Témoignage : « Tous les Syriens rêvent de rentrer chez eux » après la chute de Bachar al-Assad

20Minutes

11/12/2024

Ziad Alissa est médecin anesthésiste-réanimateur. Français d'origine syrienne, il vit en France depuis vingt-cinq ans. En 2012 il a créé l'association Mehad pour répondre à la
crise humanitaires en Syrie. Aujourd'hui il témoigne du soulagement qu'ont ressenti les Syriens à l'annonce de la chute de Bachar al-Assad et de la situation des très nombreux réfugiés, qui rêvent de pouvoir rentrer dans leur pays.
Retrouvez l'intégralité de son témoignage, dans cette vidéo.

#Syrie #refugies #Assd #Bachar-al-Assad #chute #temoignage

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00:00Déjà, c'est une grande surprise.

00:02Moi, je pense qu'il n'y a aucun Syrien qui a attendu à ça.

00:05La chute d'un régime comme ça, c'est un grand soulagement pour le peuple syrien.

00:09Les Syriens à l'intérieur de la Syrie, le diaspora syrien,

00:12tous les Syriens sont heureux, ils sont soulagés,

00:15et tout le monde est en train de faire la fête maintenant.

00:19Il ne faut pas oublier, quand même, dans une situation comme ça,

00:23tous nos amis et nos camarades qu'on a perdus pendant ces dernières années de combat,

00:28on pense fort à eux, et on aime bien qu'ils soient avec nous.

00:33Je pense que leurs âmes sont avec nous.

00:37Lorsque cette nouvelle est tombée, la plupart des Syriens,

00:42la première idée, la première pensée, c'est

00:44« ce n'est pas la peine qu'on reste dans le camp de réfugiés, on peut rentrer chez nous ».

00:49Donc c'est pour ça, je pense, oui, la plupart des Syriens sont hâtes de rentrer chez eux.

00:53Lorsqu'on contacte les collègues là-bas sur les frontières,

00:56il y a beaucoup de Syriens qui veulent rentrer en Syrie.

00:59On a vu quand même plein de voitures qui traversent les frontières entre le Liban et la Syrie.

01:06Côté Turquie, c'est la même chose, un peu moins que le Liban,

01:10parce que les frontières sont un peu plus confolées.

01:13Mais je pense qu'il y a beaucoup de Syriens qui veulent rentrer chez eux.

01:17C'est vrai que les premiers meilleurs heures, tout le monde appelle tout le monde de rentrer.

01:20Mais là maintenant, ils sont en train de dire quand même « attention, doucement,

01:25parce que les gens, lorsqu'ils vont rentrer, pour ne pas avoir quand même de chaos,

01:30il faut quand même savoir accueillir ces gens qui vont rentrer ».

01:33On sait quand même que c'est vrai qu'il y a une partie des Syriens qui vont rentrer chez eux,

01:38qui ont déjà leur maison, qui ont déjà leurs biens,

01:41mais ils ne pouvaient pas rentrer avant parce que c'est interdit de rentrer,

01:44parce qu'ils ont peur de rentrer.

01:46Mais il y a quand même, n'oubliez pas qu'il y a une autre partie des Syriens

01:49dont leur ville, leur quartier était complètement bombardée, rasée suite à cette guerre.

01:54Donc il faut qu'on pense à eux.

01:56On peut dire qu'il y avait à peu près 20 millions en Syrie, 10 millions qui ne sont plus en Syrie.

02:02Donc entre les pays, il me trouve, de la Syrie, la Turquie, le Liban, la Jordanie, l'Irak,

02:10et entre ceux qui l'ont traversée, soit à pied, soit en militaire,

02:14pour venir ici en Europe, et malheureusement entre tous ces gens qui sont disparus

02:21ou qui l'ont quand même mort pendant cette guerre-là.

02:24Pourquoi l'Europe a-t-elle accueilli les réfugiés syriens ?

02:27Ça m'inquiète, en tant que Syrien, en tant qu'association humanitaire,

02:32ça m'inquiète parce que la subvention du réfugié est fragile.

02:37L'Europe qui l'a accueillie ce réfugié,

02:41tout le peuple syrien le reconnaît ça,

02:43et on remercie quand même les pays européens qui l'ont accueilli de réfugiés syriens.

02:47Mais là maintenant, le fait de rentrer chez eux comme ça d'un seul coup,

02:51c'est pas la même chose, c'est pas bien parce que

02:54comme je disais tout à l'heure, il faut quand même voir les dossiers cas par cas,

02:58il y a vraiment des gens qui n'ont plus de chez eux.

03:01Il ne faut pas oublier quand même que les gens qui sont arrivés ici,

03:06ils ont quand même fui une guerre,

03:09et que cette guerre-là, il a rasé des quartiers, il a rasé des villes,

03:15donc c'est très difficile.

03:16N'oubliez pas les malades, n'oubliez pas les vieux,

03:22n'oubliez pas tous ces gens qui ont souffert de cette guerre,

03:25qui sont en train de suivre ici des protocoles thérapeutiques en Europe.

03:30Tous les Syriens, comme tout le peuple bien sûr,

03:33ont le rêve de rentrer chez eux.

03:34Mais il faut faire ça, il faut faire ça comme il faut,

03:38et il faut faire ça de façon humaine.

03:43Déjà, c'est vrai que moi je suis là depuis 25 ans,

03:46et malheureusement depuis 2010, je ne pouvais pas rentrer.

03:50Ce n'est pas simplement parce qu'il y avait une guerre,

03:51mais parce que je me suis engagé dans une association humanitaire,

03:55et c'est pour ça, malheureusement depuis 2010,

03:57je ne pouvais pas rentrer en Syrie, dans toute la Syrie.

04:01Par contre, ce qu'on a fait dans notre association,

04:04c'est que oui, on a continué à faire l'aller-retour dans la zone

04:07qui n'est plus contrôlée par Damas.

04:09J'ai fait à peu près 50 allers-retours en Syrie,

04:12à travers de la Turquie pour le Nord-Ouest,

04:13à travers de l'Ordeston-Irakien pour le Nord-Est,

04:16à travers de la Jordanie pour le Sud de la Syrie,

04:18à travers de l'Iran pour l'Ouest de la Syrie.

04:20Là, c'est vrai qu'avec ces nouvelles,

04:23enfin je peux aller dans toute la Syrie.

04:25C'est quelque chose que j'attendais depuis 12 ans,

04:28que lorsque je rentre en Syrie, que je peux y aller par exemple,

04:31aller, ma vie natale, que je peux visiter ma soeur à Damas.

04:35Que là maintenant, j'attends que ça,

04:36j'attends que là maintenant de retourner pour voir toute la Syrie.

04:41C'est un grand soulagement pour tout le peuple syrien.

04:43Vraiment, tout le peuple syrien, il n'y a pas tous les ethnies,

04:47tout le monde est content en Syrie.

04:48Et ça aussi, ça nous a étonnés parce qu'au début,

04:51on tente quand même d'humanitaire, on surveille,

04:54on est inquiets pour quand même l'après-chute d'Assad.

04:59On a vu quand même les chutes de détecteurs dans le pays arabe

05:03et dans le monde entier.

05:05Et tout le monde est inquiet pour quand même,

05:08après une chute, qu'est-ce qui va se passer.

05:10Jusqu'à maintenant, et j'espère que ça va rester comme ça, tout va bien.

05:17Sous-titrage Société Radio-Canada

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