Tous les vendredis, samedis et dimanches à 19h17, Pascale de La Tour du Pin reçoit un invité au cœur de l'actualité politique pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment.
Retrouvez "L'interview politique d'Europe 1 Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-deurope-1-soir-week-end
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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatour-Dupin.
00:05Frédéric Dhabi, directeur général opinion de l'IFOP est avec nous, merci beaucoup Frédéric Dhabi d'être là.
00:12Bonsoir, on va parler évidemment du record d'impopularité d'Emmanuel Macron mais d'abord je voudrais vous faire réagir
00:18parce que moi je suis désolé mais le doliprane qui passe au pafillon américain, on vient de l'apprendre ce soir,
00:22malgré, pardon, mais malgré effectivement toute la polémique politique qui a été suscitée par l'annonce de ce projet,
00:28tout ce qu'ils ont tenté de mettre en place pour que ça n'arrive pas à échouer, le doliprane va passer sous le pavillon américain.
00:35Avant de vous entendre Frédéric Dhabi, peut-être un mot, Paul Melun ?
00:38Moi je trouve que c'est très très problématique, nous n'avons pas pris les leçons du passé.
00:44Vous savez quand on s'est réveillé pendant le Covid et qu'on a dû dealer sous le manteau des masques ou du gel hydroalcoolique
00:50parce que nous n'en avions pas en France, ça aurait dû nous servir aux leçons.
00:53Moi je crois que l'heure est aux relocalisations, l'heure est à la conservation de nos industries stratégiques.
00:58On n'en a pas les moyens, on n'en a pas les moyens, Paul Melun, rien n'est visiblement.
01:01Si il y a un secteur sur lequel il faut avoir les moyens, c'est bien celui-là.
01:03Bah oui, Jules Torres, le doliprane.
01:06Non mais moi je trouve que cette histoire est ahurissante, c'est-à-dire que personne n'a voulu défendre ce fleuron français,
01:14c'est-à-dire qu'on a des ministres qui sont montés au créneau en disant qu'ils allaient peut-être potentiellement mettre un droit de veto,
01:21le ministre du budget, le ministre des finances, on a une soixantaine de députés qui ont cherché à défendre,
01:27enfin en tout cas à nous faire croire qu'ils essayaient de défendre alors qu'ils savaient très bien que cette tentative était vaine,
01:32que cette opération irait au bout et que finalement on vendrait.
01:35Le doliprane, c'est la base de toutes les pharmacies françaises.
01:44C'est assez dingue, quand on fait des comparatifs, on voit que par exemple les Américains arrivent à conserver,
01:51on parle beaucoup d'Elon Musk, de Spacey qui arrivent à faire des alunissages,
01:55nous on n'arrive même pas à garder le doliprane.
01:58Le conseil d'administration de Sanofi devrait enterrer nez cette décision ce soir.
02:02Bon bah écoutez, pardon Frédéric Dhabi, mais c'est vrai que cette annonce sur le doliprane...
02:08Je rajoute également si vous voulez bien, c'est vrai que ce type de nouvelles fabrique de la défiance chez les Français à l'égard du pouvoir politique
02:17parce que ça met en scène une forme d'impuissance, je pense bien sûr à l'affaire de Florenge en 2013.
02:24Veuillez nous excuser, en fait on vous entend très très mal, vraiment très mal, donc je suis obligé de vous couper.
02:28Mais je suis obligé de vous couper, on va peut-être vous rappeler pour que la connexion soit correcte.
02:35On va commencer à parler de ce sondage qui nous a évidemment interpellé et c'est un sondage historique.
02:4278% des Français, ça fait 8 Français sur 10, sont mécontents d'Emmanuel Macron.
02:51Le président n'a jamais été autant rejeté par les Français.
02:55Michel Barnier chute aussi, c'est le résultat donc de ce sondage IFOP, JDD qui vient d'être publié, 13% de satisfaits.
03:01Mais on a touché le fond, Frédéric Dhabi est directeur général opinion de l'IFOP.
03:06On va le rappeler, il va nous expliquer effectivement quels sont les tenants et les aboutissants.
03:11Je voudrais d'abord qu'on écoute les Français eux-mêmes puisque cet après-midi à Europe 1,
03:15on est allé à la rencontre des Français et on leur a demandé de réagir à ce sondage avant de retrouver Frédéric Dhabi.
03:21Je trouve qu'il n'incarne rien.
03:22Je pense qu'il passe son temps à expliquer aux Français ce qu'ils doivent comprendre mais lui-même ne comprend pas les Français.
03:28Moi je trouvais que c'était un président qui aurait pu être plutôt bien au début et au final il n'a fait que s'enfoncer dans l'espèce de populisme.
03:38On s'est rendu compte qu'il représentait exactement tout ce qu'on n'aimait pas, c'est-à-dire ne pas écouter et d'en faire plus ou moins casse-la-tête.
03:44Beaucoup de fausses promesses, beaucoup d'espoirs qui n'ont été pas forcément réalisés.
03:49Il n'y a pas de cohérence en fait, on ne comprend pas où ça va.
03:52Au-delà même de l'idéologie d'être de droite ou de gauche, on a l'impression que ce n'est pas du tout maîtrisé.
03:56Il nous a rabâchés comme quoi il n'y aurait pas d'augmentation.
04:00Maintenant le gouvernement actuel nous en fout plein, plein d'impôts en plus.
04:04Il était pour les référendums, en fait il n'en a jamais fait.
04:07Il n'a pas insufflé un mouvement, il manquait une vision, il ne l'avait pas, il a essayé des trucs sans les expliquer, il n'a pas l'étoffe.
04:14Frédéric Dhabi, directeur général de l'opinion de l'IFO, vous venez d'entendre ces français qui commentaient et qui réagissaient à votre sondage.
04:2078% de mécontents. Comment vous expliquez surtout cette dégringolade si rapide ?
04:26Moins 9 points depuis mai dernier.
04:29Depuis mai dernier, c'est depuis cette dissolution qui a été annoncée au mois de juin.
04:34Je rebondis sur ce qui a été dit par un de vos auditeurs, c'est la question de la cohérence.
04:38Les français ne comprennent plus Emmanuel Macron et l'acte lourd dans ce cadre-là, c'est cet acte de dissoudre l'Assemblée qui a été jugé irrationnel, irréfléchi,
04:47qui a plongé le pays dans de l'incertitude, dans de l'inquiétude, même au soir du second tour et tout ça a, je dirais, cassé le lien entre les français et Emmanuel Macron.
04:58On savait que c'est 22% seulement de personnes satisfaites, c'est historiquement bas.
05:03Seul François Hollande, vous le disiez, a fait pire.
05:06Il est minoritaire dans toutes les catégories et ce qui me frappe, c'est le fait qu'il soit maintenant très bas dans des catégories qui étaient au cœur du macronisme.
05:13Les personnes âgées, les cadres supérieurs, il a quatre électeurs sur dix le 10 avril 2022, le premier tour de la présidentielle, où il y a du mécontentement.
05:22Clairement, il y a ce sentiment que le président, il y a une triple critique qui a été, je dirais, cimentée par la dissolution,
05:31c'est qu'il ne nous connaît pas, il ne nous comprend pas, il ne nous écoute pas et il y a maintenant des facteurs aggravants, notamment cette question de la dette qui inquiète beaucoup les français.
05:40Et on a l'impression aussi ces dernières semaines qu'on a un président, je ne sais pas si ça joue aussi dans le résultat de votre sondage, qui ne maîtrise plus grand chose.
05:48En tout cas, c'est le sentiment qu'il donne, même sa communication avec les fuites, pardon,
05:54mais ça fait junior les fuites concernant ses propos sur Israël en plein conseil des ministres.
06:01Est-ce que ça, ça joue aussi à détruire ou abîmer, en tout cas, son image ?
06:06Oui, ça joue parce que ça abîme la cohérence présidentielle et ça abîme les deux grands atouts qu'il avait jusqu'à, on va dire, 2022, jusqu'à sa réélection.
06:17La distinction, c'était celui qui était vu comme le meilleur dans le champ politique et sa capacité à transformer le pays.
06:24Il a perdu ses deux atouts, il est maintenant en cohabitation, en coexistence et les français trouvent même qu'ils parlent trop avec l'affaire d'Israël,
06:32qui lui a été très fortement reprochée parce que l'opinion publique reste favorable à Israël, elle est très anti Hamas et ça fait bien sûr mauvais genre.
06:40Ce n'est pas central par rapport au fait que, pour les français, il y a ce sentiment d'un président absent, déconnecté, qui ne les connaît pas, qui ne les comprend pas.
06:50Et c'est vrai qu'il n'y a eu depuis rien à marcher, en fait, depuis sa victoire à l'élection présidentielle.
06:55Il a gagné, il faut bien le dire, largement l'élection présidentielle de 2022.
07:00Il a fait un meilleur score au premier tour pendant 2017, il a surclassé Marine Le Pen, mais à partir de là, réforme des retraites qui a été vraiment un acte lourd.
07:08Et puis, cette dissolution a achevé de, je dirais, casser ce lien entre lui et les français.
07:17La meilleure chose qu'il pourrait faire peut-être, c'est recréer du désir, parler moins, peut-être être très silencieux jusqu'au 31 décembre,
07:25où il pourra peut-être remettre son action en perspective et peut-être s'expliquer.
07:29Alors justement, vous parliez de la réforme des retraites qui a plombé Emmanuel Macron.
07:34Les retraités, justement, c'était un peu son trésor électoral.
07:36Je parle sous votre contrôle, les plus de 65 ans qui ont massivement voté pour lui en 2017 et 2022.
07:44Sauf que là, cet électorat-là, dans votre enquête, il est en train de s'effriter sérieusement.
07:50Oui, c'est vrai qu'il perd 6 points chez les personnes de 65 ans et plus, 6 points chez les retraités.
07:56Vous vous rendez compte, 77% des retraités, alors que comme vous le dites, au premier tour, comme au second tour de l'élection présidentielle, il est arrivé en tête.
08:04Il est aussi très bas, 18% seulement de satisfaits, dans la France du travail.
08:08Vous pouvez perdre une élection présidentielle en ayant le vote des retraités, comme Giscard en 1981, ou même Nicolas Sarkozy en 2012.
08:17Vous ne pouvez pas gagner quand vous n'avez pas la France du travail.
08:20Et c'est vrai que cette France du travail, celle qui peine à la fin du mois, celle qui trouve qu'elle ne s'en tire pas, est très en colère vis-à-vis d'Emmanuel Macron.
08:32Même si je dirais que ce qui est absolument incroyable, c'est que la dissolution du 9 juin, ça fait maintenant bientôt 4 mois, mais ça reste comme l'acte symbole,
08:42l'acte traumatique d'un président qui n'écoute plus les gens.
08:46Et c'est vrai que j'ai rarement vu dans ma carrière, et c'est vrai que ce baromètre JDD, on le fait depuis de très très nombreuses années,
08:53une décision qui a été aussi mal comprise par les Français que cette décision du 9 juin, au soir des élections européennes.