La catastrophe a durement touché un secteur déjà précaire, mais essentiel à la survie des habitants de l'une des régions les plus défavorisées de France.
## La désolation après le cyclone
"On dirait qu'une explosion a eu lieu." À peine le cyclone Chido a-t-il traversé Mayotte, qu'Ange Dusom, président des Jeunes agriculteurs d'outre-mer, a pris son deux-roues pour se rendre vers les exploitations agricoles à proximité. "L'accès était parfois si difficile que j'ai dû laisser ma moto et continuer à pied," raconte cet ancien vétérinaire devenu agriculteur. À son arrivée, il découvre une scène dévastatrice : "Tout est au sol, aucun agriculteur n’a été épargné."
## Une agriculture familiale en péril
À Dembéni, le syndicaliste constate la perte de 15 000 volailles qu'il faut récupérer à la tractopelle. À quelques kilomètres, 3 000 autres animaux sont abandonnés dans une mare de décombres. Les plantations ne sont pas en reste, avec des bananiers et des cocotiers abattus un peu partout. Selon un rapport parlementaire de 2023, la majorité des exploitations agricoles de Mayotte sont déjà petites et fragiles, mais elles permettaient de maintenir une autosuffisance en denrées vitales comme les bananes et le manioc. La destruction de cette agriculture familiale met sérieusement en danger la sécurité alimentaire de l'île, s'inquiète Saïd Anthoumani, chef de la chambre d'agriculture de Mayotte. Aujourd'hui, il est évident qu'il faut tout recommencer depuis le début.
## Destruction sans précédent
Le premier défi après le cyclone a été d’atteindre les exploitations dévastées. Jérome Despey, vice-président de la FNSEA, raconte que de nombreuses routes étaient obstruées par des débris. Le syndicat a réagi en envoyant des tronçonneuses pour aider à dégager les accès. Le bilan est catastrophique : près de 90% des serres sont détruites et 80% du cheptel a disparu. Les champs, une fois productifs, sont désormais réduits à néant, dans un état que Saïd Anthoumani qualifie de sans précédent.
## Urgence de replanter
Face à cette situation catastrophique, le secteur agricole doit se mobiliser rapidement pour se redresser. Selon Saïd Anthoumani, la période cruciale pour replanter ne dépasse pas deux mois, une échéance impérative étant donné la durée limitée de la saison des pluies sur l'île. Des efforts sont déjà en cours pour acheminer des semences de récoltes essentielles. "Il faut agir vite, sinon nous risquons de manquer un cycle de production," avertit Jérome Despey. Les agriculteurs craignent également que certains abandonnent, à bout de force face à cette situation.
## Appel à la solidarité
Pour rétablir le secteur agricole, les agriculteurs de Mayotte lancent un appel aux aides nationales et européennes, espérant la même solidarité qu’auprès des autres secteurs touchés par le cyclone. Fouad Ali, président du Mouvement de défense des exploitants familiaux, ins