L'interview « Le jour où... » avec Matthias Dandois - BMX flat - livre

L'Équipe

29/10/2024

A l'occasion de la sortie de son autobiographie, Matthias Dandois revient pour nous sur les faits marquants de sa carrière à travers l'interview « Le jour où... ».

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Sport

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00:00Le jour où j'ai découvert le BMX j'avais 12 ans, je suis tombé devant l'émission

00:26c'est mon choix, je suis tombé sur un mec qui faisait du BMX flat, je me suis tout de

00:30suite dit c'est incroyablement beau, c'est ça que je veux faire.

00:34Quand j'ai eu mon premier BMX, c'est tous les soirs, toutes les nuits je me levais pour

00:38aller le voir dans le garage, donc c'était aussi un objet hyper attirant pour moi physiquement.

00:44Chaud, mais...

00:51Première compétition internationale en pro, j'ai passé un cap ce jour-là parce que j'ai

00:54pas du tout été intimidé par le public ou par la pression ou par les autres pros,

00:59justement ça m'a subjugué et c'est un peu ce jour-là que j'ai su que j'étais fait

01:05pour ça en fait.

01:06Je me suis dit vas-y let's go, les études de traduction d'anglais on va les foutre de

01:11côté et puis je vais faire du BMX à fond.

01:17C'était quelques semaines après cette fameuse compétition et quand j'arrive à l'entrée

01:22de la soirée, on me dit ID please, votre carte d'identité, moi je la sors et puis

01:28j'avais 18 ans donc ils me disent c'est pas possible, il faut avoir 21 ans pour rentrer.

01:32Je me suis dit comment on va faire, l'organisateur de leur mise de récompense il me refait venir

01:36une demi-heure plus tard, il me fait passer par derrière, il me cache dans les toilettes,

01:39la soirée se passe et là ils vont annoncer le prix du rider de l'année au milieu de

01:44tous les américains, de tous les trucs et le gagnant est Mathias Dandoy.

01:47Je monte sur scène, je savais à peine parler anglais donc je dis thank you very much et

01:52là je vois Raph, mon coloc qui était avec moi à Las Vegas, qui était pro aussi, qui

01:56monte sur scène, qui m'arrache le micro des mains et qui dit en anglais this guy is drunk

02:00and he's under 21, ce mec est bourré et il a moins de 21 ans, pourquoi il a fait ça ?

02:05Et donc là tous les mecs de la sécu qui commencent à me choper, à me sortir, à m'humilitarer

02:10du club parce que c'est hyper interdit d'avoir un mineur dans un club aux Etats-Unis et voilà,

02:15je me suis fait virer de la soirée.

02:17T'es revenu.

02:18Je suis revenu après.

02:24Ça a été une autre journée charnière de ma vie parce qu'Alex, ça a été le pro

02:29dont j'avais des posters dans ma chambre, j'étais hyper fan du mec et jamais je pensais

02:33pouvoir le battre parce que c'était le français à l'époque qui a promis à avoir fait l'X-Games,

02:38c'était un truc de ma boule tu vois et le jour où je l'ai battu, c'est comme si ça

02:42avait précipité en fait notre relation d'amitié, dans le bien comme dans le mal, c'était devenu

02:50mon meilleur ami mais aussi mon plus grand compétiteur, du coup il y avait cette relation

02:56Nadal-Federer un peu chelou, d'être aussi proche mais d'être aussi en compétition,

03:02c'est assez cool à vivre.

03:04C'était par frustration, en fait mon sport c'est, il n'y a pas de ligne de départ,

03:10pas de ligne d'arrivée, il y a cinq juges qui décident de mettre une note.

03:13De 2008 à 2012, j'ai gagné pratiquement toutes les compétitions auxquelles je participais

03:17et du coup au bout d'un moment, les gens, les juges, tout le monde en a marre tu vois,

03:21c'est un peu comparable peut-être à l'époque Schumacher quand Schumacher il a gagné cette

03:25fois-dessus je crois un truc la F1, plus personne ne regardait la F1 parce qu'il se

03:28faisait chier quoi.

03:29C'était un peu ça en flat, c'est que je gagnais tout et du coup les juges dès que

03:34je faisais une toute petite erreur, ils faisaient en sorte que je ne gagne pas tu vois.

03:37Je savais que j'étais meilleur que les autres et ils me mettaient un moins bon score et

03:41en fait un jour j'ai pété les plombs, j'ai dit vous me faites chier tous, je vais

03:44arrêter le flat, je vais me mettre à faire du street.

03:46Ça m'a grave servi après pour ma carrière de flat parce que ça m'a donné beaucoup

03:51de contrôle du vélo, beaucoup de puissance, beaucoup de confiance en moi.

04:00Tout mon monde s'est croulé en fait, je me retrouve d'être un peu la star de la discipline,

04:06à voyager partout.

04:07Ah, je suis chez mes parents au fond de mon lit avec la jambe cassée devant Roland-Garros

04:12je me souviens et là c'est la descente aux enfers de fou quoi, vraiment j'étais dark

04:17de dingo.

04:18J'ai eu ce moment où je me suis dit vas-y mec il faut que j'arrête les conneries là

04:22sinon dans deux ans ma carrière elle est finie.

04:25Je fais une rééduc de ma boule et à partir de ce moment-là en fait je suis devenu un

04:28sportif de haut niveau.

04:29Donc un physio, un coach pour la salle, un nutritionniste, un coach mental et c'est pour

04:33ça que j'ai gagné cinq titres de champion du monde derrière.

04:36Les moments de merde dans la vie c'est les plus importants.

04:38Quelques années plus tard tu re-regardes et tu fais putain mais c'est grâce à ce

04:41moment-là que j'en suis là aujourd'hui.

04:43Il n'en faut pas trop à répétition des moments de merde bien sûr, mais globalement

04:48si t'en as un et t'arrives à te reprendre en main c'est hyper fondateur, beaucoup

04:51plus que n'importe quelle victoire.

04:59Ça c'est beau aussi ça.

05:00L'histoire elle commence à la Freestyle Cup à Marseille et Axelle Lafon, une réalisatrice,

05:06elle assiste à la compétition et à la fin de la compétition elle me dit je suis en

05:09train de faire les castings pour mon nouveau film qui s'appelle MILF, est-ce que tu veux

05:13venir faire le casting parce que tu pourrais correspondre à un des rôles ?

05:16Alors moi je tombe un peu de ma chaise, je dis bah si tu veux et tout mais moi je ne

05:19suis pas acteur tu vois.

05:20Et Axelle persiste, elle dit ouais mais je suis sûr que si tu prends deux trois cours

05:24et que tu reviens ça peut le faire tu vois.

05:26Donc je prends des cours et je prépare la scène vachement là.

05:28Et Axelle me dit écoute toute la prod elle est contre cette idée mais j'ai trop envie

05:33de te donner le rôle donc t'as le rôle.

05:35Mais il y a la voodoo jam en fait entre temps et pourtant la prod me dit t'as pas le droit

05:39de faire de compétition.

05:40Je me dis ah il y a la voodoo jam, je peux pas louper la voodoo jam.

05:42Et au practice je me blesse.

05:44Et en fait mon pied s'infecte avec l'avion et du coup j'arrive le premier jour du tournage

05:49avec un pied et le docteur me dit ah ouais là votre pied il est infecté de fou, bah

05:54vous allez passer la nuit à l'hôpital, on va vous opérer demain, ça va durer deux

05:57trois mois la recovery.

05:59Comme ça je dis bah moi ça m'arrange pas parce que j'ai une scène à tourner demain

06:02en fait.

06:03Et il me dit bah non bah là c'est pas possible.

06:04Et c'est vraiment le pire walk of shame de toute ma vie quoi.

06:06Il y a toute la prod qui me déteste.

06:08Et derrière le film a fait un carton sur Netflix.

06:10C'était une expérience incroyable et merci et désolé Axelle.

06:18C'est un des jours les plus symboliques de ma carrière.

06:20Ce moment en fait il est gravé dans ma mémoire où j'ai mon bike dans la main gauche.

06:24La flamme dans la main droite.

06:26Je suis en face de la tour Eiffel.

06:28Il y a les anneaux olympiques.

06:29Et je trouvais que c'était un bouclage de boucles incroyable.

06:33J'étais devant le symbole de Paris.

06:36Devant les yeux du monde entier.

06:37D'avoir été le représentant je dis des nouveaux sports au jeu à travers cette flamme

06:41c'était le plus grand honneur qu'on pouvait me faire.

06:43Donc c'était très très fort.

06:44Et ce que je raconte dans le bouquin c'était un moment hyper émotif.

06:47Je suis rarement émotif dans ma vie mais c'était vraiment une grosse larme à l'oeil.

06:52C'était fou.

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