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"Huit fois plus d'enfants LGBT sont victimes d'agressions sexuelles", affirme Baptiste Beaulieu
France Inter
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29/10/2024
Le médecin généraliste et romancier Baptiste Beaulieu publie un essai autobiographique, dans lequel il dénonce l’homophobie et le sexisme qui existe en France.
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Et votre invité, Hélène Filly, est médecin et écrivain, il vient nous parler de son
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dernier livre « Tous les silences ne font pas le même bruit » paru aux éditions
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l'Iconoclaste.
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Bonjour Baptiste Beaulieu, on est ravis de vous retrouver à ce micro, vous qui étiez
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encore il y a quelques mois chroniqueur dans l'émission Grand Bien Bouffasse, vous avez
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l'habitude de parler de votre quotidien de médecin, de vos patients, au micro, dans
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vos romans.
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Et bien aujourd'hui on va parler de vous, parce que votre dernier livre c'est votre
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histoire, c'est un essai autobiographique, et vous l'écrivez à la deuxième personne
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du singulier.
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Pourquoi ce « tu » qui nous saisit en tant que lecteur ?
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Le but c'était vraiment de prendre le lecteur et de l'obliger à mettre ses pieds dans
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mes chaussures quoi, de vivre ce qu'on vit en tant que personne minorisée dans cette
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société, de le vivre à l'adolescence, à la période de mes études de médecine,
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la faculté de médecine, de vivre avec moi la paternité, la parentalité, et de se dire
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à la fin du livre « ok, j'ai mis mes pieds dans ses chaussures, est-ce que ce
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qu'il a vécu est bon ? Est-ce que c'est juste ? Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que
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c'est mérité ? ». Si toutes les réponses à ça sont non, alors peut-être qu'une
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partie du cœur du lecteur a commencé à changer de regard sur tout ça.
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Du petit garçon de 8 ans en pyjama devant le film du dimanche soir à votre vie, aujourd'hui
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d'homme marié, de jeune père, vous avez toujours été confronté à l'homophobie ?
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Mais c'est le cas de toutes les personnes en situation de minorité, où ça commence
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très tôt.
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Est-ce qu'on se rend compte quand même que dans notre société, l'insulte la plus
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proférée dans les cours d'école c'est « sale pédé ». On estime qu'en général
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un adolescent l'entend jusqu'à 15 fois par jour.
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Comment est-ce qu'on se constitue futur citoyen, futur adulte, quand on entend 15
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fois par jour que ce qu'on est, ou que ce qu'on pense être peut-être, est la pire
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des insultes ? Et qu'on vous balance ça 15 fois par jour ? C'est d'une violence
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inimaginable.
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On est dans une construction identitaire comme ça.
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Est-ce qu'il y a du reproche aussi dans ce « tu » qui s'adresse au lecteur,
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à celui qui a subi, à celui qui n'a rien dit dans cette cour de récré ?
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Il y a du reproche.
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Un des premiers lecteurs du livre m'a dit « j'ai l'impression que tu m'engueules
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». J'ai dit « non en fait, je sais ce qui ne te va pas, c'est juste que tu n'aimerais
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pas être à ma place et que je t'oblige à l'être un petit peu ». Et je trouve
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que c'est important parfois de demander aux gens de se décentrer un petit peu.
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Il n'y a pas de reproche, il y a juste une volonté de dire aux gens « regardez, ne
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détournez pas le regard et puis soyez avec nous ». Il n'y a pas de reproche, il y
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a de la colère.
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Et du reproche vis-à-vis de vous, est-ce qu'il y en a ?
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Il y en a bien sûr.
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On en sent un peu à travers les lignes.
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On a de l'homophobie intériorisée, on se débat en permanence.
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Moi quand j'ai l'assistante parentale qui s'occupe de notre bébé qui nous dit
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que le premier couple qui devait déposer son enfant avec le nôtre a fait demi-tour
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en apprenant que leur enfant serait gardé avec l'enfant d'un couple homoparental
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et qu'ils ont refusé finalement de laisser leur enfant avec notre assistante parentale
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et qu'ils ont décidé d'en prendre une autre.
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Je me corrige en permanence, je me dis « non, c'est pas à cause de mon homosexualité,
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c'est à cause de l'homophobie de ces parents-là ». Mais oui, on intègre énormément
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d'homophobie en nous et c'est terrible et on est les enfants de cette société aussi.
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Et vous-même, toi-même, écrivez-vous dans ce livre, vous vous gardez parfois d'intervenir
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quand vous êtes enfant, quand vous êtes jeune, l'âge que tu es, écrivez-vous,
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y compris lorsque, enfant que vous étiez, vous croyez avoir abandonné un ami parce
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que vous n'avez pas réussi à dire comme lui, par exemple, les agressions subies par
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un prof de sport.
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Oui, parce qu'il y a cette peur d'être découvert et puis parce qu'on mélange
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tout avec la société, qu'on imagine qu'on est homosexuel ou qu'on a peut-être…
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Parce que vous avez été victime d'agressions.
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Quand j'avais dix ans, mais est-ce qu'on se rend compte quand même qu'être un jeune
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LGBT dans notre société, c'est risquer jusqu'à huit fois plus d'agressions
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sexuelles dans l'enfance ? C'est des chiffres en fait et derrière ces chiffres, il y a
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des vies comme la mienne, comme celle de ce camarade, on a vécu l'enfer, on est
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des milliers à le vivre et j'ai l'impression que tout le monde s'en fiche, huit fois
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plus d'enfants LGBT sont victimes d'agressions sexuelles dans l'enfance, avec cette peine
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au carré qui est quand même de… On va toujours nous faire porter le chapeau de notre
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sexualité sur ce qu'on a vécu enfant, sous-entendu « ah mais il est homosexuel
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parce qu'il a été agressé quand il était enfant » ou « elle est lesbienne par détestation
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des hommes parce qu'elle a été agressée par un homme quand elle était enfant ». On
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ne va jamais aller voir Martine 50 ans et lui dire « je pense que tu es hétérosexuel
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parce qu'un homme t'a agressé quand tu avais 10 ans ». Pourquoi nous on fait porter
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sur nos intimités, sur nos sexualités, qui est une des joies de la vie quand même,
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ce saut de la malédiction de ce qu'on a vécu et de dire « voilà, ça t'a marqué
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quand t'étais enfant et ça te marquera toute ta vie, y compris avec les gens que
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tu aimes dans l'intimité ».
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C'est un récit très intime en effet, celui que vous faites, très fort, bouleversant
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qui percute le lecteur qui le lit, c'est un récit que vous avez voulu politique ?
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Bien sûr, mais parce que tout est politique.
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Vous savez, quand j'ai une patiente qui vient au cabinet médical et qui me dit « voilà,
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j'ai 16 ans, je suis lesbienne, est-ce que je dois me faire vacciner contre le papillomavirus
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? ».
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Alors ça c'est incroyable parce qu'à ce moment-là, quand elle vient vous voir cette
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patiente, vous ne savez pas répondre à cette question.
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Non, je ne sais pas répondre à cette question parce qu'on ne me l'a pas appris à la
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fac et comme tous les jeunes médecins, on ne nous a pas appris à traiter les minorités.
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Et je m'aperçois du coup en faisant des études que les femmes lesbiennes sont 4 fois
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moins vaccinées contre le papillomavirus que les femmes hétérosexuelles.
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Alors c'est juste un chiffre, mais moi, là, ce matin à l'antenne, je veux qu'on pense
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à toutes ces femmes lesbiennes qui sont mortes d'un cancer du col de l'utérus parce
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qu'elles n'étaient pas vaccinées, parce que notre société s'en fiche de la santé
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des minorités.
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Ces femmes, elles n'avaient pas vocation à mourir plus jeunes, elles avaient une vie
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qui les attendait.
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Le papillomavirus se transmet de femme à femme.
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Bien sûr.
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Et puis, ces femmes, elles n'avaient pas vocation à mourir plus jeunes.
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Qui rendra justice à ces destins avortés ?
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Qui en parlera ?
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Il y a un problème de formation des soignants, des médecins que vous êtes.
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On se dit souvent que derrière la blouse blanche, les préjugés ne peuvent pas exister.
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On est soigné de la même manière.
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Il y a cette idée qui est totalement absurde qu'à partir du moment où on met une blouse
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blanche, d'un seul coup, on n'est plus les véhicules des stéréotypes ou des préjugés
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de la société.
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Bien sûr qu'on continue à l'être.
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C'est ce qui explique d'ailleurs par exemple que 50% des personnes LGBT ont déjà refusé
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d'aller consulter un médecin parce qu'elles ont peur du jugement.
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C'est une perte de chance sanitaire aussi pour ces patients.
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Tout ça, c'est des chiffres.
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Mais derrière, il y a des vies, il y a des existences et il y a des personnes qui meurent
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peut-être plus jeunes ou se situent dans un angle mort de la médecine qui est un angle
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mort mortel pour elles.
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Mais vous, vous avez constaté qu'on apprenait mal à soigner les minorités quand vous étiez étudiant.
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Mais bien sûr, ça va du syndrome méditerranéen qui permet de dévaluer la douleur pour peu
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que la personne vienne d'une région de la Méditerranée.
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Vous savez, le fameux syndrome méditerranéen qui a causé la mort de Naomi Musanga.
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Mais d'autres exemples comme ça, il y en a plein.
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Il y a des statistiques qui montrent que, par exemple, aux Etats-Unis, quand les enfants
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noirs ont deux à trois fois plus de risques de mort dans la première année qui suit
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leur naissance que les enfants blancs et que cette différence s'efface quand ils sont
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pris en charge par des médecins noirs.
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On va me dire, mais c'est les Etats-Unis, en France, le racisme n'est pas le même.
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Oui, en attendant, tous les médecins ne sont pas homophobes ou racistes, mais tous les
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médecins homophobes et racistes exercent sur Terre.
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On ne va pas dire aux gens, prenez un risque sur votre santé.
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Vous avez encore ce double poste d'observation, Baptiste Bollieux, avec votre métier de médecin
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généraliste que vous continuez à exercer.
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Ce récit est très intime, très poignant, je le disais.
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Il est aussi très lumineux parce que vous nous racontez aussi votre quotidien.
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Et moi, je retiens notamment deux mots, voire à un moment donné, vous écrivez, il y a
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des mots qui obligent.
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Mon mari, par exemple, quel pouvoir ont-ils ces deux mots ?
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À partir du moment où on le dit, il y a chez beaucoup de gens, quand on prononce
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ce mot, un petit vacillement, comme ça, et on sent que ça dit beaucoup de choses à
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la personne.
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Et nous, ce que ça dit, c'est que la loi nous a permis maintenant de nous marier et
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que c'est légal et que ça plaise ou pas à la personne.
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C'est comme ça et c'est ce que permet ce mot, ce que performe ce mot.
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Et donc, oui, parfois, on se régale à l'envoyer.
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Une vie complètement ordinaire, permise par la loi, il y a eu des grandes victoires, mais
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le combat continue.
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C'est ce que dit votre livre.
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Merci beaucoup, Baptiste Boullion, d'avoir été ce matin l'invité de France Inter.
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Je rappelle le titre de votre livre, « Tous les silences ne font pas le même bruit ».
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Il est paru aux éditions l'Iconoclast.
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