Censure: la gauche pense déjà l’après-Macron

Lopinion.fr

03/12/2024

Alors que le gouvernement de Michel Barnier devrait être censuré ce mercredi, tout le monde à gauche songe désormais à l'hypothèse d'une présidentielle anticipée. Le décryptage de notre journaliste Antoine Oberdorff.

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00:00Pour ajouter un peu plus à la confusion ambiante liée à la chute prochaine du gouvernement

00:04Barnier, dont la censure est désormais annoncée pour ce mercredi, les dirigeants de gauche

00:08et écologistes ont rivalisé d'imagination tout le week-end.

00:12C'est un festival d'appels à candidature commune en vue de la prochaine présidentielle

00:18qui nous a été offert, car hormis le chef des députés socialistes Boris Vallaud, qui

00:23lui propose un accord de non-censure entre les forces de l'arc républicain pour l'après-Barnier,

00:28plus personne ne semble s'intéresser à une solution gouvernementale pour ce pays.

00:32Tout le monde désormais songe à l'hypothèse même d'une présidentielle anticipée.

00:36Alors néanmoins, pas de mauvais procès.

00:41En lançant une tribune dans West France samedi, Lucie Castet et la chef des écologistes

00:45Marine Tondelier ont voulu relever le drapeau de l'Union en Berne, abîmée par des jours

00:51et des jours de vive tension entre insoumis et socialistes.

00:53Disons les choses simplement, le nouveau Front populaire est en état de mort cérébrale.

00:57Il n'a jamais démontré son existence concrète à l'Assemblée nationale, pas même un intergroupe

01:02pour coordonner des initiatives parlementaires.

01:04Plus personne ne croit d'ailleurs sincèrement à l'hypothèse d'une nomination d'un

01:07gouvernement NFP à Matignon.

01:09Les insoumis passent désormais le plus clair de leur temps à accuser les socialistes de

01:13vouloir rompre unilatéralement le contrat de l'Union, de vouloir tout simplement faire

01:18un basculement d'alliance pour pactiser avec le centre macroniste.

01:21Lasse d'observer les échanges d'amabilité entre les deux frères ennemis sur les réseaux

01:25Marine Tendelier et Lucie Castet ont donc voulu donner un nouveau souffle, un nouvel

01:29élan au nouveau Front populaire en lançant une plateforme collective, gagnant ensemble,

01:35pour préparer les échéances électorales à venir, à commencer par l'élection présidentielle.

01:40En effet, unitaire jusqu'au bout, Marine Tendelier a voulu prévenir le coordinateur

01:44de la France insoumise, Manuel Bompard, de l'initiative qu'elle s'apprêtait à prendre

01:48avec Lucie Castet afin qu'elle ne soit pas vue comme une tentative de faire concurrence

01:52à Jean-Luc Mélenchon d'une manière ou d'une autre.

01:54Une déclaration de guerre à la France insoumise et tout s'effondrerait.

01:57Aussitôt prévenu, ni une ni deux, la machine insoumise s'est mise en branle pour dynamiter

02:01le crossover Tendelier-Castet.

02:06Et vendredi soir, devant ses supporters, le gardien de l'Union, le seul, l'unique,

02:10je parle bien sûr de Jean-Luc Mélenchon, s'est lui aussi déclaré partisan d'une

02:14candidature commune à la présidentielle à gauche.

02:16Partisan surtout de sa propre candidature, sur son programme, et rien que son programme,

02:21le plus tôt possible.

02:22Car le leader de la France insoumise a été on ne peut plus clair.

02:25Quand on a 20 à 30 jours pour préparer une élection présidentielle, le délai permis

02:29en cas de présidentielle anticipée, on n'en passe pas 6 à se demander si ce sera Olivier

02:34Faure.

02:35On ne fait pas non plus, a-t-il ajouté, une assemblée générale permanente qui vous

02:39permet finalement d'aller chercher un candidat consensuel dont vous vous dites, finalement,

02:44puisqu'il n'emmerde personne, il fera un parfait président de la République.

02:47On voit bien que dans le clan mélenchoniste, les choses sont claires, ceux qui ne seront

02:51pas avec les insoumis, sur les bases programmatiques des insoumis, seront contre eux.

02:56Ça tombe bien, parce que dans la bouche de Jean-Luc Mélenchon, les diviseurs, ce sont

03:00toujours les autres.

03:01On voit bien que le parti communiste ne veut plus de nous, a-t-il dit, on voit bien que

03:05l'aile droite du parti socialiste ne veut plus de nous et nous refusons de faire campagne

03:10avec des gens qui nous insultent systématiquement.

03:12Qu'on ne compte pas donc sur Jean-Luc Mélenchon, le triple candidat à l'élection présidentielle,

03:16pour se soumettre à un processus de désignation collective comme pourrait l'être les primaires

03:20Par exemple, c'est le lieutenant répète qu'il est le candidat le mieux placé pour

03:24amener la gauche jusqu'à la victoire, qu'importe s'il est donné dans tous les sondages, perdant

03:29et archi-perdant face à Marine Le Pen.

03:35Du côté du parti socialiste, Olivier Faure ne voit pas non plus pourquoi Jean-Luc Mélenchon

03:39serait le candidat naturel de la gauche unie en vertu de son score à la présidentielle

03:43de 2022, 22%.

03:45Le premier secrétaire fait face à un défi, à la fois ne pas nourrir le discours des

03:50gauches d'irréconciliables et en même temps avancer vers une alternative qui permette

03:54à la gauche de réellement peser lors de la prochaine élection présidentielle.

03:58Voilà qui nous permet un instant de quitter les faux semblants, ils sont de plus en plus

04:01nombreux à gauche à se faire à l'idée qu'il y aura deux candidatures, à minima

04:06à gauche en 2027 ou avant en cas de présidentielle anticipée, hormis quatre forces majeures

04:11on voit mal, ce qui pourrait dissuader Jean-Luc Mélenchon de se présenter une quatrième

04:15fois à l'élection présidentielle.

04:16A gauche, il faut veiller à soigner les apparences, malheur à celui qui donnerait le sentiment

04:21de rompre le nouveau front populaire, alors on risque d'entendre des expressions toutes

04:25faites de type « je ne serai jamais du côté du problème, toujours du côté de la solution

04:30». Il faut chérir l'union, ne pas faire de son nom impréalable, des expressions qui

04:34en réalité cachent des arrières-pensées claires, des volontés hégémoniques et des

04:39ambitions présidentielles immodérées.

04:41Le député socialiste Jérôme Getsch, qui connaît très bien Jean-Luc Mélenchon, conclut

04:45ainsi un brin dépité « Nous voilà donc entrés à gauche dans le temps bien connu

04:49de la chou-fleurisation des appels ».

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