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En bouclant samedi le Ice Sevens en une année civile, Stève Stievenart dit «Stève le phoque», est entré dans l'histoire de la nage en eau libre. L'occasion de revenir sur sa notion de limite.

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Sport
Transcription
00:00Ce nage en eau libre, elle a été déterminante pour moi dans ma vie.
00:08C'est tellement puissant, tellement fort ce que tu vis dans ces moments-là.
00:14Je sors toujours grandi de ces expériences, mais on est toujours à la limite.
00:20Mon rêve, ça a toujours été de traverser la Manche, tout gamin, avec mon grand-père,
00:35on allait voir les départs.
00:36J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour ces nageurs de l'extrême, et je me suis
00:40toujours interdit de pratiquer l'allège-extrême, en me disant que ce n'est pas pour ça, parce
00:45que je n'étais pas un nageur.
00:46Je suis parti en Angleterre apprendre la discipline, parce qu'en France, il n'y avait pas de
00:49structure.
00:50J'ai rencontré mon entraîneur, j'ai tout fait pour organiser cette rencontre avec Kevin
00:57Murphy, qui m'a pris un peu ce sonnel et qui m'a expliqué un peu tous les rouages
01:00de la natation.
01:01Je lui dois tout, parce que je parle réellement d'une feuille blanche, du coup je ne sais
01:04pas nager, je pourrais traverser la Manche, mais voilà.
01:07Au début, je nageais pas plus d'un quart d'heure, 20 minutes, dans la zone de la Swimzone,
01:11le port de Doubs.
01:12J'arrive le premier jour en mai, et on traverse en septembre.
01:1521 heures de nage, donc on a fait un pas quantique, si tu veux, aux côtés des Anglais.
01:20J'ai pris tellement un plaisir énorme, ça m'a tellement apporté sur le plan personnel,
01:26et tu réalises finalement ce dont tu as toujours rêvé toute ta vie, c'est libérateur,
01:31c'est l'aboutissement de beaucoup de choses.
01:33Je me suis dit, c'est ça que je veux vraiment continuer à faire, je n'ai pas envie que
01:36ça s'arrête.
01:37D'ailleurs, quand j'ai fini à traverser la Manche, quand je suis rentré en Angleterre,
01:40je n'avais qu'une envie, c'était de retraverser, ce qui est incroyable.
01:46Nous, on n'a pas la même unité de mesure, on parle en temps passé dans l'eau.
01:51Aujourd'hui, j'ai fait un 6 heures, aujourd'hui j'ai fait un 8 heures, aujourd'hui j'ai fait
01:54un 10 heures.
01:55Avant de parler des forces, c'est de la résistance au froid.
01:56L'élément déclencheur, c'est après ma traversée de 21 heures, après ma traversée,
02:00j'ai perdu 7 kilos.
02:01Et j'ai vite compris que le froid était le principal ennemi, en fait, donc il a fallu
02:06remédier à ça en prenant du bon gras, du poids, en fait, en changeant radicalement
02:11mon alimentation.
02:12J'ai commencé à augmenter les quantités, donc de là à prendre quand même 47 kilos,
02:15ce n'est pas anodin.
02:16Moi, j'ai le problème, c'est que c'est un sport que j'ai commencé très tard.
02:19J'ai des carences techniques, je ne suis pas nageur, donc je ne suis pas efficace dans
02:23l'eau.
02:24Techniquement, je sais comment il faut faire, parce que j'ai pris des cours, je me remets
02:27en question en permanence.
02:28Je sais comment appliquer la technique, mais quand je l'applique, je me blesse, en fait.
02:32Donc je sais que je nage comme je nage, donc je me dis que je vais compenser ces carences
02:36techniques par mon acclimatation à l'élément, ma prise de poids.
02:40Je ne peux pas nager vite, mais je peux rester longtemps dans l'eau.
02:51Le triwet de Santa Catalina, je sais que j'étais vraiment à la limite de là où il ne faut
02:58pas être.
02:59Tous les voyants se sont mis au rouge, le sel en fait faisant gonfler les muqueuses,
03:03donc externes.
03:04J'ai trouvé ma lèvre très gonflée, mais c'est surtout l'interne, le sel a obstrué
03:10l'entrée d'air en fait, le gonflement, et donc tu dois fournir le même effort mais
03:13avec moins d'air.
03:14Physiquement, jamais je n'avais ressenti ça, parce que j'ai fini, je n'avais plus
03:18d'air.
03:19D'ailleurs, quand je suis arrivé sur la plage, j'ai dit tout de suite, sortez-moi l'oxygène
03:21parce que je n'arrive plus à respirer, donc les 300 mètres qu'il a fallu faire pour
03:25revenir au bateau, ça a été très compliqué, et j'ai fini sous oxygène.
03:28Et je l'ai senti de la mort, vraiment, pas loin.
03:32Au-delà, tu vois une partie, c'est comme un tunnel blanc, tu sens que tu es sur le
03:37fil, qu'il n'y a pas grand-chose qu'ils font pour que ça s'arrête définitivement.
03:41C'est comme un truc que tu tends, du coup ça va casser, et après, qu'est-ce qui
03:46se passe ? C'est ça qui est fou, tu es prêt à accepter de mourir pour aller au
03:50bout de ton projet.
03:51Le North Channel, ça a été une traversée incroyable, il y avait beaucoup de méduses,
04:05et donc au bout de dix heures, la toxine qui rentre dans ton organisme, elle te fait accélérer
04:11le rythme cardiaque, et là je demande de l'aide à l'univers, j'ai dit, j'ai
04:15vraiment besoin de vous, je me reste aux éléments, à la nature, et les dauphins
04:19ils arrivent à des moments clés comme ça, de la traversée, alors ça peut paraître
04:23irrationnel mais c'est encore une fois une réalité, je me répète, mais le son qui
04:27est émis du dauphin, à ce moment-là, il te réinitialise l'organisme, tu es rechargé
04:34en énergie, tu es une nouvelle personne, tu n'as plus de douleurs, tu sens l'énergie,
04:38tu sens ces picotements qui traversent l'organisme, et tu reprends l'énergie à leur contact
04:42en fait, c'est extraordinaire.
04:45En fait j'ai fait un pas quantique à travers ces connexions, et ça m'a ouvert encore
04:51aujourd'hui un spectre beaucoup plus large en me disant en fait, on peut encore faire
04:55des choses musculairement parlant, on crée quand même beaucoup de tensions, même si
04:58on est en portance, comment on pourrait accélérer la récupération ? Et bien dors dans l'eau
05:04finalement, parce que tu as toujours le pouvoir du corps en permanence, donc expérimente.
05:15Avant toute chose, il faut aimer souffrir, si tu n'es pas prêt à souffrir, non pas
05:24dans ce sens-là, il faut aimer souffrir dans cette difficulté à l'entraînement, parce
05:29que si tu n'as pas fait ce travail en amont de souffrance, quand tu es confronté à la
05:33réalité, c'est là où tu fais la différence, c'est dans ces moments-là, tu sais que tu
05:37vas les avoir ces moments-là, donc il faut que tu y travailles.
05:39Moi j'arrive aujourd'hui à isoler la douleur de la zone en fait, l'alerte qui est arrivée
05:43et qui te donne mal à l'épaule, je l'enlève, tu t'auto-perçois et tu enlèves cette douleur
05:47à travers le travail mental, parce que tu as cette faculté, on a tous cette faculté
05:50de l'enlever en fait, et ça c'est là la clé du travail.
05:54Aujourd'hui on a 100% de réussite en 6 ans de pratique, j'ai tellement pris dans mon
06:11sport, ça m'a tellement aidé à sortir de tout ça qu'aujourd'hui, je ne sais pas
06:18ce qui va me faire arrêter en fait, sans prétention, mais d'où l'importance d'avoir
06:23une équipe qui te sort de l'eau au cas où.
06:25Le mot abandon n'existe même pas et n'est même pas concevable, si il n'y a personne
06:28qui va sortir de l'eau, on va aller jusqu'à la mort.
06:30Je pense qu'aujourd'hui, en travaillant énormément, on peut dépasser les 60 heures.
06:34Donc tu ne fixes pas les limites ? Les limites elles s'écrireont si elles doivent
06:39s'écrire, mais en tout cas je vais mettre tout en œuvre, moi personnellement, d'un
06:42point de vue psychologique, physique, pour être prêt le jour J.
06:46Tous les matins, je mange de la natation, je dors de la natation, tout est vraiment focalisé
06:51sur ce fait de pouvoir nager au-delà de 60 heures.

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