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Comment les civils français ont vécu le Débarquement ?
Brut
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30/05/2024
"C’est 850 000 civils qui vont être au cœur d'une bataille où il y a 2 millions d'hommes qui s’affrontent."
80 ans après, Françoise Passera raconte comment les civils français ont vécu le Débarquement.
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À partir du 6 juin le matin jusqu'au 7 juin au soir et même un peu plus tard, le 8 et le 9,
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il y a eu de très nombreuses villes qui ont été bombardées.
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Caen a été bombardé à peu près à 70%.
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Le centre de la ville a été détruit.
00:15
C'est 850 000 civils qui vont être au cœur d'une bataille où il y a 2 millions d'hommes qui s'affrontent.
00:22
Donc ils vont subir au quotidien les affres de la guerre.
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Les impacts très concrets, c'est 20 000 morts.
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La majorité part des bombardements mais ils sont aussi victimes des mitraillages,
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des combats qui se déroulent à proximité de leurs habitations ou de leurs refuges.
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Un convoi allemand est mitraillé, les populations en exode sont sur la même route.
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Elles font partie des dommages collatéraux.
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Les bombardements et les mitraillages sont souvent le fait des soldats alliés
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mais en revanche, les exécutions sommaires sont perpétrées par l'armée allemande
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et elles sont assez nombreuses.
01:01
Au-delà des morts, il y a un exode assez massif de la population.
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Dans un premier temps, les civils pensent que c'est un bombardement,
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les libérateurs vont arriver demain puisqu'ils sont déjà sur les plages.
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En réalité, les bombardements recommencent le soir du 6 juin et dans la nuit du 6 au 7
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et là, on assiste à un exode massif des populations.
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Beaucoup cherchent à se réfugier dans le sud du département,
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du côté de l'Île-et-Vilaine pour la Manche et puis vers l'Orne plutôt pour le Calvados
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mais très vite, ces départements-là vont être saturés de réfugiés.
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On les accueille dans les écoles, dans les églises, dans les salles des fêtes
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mais les autorités n'ont pas assez de moyens pour les garder
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et donc les réfugiés sont contraints d'aller plus loin
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et certains d'entre eux vont partir et s'arrêter en Charente, dans les Pays de Loire, donc très loin.
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Dès que les combats sont passés, les populations cherchent à rentrer chez eux le plus vite possible
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mais ce n'a pas toujours été possible puisque parfois leur village est miné par exemple,
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parfois les eaux sont contaminées et donc les populations ne peuvent pas toujours rentrer tout de suite
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d'autant plus que pour un grand nombre d'entre elles, elles vont être sans abri et sans toit.
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C'est ça qui a été assez ambigu justement pour les Normands,
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c'est qu'à la fois ils devaient être heureux que la France soit libérée et que les Allemands s'en aillent
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et en même temps ils ont tout perdu aussi, il y en a qui ont tout perdu avec ce débarquement et ces bombardements.
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Oui, oui, tout à fait, je me souviens, alors la première commémoration en hommage aux civils
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qui a eu lieu en 2014 avec François Hollande,
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il l'avait dit à l'oral, il y avait une certaine confusion des sentiments.
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Alors même que derrière les clameurs et parfois les joies se mêlait le goût âcre des deuils des disparus dans la bataille.
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C'est ce mélange des sentiments tout au long de ces jours du mois de juin 1944 jusqu'au mois d'août,
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à la fois cette délivrance, cette espérance enfin accomplie
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et en même temps cette souffrance et cette persévérance pour aller jusqu'au bout.
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Et effectivement, autant dans une ville comme Bayeux qui n'a absolument pas été détruite,
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les alliés sont accueillis avec des drapeaux, on pavoise, on leur offre du site, du calvados,
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ils sont accueillis à bras ouverts, autant à Caen, lorsqu'ils sont arrivés dans la ville,
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ils ont trouvé des gens déjà épuisés par un mois de siège, fatigués, sous-alimentés et qui avaient tout perdu.
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Alors il y a eu des mouvements de colère, mais enfin, qu'est-ce que vous avez fait ?
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Pourquoi vous nous avez bombardés ? On ne comprend pas.
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Malgré tout, cette colère, elle s'apaise.
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Les gens ont estimé que c'était le prix à payer pour retrouver sa liberté.
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Ces premières commémorations, en 2014, 70 ans après les événements,
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ont été particulièrement importantes et très appréciées, je crois, des populations à Caen, en Normandie,
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parce que c'était la première fois qu'on rendait hommage à la souffrance des civils.
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Et c'était donc une étape importante dans l'histoire et la mémoire de la souffrance endurée par les populations.
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