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Transcription
00:00Le développement des localités, qu'il s'agisse des régions, départements, sous-préfectures,
00:11communes et villages, est guidé par la réalisation des infrastructures.
00:15Face à des demandes énormes, l'État est obligé de programmer la réalisation des
00:19projets dans le temps, en fonction des priorités.
00:22Parmi ces infrastructures, les routes de bonne qualité occupent une place de choix.
00:27Ces dernières années ont vu l'émergence de nouvelles démarches fondées sur la participation
00:31des populations.
00:32Aujourd'hui, nous allons aborder la question de l'approche participative en matière de
00:36développement économique, culturel et local des localités incluses dans le découpage
00:41régional de la Côte d'Ivoire.
00:43Pour ce faire, nous recevons le professeur Jean-Claude Tia, il est entre autres professeur
00:48des universités, fonctionnaire du régime international à la Commission de l'Union
00:53des collectivités monétaires ouest-africaines, expert auditeur professionnel à la présidence
00:58de cette institution internationale ouest-africaine.
01:01Bienvenue à tous dans ce nouveau numéro de C'est-à-dire, bienvenue professeur.
01:05Merci.
01:06Alors, professeur, quelle est la signification du développement participatif que l'on appelle
01:12parfois la participation populaire au développement ?
01:14Alors, comme vous le disiez bien, le développement participatif, vous avez le mot participatif
01:21qui accompagne donc le développement et on dit souvent qu'il s'appelle participation
01:27populaire des populations, n'est-ce pas, aux actions de développement.
01:31C'est une approche qui appelle la participation des bénéficiaires à la réalisation des
01:38projets qui les concernent.
01:40C'est une méthode qui est apparue dans les années 1970, donc qui est encore d'usage
01:46et qui est principalement utilisée par plusieurs techniques et financiers, notamment la Banque
01:51mondiale, la Banque africaine de développement, l'ACDI qui est l'agence canadienne de développement
01:54international et une agence qui est, n'est-ce pas, au niveau de l'AIN, l'IADP, qui l'utilise
02:01également.
02:02Donc, c'est une approche qui est beaucoup utilisée dans nos régions, surtout en matière
02:07dans les zones rurales.
02:09Alors, le développement participatif recentre donc le développement sur la base du social.
02:14Y a-t-il d'autres perspectives concernant cette approche de développement ?
02:17Alors, en général, il y a deux perspectives.
02:20Il y a donc la perspective du mouvement social que vous venez donc d'évoquer et la perspective
02:26institutionnelle.
02:27Alors, dans la perspective du mouvement social, ce sont les populations qui prennent l'initiative,
02:33n'est-ce pas, de se concerter, de concerter les institutionnels, les gestionnaires de
02:36projets, les espèces extérieures pour arriver à un résultat dont ils sont bénéficiaires.
02:43Dans la perspective institutionnelle, par contre, c'est plutôt les espèces extérieures,
02:48les sachants, qui, n'est-ce pas, pilotent le projet et ils font appel aux populations
02:55juste pour recueillir leurs avis, pour avancer dans le projet.
03:00Donc, les deux perspectives sont différentes.
03:03Dans la perspective du mouvement social, on brise la chaîne de hiérarchie.
03:07Alors que dans la perspective institutionnelle, la hiérarchie existe.
03:11Elle est celle qui est pilotée par les gestionnaires de projets, par les administratifs, les parties
03:15prenantes, notamment l'État, les collectivités territoriales, etc.
03:19Et les bailleurs de fonds, les partenaires techniques et financiers, sont donc au sommet
03:24de la hiérarchie.
03:25Et les populations bénéficiaires sont au bas de l'échelle.
03:29Voilà donc les deux perspectives en matière de développement participatif.
03:33Alors, vous avez parlé tout à l'heure de partenaires techniques et financiers.
03:37Vous en avez cité plusieurs.
03:39Est-ce qu'il existe également plusieurs variantes de développement participatif ?
03:42Oui, il y a plusieurs variantes.
03:44Notamment, ces variantes suivent les caractéristiques même de fonds participatifs.
03:49Donc, la première variante qui suit la première caractéristique, c'est la participation passive.
03:57Alors, dans la participation passive, c'est juste l'information qu'on donne aux populations
04:00bénéficiaires.
04:01Après, vous avez la participation par consultation.
04:05Donc là, les institutionnels, tout comme les bénéficiaires, sont concertés.
04:10Les institutionnels consultent les bénéficiaires, qui donnent leur avis.
04:15Mais les avis ne sont pas forcément pris en compte parce qu'ils sont en phase d'essayer.
04:19Pour que ces avis soient pris en compte, il y a l'autre variante qui intervient, c'est
04:23la variante par collaboration.
04:25Donc, dans la variante par collaboration, là, les bénéficiaires donnent leur avis
04:31en espérant que ces avis soient pris en compte.
04:33Pour que ces avis soient pris en compte, qu'est-ce qu'on doit faire ?
04:35On va faire donc du renforcement des capacités, de sorte que les populations bénéficiaires
04:39soient au même niveau de connaissances que les institutionnels.
04:43Et puis, la forme idéale qui va apparaître à la fin, c'est la participation à l'autonomisation.
04:51Alors là, toutes les parties prenantes sont au même niveau d'égalité, au même niveau.
04:56On parle donc de parties prenantes primus inter pares, c'est-à-dire qu'elles donnent
05:01des décisions collégiales, c'est la collaboration à tous les niveaux.
05:06Maintenant, les partenaires techniques et financiers vont utiliser chacun des partenaires
05:11techniques et financiers, l'une des composantes, l'une des variantes, selon leur goût.
05:17Quand vous prenez par exemple la GTZ, qui est la coopération allemande, elle va utiliser
05:25beaucoup plus le partage de pouvoir que vous retrouvez dans la forme collaborative.
05:32Quand vous prenez la Banque mondiale, l'AGDI, la BAD, etc., vont plutôt utiliser l'apprentissage
05:38mutuel, qui est aussi une forme de collaboration, mais qui est envers la forme idéale de l'autonomisation.
05:43Et de plus en plus dans la zone rurale, les barrières de fond vont utiliser l'EEP,
05:48qui est l'évaluation rurale participative.
05:50Donc à la fin du projet, même si on est passé par des méthodes traditionnelles,
05:55si on n'a même pas utilisé la méthode participative, à la fin du projet, certains
05:58barrières de fond vont faire appel à la méthode participative pour demander aux populations
06:02bénéficiaires d'évaluer le projet, leur satisfaction.
06:05Ce sont des enquêtes de satisfaction, on fait des séminaires pour voir comment ils
06:11ont été servis, s'ils sont satisfaits.
06:12Voilà un peu ces variantes-là et ce qu'on constate dans la pratique.
06:19Alors comment s'opère la mise en œuvre de l'approche participative pour les différents
06:23projets de développement ?
06:24Alors l'approche participative, pour la mettre en œuvre, on a deux méthodes.
06:29Soit on utilise donc les espaces invités, là, dans un cadre formel, on fait le lancement
06:38du projet, nous appelons donc les populations bénéficiaires, toutes les parties prenantes
06:43à venir de façon volontaire, elles viennent.
06:46Et puis l'autre approche, c'est, alors, si on ne passe pas par les espaces invités,
06:52il y a les espaces revendiqués, c'est-à-dire que le Patent Technique Financier, les SPS
06:58du projet, commencent le projet et les populations se sentent exclues et donc elles revendiquent
07:05leur prise en compte dans la gestion du projet.
07:08Donc ce sont les deux méthodes qui existent, dans tous les cas on arrive au même résultat,
07:11que ce soit par les espaces invités ou les espaces revendiqués, on prend en compte
07:15donc l'avis des populations bénéficiaires.
07:18Alors la perfection n'existant pas, quelles sont en règle générale les critiques qui
07:23sont formulées contre l'approche participative, pour vous qui avez déjà pratiqué cette approche-là
07:29ou qui l'a pratiquée, on va dire ?
07:30Oui, sur le projet qui nous concerne, au niveau de BAMBÉ-GUINÉ, les valeurs de fonds, généralement,
07:39nous voyons trois types de reproches à l'approche participative.
07:43Alors, le coût de démarrage du projet peut être élevé, quand on parle du coût du
07:50projet, il ne veut pas seulement l'aspect financier, la prise en compte des ressources
07:55humaines qui apporte leur participation en termes d'avis, cette prise en compte-là
08:03de ressources humaines fait que le coût en ressources humaines sera élevé.
08:07Bon, tout n'est pas forcément chiffré, parce que les populations viennent de façon
08:10bénévole, mais en termes de ressources humaines mobilisées, c'est un coût.
08:13Alors, il y a aussi la durée du projet qui peut être allongée.
08:17Dans un projet traditionnel, si on devait mettre deux ans ou trois ans, avec l'approche
08:22participative, du fait que nous consultons les populations, il faut ajouter peut-être
08:27six mois, voire un an en plus.
08:29Donc, c'est souvent cela qui est reproché à l'approche participative.
08:33Et puis, dans l'approche participative, les populations qui sont concernées et qu'on
08:38consulte sont restantes.
08:41On ne prend que les populations effectivement concernées, alors que dans une approche
08:45de développement traditionnel, la population est beaucoup plus large.
08:50Prenons par exemple l'exemple d'une distribution d'aide alimentaire, si nous faisons
08:55parler l'aide alimentaire.
08:58Si nous utilisons un méthode traditionnel, on peut faire l'aide alimentaire en vrac.
09:02Sur le fait en vrac, les bénéficiaires sont nombreux.
09:05Mais si on utilise l'approche participative, nous allons demander aux bénéficiaires qui
09:09sont ceux qui ont vraiment besoin d'être aidés.
09:13Ils vont indiquer de façon précise ceux qui ont besoin d'être aidés.
09:15Donc, vous voyez que la population sera plus redoute.
09:18C'est la même chose pour le projet routier qui nous concerne.
09:21Si on utilise l'approche traditionnelle, nous sommes obligés de demander, par exemple,
09:27à tout le département ce qu'il pense.
09:29Alors que dans l'approche participative, c'est seulement les villages qui sont traversés
09:34par le projet, qui sont consignés et donc qui seront prises comme parties prenantes
09:38dans le projet, par l'approche participative.
09:41Donc, voilà ce qu'on peut reprocher, les trois aspects qu'on peut reprocher à l'approche
09:46participative. D'une part, sur le coût, surtout au démarrage.
09:49D'autre part, sur la durée.
09:50Et enfin, sur les populations consignées qui sont consultées.
09:54Très bien. Alors, avant de parler des inconvénients, en quelque sorte,
09:59avant de parler des avantages, de façon pratique, comment les populations,
10:03ces populations-là sont prises en compte?
10:06Comment vous les regroupez?
10:08Vous envoyez des invitations?
10:09Comment ça se passe? En général, c'est dans des villages.
10:12Comment vous arrivez à avoir l'avis de ces populations-là?
10:16Alors, dans une phase préalable, disons, d'analyse préalable au niveau du projet,
10:23il faut consulter les institutionnels, c'est-à-dire les administratifs.
10:27Dans le découpage régional local, le sous-préfet, le préfet
10:32sont consultés en premier lieu.
10:34Ensuite, au niveau du département, nous voyons donc la géroute,
10:39par exemple, le projet routier qui nous concerne,
10:41qui est le démembrement du ministère au niveau local.
10:45Ensuite, il y a la chef érique de chacun des villages.
10:48Donc, les chefs ériques sont consultés à l'effet de dire bon,
10:53voilà ce que vous nous avez demandé de faire.
10:55Vous savez, par exemple, en région Yakouba,
10:58les populations expriment leurs besoins à l'occasion des fêtes.
11:02Nous, par exemple, chez nous, la fête des Ignames,
11:04qui est donc une prétence pour se retrouver au palais de développement.
11:09À cette occasion, les populations exprimaient au cadre
11:13le besoin fondamental d'avoir une route parfaitement en bon état.
11:17Alors, comment on les consulte par la suite?
11:20Par la chef érique, nous sommes prêts par rapport à ce projet.
11:24Nous venons de nouveau vous consulter,
11:25de sorte que toutes les parties prenantes à votre niveau,
11:30tous les fils de cette région, de ces villages qui sont traversés,
11:33qui veulent apporter leurs contributions, n'est-ce pas?
11:36En termes d'appui, par exemple, les camions qui seront conduits
11:40auront besoin de main-d'oeuvre, de chauffeurs, de main-d'oeuvre, etc.
11:44pour prendre du sable, de gravier, etc.
11:46Les jeunes seront donc disponibles, mais par information de la chef érique.
11:50Donc, en pays Yakouba, il faut donner de la boisson, de la liqueur.
11:55Il faut faire des libations.
11:57Ensuite, les chefs informent les différents mouvements,
12:00les associations, les associations des femmes,
12:03les associations des jeunes, etc.
12:05Et tout le monde se trouve bien éduqué, voilà, qui relaie.
12:07Et après, tout le monde se sent concerné.
12:10Et nous pouvons passer donc à la phase de démarrage.
12:12Et dans la phase de démarrage, nous impliquons encore sa population.
12:15Quand on fait le démarrage, par exemple,
12:19dans un hôtel de la place, etc.
12:23Les mêmes chefs du village, les institutionnels, les administratifs,
12:26les responsables locaux sont encore invités
12:30pour venir participer et apporter, n'est-ce pas, encore là, leur grain de sel.
12:36Et cela est important aussi pour les PTF, les partenaires techniques et financiers,
12:39qui voient qu'effectivement, nous utilisons la méthode participative,
12:43ce que nous leur disons, nous faisons un besoin participatif.
12:45Nous en approuvons que la population a été vraiment consultée.
12:50Très bien. Alors maintenant, les points forts de cette approche participative
12:55qui est utilisée comme méthode de développement décentralisée.
12:59Alors, les points forts sont, disons, en plus grand nombre que les points faibles.
13:06Le point faible concernant le coût dont on parlait tout à l'heure
13:10est rattrapé à long terme.
13:13Vous savez, en matière de développement, le coût terme, c'est de 1 à 5 ans,
13:18le moyen terme de 5 à 10 ans et le long terme au-delà de 10 ans.
13:21Donc, si vous prenez un projet routier à court terme, au démarrage,
13:26vous aurez des coûts élevés en utilisant la méthode participative.
13:29Mais à long terme, au-delà de 10 ans, les effets sont très bénéfiques.
13:35Donc, en termes financiers, le coût se trouve amoindri.
13:39Dans la gestion à long terme.
13:42Ensuite, vous avez le fait qu'en utilisant la méthode participative,
13:46le projet est plus durable.
13:48Donc, deuxième avantage.
13:49Troisième avantage, il y a une plus grande efficacité.
13:52Vous voyez, les populations qui se sentent concernées vont mieux entretenir cette route.
13:57Et puis après, les résultats qu'on obtient sont répartis de façon équitable.
14:03Vous voyez, les bénéficiaires sentent l'utilité de l'infrastructure
14:08au même niveau que le sous-préfet ou le préfet qui utilise la route.
14:13Le paysan se sentira satisfait au même niveau que les espèces terrestres.
14:19Donc, voilà les quatre types d'avantages que la méthode participative peut présenter.