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“Sarah Bernhardt, la Divine”, de Guillaume Nicloux.
En salles le 18 décembre 2024.
Transcription
00:00Elle fut la première star en France à une époque où le mot n'existait même pas,
00:03c'est Sarah Bernhardt et elle fait l'objet d'un biopic signé Guillaume Niclot.
00:07« Maintenant laissez-moi, il faut que je me quitte. »
00:08« Quoi ? »
00:09« Elle doit entrer dans son personnage. »
00:13« Tu vas voir ce que je vais te faire tout à l'heure. »
00:14« Tu es méchante. »
00:15« Pire. »
00:16« Cruelle. »
00:18« J'ai interprété 112 rôles, j'ai lutté comme personne. »
00:21« Le nombre de télégrammes que vous avez reçus. »
00:23« L'empereur du Brésil. »
00:24« Oui, Oscar Wilde. »
00:26Sarah Bernhardt, la grande tragédienne, la première grande vedette du théâtre français
00:30et même la première star de France.
00:33Elle était connue dans le monde entier, elle avait une personnalité très forte.
00:37On se méfie un petit peu, les biopics, on sait ce que ça donne.
00:40Les derniers, surtout en matière musicale, nous ont vraiment franchement déçus.
00:43Le grand problème du biopic, c'est d'essayer de concentrer en deux heures une vie complète.
00:48Guillaume Niclot n'est pas tombé dans le piège et c'est heureux.
00:50Il a choisi de se concentrer sur deux épisodes très précis de la vie de Sarah Bernhardt
00:54et pas forcément les plus connues.
00:56Le premier, c'est son jubilé en 1896 où elle est vraiment au sommet de sa gloire
01:01et il y a une grande fête en son honneur.
01:02Et la deuxième est beaucoup plus tragique, c'est vers la fin de sa vie
01:06où, à la suite de plusieurs blessures, elle est obligée d'être amputée
01:09et elle accepte d'être amputée, ce qui ne l'empêchera pas par la suite de remonter sur scène.
01:13Alors, je ne suis pas tout à fait d'accord avec Samuel quand il dit que le film
01:16n'a pas pour ambition de tout raconter.
01:18Il veut, selon moi, en raconter trop.
01:20J'ai un problème avec le scénario de Sarah Bernhardt, La Divine,
01:23parce que, mine de rien, il faut tout blinder.
01:27Et puis, elle est à une soirée et peut-être qu'une fois dans sa vie,
01:31elle a croisé Freud, ça ne produit rien.
01:33Mais enfin, bon, il est là, donc on lui dit que Freud est là.
01:36Et puis, elle a une liaison avec Edmond Rostand.
01:38Et donc, à un moment, par deux fois, il faut qu'il parle de Cyrano.
01:42Donc, le film, c'est un peu le froid et le chaud.
01:45Il y a le froid d'un scénario qui est archi réfléchi
01:48et qui doit quand même faire rentrer aux forceps toutes les dates, les infos et les machins.
01:53Évidemment, pour faire ressentir qui était Sarah Bernhardt,
01:55qui a été une star immense et plus personne ne le sait.
02:00Et puis, il y a malgré tout des très jolies choses,
02:03comme cette idée du début du film où elle s'apprête à être amputée d'une jambe.
02:08Et ce que ça lui inspire à ce moment-là, ça devient un flashback érotique,
02:12pour le coup, puisqu'elle se souvient de Lucien Guitry
02:15en brassant cette même jambe au-dessus d'une jarretière.
02:18Donc, le film va naviguer entre ces deux époques de manière assez habile.
02:22Et surtout, avec un fil conducteur qui est la passion,
02:26on va dire, tourmentée, qui a uni Sarah Bernhardt et Lucien Guitry.
02:30Alors, Guitry, ce nom vous dit quelque chose.
02:32On connaît Sacha Guitry.
02:33C'était le fils de Lucien Guitry.
02:35Sarah Bernhardt, c'est Sandrine Kiberlain.
02:37Lucien Guitry, c'est Laurent Lafitte.
02:39Je devrais te veillir.
02:40Attends, Lucien.
02:42J'ai été lâche, faible.
02:44C'est terminé.
02:45T'as pas le droit.
02:46Alors, Sandrine Kiberlain, on sait que c'est une très grande actrice comique,
02:49qui a vraiment un abattage très fort.
02:51En fait, elle est très bonne dans le drame aussi,
02:53mais elle n'a jamais eu à jouer un personnage extravagant, exubérant comme ça,
02:58y compris dans la tragédie.
02:59Et ça lui va vraiment très bien.
03:00D'autant plus, elle joue le personnage à différents âges de sa vie.
03:03C'est toujours très, très compliqué.
03:04Elle est crédible aux deux âges.
03:06Elle arrive vraiment à faire passer des choses assez fortes.
03:08Et puis, il y a Laurent Lafitte, alors que lui, pareil,
03:10comme ni Guillaume ni Clou, il n'arrête pas de surprendre.
03:12Mais lui, c'est toujours en bien.
03:13Il était vraiment étonnant et formidable dans le registre beauf et comique
03:17dans le film de Julie Delpy, Les Barbares, c'était au mois de septembre.
03:19Là, il est vraiment, en Lucien Guitry, c'est à la fois le dandy, très élégant.
03:23Et puis, en même temps, quelqu'un qui se cherche, qui est un petit peu lâche aussi.
03:27Et donc, il arrive à jouer vraiment là-dessus, toutes les grandes subtilités, ce rôle.
03:31Et puis, on le verra au mois de janvier dans le film Le quatrième mur.
03:35C'est encore une autre facette de son talent.
03:37Il est vraiment formidable.
03:39Je n'ai jamais aimé que toi.
03:41Et moi, je n'ai jamais cessé de t'aimer.
03:43La lumière, mon Dieu !
03:44Ah, voilà !
03:46C'est un beau film sur Sarah Bernard, l'amoureuse.
03:49De fait, il y a des moments très émouvants,
03:51notamment de Sarah Bernard, vieillissante et sur le point d'être abandonnée.
03:55Elle se souvient de la passion de sa jeunesse.
03:57Elle pleure l'amant inconstant.
04:00Et là, vraiment, je pense notamment à une scène de fête.
04:03Il y a une réception chez elle absolument extraordinaire.
04:06Et tout à coup, va se jouer pour elle un drame insoutenable.
04:09Je trouve que c'est moins réussi du côté du travail, en tout cas.
04:12Elle a été la grande comédienne de son temps.
04:15Elle a tout joué, y compris les rôles d'hommes.
04:17Alors, c'est évoqué.
04:18Mais à part une petite scène au début, on ne la voit pas au travail, Sarah Bernard.
04:22C'est quand même dingo de faire le biopic d'une comédienne de légende
04:26et de ne pas la montrer au boulot.
04:28Alors, pour nuancer ce que vient de dire Marie,
04:29il faut peut-être mieux qu'on ne la voit pas trop au travail,
04:31parce que quand on entend, il y a quelques enregistrements audios
04:34qui restent de Sarah Bernard, c'est assez horrible, en fait.
04:37C'est-à-dire que les méthodes de jeu de l'époque font que c'est absolument atroce aujourd'hui.
04:41C'est-à-dire que je pense qu'il aurait fallu que Sandrine Kiberlin joue Sarah Bernard
04:46et essaie de reproduire le phrasé, l'addiction, le mode de jeu de Sarah Bernard.
04:51Et franchement, selon nos critères actuels,
04:53elle joue comme une patate, Sarah Bernard.
04:56Elle est bouche bée.
04:58Sarah Bernard, la divine, ce n'est peut-être pas divin,
05:00mais c'est quand même très bien.
05:01Sarah Bernard, la divine ?
05:04Allez, c'est bof bien.
05:06Alors jouez avec votre âme, mon Dieu.
05:07Mais croyez-y si vous voulez qu'on y croit.
05:10Ça, c'est bien la divine parce qu'en plus, c'est original.

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