Kevin Bossuet : «On enlève des vies pour rien»

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Alors que Marie-Hélène Thoraval alerte sur une violence incontrôlable, Kevin Bossuet, professeur d’histoire, s’indigne : «On enlève des vies pour rien, on saccage pour saccager, on tabasse pour tabasser».

Transcript

00:00Je pense qu'elle touche quelque chose de très juste.

00:03Je vais rebondir sur la fin de mon intervention de tout à l'heure,

00:05quand j'ai cité Gérard Collomb.

00:08Avant, on était côte à côte et on risque de se retrouver face à face.

00:11Mais quand vous avez, dans certains quartiers, un repli communautaire,

00:15avec des jeunes qui se sentent davantage appartenir à un quartier,

00:19appartenir à un clan plutôt qu'à un pays, plutôt qu'à une nation,

00:24forcément, vous pouvez commettre l'irréparable vis-à-vis du pays

00:29qui, pourtant, vous a vu naître et vous a vu évoluer.

00:33Mais j'aimerais rebondir aussi sur ce qui a été dit précédemment.

00:37Bien sûr, il y a toujours eu des crimes.

00:40Bien sûr, il y a toujours eu des violences.

00:43Mais il y a quand même aujourd'hui un basculement civilisationnel.

00:47Les téléspectateurs qui nous regardent le savent très bien.

00:51Quand ils prennent le métro, quand ils prennent les transports en commun,

00:54quand vous êtes une femme et que vous circulez la nuit dans certains quartiers,

00:58ou même maintenant dans les centres-villes,

01:00vous voyez bien que l'insécurité est partout.

01:03Moi, j'ai grandi dans un village de 300 habitants.

01:05À l'époque, tout le monde était dehors, tout le monde rigolait.

01:09Il y avait une forme de joie de vivre.

01:10Maintenant, vous revenez dans le même village,

01:12tout le monde est calfutré chez lui à peur des cambriolages.

01:16Il n'y a plus cette sociabilité villageoise.

01:19Vous allez en banlieue, c'est exactement la même chose.

01:22Je veux dire, en Seine-Saint-Denis, par exemple,

01:25vous avez des parents qui n'osent même pas laisser leurs enfants

01:28sortir seuls pour aller à l'école.

01:30Sortir seuls pour aller à l'école.

01:32Donc non, je suis désolé, il y a bien un basculement civilisationnel.

01:36Il ne suffit pas de pondérer la chose en disant que ça a toujours existé.

01:39Bien sûr que ça a toujours existé, mais là, on enlève des vies pour rien.

01:43Mais là, on saccage pour saccager.

01:45On tabasse pour tabasser.

01:48On tabasse pour faire mal.

01:49Il n'y a plus d'empathie.

01:51On veut vraiment violenter les gens et l'autre n'existe plus.

01:56L'autre, il faut l'abattre.

01:57Voilà ce qu'il y a dans la tête de beaucoup.

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