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Jeremy Destenave, co secrétaire départemental du SNES-FSU en Dordogne évoque sur France Bleu Périgord le manque de professeurs
ici Périgord
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25/09/2024
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News
Transcription
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00:00
On reçoit le co-secrétaire départemental du syndicat de professeurs SNES-FSU, Thibaud Delmarle.
00:05
Bonjour Jérémy Destenave.
00:06
Bonjour.
00:07
Merci d'être avec nous.
00:08
On a entendu cette maman ce matin du collège de Montpont-Jean-Rostand.
00:12
Il n'y a pas de professeur dans certaines matières, l'histoire-géo, les maths, depuis la rentrée.
00:16
C'est un cas isolé ou c'est le cas dans d'autres établissements de dorderie ?
00:20
Absolument pas.
00:22
Mon syndicat, on tire la sonnette d'alarme depuis longtemps.
00:26
Dès la semaine de la rentrée, on avait fait une enquête qui couvre quasiment tous les établissements de la Dordogne.
00:31
Et il manquait au moins un professeur dans 76% des établissements du département, les trois quarts.
00:36
Et actuellement, il y a encore des manques.
00:40
Il y a un autre établissement du département où il manque trois professeurs actuellement.
00:43
Et alors, comment est-ce qu'on vous répond au rectorat du côté de l'éducation nationale ?
00:49
Nous, on nous dit que tout est fait pour que ce soit rétabli le plus rapidement possible.
00:56
Vous pensez que des professeurs vont pouvoir arriver très rapidement pour ces remplacements pour toute l'année ?
01:03
C'est chaque année très compliqué.
01:06
Après, on ne peut pas tirer à boulet rouge sur le rectorat qui fait ce qu'il peut.
01:10
Il fait face aux conséquences des politiques menées au cours des dix dernières années.
01:16
On peut remonter plus loin.
01:18
Et donc, il fait avec la pénurie d'enseignants actuels.
01:21
Et qu'est-ce qui fait qu'on n'a plus d'enseignants dans des départements comme le nôtre ?
01:31
On a précarisé le métier, on l'a contractualisé.
01:34
Et donc, quand on l'a contractualisé, on fait face au jeu de l'offre et de la demande.
01:39
Il y a toujours de la demande dans le périgord.
01:43
Il y a toujours des élèves, mais il n'y a plus d'offres.
01:46
Les enseignants qui signent des contrats ne veulent pas venir.
01:51
C'est un département rural.
01:52
Et donc, on a du mal à trouver cette main d'œuvre-là.
01:56
Vous parliez justement de cette contractualisation des professeurs.
02:02
Ça veut dire aussi que c'est plus intéressant d'exercer le métier de professeur, que ce soit en Dordogne ou ailleurs ?
02:07
Non, il a été dévalorisé.
02:09
Le pouvoir d'achat des enseignants a sombré depuis les années 80.
02:14
On démarre actuellement avec 1,2 SMIC.
02:17
Alors qu'il y a 30-40 ans, on démarrait avec plus de 2 fois le SMIC.
02:21
Donc, notre pouvoir d'achat a considérablement diminué.
02:24
Concrètement, en Dordogne, je sais que vous ne souhaitez pas nommer d'établissement ce matin.
02:30
Mais quels sont les secteurs les plus lésés, là où il y a le plus d'absence de professeurs depuis la rentrée ?
02:39
L'ouest du département est très touché.
02:42
Mais j'invite tout simplement n'importe quel internaute à aller sur France Travail.
02:47
Vous pourrez constater qu'il y a actuellement 14 petites annonces pour recruter des enseignants.
02:52
On en vient à recruter des enseignants sur Le Bon Coin, sur France Travail.
02:57
On n'a plus des enseignants qui ont passé un concours
03:05
et qui ont travaillé plusieurs années pour maîtriser leur discipline et venir devant les élèves.
03:09
Ça, c'est déjà le cas depuis plusieurs années.
03:11
J'imagine que vous avez en salle des profs des collègues qui n'ont pas la même formation que vous,
03:17
la même formation que d'anciens collègues.
03:19
Comment ça se passe avec eux et pour eux dans leur classe ?
03:23
Ils font de leur mieux.
03:25
On ne va pas les accueillir en leur jetant des pierres.
03:28
Ce sont nos collègues.
03:30
On essaie de les aider tant bien qu'on peut, tant bien que mal.
03:37
Ils font de leur mieux.
03:39
Parfois, ça se passe bien.
03:40
Parfois, ça se passe moins bien.
03:42
On imagine qu'il y a tout un programme à apprivoiser.
03:44
Il y a de la pédagogie.
03:46
Il y a beaucoup de choses.
03:47
Tout à fait.
03:48
On en est au niveau du bricolage assez impressionnant.
03:50
À un tel point que dans certains établissements,
03:53
il y a même des enseignants qui ne font pas la discipline pour laquelle ils sont formés
03:57
pour venir boucher des trous et dépanner.
04:01
D'ici les prochaines vacances, est-ce qu'on vous donne des échéances ?
04:07
Est-ce que vous savez si des recrutements sont en cours pour pallier ce manque de professeurs ?
04:12
On nous dit qu'il y a des annonces sur France Travail.
04:15
Est-ce que vous avez peut-être un chiffre au niveau du département ?
04:18
Nous, on ne l'a pas réussi à l'avoir sur le nombre de professeurs
04:21
qu'il manque à l'échelle du département.
04:24
Le chiffrer, c'est difficile.
04:27
À la rentrée, il manquait au moins un enseignant dans les trois quarts des établissements.
04:32
Il y a 48 établissements.
04:34
Ça faisait au minimum 30 enseignants à la rentrée qui manquaient.
04:37
Mais c'est au moins.
04:39
Un mot sur une mesure qui a été mise en place à la rentrée
04:44
avant de parler de votre nouvelle ministre.
04:47
Les téléphones portables qui ont été interdits,
04:51
en tout cas en théorie pour les collégiens.
04:54
Les collégiens dans certains collèges arrivent, déposent leur téléphone et le laissent toute la journée.
04:58
Est-ce que ça marche ?
04:59
Qu'est-ce que ça a donné ces premières semaines dans les établissements de Dordogne ?
05:02
L'interdiction d'utiliser son téléphone portable au collège existe depuis 2018.
05:09
Là, c'est une annonce, un contre-feu, cette pause numérique.
05:14
Ça concerne un établissement en Dordogne.
05:16
Je vous invite à y aller dans cet établissement.
05:18
Ils n'ont pas mis en place la mesure
05:20
parce qu'ils n'ont pas les moyens de le faire en personnel de vie scolaire
05:24
ni en casier pour gérer ça.
05:26
Bon, ça ne marche pas.
05:27
Un mot sur votre toute nouvelle ministre de l'Éducation nationale, Anne Gendet.
05:33
Est-ce que vous pensez qu'elle pourra faire avancer les dossiers que vous portez ?
05:36
On a besoin d'une ministre qui représente une réelle ambition pour l'école.
05:42
Et là, malheureusement, on a l'impression encore d'une nouvelle erreur de casting.
05:47
Hier, vos confrères de France Inter parlaient de la brivante de camp de l'Éducation nationale.
05:51
Hier, vos confrères de Sud-Ouest disaient dans un article que ses proches disaient d'elle
05:57
qu'elle ne connaît strictement rien à l'enseignement
06:00
et que personne n'imaginait qu'elle puisse être un jour ministre de l'Éducation nationale.
06:04
Donc nous, sincèrement, on est dans une situation d'urgence.
06:08
On vient d'en parler.
06:10
On a besoin de quelqu'un qui s'empare de cette urgence, mais vraiment.
06:14
Et pas qu'il vienne nous présenter des mesures gadget comme la pause numérique,
06:17
mais qu'il s'empare des questions de salaire, de budget et de poste.
06:21
Merci beaucoup Jérémy Destenap d'avoir été avec nous ce matin.
06:23
Vous êtes co-secrétaire départemental du SNES-FSU.
06:26
Merci.
06:27
Interview à retrouver sur francebleu.fr et sur l'application ICI.
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