Julie Maurel, militante du "Collectif pour Romans"

ici Drôme Ardèche

25/11/2024

Alors qu'une manifestation à l'appel d'un collectif d'ultra droite est prévue samedi à Romans-sur-Isère, un an après la mort de Thomas à Crépol, une dizaine de mouvements politiques de gauche, de syndicats, d'associations organisent eux aussi un rassemblement sur place.

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00:00Jusqu'à 9h, ici Matin, sur France Bleu Dromardèche.

00:058h25, alors qu'une manifestation à l'appel d'un collectif d'ultra-droite est prévue samedi à Romand.

00:11Un an après la mort de Thomas Acrépole, une dizaine de mouvements politiques de gauche,

00:15de syndicats, d'associations, organisent eux aussi un rassemblement sur place.

00:20Une des chefs de file est avec nous ce matin, Emmanuelle Champal.

00:23Bonjour Julie Morel.

00:24Bonjour.

00:25Militante de la liste citoyenne, collectif pour Romand, manifestation pour Thomas, Nicolas

00:31et, je cite le collectif Justice pour les Nôtres,

00:34toutes les victimes de l'immigration, donc prévue samedi.

00:37Pourquoi est-ce qu'il faut interdire cette manifestation selon vous ?

00:40Déjà merci de votre invitation.

00:42Pour répondre à votre question, pour nous, et puis vous en avez repris les termes

00:45du tract qui a été diffusé il y a quelques semaines,

00:47pour nous cette manifestation porte un caractère hautement discriminatoire,

00:51à tel point que même deux avocats ont trouvé matière juridique à apporter plainte

00:55pour incitation à la haine raciale.

00:57Et pour nous, à ce titre-là, c'est une manifestation qui tombe sous le coup de la loi.

01:02Et en ce sens-là, on demande au préfet de l'interdire.

01:05Ça, c'est la première raison.

01:06La deuxième raison, c'est qu'à Romand, on ne se reconnaît pas du tout

01:09dans l'instrumentalisation qui est faite par ces mouvements d'ultra-droite de notre territoire.

01:14Ce n'est pas un territoire sur lequel l'extrême droite est installée,

01:16malgré les résultats au législatif.

01:18Ce n'est pas un territoire sur lequel nous croisons des militants d'extrême droite régulièrement.

01:22Et donc, pour nous, on a vraiment ce sentiment d'être instrumentalisés.

01:25Et donc, on a envie de dire stop à cette instrumentalisation.

01:28On ne veut pas devenir un laboratoire de l'extrême droite,

01:30et encore moins une diversion pour des affaires, par exemple, nationales du moment.

01:34Ce que vous craignez, entre autres, c'est le coup de projecteur national sur Romand ?

01:38Absolument.

01:39Oui, absolument, parce qu'en fait, on voit bien ces techniques.

01:41Elles ont été utilisées à Saint-Brévin jusqu'à Poussin-Mer à la démission.

01:45Elles ont été utilisées plus ou moins récemment en Drôme

01:49au moment de l'ouverture d'un centre de rétention administrative

01:51où, encore une fois, des bus entiers de militants d'extrême droite

01:54sont venus dire leur refus de l'installation d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile

01:59sur un territoire qui n'était pas le leur.

02:00On voit bien qu'il y a une récurrence dans l'utilisation de ce type d'action

02:03contre lequel, nous, on a envie de s'élever pour mettre un stop définitif.

02:06Julie Morel, manifester, c'est un droit en France, non ?

02:09Absolument, c'est un droit.

02:10Mais comme tous les droits, comme celui de la liberté d'expression, il est encadré.

02:13Il est encadré par la loi.

02:14Et quand on tient des propos discriminatoires, homophobes, sexistes,

02:17ça tombe sous le coup de la loi.

02:18Et c'est ça qu'on essaye de mettre en lumière.

02:20Dans le journal de 7h sur France Bleu Dromardèche,

02:22on a entendu le porte-parole du collectif Justice pour les Nôtres

02:25qui se fait appeler Raphaël Hema.

02:27On l'a entendu dire, je suis apartisan, ce mouvement est apartisan.

02:31Mais déjà, dans la manière dont vous le présentez,

02:33ceux qui se présentent comme s'appelant,

02:35vous voyez bien toute la difficulté qu'il y a à entendre des propos d'extrême droite.

02:41En fait, ces gens-là se présentent à visage couvert

02:43sous des noms qui ne sont pas les leurs.

02:45Et comme j'ai pu déjà le dire,

02:47quand ça utilise les mots de l'extrême droite,

02:49les techniques de l'extrême droite et l'agenda de l'extrême droite,

02:52c'est probablement de l'extrême droite,

02:54même si les gens qui sont dans ce mouvement-là

02:56ne sont pas encartés dans un parti ou un autre.

02:59On est là dans de la récupération politique ou pas, selon vous ?

03:03Écoutez, nous, il ne nous appartient pas de juger des intentions de ces militants.

03:07Nous aussi, on a des convictions, etc.

03:09En tout cas, en termes de lecture et d'analyse des modalités d'action qui sont choisies,

03:14pour nous, oui, on est clairement dans une récupération.

03:16On est dans une récupération, une instrumentalisation,

03:19ne serait-ce qu'aussi que quand on voit l'utilisation des faits divers qui en est faite,

03:23ils sont soigneusement choisis selon le nom et le profil des victimes

03:28et le nom et les profils des agresseurs supposés.

03:30Donc rien qu'en ça, oui, nous, on trouve qu'il y a quelque chose de l'ordre

03:34du travestissement d'une certaine réalité,

03:36d'une simplification d'un problème complexe

03:38pour lequel, si on avait collectivement trouvé des solutions, ça serait.

03:41Julie Morel, vous êtes militante de la liste citoyenne collective pour Romand.

03:45Samedi, ça va être quoi ? Ça va être rassemblement, contre rassemblement ?

03:49Donc, samedi, c'est une manifestation pour nous qui est symbolique,

03:52dont le mot d'ordre est stop à la récupération raciste

03:56et qui partira de la Monet à un rond-point majeur à Romand

03:59qui s'appelle le rond-point de l'Europe

04:01pour montrer le lien qu'il y a entre tous les quartiers de Romand

04:03et le fait que tout le monde à Romand,

04:05enfin, en tout cas, une grande diversité de la population,

04:07choisit de porter un autre message.

04:11Vous ne craignez pas les affrontements ?

04:13C'est difficile de répondre à cette question.

04:15Nous, notre plus grande peur, c'est que l'extrême droite s'installe.

04:17Ensuite, on n'est pas naïf dans nos modalités d'action,

04:20on sait qu'on n'aurait pas fait ce rassemblement

04:22s'il n'y avait pas eu l'appel de celui de l'extrême droite.

04:24On sait que quand l'extrême droite se rassemble,

04:26il peut y avoir des provocations, il peut y avoir des choses en marge.

04:30Nous, notre objectif, c'est que cette manifestation,

04:32elle soit la plus sécure pour les familles, les personnes âgées

04:34et tous les gens qui voudraient contribuer à notre message.

04:36Donc, on va s'organiser pour que ce soit le cas

04:38et que ce soit sécure pour tout le monde.

04:40C'est-à-dire ?

04:41En fait, on s'organise pour qu'il y ait des gens plus vigilants

04:43que les autres sur les abords de cortège,

04:45on s'organise pour qu'il y ait des gens...

04:47Un propre service d'ordre mis en place ?

04:49Absolument.

04:50Et dans la même logique de vouloir que ça s'arrête,

04:53on se dit aussi qu'il faut qu'on acquiert des compétences

04:55sur notre territoire pour faire face à des choses

04:57dont font face pour l'instant les grands centres urbains.

04:59Et nous aussi, à Rome, on a des lieux qui pourraient être attaqués,

05:02comme ceux qui sont attaqués à Lyon, à Nantes ou ailleurs.

05:05Et donc, il faut qu'on s'organise.

05:07Concernant cette manif d'ultra-droite, d'extrême-droite,

05:10appelez-la comme vous voulez,

05:12vous avez saisi la maire de Romand, le préfet ?

05:14C'est en cours.

05:15Alors, le préfet, absolument, depuis le début,

05:17il a reçu une multitude de courriers

05:19aux noms individuels de différents orgas,

05:21aux noms collectifs de l'ensemble des organisations signataires

05:24d'un communiqué de presse unitaire d'il y a un peu plus de 15 jours.

05:27Et là, en ce moment, est à la signature collective

05:29un courrier à la maire de Romand.

05:31Si la manifestation en justice pour les nôtres est interdite,

05:34vous manifesterez quand même ou pas ?

05:36Écoutez, moi, je fais partie de ceux qui ont signé

05:38la déclaration en préfecture.

05:40Donc là, en l'espèce, je ne suis pas fondée à appeler à manifester

05:43parce que je suis celle qui choisit de faire les choses dans la légalité.

05:46Pour autant, il y a tout un tas de modalités d'action différentes

05:49et je ne peux pas vous répondre aujourd'hui

05:51sur ce qui sera fait en fonction de la prise de responsabilité du préfet.

05:54Mais effectivement, il y a une grande envie de se rassembler.

05:57Encore une fois, pas tant contre l'extrême-droite,

05:59mais aussi pour apporter du soutien

06:01à l'ensemble d'une population qui a été extrêmement stigmatisée.

06:04Post Crépole.

06:05Julie Morel, militante de la liste citoyenne collective pour Romand.

06:07Et on suivra évidemment de près cette semaine

06:09la décision de la préfecture de la Drôme.

06:11Merci à vous, passez une bonne journée.

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