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Au moins 14 personnes ont été tuées à Mayotte par le passage du cyclone Chido, mais les autorités redoutent un bilan bien supérieur de "plusieurs centaines" à "quelques milliers" de morts. Une course contre la montre s'est engagée pour fournir de l'aide aux Mahorais, dont certains sont privés d'eau, de nourriture et d'électricité. L'hôpital local a par ailleurs été "très endommagé", mais continue "de tourner de façon dégradée", selon la ministre de la Santé démissionnaire Geneviève Darrieussecq.

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Transcription
00:00C'est très compliqué, là je suis à un point où il y a le seul point au nord-est où il y a du réseau.
00:05C'est à 20 km de là où j'habite, moi j'habite du côté ouest.
00:09Le côté ouest est totalement coupé du monde avec les routes qui ont été heureusement ouvertes hier en fin d'après-midi.
00:16Par contre tout ce qui est électricité, eau, il n'y a rien, on n'a pas d'électricité, on n'a pas d'eau.
00:21Donc les téléphones ne fonctionnent pas avec une impossibilité totale de rentrer en contact avec qui que ce soit.
00:26J'ai profité du fait que les routes soient ouvertes pour venir un peu chercher à donner des nouvelles à la famille du côté est.
00:32Et là je suis tombé sur ce point où j'ai compté une quarantaine de véhicules de ceux que je peux voir,
00:37une quarantaine de véhicules en fait de personnes qui sont venues profiter de ce point de vue.
00:41Malheureusement on ne peut pas passer la vidéo parce que du coup tout le monde est connecté, le réseau doit être saturé.
00:45Et donc une quarantaine de véhicules avec des dizaines de personnes qui sont venues pour pouvoir profiter de ce spot téléphonique
00:51pour pouvoir donner des nouvelles à leur famille.
00:53Là-bas du côté ouest, Amtangamouji où c'est au nord-ouest, ça a été un enfer, vraiment un enfer.
01:00Moi je n'ai jamais connu ça, comment on appelle ça, le cyclone de 84 qu'on dit il était fort.
01:07Moi j'avais trois ans à l'époque donc je ne m'en souviens pas.
01:10Mais celui-là en fait je ne souhaite plus et à chaque fois qu'on parle avec les gens, personne n'a envie de revivre ça.
01:15Maintenant les gens sont tellement traumatisés que quand on entend le moindre bruit d'automne, les gens sursautent.
01:20On a été traumatisés. Il y a eu la première partie où il y a eu du vent, on osait encore ouvrir les baies vitrées,
01:26le vent et pluie pour filmer un peu.
01:28Après il y a eu l'accalmie qui a duré à peu près 6 minutes de mémoire, 5 minutes.
01:32Vraiment on a eu, parce qu'on décrit, mais il faut le vivre en fait.
01:35On dit qu'effectivement c'est une accalmie, mais c'est une accalmie avec le soleil qui est venu d'un coup.
01:40Mais comme on était prévenus, heureusement la préfecture avait bien géré quand même de ce côté-là.
01:44Et donc du coup on a eu ce moment d'accalmie de 5 minutes et après c'était l'enfer sur terre.
01:50L'enfer sur terre. Au moment où vous parlez Fatihou Ibrahim, on voit des images qui ont été envoyées par des témoins
01:56avec des quartiers entiers complètement dévastés, des habitations de fortune qui se sont envolées, des toits envolés.
02:02Il y a ces images, on les voit un peu partout sur l'île de Mayotte ?
02:07C'est ça. En tout cas nous au nord-ouest, c'est ce qu'on a vécu, vraiment des toitures qui ont volé.
02:13Je ne savais pas que le vent pouvait tout un pan de toiture avec la charpente, la soulever et la projeter plusieurs dizaines de mètres plus loin.
02:21Et ça je l'ai vu et filmé de l'intérieur de chez moi, parce que c'était un enfer.
02:28La deuxième partie on ne pouvait même plus rien faire, on ne voyait rien, c'était beaucoup d'eau, beaucoup d'eau.
02:32Ça rentrait même dans la maison et donc ça a été vraiment un enfer.
02:36Et puis après, une fois que c'était fini, tout le monde était à gare, le regard vide, parce que tout est cassé.
02:43Un voisin dans la maison en briques de terre s'est effondré alors qu'ils étaient à l'intérieur.
02:50Heureusement qu'ils ont pu sortir juste à temps avant qu'on puisse déplorer quoi que ce soit de plus grave.
02:58Par contre, je viens de passer à l'extrême nord et il y a eu un décès là-bas.
03:04Une dame qui est décédée parce que la toiture s'est effondrée sur elle et sa petite fille grièvement blessée à la jambe.
03:10À Mtsangamouji, là où j'habite, on déplore une personne qui est blessée à la jambe avec son enfant, grièvement blessée.
03:18Et le plus frustrant, ça a été le fait de ne pas pouvoir entrer en contact avec les secours, parce qu'il n'y avait plus rien, pas de réseau ni rien du tout.
03:26Ils ont dû se débrouiller pour pouvoir l'évacuer à l'hôpital, sachant que les routes étaient toutes bloquées.
03:34Là où on nous semble vraiment sinistrés, c'est que comme il n'y a pas d'eau, il n'y a pas d'électricité,
03:42tout le monde se demande comment les aliments sont en train déjà de pourrir dans les congélateurs et les frigos.
03:49Moi-même, j'ai dû me résigner à aller à la rivière, alors que je sais qu'il y a encore du choléra qui traîne à Mayotte.
03:58J'ai dû me résigner à aller à la rivière avec ma femme pour aller chercher de l'eau pour au moins les toilettes.
04:04Et j'ai vu à Mtsamboro des personnes qui puisaient de l'eau dans des anciens puits, faute de mieux, parce qu'il n'y a pas d'eau, il n'y a pas d'électricité.
04:11Ça devient très inquiétant par rapport à la situation sanitaire qui pourrait très vite dégénérer.
04:17Et là-dessus, vraiment, je pense qu'il y aurait une urgence à agir.

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