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Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, était l’invitée du Face-à-Face sur BFMTV et RMC ce mardi 29 octobre. Elle a notamment évoqué le budget du gouvernement Barnier, les arrêts maladie ou encore la sortie du livre de Jordan Bardella. 

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00:008h32 sur BFM TV et RMC, mon invité est Sophie Binet, bonjour Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT à l'heure où le gouvernement annonce ce tour de vis pour les fonctionnaires et veut aligner leur régime d'indemnisation des arrêts maladie sur le privé, une provocation disent les syndicats et vous nous direz dans quelques instants quelle sera la réponse de la CGT.
00:28D'abord je voulais commencer par ce communiqué de Matignon hier, les services du premier ministre ont révélé que ce dernier avait été opéré ce week-end d'une lésion cervicale, l'opération s'est bien passée selon le médecin de Michel Barnier, le chef du gouvernement met entre parenthèses ses activités publiques jusqu'à jeudi, est-ce un exercice de transparence ? Bienvenue pour vous Sophie Binet.
00:48Écoutez je ne suis pas là pour commenter l'état de santé du premier ministre, je lui souhaite un bon rétablissement parce que je pense que vu l'état du pays on a besoin d'avoir un premier ministre en forme.
00:56Oui il dit la vérité aux français, il y a des analyses qui sont en cours, est-ce que c'est une forme d'américanisation aussi de la vie publique où les responsables politiques doivent rendre compte de leur état de santé devant les français ?
01:10Je ne suis pas sûre que ce soit nouveau, ce qui me semble plus nouveau c'est qu'un premier ministre en exercice c'est une opération chirurgicale, ça ce n'est pas habituel.
01:18Mais vous dites a priori si le médecin dit que ça va bien c'est que tout va bien.
01:21Ce n'est pas à moi de commenter l'état de santé du premier ministre, je vais faire parler du budget.
01:26On y arrive puisque Michel Barnier ne sera pas à l'assemblée cet après-midi avec un télescopage d'actualité si j'ose dire assez cocasse puisque précisément les députés examinent en ce moment le projet de loi de financement de la sécurité sociale avec cette proposition explosive du gouvernement.
01:40Aligner le régime d'indemnisation des arrêts maladie des fonctionnaires sur celui des salariés du privé.
01:47Alors pour expliquer brièvement à nos auditeurs et à nos téléspectateurs, lorsqu'ils sont malades, les fonctionnaires jusqu'ici touchent 100% de leur indemnité à compter du deuxième jour de leur arrêt, ils ont donc un jour de carence.
01:59Quand dans le privé les salariés ne touchent que 90% de leur salaire à compter du quatrième jour, ils ont donc trois jours de carence.
02:08Aligner les deux régimes, est-ce que ça vous choque au fond de dire tout le monde va être traité de la même façon ?
02:14Oui profondément parce que d'abord c'est mensonger, les salariés du privé nous nous battons pour gagner une neutralisation de ces jours de carence et pour plus de 70% des salariés du privé c'est le cas
02:24puisque nous avons des accords d'entreprise ou de branches qui permettent de garantir le maintien de la rémunération dès le premier jour d'arrêt maladie.
02:30À travers des complémentaires notamment ?
02:32Oui tout à fait, cette annonce elle est vécue comme une insulte pour les plus de 5 millions de fonctionnaires qu'on fait encore une fois passer et pour des privilégiés et pour des gens qui choisiraient d'être en arrêt maladie.
02:44Les députés disent que c'est une question d'équité aussi, tout le monde est traité de la même façon.
02:47Oui mais c'est pas vrai, déjà ça n'est pas les traités de la même manière que dans le privé, c'est les traités de moins bonne manière puisque dans le privé pour l'écrasante majorité des salariés c'est neutralisé
02:57et ensuite les fonctionnaires ne demandent que ça, d'avoir des salaires alignés sur ceux du privé puisque les fonctionnaires ça fait 15 ans qu'ils subissent une violente perte de pouvoir d'achat.
03:06On a les fonctionnaires qui sont parmi les moins bien payés des pays de l'OCDE, il faut arrêter ce fonctionnaire bashing.
03:11On était bien content pendant les inondations, pendant le Covid, dès qu'il y a une catastrophe on est bien content d'avoir des fonctionnaires attachés à l'intérêt général qui font tourner le pays.
03:20Sauf que Sophie Binet sa proposition elle est faite y compris par les fonctionnaires de la Cour des comptes, des membres de la fonction publique qui disent il n'y a pas de raison de ne pas aligner les régimes, ce sont des fonctionnaires qui la proposent.
03:32Oui ce sont des très hauts fonctionnaires qui sont parfois très éloignés de la réalité et qui sont là juste pour dire si on faisait ça, ça ferait rentrer tant d'économies, c'est des tableurs Excel.
03:42Sauf que la vie ce n'est pas un tableur Excel, ce qu'il faut c'est travailler sur les causes des arrêts maladie et s'interroger sur pourquoi est-ce que les arrêts maladie augmentent dans la fonction publique.
03:50Ils augmentent pourquoi ? A cause de la dégradation considérable des conditions de travail des fonctionnaires.
03:56Plus que dans le privé ?
03:57Plus que dans le privé, aujourd'hui les conditions de travail dans la fonction publique sont plus dégradées que dans le privé.
04:03Les fonctionnaires sont moins bien payés que dans le privé et donc c'est un scandale de leur supprimer leur rémunération pendant les jours d'arrêt maladie.
04:11Ça va défavoriser principalement les femmes qui sont majoritaires dans la fonction publique et qui sont très concernées par les arrêts courts.
04:17Par exemple en cas d'endométriose, on sait que les femmes évidemment ont des arrêts courts.
04:22Et bien c'est une proposition populiste, dangereuse et qui ne va pas résoudre le cœur du problème, à savoir l'augmentation des arrêts maladie.
04:28Le miss de la fonction publique chiffre les économies potentielles de cette réforme à 1,2 milliard d'euros, dit-il.
04:36Est-ce que ce n'est pas de l'argent qui peut être utilisé plus utilement ?
04:39Vous venez d'évoquer par exemple la question des salaires. Le Rassemblement national dit pourquoi pas, mais dans ce cas-là il faut augmenter les fonctionnaires.
04:45Non mais là c'est déshabiller Pierre pour habiller Paul.
04:48Moi ce que je veux dire ici encore une fois c'est que nous ne sommes pas responsables de la dette.
04:54La dette a augmenté de 1 000 milliards pendant le septennat d'Emmanuel Macron, pas à cause des fonctionnaires ou des salariés.
05:00Nous on a été au régime sec depuis sept ans.
05:02Elle a augmenté de 1 000 milliards à cause des cadeaux faits aux plus riches, aux plus grandes entreprises.
05:07Si le gouvernement veut trouver des sources d'économie, qu'il écoute les députés qui ont voté de très nombreux amendements pour taxer l'argent là où il est.
05:14Pour conditionner les aides aux entreprises, c'est chaque année un tiers du budget de l'État qui s'évapore dans 200 milliards d'aides aux entreprises sans condition ni contrepartie.
05:23C'est là-dessus qu'il faut travailler et pas aller stigmatiser les fonctionnaires.
05:27Pour bien comprendre Sophie Binet, vous êtes contre la logique qui est celle du gouvernement de dire en fait tout le monde doit participer aux efforts et pas simplement les plus riches et pas simplement les entreprises.
05:36Mais c'est aussi les retraités, c'est aussi les fonctionnaires, c'est aussi les étudiants, c'est aussi les assurés sociaux.
05:42Oui parce que nous ne sommes pas responsables de la date et nous avons déjà payé.
05:46Depuis sept ans, on a eu à subir une réforme des retraites, trois réformes de l'assurance chômage, une réforme du code du travail, l'austérité de nos salaires.
05:54Donc c'est bon, on a payé et ensuite c'est pas vrai que tout le monde paye.
05:57Il y a des mesures cosmétiques pour les plus hauts revenus et les plus grandes entreprises mais c'est seulement temporaire et c'est extrêmement limité.
06:04Moi j'appelle le Premier ministre à écouter les députés comme il s'y est engagé.
06:08Les députés cette semaine, la semaine dernière, ont voté beaucoup d'amendements pour prendre l'argent là où il est, dans les plus grandes entreprises et chez les plus riches.
06:16C'est ce qu'il faut faire au lieu d'aller s'attaquer aux fonctionnaires qui travaillent pour l'intérêt général et qu'on est bien content d'avoir dans le pays.
06:22On y revient aux grandes entreprises dans quelques instants.
06:24Je voulais juste sur le mot utilisé par le ministre de la fonction publique, Guillaume Casbarian, qui dit nous voulons lutter contre l'absentéisme.
06:31Est-ce que l'absentéisme c'est une insulte pour vous Sophie Binet ?
06:34Écoutez, le problème c'est qu'il faut travailler sur les causes.
06:38Ce n'est pas un mot qui vous heurte, que vous récusez en disant c'est une caricature.
06:42C'est un débat qu'on a entendu depuis hier.
06:44Non mais c'est faire comme si les fonctionnaires choisissaient d'être absents.
06:47Il n'y a pas d'absentéisme des fonctionnaires pour vous ?
06:50Non, ce qu'il y a par contre c'est une dégradation des conditions de travail dans la fonction publique.
06:54Par exemple, l'augmentation des arrêts maladie dans les hôpitaux, moi je sais très bien d'où elle vient.
06:59Elle vient de l'énorme dégradation des conditions de travail des soignantes et des soignants qui n'en peuvent plus.
07:04C'est là-dessus qu'il faut travailler, c'est là-dessus qu'on attend le ministre de la fonction publique.
07:07Moi ce que je note c'est que ce ministre de la fonction publique, visiblement il déteste les fonctionnaires.
07:13Guillaume Casbarian déteste les fonctionnaires ?
07:15Oui, en tout cas ses déclarations nous font penser ça, parce qu'il multiplie les déclarations contre les fonctionnaires.
07:23Il nous dit qu'il n'exclut pas de regarder comment est-ce qu'on peut les licencier.
07:29Il nous dit qu'il n'exclut pas de reprendre la précédente réforme de la fonction publique laissée par son prédécesseur qui était un chiffon rouge
07:36et qui mettait fin à la reconnaissance des qualifications dans la fonction publique.
07:40Voilà aujourd'hui ce dont nous parle le ministre de la fonction publique.
07:43Il faut qu'il arrête, il faut qu'il parle aux agents et aux agentes et qu'il soit là aussi et d'abord pour défendre les fonctionnaires
07:49qu'on est bien content de trouver quand le pays va mal.
07:51Sophie Binet, sur ce point, la réforme de la fonction publique qui pour l'instant n'est pas une réforme mise sur la table.
07:57Vous évoquiez un texte qui effectivement a existé, c'était avant la dissolution, préparé par le prédécesseur du ministre actuel.
08:04Pour vous, toutes les pistes explorées sont de nature à éventuellement appeler à une grève générale ?
08:12Je précise, dans le Big Bang de la fonction publique qui était proposé par le précédent gouvernement et que l'actuel n'exclut pas de mettre en oeuvre,
08:20il y a effectivement la rémunération au mérite, la facilitation des licenciements dans la fonction publique,
08:25donc la fin de l'emploi à vie, voire la suppression des catégories historiques de fonctionnaires.
08:30Ça, vous dites, si le gouvernement va au bout, il y aura des grèves ?
08:34Oui, ça c'est clair. Toutes les organisations syndicales ont dit qu'elles y étaient opposées et donc il y a eu une dissolution.
08:40Ce projet de loi a été enterré. Les Françaises et les Français ont demandé du changement.
08:44Ce n'est pas pour qu'on nous ressorte des zombies du précédent gouvernement.
08:47Est-ce que les arrêts maladie, si le gouvernement persistait, s'il conservait cet alignement privé-public dans le budget qu'il rédigera à la fin,
08:58puisque c'est le gouvernement qui vraisemblablement aura la main sur la dernière réécriture,
09:02est-ce que si cette réforme est confirmée, là aussi la CGT appellera à la grève ?
09:06Écoutez, il y a des mobilisations qui se construisent.
09:09Aujourd'hui, les soignantes et les soignants sont mobilisés dans tout le pays pour dénoncer la situation de l'hôpital public
09:15et dire à quel point ce budget est dangereux pour le pays, dangereux pour l'hôpital.
09:20Et les mobilisations vont continuer.
09:22Jusqu'où ira la colère ?
09:24Sophie Binet, vous évoquiez par exemple les hospitaliers.
09:26Quatre syndicats, dont la CGT, ont déjà déposé un préavis de grève nationale qui court jusqu'au 21 décembre.
09:32Est-ce que, pour vous, le mouvement peut s'étendre d'ici là et à quel secteur ?
09:37Notre objectif, c'est de gagner et d'être entendu.
09:40Et donc, moi, j'appelle vraiment les salariés, les travailleuses et les travailleurs, les retraités, à ne pas céder au fatalisme.
09:46Notre mobilisation change les choses.
09:49Mais qu'est-ce que ça veut dire, ne pas céder au fatalisme, Sophie Binet ?
09:51C'est quoi ? C'est des arrêts de travail ? C'est des grèves ? C'est uniquement des manifestations, des rassemblements ?
09:56Ça veut dire multiplier les mobilisations pour être entendues de plein de manières.
10:00Par exemple, les retraités ont lancé une pétition pour dénoncer la baisse de leurs pensions.
10:04Ils et elles annoncent déjà une journée d'action le 3 décembre.
10:08Mais vous ne prononcez pas le mot grève, Sophie Binet, ce matin.
10:11Aujourd'hui, il y a grève. C'est une journée de grève dans le secteur de la santé.
10:15Évidemment que les secteurs professionnels, par exemple le 19 novembre prochain,
10:20il y a une journée d'action et de grève dans le secteur de la petite enfance.
10:23Pourquoi ? Parce que ce secteur est sacrifié, encore une fois, par ce budget.
10:28Parce que ce secteur est scandalisé par les révélations sur les maltraitances des petits bébés
10:34et demande à avoir un meilleur taux d'encadrement, une meilleure reconnaissance du travail des professionnels.
10:40Donc oui, des actions vont se multiplier dans le pays.
10:43Pour tous les Français qui nous écoutent, est-ce qu'il faut s'attendre, par exemple,
10:46que les départs en vacances au moment de Noël puissent être perturbés ?
10:50Puisque c'est régulièrement aussi l'une des craintes que l'on entend auprès de l'opinion publique
10:55dans les enquêtes d'opinion, c'est-à-dire est-ce qu'il y aura des trains pour Noël ?
10:58Eh bien écoutez, la CGT souhaite qu'il y ait des trains pour Noël et pour ça que nous soyons entendus avant.
11:04Donc nous appelons le gouvernement à modifier en profondeur son projet de budget
11:09qui aujourd'hui est dangereux pour le pays.
11:12C'est un projet qui risque d'appauvrir tout le pays, qui risque de faire entrer le pays en récession.
11:18C'est un budget court-termiste qui tourne le dos aux enjeux d'avenir,
11:21à ce qu'il y a de plus important pour nous, notre école, notre santé, notre recherche.
11:26C'est un budget qui n'anticipe absolument pas les enjeux de réchauffement climatique
11:30alors que les scientifiques alertent en disant qu'à ce stade nous dépassons les prévisions les plus pessimistes
11:36et que nous sommes sur la voie d'un réchauffement au-dessus de 3 degrés.
11:39Voilà le danger de ce budget.
11:41Si vous n'êtes pas écouté, rien n'est exclu, y compris des mobilisations à la fin de l'année et pourquoi pas autour de Noël.
11:47Je voulais vous entendre sur la deuxième journée de solidarité comme l'est le lundi de Pentecôte
11:51qui est aujourd'hui un jour férié mais non chômé.
11:54La proposition ne figure pas formellement dans le budget mais elle est jugée très intéressante par le ministre de l'économie.
11:59Ça rapporterait 2,4 millions d'euros, Sophie Binet, pour financer les EHPAD. Pour ou contre ?
12:04Écoutez, c'est le festival des horreurs avec ce gouvernement.
12:07On a l'impression que c'est Halloween tous les jours.
12:09Donc moi j'appelle le gouvernement encore une fois...
12:11Plutôt contre ?
12:12Mais totalement contre.
12:13Évidemment, il faut prendre l'argent là où il est, c'est-à-dire chez les plus riches et dans les plus grandes entreprises
12:18qui se sont considérablement enrichies ces dernières années grâce à la politique de l'offre d'Emmanuel Macron
12:23qui est un désastre.
12:24Le ministre de l'économie dit pourquoi pas parce qu'en fait en France on travaille moins qu'ailleurs.
12:28Et si on veut désendetter, il faudra travailler plus.
12:31C'est pas vrai en fait, ça dépend comment on compte.
12:34Mais les Françaises et les Français ne travaillent pas moins qu'ailleurs.
12:37Tout dépend comment sont construites les comparaisons.
12:39Autre argument d'ailleurs du gouvernement, c'est de dire si on ne fait pas des efforts sur les arrêts maladie,
12:42si on ne fait pas des efforts sur le jour férié, il faudra prendre des décisions beaucoup plus douloureuses,
12:48y compris supprimer des postes dans la fonction publique.
12:51C'est un chantage inacceptable ?
12:53C'est vrai, la fonction publique pourrait faire quelques efforts, les moins indolores possibles,
12:58ça éviterait un plan social d'ampleur.
13:00C'est pas vrai en fait. Dans le budget du gouvernement, il y a des suppressions de postes dans la fonction publique.
13:04Il y a 4 000 suppressions de postes d'enseignants qui sont prévues dans ce budget,
13:09alors que celles et ceux qui nous écoutent savent qu'il y a des milliers d'élèves qui n'ont pas d'enseignant en face.
13:14C'est pour ça que c'est un budget qui est dangereux.
13:16Mais vous ne dites pas qu'il y a trop de fonctionnaires en France.
13:18Je ne m'attendrais pas à ce que vous le disiez, Sophie Binet, mais Michel Barnier...
13:21Au contraire, il n'y a pas assez de soignantes et de soignants dans les hôpitaux, il n'y a pas assez d'enseignants et d'enseignants.
13:25Quand on compare, nos voisins européens ont beaucoup moins de fonctionnaires.
13:28Je cite le Premier ministre, il y a quelques jours, chez nos confrères du journal de dimanche,
13:32nos voisins européens, dit-il, ont beaucoup moins de fonctionnaires et ne semblent pas plus mal administrés pour autant.
13:37Ça dépend. En matière de santé, par exemple, on peut être fier d'avoir jusque là un des meilleurs systèmes de santé au monde.
13:43Et le problème, c'est que ce budget va mettre à mal l'état de nos hôpitaux, de nos EHPAD.
13:49Donc là aussi, c'est un chiffon rouge pour vous. On ne touche pas au nombre de fonctionnaires.
13:52Il faut arrêter de faire comme si les fonctionnaires, c'était le problème.
13:56Les fonctionnaires ne sont pas des boucs émissaires. Ils ne sont pas responsables de la dette.
13:59Ce n'est pas vrai que c'est l'augmentation de leurs effectifs qui a entraîné l'augmentation de la dette.
14:03Ce n'est pas ce que dit le gouvernement. Le gouvernement dit que tout le monde doit faire des efforts.
14:05Oui, sauf qu'aujourd'hui, il ne fait pas faire d'efforts à tout le monde, puisque les plus riches ne sont pas mis à contribution.
14:10Moi, je l'appelle tout simplement à respecter le vote des députés et à prendre en compte tous les amendements qui ont été votés la semaine dernière
14:17qui permettent de faire entrer des milliards de recettes dans les caisses.
14:20Il faut taxer les dividendes. Il faut taxer les rachats d'actions. Il faut rétablir l'ISF.
14:24Il faut rétablir la fiscalité sur les plus grandes entreprises. Le problème de la dette, avec ça, sera réglé.
14:29Les entreprises, elles, mettent en garde en disant, attention, si vous faites tout cela, vous touchez à la compétitivité des entreprises, vous touchez à l'emploi.
14:36Et pourtant, vous y tenez, vous, à ces mesures. Par exemple, revenir sur les allégements de cotisations patronales pour les entreprises.
14:43Vous dites qu'il faut le faire. Il faut le faire, même si ça se traduit par des destructions d'emplois.
14:48Mais d'abord, ce n'est pas vrai. Il y a un rapport qui est sorti qui montre qu'il y a 75 milliards d'exonérations de cotisations sociales chaque année pour les entreprises.
14:57C'est colossal. C'est quatre fois le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche.
15:00Et que ces exonérations, tout le monde dit et reconnaît que ce sont des trappes à bas salaire qui incitent à mal payer les salariés.
15:07Donc oui, il faut sortir de ces exonérations de cotisations sociales qui tirent les salaires vers le bas.
15:13Vous avez recensé, d'ailleurs, la CGT, déjà 180 plans de licenciement qui concernent, en termes d'emplois, vous dites, autour de 100 000 salariés.
15:21Le patronat, on l'entend, vous êtes en désaccord sur l'analyse faite par le MEDEF sur le budget, sur les plans sociaux à venir.
15:30Si le budget, dans sa version initiale, était conservé, vous demandez un moratoire même sur les licenciements au gouvernement.
15:37C'est quoi un moratoire sur les licenciements ?
15:39Un moratoire, c'est tout simple. C'est ce qu'on a fait pendant le Covid, c'est-à-dire de mettre en place l'activité partielle pour maintenir le contrat de travail des salariés, leur salaire.
15:51En fait, pas si cher que ça, parce que quand on regarde ces licenciements, c'est énorme à l'échelle de l'industrie,
15:57puisque c'est quasiment 200 plans de licenciement qu'on a recensés qui concernent plus de 100 000 salariés.
16:03Dans l'automobile, l'aéronautique, la chimie...
16:05Toute l'industrie, en fait, aujourd'hui, va très très mal. Mais par rapport à ce qu'on a fait pendant le Covid, c'est l'épaisseur du trait.
16:11Et ça permettrait quoi ? Ça permettrait qu'on ait le temps pour construire des projets alternatifs pour maintenir l'emploi sur le territoire et surtout maintenir les qualifications.
16:19Parce que nous, nous alertons très solennellement. La situation de l'industrie est gravissime.
16:25On est dans un moment où on peut définitivement détruire notre tissu industriel si on laisse faire cela.
16:31Donc il faut immédiatement des mesures de protection de notre industrie.
16:35C'est ce que l'Allemagne avait fait en 2008-2009, c'est ce qu'on a fait pendant le Covid, donc on sait faire.
16:40Et ce qu'il faut, c'est nous donner des droits et des prérogatifs pour que nous puissions construire des projets d'avenir pour notre industrie,
16:47indépendamment de la financiarisation du secteur qui le tue.
16:50Sophie Binet, est-ce que vous allez lire le livre de Jordan Bardella ?
16:53Je ne pense pas.
16:55Pourquoi ?
16:56Parce que je n'ai déjà pas assez le temps pour lire tous les livres intéressants qui sortent et donc je n'ai pas le temps à perdre pour lire un livre de propagande.
17:02Le président du Rassemblement National, vous dites livre de propagande, je précise qu'on n'en a pas encore les épreuves,
17:07mais qu'effectivement ce qui se préfigure, enfin en tout cas ce qui se raconte au Rassemblement National,
17:12c'est que ce livre prépare une campagne permanente en cas de dissolution l'année prochaine.
17:16D'ailleurs le président du Rassemblement National raille, parlant notamment de la CGT,
17:21une nostalgie des régimes totalitaires chez une partie des syndicats de gauche,
17:26lesquels se sont réjouis que la régie de la SNCF s'oppose à une campagne de publicité pour ce livre qui doit apparaître le 9 novembre.
17:32Est-ce que la CGT a joué un rôle dans l'interdiction de la publicité pour ce livre ?
17:37La CGT a tout simplement appelé la direction de la SNCF à respecter le principe de neutralité qui est fondamental pour nos services publics.
17:45Mais je ne suis pas sûre que si nous n'avions pas fait ça, la direction de la SNCF n'aurait pas pris cette sage décision,
17:51qui est la décision qui est prise de façon systématique.
17:54Il faut que Jordan Bardella arrête son cirque, il faut qu'il arrête de se victimiser.
17:57C'est de la censure ?
17:58Non, ce n'est pas de la censure, c'est ce qui est fait systématiquement.
18:01Avant lui, c'est un affichage pour Walidia, un humoriste qui est combattu par l'extrême droite,
18:06qui a été interdit par la SNCF au nom de la neutralité du service public.
18:10Sauf qu'Elisabeth Borne et Bruno Le Maire, par exemple, avaient pu bénéficier d'une campagne de pub.
18:14Jordan Bardella, non. Il n'y a pas un problème ?
18:17Non, c'est normal.
18:19Ce serait quand même très choquant que dans des gares qui sont des lieux de services publics,
18:24il y ait des pubs pour un livre d'un dirigeant d'extrême droite.
18:29C'est juste le principe de neutralité du service public qui s'applique ici, qui me semble très important.
18:34Mais dans ces gares, il peut aussi y avoir des électeurs du RN qui ont envie d'acheter et de lire le livre de Jordan Bardella.
18:41Ils peuvent l'acheter partout, dans les relais, il sera à vendre, il n'y a pas de souci.
18:44Il n'y aura pas de campagne de la CGT pour aller, par exemple, retirer les livres des rayons du relais ?
18:50Ce que semble craindre le RN quand il évoque votre rapport à la liberté ?
18:55Le RN arrête les délires et arrête d'inverser les choses.
18:59C'est le RN qui est l'héritier d'un parti fondé par les Waffen-Essens.
19:04C'est la CGT qui s'est toujours battue pour la liberté, notamment pendant la Deuxième Guerre mondiale,
19:08avec des cheminots et des cheminottes qui ont été fusillés par centaines, déportés par milliers,
19:13à cause des actions de résistantes qu'il et elle ont menées contre l'occupant nazi et contre le régime de Vichy,
19:19dont le Rassemblement national est l'héritier.
19:21Il faut arrêter d'inverser les choses. Nous, on connaît notre histoire.
19:25Sophie Binet, dernière question, vous combattez tant le RN dans votre parcours politique,
19:30c'est quelque chose qui ressort notamment que vous refusez de lui accorder le point sur la réforme des retraites
19:35que Marine Le Pen souhaite abroger. Elle présente un texte ce jeudi à l'Assemblée.
19:39Est-ce que pour vous, les parlementaires doivent voter contre ce texte, y compris les parlementaires de gauche ?
19:46Pour nous, les parlementaires doivent abroger la réforme des retraites.
19:49Et cette abrogation de la réforme des retraites, elle se passe aujourd'hui à 16h,
19:52puisqu'il va y avoir des amendements au projet de loi de financement de la Sécurité sociale
19:56qui vont prévoir l'abrogation de la réforme des retraites.
20:00Donc c'est aujourd'hui à 16h qu'il faut abroger cette réforme des retraites.
20:04Et donc je dis pas une voix pour la proposition de loi du RN ?
20:07Écoutez, nous n'avons pas de député, donc moi je ne donnerai évidemment pas de consigne de vote.
20:11Ce que je dis tout simplement, c'est que ce n'est pas cette proposition de loi qui va permettre d'abroger la réforme des retraites
20:16parce que chacun sait que pour qu'une loi soit adoptée, il faut qu'elle passe à l'Assemblée et au Sénat.
20:21Sauf peut-être Marine Le Pen qui ne l'a peut-être pas compris.
20:24Et donc cette proposition de loi, c'est une loi sans lendemain parce qu'elle n'arrivera jamais au Sénat
20:28et qu'en plus elle n'est pas financée, elle ne finance pas notre système des retraites.
20:32Pourquoi ? Parce que le Rassemblement National refuse de s'attaquer au patronat et de faire payer les entreprises.
20:39Pour payer notre système de retraite, il faut augmenter la taxation des dividendes, les cotisations sociales, etc.
20:46Et ça, le Rassemblement National le refuse.
20:49Et c'est le message que vous êtes venu passer ce matin.
20:51Pour désendetter, il faut mettre davantage à contribution, dites-vous.
20:54Les entreprises et les plus riches.
20:56Merci à vous Sophie Binet.

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