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Pour faire 5 milliards d'euros d'économies supplémentaires, le gouvernement veut réduire "de 1,2 milliard les dépenses liées aux arrêts-maladie dans la fonction publique", notamment en passant le délai de carence de un à trois jours. Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT fonction publique, était en direct sur BFMTV pour porter la voix des fonctionnaires.

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Transcription
00:00L'information a été rendue publique hier, elle a été communiquée aux journalistes et on a eu, en fin d'après-midi, peu de temps avant que ce soit communiqué très publiquement, l'information par le ministre.
00:17Mais il n'y a eu aucun dialogue social.
00:19Aucun dialogue avant. Laurent Neumann, l'argument du gouvernement, c'est de dire, écoutez, un, ça permet d'économiser un milliard d'euros et deux, ça met à égalité le public et le privé.
00:30Alors, d'abord, il faut être précis. Ce qui permet d'économiser un milliard d'euros, ce n'est pas simplement le jour de carence. Le jour de carence, en réalité, passer de 1 à 3 pour aligner le public sur le privé, ça ne fait économiser que, dans le meilleur des cas, 300 millions d'euros.
00:48Voilà. La vérité, c'est que pour arriver à un milliard d'euros, on va aussi réduire la prise en charge du salaire de 10%. Donc, si vous agitez les 10% d'un côté et les 10% de l'autre, ça veut dire que ceux qui sont malades, donc absents pour cause de maladie, vont perdre 20% de leur salaire.
01:06C'est pas rien. Alors, souvent, l'argument, c'est de dire que c'est une question de justice sociale. A priori, il faut aligner la fonction publique sur le privé. Il n'y a pas de raison que les fonctionnaires soient mieux traités, sauf que dans le privé, vous avez des complémentaires santé.
01:21Et quand vous êtes salarié du privé d'une grande entreprise généreuse qui a les moyens, tout ça est pris en charge et compensé par votre entreprise, ce qui n'est pas le cas dans la fonction publique, par définition, puisque l'employeur, c'est l'État.
01:34Donc, c'est une vieille idée qui tourne, etc. Le premier à l'avoir mis sur la table, c'était Édouard Philippe. Vous vous souvenez, en 2018, il n'y avait pas de jour de carence. Il avait décidé d'en mettre un.
01:47– Il y en a eu un. Mylène Jacot. D'abord, deux choses. L'absentéisme serait en train d'exploser. C'est des chiffres qui sont repris aujourd'hui par les ministres, avec un nombre de jours d'absence qui auraient augmenté de 80% entre 2014 et 2022.
01:58Ça, c'est le premier chiffre qui est donné. Et puis, Benoît a en parlé, l'étude de l'INSEE, qui concerne par exemple l'éducation nationale. Entre 2012 et 2018, la différence entre les deux dates, c'est qu'on a instauré un jour de carence et que l'absentéisme a baissé de 23%, avec des effets pervers, c'est ce que dit l'INSEE.
02:14Mais quand même, l'absentéisme a baissé. Qu'est-ce que vous faites de ces arguments-là ?
02:18– Premièrement, je me refuse à employer le mot absentéisme. On n'a pas des agents qui cherchent par tous les moyens à ne pas venir. Il y en a quelques-uns, mais ce n'est pas pour quelques abus qu'il faut punir 5 millions d'agents publics.
02:31Donc on parle d'absence. Des absences qui sont, la plupart du temps, liées aux conditions d'exercice, qui sont dégradées. On a 60 000 postes vacants.
02:40Ces 60 000 postes vacants, ils pèsent sur les usagers, mais ils pèsent aussi sur les agents qui restent, qui doivent assurer le boulot, comme on dit.
02:48Il y a des conditions d'exercice qui font que les collègues ont des métiers difficiles. Si vous regardez dans la fonction publique territoriale, tous les métiers en lien avec la petite enfance,
03:00tous les métiers techniques, l'hôpital, où il y a non seulement la difficulté du métier en lui-même, mais en plus les postes vacants, là aussi on le voit.
03:10Les enseignants, on parle du rhume ou de la grippe, c'est les symptômes les plus connus. Les enseignants du premier degré ont une prévalence d'infection urinaire plus élevée que dans le reste de la population.
03:24Pourquoi ? Pas parce qu'il y a des problèmes d'hygiène dans les toilettes, parce qu'ils doivent rester en classe. Mais ça, ça ne sera pas reconnu comme une maladie professionnelle.
03:34Donc on a des gens qui tomberont malades et qui tombent déjà malades du fait de leur métier, souvent, et qui vont être doublement pénalisés.
03:44C'est une mesure, en plus, j'ai fini, même le rapport qui a été publié début septembre sur la revue des dépenses, qui préconisait l'instauration des trois jours de carence, la baisse des IG, etc.
03:56Ce même rapport prenait toutes les distances qu'il fallait prendre avec les données statistiques qui mesurent l'utilité, l'efficacité de ces mesures.
04:07Donc oui, on a aujourd'hui vraiment de la colère et une forme de sidération, je le dis, devoir mobiliser des mesures qui n'ont absolument pas fait la preuve.
04:19Mais la dernière fois qu'on s'est vu sur ce plateau, Mylène Jacot, c'était aussi pour parler des fonctionnaires, et notamment du fait qu'ils étaient trop nombreux et qu'il fallait supprimer un certain nombre de postes, c'était la volonté du gouvernement.
04:28Vous entendez aussi l'argument qui est de dire, que ce soit sur les arrêts maladie, sur l'absence, sur le nombre de fonctionnaires, que beaucoup de Français peuvent se dire, en fait, on n'en a plus pour notre argent.
04:38On n'en a plus pour notre argent et on paye un certain nombre de fonctionnaires, peut-être plus élevé qu'ailleurs en Europe ou dans le monde, et qu'on n'est plus récompensé, entre guillemets, par un service public à la hauteur.
04:49Sur la part de l'emploi public, je ne parle pas du statut, je parle de l'emploi public. On est dans la moyenne européenne. On n'a pas un emploi public qui serait totalement délirant, supérieur, etc. On est dans la moyenne en France.
05:03Quand les citoyens ont l'impression de ne plus en avoir pour leur argent, il faut les écouter. Ils ont l'impression de manquer de services publics sur les territoires, de ne plus avoir accès à la santé, de ne plus avoir accès aussi facilement qu'avant à l'école publique.
05:20On a plein de services comme ça et d'attentes qui sont exprimées par les usagers. Les fonctionnaires, c'est des citoyens comme les autres. On est conscient des difficultés économiques qui sont celles du pays.
05:31Mais les fonctionnaires et l'ensemble des agents publics ne peuvent pas être les boucs émissaires de la dette. La CFDT a des propositions claires. On appelle à l'organisation d'une conférence sur les finances publiques, qui dit finances, dit pas seulement dépenses, dit aussi recettes. Il faut qu'on regarde tout ça, mais collectivement.
05:52Je peux juste vous poser une question. Est-ce que vous accepteriez de travailler sur cette idée d'une mise à égalité des jours de carence dans le public et dans le privé, mais accompagnée d'un grand plan d'accompagnement pour améliorer, par exemple, les conditions de travail dans les services publics ? Est-ce que ça, par exemple, les syndicats auxquels vous appartenez, ça pourrait être une hypothèse de travail ?
06:14Ce n'est pas une hypothèse, c'est une exigence. C'est une exigence. On demande l'ouverture d'une négociation sur la qualité de vie et les conditions de travail depuis des mois.
06:24Et si ça existait, vous accepteriez les jours de carence ?
06:27Je finis. Cette négociation, elle était sur les rails au moment de la dissolution. Depuis, plus rien. Sur les jours de carence, on conteste aussi l'argument du gouvernement qui est de dire on aligne, vous l'avez rappelé, dans le secteur privé, la compensation des jours de carence et même du montant des indemnités journalières fait partie du panier de la négociation quand il s'agit de discuter des couvertures complémentaires santé et prévoyance.

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