Sara Forestier raconte en larmes les violences qu'elle a subies dans le cinéma

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00:00Je fais mon premier film, L'Esquive, j'ai 15 ans.

00:03Sur le plateau, un des régisseurs, alors qu'on attend entre deux scènes,

00:08me dit « j'ai envie de te faire l'amour dans les fesses ».

00:10Il a 30 ans.

00:15Il a 30 ans, j'ai 15 ans.

00:17Je suis choquée, mais heureusement un autre régisseur l'arrête immédiatement

00:20et lui dit « non mais t'abuses là, elle est trop jeune, t'abuses quoi ».

00:24Et ça s'est arrêté là.

00:26On est passé à autre chose et ça a été un non-événement.

00:30On n'en a pas reparlé, ça a été un non-événement.

00:33Par exemple, tout au long du parcours, j'ai rencontré des metteurs en scène

00:37qui m'ont dit qu'ils voulaient coucher avec moi

00:40et qui m'ont fait sentir du chantage que si ce n'était pas le cas,

00:43je savais bien que je n'aurais pas le rôle.

00:45Et j'ai dit non.

00:46J'ai dit non et puis je n'ai pas fait ce film-là.

00:50Donc ces nons m'ont protégée.

00:52Et puis un jour, il y a eu le non de trop.

00:55Le non qu'on ne m'a pas laissé passer.

00:58Le non que j'ai exprimé et qu'on m'a fait payer.

01:01J'étais en préparation d'un tournage.

01:04On faisait des essais caméra et puis j'avais très très mal au ventre.

01:08Mal au point de m'allonger sur un canapé.

01:11Personne n'a fait attention à moi.

01:13Et puis le soir même, en rentrant, j'ai été aux urgences.

01:17J'avais vraiment trop mal.

01:19Et là, la médecin qui m'a auscultée m'explique

01:22que je fais une hémorragie interne.

01:25J'ai un litre et demi de sang répandu dans le ventre

01:28parce qu'en fait, je venais de faire une grossesse extra-utérine

01:31et que j'avais une trompe qui avait explosé.

01:34Donc j'ai été immédiatement opérée.

01:39Et suite à ça, j'ai eu une péritonite.

01:42Donc c'est une infection assez grave.

01:44On peut mourir.

01:45Donc j'ai été hospitalisée et ils m'ont mis sous intraveineuse antibiotique.

01:50Au bout de deux jours, je suis toujours à l'hôpital.

01:53J'appelle la réalisatrice pour la prévenir.

01:56Et là, elle m'engueule.

01:58Elle me dit que j'aurais dû l'appeler plus tôt.

02:00Bon.

02:02Il va y avoir le début de tournage.

02:04Le début de tournage est décalé d'une dizaine de jours.

02:08Et puis avant de tourner, j'apprends,

02:10on me dit que l'acteur avec qui je vais tourner, il est un peu énervé.

02:15Ça le fait chier, je cite, qu'on ait décalé le tournage

02:19parce que ça ne l'arrange pas pour son tournage d'après

02:21parce qu'il était serré dans les plannings.

02:24Aucune compassion pour moi, aucun mot de soutien concernant mon hospitalisation.

02:28Rien.

02:29Et puis au bout du troisième jour de tournage,

02:31pour une broutille, une histoire d'accessoire qui était sur le plateau,

02:36on ne se comprend pas sur quelque chose.

02:39Et ça l'énerve, il me parle mal.

02:42Et là encore, je me sens mal parce que je me dis

02:45ça ne va pas être possible de faire tout un tournage comme ça.

02:47Je vais me sentir rétrécie de l'intérieur.

02:50Il va falloir encore que je m'écrase.

02:51Ce n'est pas possible.

02:53Donc je décide d'aller le voir dans les loges après, au calme.

02:57Je prends sur moi et je vais le voir et je lui dis

03:01voilà, on va faire deux mois de tournage ensemble.

03:03Ça serait bien que ça se passe bien.

03:06Et je ne me sens pas très bien.

03:07Et en fait, il n'est pas d'humeur de parler.

03:13Ça l'énerve, il ne veut pas qu'on parle.

03:15Et il se met assez énervé et il me dit

03:17bon, allez, vas-y, casse-toi, pousse-toi ou je vais te gifler.

03:21Je suis choquée, je le regarde.

03:23Et là, encore une fois, j'ai mon non qui m'accompagne.

03:26Je lui dis non, je lui dis non, tu ne me menaces pas.

03:29Et puis tu ne me fais pas peur.

03:32Et ça, ça l'énerve.

03:34Il n'aime pas et il monte dans les tours et il me gifle.

03:39Et donc, je me prends cette gifle, je hurle

03:43et je demande immédiatement à ce qu'on m'emmène à l'hôpital.

03:48Pardon, je vais continuer.

03:51Et donc, en fait, je demande à ce qu'on m'emmène à l'hôpital.

03:54Et je sens que l'équipe panique.

03:56Ils ne savent pas gérer ce genre de situation.

03:59Je me présente et puis on me dit qu'on va prendre ma plainte.

04:03J'attends dans le hall.

04:05Et là, dans le hall, j'ai la réalisatrice qui vient

04:09et qui me fait du chantage, c'est-à-dire qu'elle me fait culpabiliser.

04:12Elle me dit que si je porte plainte, je vais détruire son film.

04:16Elle essaie de me dire que ce n'est pas si grave,

04:20qu'en fait, il m'a juste à peine effleuré le visage.

04:24Elle n'a aucun mot de compassion.

04:27Je vois qu'encore une fois, il faudrait que ce soit un non-événement.

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