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00:00Il est 7h46, vous avez la parole ce matin. On attend vos témoignages après cette nouvelle fusillade à Grenoble hier, Théo.
00:07Oui, une scène digne d'un Far West, des malfaiteurs qui bloquent un fourgon blindé au croisement des Cours Berria et Jean Jaurès.
00:13Des échanges de tirs à larmes lourdes au milieu des passants, le tout juste après 10h du matin dans le centre de Grenoble.
00:19Les malfaiteurs ce matin sont toujours en fuite. Quant aux convoyeurs de fonds, on va prendre de leurs nouvelles avec vous Stéphane Nicolas. Bonjour.
00:25Bonjour.
00:26Merci d'être en direct ce matin sur France Bleu Isère. Vous étiez du Force Ouvrière chez LUMIS à Grenoble, la société justement visée par les tirs hier par les malfaiteurs.
00:35D'abord, comment vont vos trois collègues ce matin ?
00:38Aux dernières nouvelles, ils vont bien. Ils ont été reçus au CHU de Grenoble hier parce qu'ils avaient des problèmes d'acouphènes, certainement,
00:48puisque comme ils ont tiré à l'intérieur du camion, ça fait énormément de bruit. Mais dans l'ensemble, certains sont choqués, évidemment, puisque ce n'est pas tous les jours qu'on vit ce genre de situation.
01:02Ils avaient déjà eu affaire à des situations pareilles ?
01:05Non, c'est une première. Ça fait 24 ans qu'il n'y a pas eu d'attaque de fourgons blindés sur Grenoble.
01:12C'était en 2000.
01:1427 avril 2000, je pense, je me rappelle bien, et qui a fait un mort.
01:20Du coup, ce n'est pas dans les habitudes. On nous apprend beaucoup de choses. On fait attention tous les jours. On essaie d'être au maximum sur le qui-vive pour éviter ce genre de situation.
01:33Mais quand ça arrive, c'est violent. Ça ne dure pas forcément longtemps. On a des procédures que les gens ne comprennent pas forcément.
01:41Ce qu'ils ont fait aujourd'hui, et je les félicite, c'est vraiment le travail qu'il fallait faire. Ils ont été vraiment très bien, d'un sang-froid incroyable.
01:55Parce que les consignes désormais, c'est de répliquer quand il y a des attaques pareilles ?
02:01On est sujeti comme n'importe qui à la légitime défense. Donc, à partir du moment où on se fait tirer dessus, automatiquement, on riposte. Et ça, ça fait partie de notre travail.
02:11C'est n'importe quelle arme. Aujourd'hui, si vous vous faites agresser au couteau, si vous vous faites agresser par une batte de baseball ou quoi que ce soit, si ça peut atteindre à la vie de la personne, à partir de ce moment-là, on riposte, c'est sûr.
02:22On va détailler un petit peu tout cela, et puis on attend aussi vos témoignages, savoir à quel point ça vous a marqué, parce que c'est une énième fusillade à Grenoble.
02:30Ça commence à faire beaucoup, et c'est un peu ce qu'on entend dans les témoignages. On a quelqu'un au standard de France Bleu, d'ailleurs, Mathieu.
02:35Oui, tout à fait. On vous a posé la question. Est-ce que cette situation sécuritaire à Grenoble vous fait peur ? Est-ce que vous avez changé vos habitudes ?
02:40Jean-Paul nous appelle de Sassnage. Bonjour, Jean-Paul.
02:43Oui, bonjour.
02:44On vous écoute, Jean-Paul.
02:45Oui, je l'appelle. Il y a aussi une certaine paravisie de la part de la police. Je vais vous donner un exemple très frais qui a eu lieu hier.
02:52On a une personne qui s'amuse à faire ce qu'on appelle du rodeo urbain. Ça fait partie des violences ordinaires.
03:00C'est-à-dire qu'il prend une espèce de motocross et il fait le joueur sur les trottoirs.
03:07C'est-à-dire qu'il choisit l'heure de sortir des écoles, il monte sur le trottoir avec sa motocross, il fait du wheeling, la roue arrière, et il passe à fond comme ça.
03:15Quand on appelle la police pour lui demander d'intervenir, la police ne veut pas intervenir parce que c'est trop dangereux.
03:21Parce que s'il tombe, on va être poursuivi et tout.
03:23Donc, ça veut dire simplement qu'à ce moment-là, la police est paralysée face à cette forme de violence ordinaire.
03:28Parce que c'est une violence ordinaire.
03:30Une attaque de fourgon, ce n'est pas tous les jours, mais c'est des jeunes ou plus ou moins jeunes qui font de la roue arrière sur les trottoirs à la sortie des écoles.
03:38C'est quasiment tous les jours.
03:39En même temps, Jean-Paul, il y a des actions contre les rodeos urbains. On en a suivi pas mal aussi pour France Blues Air.
03:46Donc, il y a des actions. Après, on ne peut peut-être pas non plus mettre un policier devant chaque personne.
03:52C'est compliqué aussi, vu la fréquence de ces actions-là.
03:57Disons qu'il n'y a plus qu'à attendre la mort de quelqu'un. Je sais, c'est regrettable de dire une chose pareille.
04:02Mais pour vraiment qu'il y ait une intervention, il faut malheureusement qu'une personne ou même un jeune, peut-être même un enfant,
04:09se fasse renverser par ce genre d'individu parce qu'il refuse de venir sur place qu'au moment même où ça arrive.
04:15On entend la lassitude, en tout cas, Jean-Paul.
04:17Merci pour votre passage et votre témoignage, Jean-Paul.
04:20On va continuer de parler de cette situation, mais on vous encourage à nous appeler.
04:23Est-ce qu'on va sur Facebook, peut-être, aussi ?
04:25Pour, effectivement, prendre le pouls, la température.
04:28Beaucoup de lassitude aussi sur notre page Facebook, ce matin.
04:33Corinne, Joss, Christine, Éliane qui nous disent que c'est tous les jours la violence en hausse.
04:40Et puis, une image de Grenoble, effectivement, qui se dégrade.
04:44Sylvie qui nous dit ces attaques avec arme à feu en plein jour, en centre-ville.
04:48Évidemment, ça fait peur. On ne se sent pas en sécurité.
04:51Et puis, FAC est un peu plus en colère.
04:53Combien de temps allons-nous accepter cela ?
04:55Quand allons-nous nous rassembler ?
04:57Est-ce qu'on doit tous sortir avec des gilets pare-balles et armés ?
05:00Effectivement, lassitude et colère, ce matin, dans les commentaires.
05:04Notre invité, Stéphane Nicolas, élu force ouvrière chez Lumis, à Grenoble.
05:08La société visée par les malfaiteurs, hier.
05:10Stéphane Nicolas, on parlait de cette dernière attaque à Grenoble, il y a 24 ans, contre un fourgon blindé.
05:16Est-ce que, là, on a passé un cap, aujourd'hui, dans la violence ?
05:20C'est un peu le sentiment des gens. Est-ce que vous diriez la même chose ?
05:23Vu la conjoncture actuelle sur Grenoble et sur d'autres villes, grandes villes, métropoles,
05:28on a beaucoup de narcotrafiquants, on a beaucoup de délinquances qui commencent à...
05:33Je sais que dans les années 90, c'était déjà présent, mais pas aussi puissamment.
05:39Et en 2000, il y avait eu un mort ?
05:41En 2000, il y a eu un mort, mais on parle du grand banditisme.
05:44Là, c'est à se poser la question.
05:46Est-ce que ça vient des quartiers aux alentours, dans l'agglomération grenobloise ?
05:50Ou est-ce que c'est vraiment quelque chose qui a été planifié ?
05:54Je doute, personnellement, que ça a été vraiment bien planifié.
05:58Connaissant un peu la situation du grand banditisme, à l'époque,
06:02où on avait fait une grève, en 2000, qui a duré plus de trois semaines,
06:05parce qu'on n'avait pas les moyens suffisants pour riposter et pour se défendre.
06:10Je rappelle quand même qu'à l'époque, il y avait un mort à mort toutes les semaines en France.
06:14Deux convoyeurs de fonds ?
06:16Deux convoyeurs de fonds.
06:17Aujourd'hui, vous diriez que vous avez les moyens pour travailler ?
06:21Excusez-moi.
06:22Et pour faire face à ça ?
06:23Je m'excuse.
06:24Pas de problème.
06:25Oui, aujourd'hui, on a les moyens.
06:27L'entreprise Loomis met tout en œuvre pour mettre les moyens qu'il faut.
06:31On a des fourgons blindés qui sont très efficaces.
06:35On l'a vu encore hier.
06:37Les armes lourdes ne passent pas à travers.
06:41Aujourd'hui, l'entreprise Loomis,
06:43je pense qu'aussi la Brinks,
06:45je pense qu'ils sont tous à fond dans le sujet.
06:51Aujourd'hui, on a des commissions nationales de sécurité qui ont été remises en place.
06:57Aujourd'hui, on met en place des moyens supplémentaires pour protéger les fonds,
07:04pour protéger les convoyeurs.
07:06Il y a eu un grand bouleversement dans ce domaine.
07:10Donc oui, effectivement.
07:11Les moyens matériels sont là ?
07:12Est-ce que les moyens en formation sont là ?
07:14Parce qu'on comprend bien que pour faire face et pour savoir réagir face à une situation comme ça,
07:18il faut être bien formé.
07:19Est-ce que la formation des agents est suffisante aujourd'hui ?
07:22Oui.
07:23Aujourd'hui, on a des formations assez poussées sur le sujet.
07:30Je ne rentrerai pas dans les détails puisque ça relève du secret professionnel.
07:36On a des formations qui font en sorte qu'on puisse parer à ce genre d'éventualité.
07:42Qu'est-ce que vous attendez maintenant comme mesure de votre employeur ou des autorités publiques ?
07:50Qu'est-ce que vous attendez maintenant comme action après cette attaque violente ?
07:53Il y a de moins en moins d'attaques de forums blindés.
07:55Il faut mettre aussi en perspective tout ça.
07:59Aujourd'hui, je pense qu'on est quand même bien lotis au niveau matériel.
08:05Après, les investigations policières montreront peut-être autre chose.
08:10Mais là, pour le coup, je pourrais penser que c'est un coup dans l'eau d'une catégorie de personnes
08:16qui n'ont pas vraiment d'expérience sur le sujet.
08:23Aujourd'hui, l'entreprise a toujours mis en place quelque chose qui pouvait nous protéger.
08:28Je ne peux pas dire le contraire, malgré le fait qu'on ne soit pas toujours d'accord sur beaucoup de choses.
08:33Mais l'entreprise Loomis fait tout pour ça.
08:37Ensuite, on a aussi des principes internes à l'entreprise
08:46qui nous permettent aussi d'avoir des formations un peu plus poussées
08:50pour parer sur les phases piétonnes ou sur des attaques comme ça par véhicule
08:56où le chauffeur est très bien formé.
08:58Merci beaucoup Stéphane Nicolas d'avoir fait le point avec nous ce matin
09:02après cette attaque assez violente.
09:04On rappelle que les malfaiteurs sont en fuite.
09:06Une enquête est en cours évidemment pour faire la lumière sur cet événement.
09:10Je peux rajouter quelque chose si ça ne vous dérange pas ?
09:12Aujourd'hui, je suis venu chez vous parce que vous m'avez invité et je suis très fier d'être là.
09:17Par contre, je peux simplement vous signaler que j'ai reçu des menaces téléphoniques par ma direction de sécurité
09:24puisque je parlais aux médias.
09:26Suite à ça, mon endroit syndical me permet de vous parler.
09:31Aujourd'hui, je le fais parce qu'on ne doit pas se taire sur ce genre de situation.
09:35Mais il y a des pressions là-dessus ?
09:37Oui, effectivement. J'ai reçu des pressions hier téléphoniques.
09:40Par contre, ça ne passera pas.
09:42Mais pour vous, c'est important de parler ?
09:45Très important. Mon endroit syndical me le permet.
09:48Aujourd'hui, si on commence à couper la parole aux gens sous prétexte que ça peut déranger,
09:53non, dans ces cas-là, vous ne ferez pas de radio et moi, je ne ferai pas ce que je fais.
09:56Merci en tout cas de nous en avoir parlé ce matin, d'avoir partagé ce sentiment Stéphane Nicolas.
10:00C'est moi qui vous remercie d'avoir été là.