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Dans une distribution alimentaire destinée aux étudiants
Brut
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03/10/2023
"Je ne sais pas comment on va faire…"
Fin 2020, Brut se rendait à l'une des premières distributions alimentaires destinées uniquement aux étudiants, et déjà ils étaient nombreux.
Puis, en 2021, ils étaient deux fois plus. En 2022, encore plus. Et pour cette rentrée 2023, voici que notre journaliste Rémy Buisine a vu.
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00:00
C'est un sentiment d'indignation,
00:02
un sentiment d'abandon pour une grande partie des étudiants qui sont là.
00:05
Nous, il y a un truc inacceptable.
00:07
On ne peut pas avoir une société qui tourne le dos à sa jeunesse.
00:10
La file d'attente avant, elle s'arrêtait ici, il y a un an.
00:14
Et là, regardez le nombre de bénéficiaires qu'il y a en plus.
00:16
Très clairement, j'observe qu'il y a beaucoup plus de monde présent
00:19
à cette distribution alimentaire par rapport à l'année dernière, à la même époque.
00:23
Et ça s'étend sur plus d'une centaine de mètres,
00:25
c'est même plusieurs centaines de mètres,
00:27
parce que vous voyez, regardez, il y a du monde jusqu'à là-bas.
00:29
Vraiment une situation extrêmement préoccupante qu'on voit ici,
00:32
parce que le nombre de bénéficiaires a doublé.
00:34
Je viens chaque année voir cette distribution alimentaire
00:36
et je n'avais jamais vu autant de monde.
00:38
On voit une file d'attente qui est beaucoup plus importante
00:41
que les années précédentes, même en période de Covid.
00:43
Ça a doublé, on est à plus 100%, plus 150% de fréquentation
00:47
sur les différents sites de distribution.
00:49
Il y a une situation qui est très grave, elle est ancrée dans le terrain.
00:52
Nous, on la voit tous les jours, pendant les vacances, en dehors des vacances.
00:56
Et il y a une réponse au niveau de l'État
00:57
qui n'est pas à la hauteur de la précarité alimentaire étudiante.
01:00
Ça t'est arrivé de sauter des repas à cause de...
01:02
Oui, ça m'est arrivé pas mal de fois.
01:05
Sachant que je gagnais seulement 100 euros par mois,
01:07
c'était compliqué d'avoir assez à manger et de manger correctement tous les repas.
01:12
Donc je ne mangeais pas forcément beaucoup et parfois, oui, je sautais des repas.
01:17
C'est vrai que quand on arrive à la fin d'une semaine
01:18
où on n'a plus trop rien à manger et du coup, on doit finir les restes
01:22
et en plus, manger un peu, rester sur sa faim,
01:26
parce qu'il faut quand même qu'on garde des repas jusqu'à nos prochaines courses.
01:30
C'est vrai que c'est un peu compliqué,
01:32
surtout quand on ne peut pas avoir des courses très conséquentes
01:34
et parce qu'on a un budget restreint.
01:35
Ça m'est déjà arrivé de louper des repas
01:38
parce que déjà, les loyers sont excessivement chers en plus à Paris.
01:42
La nourriture, c'est pareil, même il y a des soins, par exemple dentaire
01:46
ou des soins, par exemple, pour aller chez une clinique, des choses comme ça.
01:49
Heureusement qu'il y a des aides étudiantes.
01:50
Ça, c'est une distribution qui a lieu à Paris.
01:52
Il y en a une autre au même moment à Bordeaux, à Lyon, à Toulouse,
01:55
à Montpellier, dans toutes les grandes villes universitaires.
01:58
Et sur toutes les grandes villes, on a le même phénomène qui se produit.
02:01
On a plus 100%, plus 150% de présence sur nos distributions.
02:05
Il y a plusieurs choses. Il y a les effets de l'inflation.
02:07
Il y en a la moitié qui sont là depuis l'inflation.
02:10
L'inflation des prix alimentaires, l'inflation de l'énergie.
02:13
C'est la rentrée, donc c'est très compliqué la rentrée
02:16
pour tous ceux qui arrivent dans un nouveau territoire
02:18
et qui doivent dépenser beaucoup.
02:20
Notre problème, il n'est pas dans trois ans, non, il est plutôt dans trois mois.
02:23
On ne sait pas exactement comment on va faire.
02:25
On est extrêmement motivés.
02:26
On n'est pas prêts à lâcher, mais on a besoin d'un sérieux coup de main.
02:29
On a du frais, on a du bio, on a des fruits, des légumes,
02:32
des plats préparés issus de la restauration collective, des restaurateurs,
02:37
des sauces, des plats préparés là-bas au bon convoi.
02:40
Il y a du pain frais.
02:41
Tout ça, c'est les artisans boulangers qui nous ont donné tout ça,
02:44
qu'on a récupéré à proximité.
02:45
Et on a même des fournitures scolaires.
02:47
C'est pratique. Ça coûte cher, les fournitures scolaires.
02:50
Et donc, on va rajouter ça au panier.
02:52
Ça, c'est des petits plats, des petits desserts, panna cotta.
02:55
C'est magnifique, c'est bon, c'est fait avec des bons produits.
02:57
Et ça, c'est des restaurateurs qui nous préparent ça pour les étudiants.
03:00
C'est solidaire.
03:01
Le panier que tu vas donner, ça tient combien de temps ?
03:03
Le panier qu'on va donner, il fait 7-8 kilos.
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Il tient quasiment une semaine, on va dire.
03:07
Des crêpes, des pizzas, des salades, des salades de pâtes.
03:13
Tout ça, c'est des produits qui finissaient à la boubelle.
03:15
Sinon, on n'intervenait pas.
03:16
On est allé les chercher tout à l'heure dans le supermarché.
03:18
On les a transportés avec un camion-frigo et on les apporte ici.
03:21
On va les distribuer ce soir.
03:22
Il y a une double honte.
03:23
Que les étudiants ne mangent pas à leur faim
03:25
et que ça, ça finisse à la poubelle alors que c'est encore bon.
03:27
Ça, ça coûte 5 balles.
03:29
Les étudiants, ils ont 100 euros pour manger par mois.
03:32
Ils ont moins de 3 euros par jour pour manger.
03:35
Moi, je me pose la question justement, c'est la survie aussi de votre association.
03:38
On a vu ce qui s'est passé avec les Restos du Coeur.
03:41
Là, il y a énormément de monde.
03:42
Est-ce qu'il n'y a pas la crainte justement de ne pas réussir à tenir le RIC
03:45
de l'augmentation des bénéficiaires ?
03:47
Ce soir, on a réussi.
03:48
Ce soir, on a passé la vague.
03:50
Demain est un autre jour, une autre aventure.
03:52
On est très motivés.
03:54
On a des bénévoles qui sont exceptionnels.
03:56
Et je ne sais pas comment on va y arriver, mais on va y arriver.
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Est-ce que tu as une inquiétude ?
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Parce que la motivation, l'enthousiasme, on le voit, il est là, c'est clair.
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Mais est-ce que tu as une inquiétude pour la suite de dire
04:04
bon, ben là, on voit que ça monte tout le temps.
04:06
Et derrière, vous êtes aussi confronté à l'inflation et tout, comme tout le monde quoi.
04:10
Oui, j'ai une grosse inquiétude.
04:11
Nous, on est confronté directement à l'inflation.
04:13
Tous les étudiants qui viennent, ils se prennent l'inflation en pleine tête
04:16
tous les jours et on voit les effets.
04:17
On a de plus en plus de monde, donc je ne sais pas comment on va faire.
04:19
Et oui, je suis très inquiet pour les mois qui viennent.
04:21
Oui, un appel à tous les soutiens du secteur privé, du secteur public,
04:25
à tous les gens qui peuvent donner un coup de main.
04:27
Mais oui, on a besoin d'aide pour aider tous les étudiants qui en ont besoin.
04:30
On a besoin d'aide.
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