Chute de Bachar Al-Assad : Témoignage d’un franco-syrien qui a fui la Syrie à 25 ans

Sud Radio

09/12/2024

Avec Omar Youssef Souleimane, journaliste franco-syrien, Auteur de “Le Dernier Syrien

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
______________________________________

Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
______________________________________

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##C_EST_A_LA_UNE-2024-12-09##

Catégorie

🗞

News

Transcription

Afficher la transcription complète de la vidéo

00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04— 7h13. Le dernier Syrien aux éditions Flammarion. C'est le titre de votre livre. Omar Youssef Souleiman, bonjour.

00:12— Bonjour. — Merci d'être avec nous. Vous êtes journaliste franco-syrien. Vous êtes né en 1987 près de Damas.

00:20Vous vous engagez en 2011 contre Bachar al-Assad. Vous prenez part aux manifestations.

00:27Vous vous engagez résolument dans la résistance. Vous filmez des scènes de répression sanglante

00:33que vous faites parvenir à des chaînes de télévision internationales. Vous êtes traqué par les services secrets du régime.

00:38Vous apprenez que votre père a été frappé et menacé par le régime d'Assad. Vous quittez clandestinement la Syrie pour la Jordanie.

00:45Vous rejoignez la France. Et vous devenez Français en 2022. Vous êtes donc franco-syrien.

00:52Votre mère vit toujours en Syrie, ainsi que plusieurs membres de votre famille. Vous avez réussi à les joindre ?

00:59— C'est pour la première fois. Vous imaginez que la France est très émouvante. Ça fait 2 jours qu'on dort pas, parce qu'on est extrêmement...

01:07Tous les Syriens sont très émus. C'est pour la première fois que je pouvais appeler ma mère, je pouvais appeler mes cousins,

01:12je pouvais appeler mes proches, mes frères en Syrie, sans avoir peur pour eux depuis 12 ans.

01:18On n'arrivait pas à se rejoindre auparavant, parce que les services d'enseignement du régime fasciste contrôlaient...

01:24Là, on parle à l'imparfait. Tant mieux, c'est la première fois. On n'est pas habitués non plus à contrôler les téléphones.

01:30Aujourd'hui, il n'y a plus de peur. Tout le monde s'en fout de joie. Ils sont dans les rues.

01:37Ils détruisent les statuts de Bachar el-Assad et de son père Hafez. Effectivement, c'est la première fois que j'appelle ma mère,

01:46j'entends sa voix sans avoir peur de rien. Depuis 12 ans, depuis que j'ai quitté la Syrie, c'est la première fois que j'ai encore...

01:54J'attends le moment qu'il y aura des avions pour rentrer en Syrie pour pouvoir éviter la tombe de mon père.

02:00— Vous avez hâte de retourner en Syrie ? — Je suis hâte. Et honnêtement, on a besoin de temps pour réaliser que ça, c'est vrai.

02:06Parce qu'après toutes ces années de souffrance, de cauchemars, on a besoin de temps d'être sûrs que c'est vrai.

02:14— Oui. Je comprends. Je comprends. — C'est incroyable.

02:16— Mohamed al-Joulani est le nouvel homme fort de la Syrie. Jusqu'à quand ? Avec qui ? Je ne sais pas.

02:23Mais c'est le nouvel homme fort de la Syrie. Quel espoir vous laisse-t-il ? Est-ce que vous craignez ? Est-ce que vous espérez ?

02:33Comment analysez-vous la situation ? — Premièrement, peu importe quel régime, quel système remplacera Bachar el-Assad,

02:40ça sera moins atroce que lui. C'est sûr et certain. — Même si c'est un régime islamiste ?

02:45— Même si c'était le diable, on s'en fiche. En fait, franchement... — Ah bon ?

02:47— Bachar el-Assad, ce qu'il a fait... Regardons les chiffres. Ils ont tué plus qu'aucun demi-million syriens depuis 2011.

02:54— 500 000 morts. — Oui, justement. Et ils ont tué... Là, on parle des chiffres de l'ONU.

03:00On a en Ontario plus que la moitié de la population syrienne. C'est entre des déplacés et des réfugiés.

03:05On a des centaines de milliers de personnes qui sont disparues. Là, on les découvre.

03:09On a pensé qu'ils étaient morts. Depuis 40 ans, on a pensé qu'ils sont morts.

03:14Mais aujourd'hui, on trouve qu'ils sont vivants dans les abattoirs, qu'on appelle les prisons du régime d'Assad.

03:19Ce qu'il faut savoir aujourd'hui... Effectivement, on est inquiets. On fait jamais confiance à un islamiste qui dit...

03:26Parce que Joulani, juste avant son dernier mot hier, il a parlé d'une diversité de la population syrienne.

03:32Il a dit qu'il faut avoir un État divers. On ne fait jamais confiance à un islamiste.

03:38Parce qu'un islamiste qui parle d'une diversité, c'est comme un imam dit athée, quoi. Ça n'existe pas.

03:43Mais ce qu'il faut savoir aussi, c'est qu'aujourd'hui, je pense que la diversité...

03:50Quand t'es vraiment sourd, la diversité de la population syrienne...

03:53C'est-à-dire qu'on a plus de 40 % des syriens qui sont des druides, des haloïdes, des chrétiens, des athées, des divers, quoi.

04:02La Syrie, la population syrienne, on n'est pas en Afghanistan. Franchement, c'est pas la même population.

04:06Là, je reçois beaucoup de messages depuis toujours, en disant que vous avez peur que l'État aura un État taliban en Syrie.

04:14Je pense que la nature de la société syrienne ne le permet pas.

04:17Oui, la Syrie n'est pas l'Afghanistan.

04:19Il y a plusieurs raisons pour le croire aussi.

04:21Deuxièmement, les Syriens ont beaucoup souffert ces dernières années.

04:25Ils ont souffert de Daesh, ils ont souffert de l'Al-Qaïda, ils ont souffert de tous les islamistes.

04:29On a vécu toute cette atrocité.

04:31Hier, j'ai appelé ma cousine et elle m'a dit qu'il n'est pas question que les islamistes nous torturent ou nous contrôlent à nouveau.

04:43Et ce qu'il faut savoir aussi, et je termine là-dessus, ça c'est très important, qu'on en parle pas trop en fait,

04:48c'est que le régime Assad était toujours l'allié des islamistes.

04:52En 2004, le régime Assad a envoyé des islamistes en Irak pour faire le djihad.

04:56En 2011, Charles Assad a libéré des milliers d'islamistes, des terroristes de ces prisons.

05:01C'est eux qui ont fait, plus tard, les batons d'Ossara.

05:04– Assad était l'allié des islamistes.

05:05– Évidemment, il les a contrôlés, il les utilisait tout le temps comme une carte.

05:08Donc aujourd'hui, on a peur des islamistes mais ils étaient déjà là, vous voyez.

05:11– Oui, alors autre chose, vous avez réalisé une enquête très remarquée pour le Figaro,

05:16sur une enquête à l'intérieur des activistes.

05:21Vous avez rencontré les activistes pro-palestiniens en France

05:24et vous avez évidemment évoqué longuement les liens

05:29entre ces activistes pro-palestiniens et la France insoumise

05:33et l'extrême gauche française, évidemment.

05:36Que dites-vous quand vous voyez Jean-Luc Mélenchon sur X écrire

05:40« Je me réjouis à 100% de la chute du régime d'Al-Assad en Syrie,

05:44je me méfie à 100% des nouveaux maîtres du pays ».

05:46Que pensez-vous de ça, ça vous fait sourire ?

05:48– Moi je me réjouis à 100% qu'il n'arrête pas le sujet, s'il vous plaît,

05:51parce que vraiment, il dit n'importe quoi.

05:53– Il dit n'importe quoi ?

05:55– Ça nous énerve un peu, désolé, parce que premièrement,

05:58il a dit qu'il y a quelques années que les Russes ont sauvé la Syrie,

06:01c'était honteux ce qu'il a dit, et la soutenue d'Al-Assad,

06:04c'était honteux de soutenir un dictateur en Syrie.

06:06Donc Mélenchon n'a rien à voir avec ce qui se passe maintenant.

06:09Franchement, il n'y a rien à dire, je n'ai aucun commentaire

06:13et on s'en fiche complètement de sa parole.

06:15– Bien, merci, vous êtes clair au moins, vous êtes journaliste franco-syrien,

06:19lisez « Le Dernier Syrien » aux éditions Flammarion.

06:22Merci beaucoup. – Merci à vous.

06:24– Tout à l'heure, nouveau témoignage sur l'antenne de Sud Radio,

06:27à propos de Jean-Luc Mélenchon, je reçois Julien Dray,

06:30qui publie aujourd'hui un autre livre intitulé « Qui est Mélenchon ? ».

06:34Bien, il est 7h20, vous êtes sur Sud Radio, merci.

Recommandations