

02:34Ce qui est mal tombé, c'est ce qu'on appelle aussi le tunnel des fêtes.

02:38On a pu envoyer des mails, téléphoner à divers contacts.

02:44Difficile de sensibiliser les gens dans cette période ?

02:48Après, ce qui est bon, c'est que j'ai pu avoir le président du NC Mayotte.

02:53Je suis tout à fait réceptif.

02:54En début de semaine, j'ai eu un échange de mail avec lui.

02:58On s'est eu au téléphone.

03:00Et ils sont prêts à recevoir notre aide.

03:02Juste, Yacine, du coup, est-ce que la collecte est finie ou on peut toujours participer ?

03:06Autant en profiter.

03:07Non, c'est en cours.

03:09Et on peut retrouver ça sur le site de votre association ?

03:13On est sur Facebook, sur Instagram et Internet aussi.

03:17On a plusieurs sites.

03:19Il y a le site principal de l'UNC.

03:22Et ensuite, à côté, il y a les cadets de l'UNC.

03:25Parfait. Merci beaucoup, Yacine, d'être venu ce matin

03:28et de nous avoir parlé de cette belle mobilisation. A bientôt ?

03:30Merci à vous. Merci à vous. A bientôt.

03:33Et on a retrouvé entre-temps notre invité Estelle Bimel,

03:35professeure d'espagnol, iséroise, mais professeure à Mayotte depuis 7 ans.

03:41Estelle Bimel, racontez-nous alors, vous, vous avez eu d'abord des nouvelles de là-bas.

03:45Comment ça se passe ?

03:47Alors, la situation, elle est toujours très compliquée là-bas.

03:53Les habitants essaient de reconstruire comme ils peuvent leur habitation

03:56avec les moyens du bord.

03:58Les conditions d'hygiène sont déplorables dans les quartiers

04:01qui étaient déjà en difficulté,

04:03où certains habitants manquent d'aliments, d'eau potable et de vêtements.

04:08Des quartiers entiers, là, un mois après le cyclone,

04:10sont toujours privés d'électricité

04:12et il y a toujours des problèmes de réseau,

04:16d'où le contact parfois un peu difficile

04:18entre la grande terre et la petite terre.

04:20Est-ce que vous êtes inquiète pour certains de vos élèves ou de vos collègues ?

04:24Encore ?

04:25Oui, oui, oui, tout à fait.

04:27Alors, certains élèves ne répondent toujours pas.

04:30Alors, on espère que c'est uniquement dû à un problème de réseau.

04:36On appréhende beaucoup la rentrée

04:37parce qu'on ignore également l'état dans lequel nous allons les retrouver

04:41car certains ont vraiment tout perdu

04:43et ont vécu des événements quand même traumatisants

04:46et finalement peu, je pense, ont pu se reposer pendant les vacances.

04:50Donc, il faudra vraiment s'assurer

04:52que ces élèves aient un réel accompagnement.

04:55Il faudra s'assurer également qu'ils aient un toit,

04:57de quoi manger, de quoi boire,

04:59qui sont des conditions quand même essentielles pour apprendre,

05:05pour l'étudier.

05:06Vous savez d'ailleurs quand aura lieu cette rentrée,

05:08pour vous, pour vos élèves ?

05:10Alors, la rentrée des élèves était initialement prévue

05:13pour ce lundi.

05:14Alors, hier, mais elle a été décalée

05:18à ce lundi dans janvier

05:22et finalement, avec la tempête d'Ikezélie,

05:25c'est la rentrée des enseignants.

05:27Je précise juste qu'il y a une nouvelle tempête effectivement

05:29qui est actuellement sur Mayotte,

05:32une tempête tropicale.

05:33Oui.

05:35Et donc, du coup,

05:37la rentrée des enseignants aura lieu le 20 janvier

05:40et la rentrée des élèves, pour le moment, on ne sait pas.

05:42Donc, on n'a pas plus d'informations en fait pour le moment

05:45et on ignore actuellement les modalités de rentrée.

05:49On parle ce matin de Mayotte et des liens,

05:52effectivement, qui existent, on le voit ce matin,

05:54entre l'ISER et Mayotte.

05:56On en parle aussi au standard de l'ISER.

05:58Tout à fait, avec vous, vous pouvez nous appeler.

06:00Exactement, 04 76 46 45 45.

06:04Est-ce que vous avez été marqués par cette catastrophe ?

06:06Est-ce que vous vous êtes mobilisés ?

06:07On a eu Yassine qui nous racontait la collecte

06:09qui est mise en place de son côté.

06:10On a quelques réactions aussi sur notre page Facebook.

06:12Oui, on a Colette, par exemple, qui nous écrit,

06:14qui nous dit, nous pensons bien à Mayotte,

06:16mais il y a une certaine forme d'impuissance aussi de sa part.

06:19En tout cas, dans son message, elle dit

06:21qu'est-ce qu'on ne peut faire pas grand-chose

06:23à part effectivement envoyer le plus de dons possible.

06:26Alors, est-ce que vous aussi, vous vous êtes mobilisés ?

06:28Appelez-nous pour en parler pendant encore quelques minutes.

06:29Il est 7h51.

06:30On a eu effectivement l'exemple de Yassine tout à l'heure

06:32qui lançait une cagnotte avec l'UNC,

06:35une collecte, c'est ça, avec l'UNC.

06:37Il y a aussi le FC Mahorais, vous savez,

06:39le club des Grenoblois originaires de Mayotte

06:41qui a lancé une collecte afin d'aider leurs proches

06:44après le cyclone Chido.

06:46Écoutez, Toi Libre, il fait partie de ce FC Mahorais

06:49et il se mobilise justement pour sa famille

06:51et pour les habitants de Mayotte.

06:52Moi, personnellement, notre maison,

06:54il faut la reconstruire parce que tout est cassé.

06:59Tout le monde a été touché, plus ou moins.

07:00D'où le fait qu'on essaie de se mobiliser

07:02pour essayer d'aider comme on peut.

07:04Pour moi, on se sent moins seul.

07:06On se sent moins seul parce que,

07:08franchement, à ces moments-là,

07:09c'est très, très difficile moralement.

07:11Donc, avoir des actions comme ça,

07:12qu'on peut avoir des soutiens,

07:14ne serait-ce qu'au niveau du moral,

07:15ça nous fait du bien, beaucoup de bien.

07:17Alors, on voit qu'il y a des initiatives en Isère,

07:19effectivement, pour aider Mayotte.

07:21Notre invité ce matin, Estelle Bimel,

07:23est professeure originaire des abrais endorphinés

07:26et qui va retourner à Mayotte

07:28où elle enseigne depuis sept ans.

07:29Comment vous voyez, justement, Madame Bimel,

07:31la mobilisation autour de cette catastrophe à Mayotte

07:36avec les nombreuses collectes ?

07:37Est-ce que cette mobilisation est à la hauteur aujourd'hui ?

07:42Oui, finalement, ce sont les habitants eux-mêmes

07:44qui s'organisent sur place.

07:46Moi, j'ai une restauratrice à côté de chez moi

07:49qui propose des barquettes

07:52depuis bientôt un mois,

07:55des expéditions de barquettes aux enfants,

07:57dans les quartiers les plus défavorisés.

08:00Donc, on voit bien une vraie mobilisation

08:03de beaucoup d'habitants sur place.

08:06Vous-même, vous avez récolté des vêtements

08:08autour de vous, dans votre entourage ?

08:10Oui, tout à fait.

08:11Alors, on a lancé une collecte de vêtements

08:13dans l'entreprise où travaille ma maman

08:15et dans mon entourage.

08:16Les gens ont été vraiment très, très généreux.

08:18Mais, malheureusement,

08:20nous avons été obligés de stopper les dons

08:22car nous ne trouvons pas, en fait,

08:24d'association qui récolte les affaires

08:26pour les acheminer jusqu'à Mayotte.

08:28J'avais contacté, du coup, le FC Maori de Grenoble

08:31qui a collecté des vivres.

08:33Mais, voilà, ils m'expliquaient

08:35qu'ils étaient obligés de stopper les dons

08:37car la mairie ne leur a pas donné

08:39de local assez grand.

08:41Et il y avait un problème, aussi,

08:43d'acheminement jusqu'au port de Marseille.

08:45Alors, moi, je repars vendredi, là,

08:47en avion.

08:49Donc, je vais récupérer déjà avec moi

08:51une partie des vêtements.

08:53Et puis, j'ai de la famille

08:55qui viendrait me voir, normalement,

08:57au mois de mars. Donc, il récupérera une autre partie.

08:59Oui, un petit peu la débrouille.

09:01On l'entend, effectivement.

09:03C'est extrêmement frustrant

09:05parce que les gens aimeraient donner davantage.

09:07Mais, pour le moment, on est un peu bloqués.

09:09Les députés, l'Assemblée nationale

09:11est en train d'examiner un projet de loi d'urgence

09:13pour Mayotte. Vous, à votre échelle,

09:15vous auriez besoin de quoi ?

09:19C'est surtout

09:21les vêtements

09:23qui manquent l'eau potable.

09:25Il y a beaucoup d'habitants

09:27qui n'ont aujourd'hui pas accès à l'eau potable.

09:29Alors, il y a des distributions.

09:31On verra comment le plan

09:33Mayotte-Debout se met en place

09:35concrètement. Moi, je reste quand même extrêmement prudent

09:37pour le moment.

09:39Vous trouvez que les efforts publics

09:41sont à la hauteur aussi ? Il y a eu la visite du président

09:43de la République sur place, de François Bayrou,

09:45le Premier ministre. Ça suffit ?

09:47Ça a changé des choses ?

09:49Pour le moment, pour être honnête,

09:51on ne voit pas vraiment d'amélioration.

09:53On verra à long terme.

09:55Il y a aussi

09:57eu un problème d'anticipation face à cette catastrophe

09:59qui était quand même annoncée tardivement,

10:01mais qui avait été quand même annoncée.

10:03Alors, oui, il y a des distributions de vivres

10:05qui ont été mises en place assez rapidement

10:07après le passage du cyclone,

10:09mais cette distribution, elle reste

10:11quand même insuffisante, inégale selon

10:13le territoire. J'ai une amie

10:15de petit air qui me racontait, il y a deux semaines,

10:17qu'elle faisait presque tous les jours

10:19quatre heures de queue pour avoir deux bouteilles

10:21d'eau, une boîte de maïs, une boîte

10:23de sardines pour elle et ses trois enfants.

10:25Comment voulez-vous nourrir

10:27une famille avec si peu de choses

10:29finalement, tandis que dans

10:31certaines communes de grand air, la distribution

10:33de vivres se limite à une bouteille d'eau

10:35par jour, par personne, une boîte de raviolis.

10:37C'est indécent quand on entend ça

10:39et j'ai du mal à croire que si la catastrophe

10:41était arrivée ailleurs, on

10:43ose distribuer cela aux habitants.

10:45Et les quartiers...

10:47Pardon, je vous coupe parce qu'on arrive

10:49au bout du entretien, mais c'est intéressant.

10:51On entend un petit peu de colère aussi

10:53et de l'attente. On va suivre ça

10:55votre retour à Mayotte. Bon courage

10:57en tout cas, merci Estelle Bimel

10:59d'avoir été avec nous ce matin. Belle journée.

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