• il y a 3 mois
L'épisode 3 de la première saison de "Pause-café" fait partie d'une série télévisée française diffusée entre 1981 et 1989. La série suit Joëlle Mazart, une jeune assistante sociale de 22 ans, qui travaille dans un lycée de la banlieue parisienne
La série "Pause-café" était connue pour traiter de sujets sociaux pertinents de l'époque, à travers le prisme du travail d'une assistante sociale dans un environnement scolaire. Elle offrait un regard sur les défis auxquels faisaient face les jeunes et les familles dans les années 1980 en France.

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Transcription
00:00On entre dans la vie
00:10Sans frapper les trois coups
00:17Le destin est servi
00:23Sans compter avec nous
00:30Regarde bien ton enfant
00:35Il grandit sous sa dent
00:38L'espoir du lendemain
00:44On entre dans la vie
00:50Sans frapper les trois coups
01:20L'espoir du lendemain
01:25L'espoir du lendemain
01:50Je le dirai l'assistante sociale.
01:52On fera une enquête tirée en taules.
01:56Approche plus !
02:00Approche plus ou je te crève.
02:08Attends.
02:14Ne t'approche pas.
02:23Pense petite, avoir un père comme ça.
02:26Justement, c'est pas son père.
02:28Comment c'est pas son père ?
02:29Il a pas épousé sa mère ?
02:31Mais si, mais...
02:32Si tu épouses la mère, tu prends la gosse avec.
02:34Après, elle est ta gosse.
02:36T'as toujours eu l'art de simplifier les problèmes.
02:38Tu vas pas dire que c'est pas indégoutant.
02:40Les gendarmes, voilà ce qu'il leur faut à ces gens-là.
02:43Justement, c'est pas si simple que ça.
02:46Mais qu'est-ce que tu vas faire ?
02:48Je voudrais la sortir de là.
02:50Mais c'est pas facile.
02:52Dans ce cas-là, nous sommes un peu désarmées.
02:56Mais on peut tout de même pas la laisser comme ça.
02:59S'il n'y a pas de plainte.
03:02Si la petite elle-même refuse de parler,
03:04je ne vois pas bien ce que nous pouvons faire.
03:10Bon.
03:12Je vous remercie.
03:13Il n'y a pas de quoi, vraiment.
03:16Tâchez quand même de veiller sur elle.
03:19De loin.
03:21C'est pas un métier facile que tu t'aies choisi.
03:27Mais t'as vu ce que tu as fait ?
03:29Tu t'es acheté un pyjama d'homme.
03:31Oui, c'est à Lionel.
03:33Lionel, mon copain.
03:35Mais si, je t'en ai parlé.
03:38Tu m'en avais parlé, oui.
03:42Mais tu ne m'avais pas dit que...
03:47Il couche ici ?
03:48Evidemment, veux-tu qu'il couche ?
03:57Vous allez vous marier ?
04:00Mais t'as de ces idées, par moments.
04:03Ce que j'en dis, c'est pour toi, tu sais.
04:05Faudrait pas que ça te cause du tort.
04:07Tes chefs, ton proviseur, ça ne le regarde pas.
04:11Il ne manquerait plus qu'il s'occupe de ça, tiens.
04:15Et ton téléphone ?
04:17Est-ce qu'il va te le faire installer dans ton bureau ?
04:20Il m'a dit que non, mais il sera bien obligé.
04:28Oui, mais...
04:31OK.
04:33Je passe te prendre ce soir ?
04:35Non, je trouverai quelqu'un pour m'y emmener.
04:37Il m'a dit qu'elle s'apprête à 4h, alors ça va.
04:39Ciao.
04:40Ciao.
04:41Bonne journée.
04:42Merci, toi aussi.
04:43Dis donc, tu penses à ce que je t'ai dit, hein ?
04:45Oui, oui, t'inquiète pas.
04:47Ciao.
05:01Ça va ?
05:02Ça va, ça va bien.
05:05C'est Richard qui est ici, hein ?
05:06Oui, elle est là-bas, dans la cuisine.
05:11Merci, monsieur le proviseur, tout va très bien, merci.
05:15Eh, monsieur, monsieur, monsieur !
05:17Je tiens à vous adresser toutes mes félicitations,
05:18et puis celle de tous mes camarades, ils s'appellent comment ?
05:20Nicolas.
05:21Nicolas, mais c'était un nom de prince !
05:22Il s'appelle Nicolas ! Il s'appelle Nicolas !
05:25La maman va bien ?
05:26Très bien, je te remercie.
05:32Bonjour.
05:37Merci, c'est très gentil.
05:39Merci.
05:43Ah, ça, c'est très gentil.
05:44Merci, ça me touche beaucoup.
05:46Merci.
05:47Bon, prenez vos feuilles.
05:51Merci.
05:52Voici le sujet de l'interrompt.
05:58L'enfant doit-il être, peut-il être l'ambition d'une vie ?
06:11Je répète.
06:13L'enfant doit-il être, peut-il être l'ambition d'une vie ?
06:28Oui ?
06:30Mademoiselle Mazart, le téléphone.
06:32C'est justement au café. C'est de la part de qui ?
06:34Un père d'élèves, monsieur Sellerier, je crois.
06:37Monsieur Sellerier ?
06:46Allô ? Oui, monsieur Sellerier ?
06:50Ah, oui, j'ai vu ça dans votre courrier. J'ai commencé à m'occuper de votre affaire.
06:55C'est un fait. Moi aussi, d'ailleurs.
07:02Oui, je vois que vous avez d'autres données.
07:05Je voulais vous dire aussi quelque chose. Je t'aime.
07:08Ah, oui, pour la location. Non, non, soyez sans crainte. Je pense que tout s'arrangera.
07:13Je t'aime, je t'aime.
07:15Je n'oublie pas votre affaire.
07:17Ah, mais j'espère bien. Je t'aime.
07:19Entendu. Eh bien, vous pouvez compter sur moi. Je pense à vous.
07:23Bon, ben, je t'aime. À ce soir.
07:25À ce soir. À bientôt. Au revoir, monsieur Sellerier.
07:30Merci, madame Pied-Daniel.
07:31De rien.
07:35Mademoiselle.
07:41Il a recommencé ?
07:44Pas vraiment, non. On ne peut pas dire qu'il ait recommencé.
07:50Ça va le reprendre bientôt, je le sens. Il ne peut pas passer à côté de moi sans...
07:58Et ta mère, qu'est-ce qu'elle dit ?
08:01Ma mère ?
08:04Elle dit qu'il ne faut pas que je fasse d'histoire.
08:08Elle dit que je me monte la tête.
08:12Oui ?
08:13Mademoiselle Bézard téléphone. C'est le juge pour enfants.
08:16Eh bien, justement, c'est pour toi.
08:25Oui. Oui, monsieur le juge.
08:30C'est-à-dire, il n'y a pas de plainte. Il y a seulement des déclarations de l'enfant.
08:36Ça ne fait rien ? Mais alors, c'est formidable.
08:40Oui. Oui, je vous remercie beaucoup, monsieur le juge.
08:42Oui, oui, je m'en occupe. Je m'en occupe.
08:44Merci. Au revoir, monsieur le juge.
08:47C'est pour Laetitia. On peut la placer dans un centre, sans problème.
08:50Ah bon ? Vous êtes contente, alors ?
09:02Évidemment, mademoiselle, votre cas est intéressant.
09:05Il répond tout à fait à notre destination.
09:08Nous sommes là pour accueillir la jeunesse en difficulté.
09:12Pourtant, avant de nous confier votre petite Laetitia, je voudrais vous mettre en garde.
09:18Comment en garde ?
09:21Je ne voudrais pas que pour la retirer d'un milieu néfaste,
09:24vous la plongiez dans un milieu qui peut être plus néfaste encore.
09:28Qu'est-ce que vous voulez dire ? C'est votre rôle de l'aider.
09:33Oui, nous. Mais ici, elle sera avec des camarades.
09:37Oui, mais comme partout.
09:40J'ai là toutes les fiches. Voici quelques cas.
09:45Yvonne, 15 ans, vol à la roulotte, récidive.
09:49Marie-Paul, 16 ans, racolage sur la voie publique.
09:53Carmen, 16 ans, entolage.
09:56Elsa, 15 ans, drogue, récidive.
09:59Frédéric, 16 ans, racolage et proxénitisme sur la personne de sa sœur cadette.
10:06Elles ne sont pas toutes comme ça.
10:09Mais de toute façon, c'est un milieu très dur.
10:14Qu'est-ce que je peux faire ?
10:17Si vous voulez, je l'apprends. Mais réfléchissez.
10:22Vous savez, même quand la société veut bien faire, il y a ses intentions.
10:28Et puis après, il y a la réalité.
10:38Qu'est-ce que je peux faire, dis-moi ?
10:42Tu pourrais peut-être un peu penser à nous ?
10:48T'as raison.
10:51Tu veux que je fasse un gâteau pour demain ?
10:53Si tu veux.
10:55Ou je peux t'emmener au restaurant.
10:58Tu comprends, il n'y a pas 36 solutions.
11:00Ou on fout le satyre en cabane, ou on sort la gamine de là.
11:12Tu me files du feu ?
11:15Non, je comprends pas. A partir d'aujourd'hui, je te quitte.
11:19Ah bon, c'est ça, d'accord.
11:21Quand je t'ai vu dans la rue, je me suis dit que t'étais comme ça.
11:23Comment ça, comme ça ?
11:24T'es super !
11:25Super, moi ? Tu rigoles ?
11:26Bah si, t'as bien le premier tintin, non ?
11:28Ah bah alors merci, tata.
11:30T'es con.
11:35Je vais vous faire le cinoche, une visite aux oiseaux.
11:38J'aurais tout payé.
11:40Même les cacahuètes.
11:43Elle n'a jamais voulu.
11:45Elle se laisse embarquer par ce monstre.
11:47Mais qui c'est ce mec ? Il est au BAE ?
11:49Non, il n'est pas du BAE.
11:51Il est au lycée technique.
11:53C'est plutôt marrant pour un technique.
11:55Tu trouves marrant, toi ?
11:57Moi, il fait plutôt chier.
12:00On voit pas en tout.
12:03Il l'a cherché, non ?
12:06Il l'a cherché, non ?
12:10T'as vu comment c'est tel, les tours, aujourd'hui ?
12:13T'es rentrée dedans ?
12:16Bon, puis qu'il aille en tour, je m'en fous.
12:19Tout ce que je veux, c'est me tirer de ses pattes.
12:22C'est moderne, et tout.
12:24Tout est automatique.
12:26Les portes, la sécurité.
12:30Je le sens complètement étouffé.
12:32Puis de le voir, là-dedans...
12:34Parce que tu t'imagines que je vais aller le voir ?
12:37Non, mais... Ta mère...
12:40Puis tes soeurs...
12:45Fais pas ça.
12:53On peut pas trouver une chambre comme ça.
12:55Vous avez un contingent.
12:57Ah oui, mais nous n'attribuons jamais rien aux mineurs.
12:59Qui sera responsable ?
13:01Qui sera le loyer ?
13:03Si nous commençons à attribuer une chambre à une mineure,
13:06nous allons en avoir des clientes.
13:08Parce qu'entre nous, une fille de 17 ans qui a une chambre pour elle seule,
13:11on sait ce que ça veut dire.
13:13Mais qu'est-ce que ça peut vous faire ?
13:15Une fille qui partage le même appartement qu'un salopard,
13:17est-ce que vous le savez, ce que ça veut dire ?
13:25Sans blague, tu vas rentrer encore avec nous ?
13:27Je t'ai dit que je te quittais plus.
13:29Je t'ai dit que je te quittais plus, je te quitte plus.
13:31Puis maintenant, j'y suis, j'y reste.
13:33Alors, tu me fais visiter ?
13:35Hé les mecs, il y a Julie qui est en cours avec nous.
13:51Bon.
13:52Alors maintenant, vous allez préparer vos copies pour l'interrogation.
13:59Alors, dépêchons-nous.
14:06Vous n'avez rien pour écrire ?
14:08Non Madame, je suis nouveau.
14:09Vous êtes nouveau ?
14:10Oui, je viens de Bretagne, mon père m'a inscrit hier.
14:12Ah bon ?
14:13Quel est votre nom ?
14:14Jiquel Roger.
14:16Avec un C devant le cul ?
14:17Comme vous voulez.
14:19Bon, prêtez quelques feuilles à votre camarade.
14:23Alors, le sujet de l'interrogation.
14:28Dans les domaines de l'instruction, de la guerre et de la religion,
14:35comparez les règnes de Napoléon et de Louis XVIII qui lui succéda.
14:49Le dossier à Jiquel, ça va pas ?
14:50Si Madame, au contraire, je trouve ça vachement intéressant.
14:53Ah bon ? Ben alors, allez-y.
14:58Laetitia !
14:59Salut Ponce Café.
15:00Salut Tonton.
15:01Laetitia, je t'ai trouvé une chambre chez l'habitant.
15:03Mais comment je vais la payer ?
15:05Tu veux pas demander à ta mère ?
15:07Ben non, c'est lui qu'elle fait, tu sais.
15:10Ben demande-lui alors.
15:13Ben j'essaierai.
15:15Ok, merci.
15:27Bon, tu peux m'aider ou pas ?
15:58Ma petite fille, quand on veut vivre sa vie, on commence par la gagner.
16:05Si tu restes ici, je te nourris.
16:09Si tu pars, tu me débrouilles.
16:27Bon, s'il vous plaît.
16:33Du perron.
16:41Vous êtes nouveau ?
16:42Oui, monsieur.
16:43Ah, vous venez d'où ?
16:46De Bretagne.
16:47Ah oui ? Et comment vous appelez-vous ?
16:49Trintignant Jean-Louis.
16:53Ah, comme l'artiste de cinéma.
16:55Je sais pas, monsieur, je vais jamais au ciné.
16:58Bon, ben rasseyez-vous.
17:08Monsieur le proviseur, je comprends la fougue de la jeunesse
17:12et sa légitime aspiration à la liberté.
17:16Mais dans le cas présent, l'enfant est mineur.
17:19J'en ai la responsabilité.
17:21Qu'elle veuille prendre quelque indépendance, je vous le dis, ça je le comprends.
17:24Mais qu'une assistante sociale se permette de l'aider contre ma volonté
17:27et contre la volonté de la maman, ça non.
17:31Ça non.
17:33On peut lui faire obtenir une allocation.
17:36Ça lui paiera la moitié de sa chambre.
17:38Si le mercredi elle veut travailler dans un centre aéré, on peut la prendre.
17:43Ça lui paiera l'autre moitié.
17:45Je vous demande simplement d'être prudente.
17:48Le juge Bourroffan me couvre.
17:50C'est une bonne chose.
17:52Mais M. Verdun me paraît décider à aller loin.
17:56Beaucoup trop loin, en effet.
17:58Ce n'est pas ce que je voulais dire.
18:00Et vous m'avez très bien compris.
18:03Mlle Mazard, vous avez toujours l'air de penser que je vous traite en ennemi.
18:07Il n'en est rien, je vous assure.
18:10J'admire votre courage, votre dévouement.
18:12Simplement, de temps en temps,
18:14il me semble que vous dépensez vos vertus en pure perte.
18:17En pure perte ?
18:19Entre nous, Mlle Leticia Lipovsky n'est pas une de nos élèves les plus remarquables.
18:24Vous croyez qu'elle se trouve dans les plus remarquables conditions de travail ?
18:29Certes, mais dans un établissement comme le nôtre, le travail est la règle.
18:35Nous devons nous méfier des mauvais exemples, des éléments perturbateurs.
18:40C'est ce que je fais, M. le Proviseur.
18:42J'ai devant moi un élément qui peut perturber à jamais la vie d'un enfant.
18:45J'essaye d'éviter cela.
18:47De toute manière, vous n'avez pas de preuves.
18:49S'il y a des preuves, ce n'est pas moi qui les aurai, M. le Proviseur.
18:52C'est elle, et pour toujours.
18:59Anne, 12. Ça va.
19:04Frédéric, 14. C'est bien. Vous passerez sans difficulté.
19:10Nelly, 10. Attention, Nelly. C'est juste.
19:17Rolande, 5. C'est votre plus mauvaise note du trimestre.
19:23Qu'est-ce qui se passe ? Vous ne répondez pas.
19:27Rolande, vous aviez l'habitude de bien travailler, et depuis trois mois, vous ne cessez de descendre.
19:32Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que vous avez ?
19:37J'ai 5.
19:38Eh bien oui, justement. Vous ne m'aviez pas habituée à ça.
19:41Vous êtes malade.
19:43Malade ? Malade parce que j'ai 5 ? Mais c'est vous qui n'êtes pas bien.
19:48Rolande, vous ne parliez pas comme ça non plus. Qu'est-ce qu'il y a ?
19:53Oh là là, quelle histoire. J'ai 5, j'ai 5. On ne va pas en faire une pendule.
20:02Tu as bien quelque chose à me dire, quand même.
20:05Je ne sais pas.
20:06Comment tu ne sais pas ?
20:08Je ne sais pas te le dire.
20:11Tu travailles mal ? Tu es fatigué ? Tu n'es pas dans ton assiette ?
20:14Non, ce n'est pas ça.
20:17Mais c'est quoi alors ?
20:22Je n'ai jamais fait l'amour.
20:25Quoi ?
20:26Tu as très bien entendu.
20:29Mais quel âge tu as ?
20:31J'ai 17 ans. Je ne les parais pas, mais je les ai.
20:35Écoute, ce n'est pas dramatique.
20:37Si.
20:40Je ne sais pas. Essaye de te débrouiller.
20:44Elles ne veulent pas.
20:46Comment tu le sais ?
20:48Je leur ai demandé.
20:50Souvent ?
20:52Oui.
20:54Ce n'est pas mal, pourtant.
20:57Qu'est-ce qu'elles ont dit quand tu leur as demandé ?
21:00Elles ont dit non.
21:02Tu sais, les filles, quand elles disent non, ça veut souvent dire oui.
21:05Il ne faut pas te décourager pour autant.
21:08Tu crois ?
21:09Oui, je crois.
21:15Birnbaum, 16.
21:18Quant à vous, Mlle Bénard, je ne vous fais pas mes compliments.
21:22Je ne vous en demande pas.
21:23Pas d'insolence, je vous prie.
21:26Alors que toute la classe à la moyenne, ou presque,
21:31vous obtenez un 6.
21:34Je suis en droit de vous faire remarquer que vous travaillez mieux avant.
21:37Avant quoi ?
21:40Avant.
21:41Avant quoi ?
21:42Mais dites-le ! Dites-le, si vous avez le courage !
21:45Avant quoi ?
21:46Vous croyez que je ne vous vois pas tous ?
21:48Vous croyez que je ne comprends pas ce que vous voulez dire ?
21:50Avant quoi ? Avant que mon père soit en taule ?
22:01Et les Conan, tu les connais ?
22:02Oui, je les connais.
22:03Seulement, je ne les garde pas.
22:05Pourquoi ?
22:06Parce que je préfère avoir une collection complète que d'avoir un petit bout de chèque.
22:09Qu'est-ce qu'il y a, toi ?
22:10Faut que je te parle.
22:11Écoute, maintenant ?
22:12Oui, maintenant.
22:13Du coup, je suis avec lui.
22:15Allez, faut que je te parle.
22:17Oh là là, t'es chiant.
22:18Viens, on les ramène.
22:23Alors ?
22:25Moi, je voulais te dire...
22:29Est-ce que tu peux...
22:30Quoi ?
22:32Est-ce que tu veux faire l'amour avec moi ?
22:34Non mais ça va pas, t'es taré, toi ?
22:35Tu veux pas ?
22:36Bah non !
22:37Ah bah tant mieux.
22:38J'avais peur que tu répondes oui.
22:39Bah pourquoi ?
22:40Bah ouais, parce que si t'avais accepté, il serait voulu dire que tu refuses, tu comprends ?
22:44Bon bah ça va, ouais.
22:45T'es crônement compliqué, comme mec.
22:47Je te jure, dans ce bâli, il y a des mecs...
22:49Qu'est-ce qu'il y a ?
22:50Oh là là, il est chiant, il a tout le temps des problèmes.
22:53Il est gentil, pourtant.
22:54Mais écoute, il arrête pas de m'emmerder.
22:55Non, reste cool, écoute.
22:56Franchement, il est sympa, ce mec.
22:59Allez.
23:03C'est un nouveau, Ino Bernard.
23:06Il vient de Bretagne, vous m'étonnez.
23:08Pourtant, il a bien dit Ino.
23:10Le nom m'aurait frappé, j'ai un cousin qui s'appelle Ino.
23:24Suivez-moi.
23:26La porte, tout droit, premier étage.
23:30Je vous entends.
23:35Il y a longtemps que c'est arrivé ?
23:38Quatre mois, maintenant.
23:40Et depuis quatre mois, c'est vous qui vous occupez de Roland ?
23:45Ah oui.
23:46Elle n'a plus sa maman.
23:49D'ailleurs, si elle l'avait gardée, tout ça ne serait sans doute pas arrivé.
23:53Il n'est pas méchant, vous savez.
23:56Vous avez la garde légale de l'enfant ?
24:15Vous avez la garde de l'enfant et depuis quatre mois, vous n'avez pas demandé d'allogation ?
24:20Non.
24:22Non.
24:24Vous savez, on m'a dit que j'y avais droit.
24:28Mais je n'étais pas sûr.
24:33Où le père est-il incarcéré ?
24:38À Fleury-Mérogis.
24:42C'est votre fils ?
24:45Oui.
24:48Pourquoi est-ce que vous n'étiez pas sûr ?
24:52Comme il est à Fleury, j'ai pensé...
24:56Enfin, je me disais que peut-être, justement,
25:00on n'avait plus droit, parce qu'il avait fait le mal.
25:05Alors que c'était juste qu'on ait droit à rien.
25:10Mais moi, vous comprenez, Mademoiselle ?
25:14On m'a dit que vous étiez gentille, que je pouvais tout vous dire.
25:18Vous pouvez tout me dire.
25:21J'ai tenu tant que j'ai pu.
25:24Rolande aussi a été raisonnable.
25:27Elle travaille sur les marchés le dimanche et des fois le samedi matin.
25:32Ça lui fait manquer l'anglais.
25:37Mademoiselle, je ne sais plus comment faire.
25:43Vous n'avez plus d'argent, c'est ça ?
25:45Je n'ai plus de sous.
25:48J'ai emprunté,
25:51mais je n'ai plus personne.
25:55On ne peut pas nous laisser comme ça.
26:10Entrez.
26:11Bonjour, Monsieur.
26:13Bonjour, Mademoiselle.
26:15Je vous apporte le dossier de Rolande Bénard,
26:18au sujet de l'allocation que doit toucher sa grand-mère.
26:21Je pense que tout est en ordre.
26:28Vous avez le livret de famille ?
26:31Il fallait le livret de famille ?
26:33Ah non, je ne l'ai pas pris.
26:36Bon, je m'en occupe. Merci, au revoir.
26:39Au revoir.
26:51Tout est en règle.
26:54Mais il faut que la personne se présente elle-même.
26:57D'accord. Je vous en prie.
27:00Je vous en prie.
27:01Mais il faut que la personne se présente elle-même.
27:04D'accord. Bien, je vous remercie. Au revoir, Madame.
27:19Ah, ça va aller tout seul.
27:21Mais pour que l'argent soit débloqué, il faut que vous comptiez un bon mois.
27:24Un mois ?
27:27Bon, merci. Au revoir, Madame.
27:32Oui ?
27:34Bonjour, Monsieur.
27:36Ah, bonjour. Alors, vous êtes contentes ?
27:39Oui, ça va.
27:41Seulement, le problème, c'est qu'elles ne peuvent pas se permettre d'attendre un mois.
27:44Ah.
27:46On peut accorder un secours d'urgence. Je l'en parlais à Monsieur le maire.
27:50Comment devez-vous le voir ?
27:52Il est à un congrès à Nancy. Il sera là dans deux jours.
27:55Et il n'y a personne qui le remplace ?
27:57Si, il y a Monsieur Berthier.
27:58Ah, oui. Oui, mais vous y trouvez. Il est toujours dans ses chantiers.
28:03Bon, enfin, je vais essayer de le joindre.
28:05Bon, je vous remercie. Au revoir, Monsieur.
28:08Au revoir.
28:10Dix fois j'ai appelé. Je te jure qu'il faut avoir le moral.
28:13Et t'as réussi. Elle a son allocation. C'est principal, non ?
28:16Oui. Tu ne peux pas savoir ce que je suis contente pour elle.
28:20Tu peux rien des assistantes sociales d'autrefois, toi. T'es pire.
28:24Tu me trouves bête ?
28:26Non.
28:29Monsieur.
28:32Monsieur.
28:34Excusez-moi.
28:36Vous allez à Fleury-Mérogis ?
28:38Oui. Vous voulez que je vous dépose ?
28:40Vous seriez gentil. Ça fait plus d'une demi-heure que j'attends le bus.
28:43Bon.
28:45Oui, mais moi, je vais à Fleury, mais je vais au village.
28:48Vous allez à la prison ?
28:50Si vous allez à la prison, c'est pas la peine de monter. Ça fait deux kilomètres à pied.
28:55C'est parce qu'il y a deux heures de visite. Alors, il sera trop tard.
28:58C'est une vagine qui m'a donné la commission.
29:01Je vais au village. La prison, ça fait deux kilomètres. Je suis pressé. Je suis désolé. Au revoir, madame.
29:05Merci. Excusez-moi.
29:18Bonjour, madame.
29:20Bonjour.
29:22Ça y est. Vous avez votre allocation. Et quatre mois de rappel, aussi.
29:26Merci.
29:28Je vais à la mairie, maintenant.
29:30À la mairie ?
29:32Oui, mais vous venez avec moi. Je vous emmène.
29:34Parce que j'allais porter ce paquet. Parce qu'il y a des heures de visite. Alors, il va être trop tard.
29:38Bon, ben, c'est pas grave. On va faire le détour par Fleury.
29:41Et moi ?
29:43Ben, écoute, tu te débrouilles. T'es un grand garçon.
29:46T'es superbe.
29:48Tenez, donnez.
29:51Dis-donc, tu penses à prendre une baguette et du beurre pour ce soir.
29:54Bon, d'accord.
29:56OK. Ciao.
29:59Au revoir.
30:13Je suis en train de penser à une chose.
30:16Puisque votre fils ne peut pas habiter chez vous pour l'instant, vous avez une chambre de libre.
30:21Une chambre ?
30:23Oui, la chambre de votre fils. Si elle ne sert à rien, vous pouvez la louer, non ?
30:28Ben oui, mais...
30:33Ça vous ferait un petit peu d'argent.
30:35Puis moi, ça m'arrangerait.
30:37C'est pour une fille du lycée. J'ai un problème.
30:40Écoutez, je ne dis pas non, mais il faudrait que vous voyez la chambre parce que c'est pas en très bon état.
30:59Vous voyez ?
31:01Ça s'est passé un peu avant qu'on l'emmène, une nuit.
31:06Heureusement, je me suis réveillée.
31:09Depuis, je voudrais arranger, mais dans la situation...
31:14Bon, ben, il faut qu'on s'en sorte, hein ?
31:16Oui.
31:18C'est ce que j'ai fait.
31:20C'est ce que j'ai fait.
31:22C'est ce que j'ai fait.
31:24C'est ce que j'ai fait.
31:25Bon, ben, il faut qu'on s'en sorte, hein ?
31:28Vous inquiétez pas, je vais me débrouiller.
31:39Ça n'est pas de la mauvaise volonté, mais...
31:44Pour le lit, nous en avons besoin.
31:48Il ne s'agit pas du lit, mais du sommier et du matelas.
31:51Non.
31:53Nous avons besoin de tout.
31:56Oui.
31:58Les deux petites coucher ensemble.
32:02C'est...
32:04Mais quand on m'en dit...
32:06Ça n'est pas bon de coucher ensemble.
32:10Ce n'était pas bon non plus jusqu'à maintenant.
32:14Oui, mais...
32:15Puisque maintenant nous avons l'occasion de faire autrement...
32:19Alors voilà.
32:22Nous ne pouvons pas vous être agréables.
32:25Je vais m'être agréable, je te jure.
32:28J'aurai tout entendu.
32:29T'énerve pas, hein ?
32:31Tu l'as, ton sommier et ton matelas.
32:33Alors, de quoi tu te plains ?
32:35Oh, de rien, tout va bien.
32:39Bon, on va passer chez Hervé pour voir s'il est bien.
32:42Bon, on va passer chez Hervé pour voir s'il peut nous aider à monter ça.
32:44Oui, d'accord.
32:48Tu peux dire tout ce que tu veux, il n'y a qu'une chose qui m'intéresse.
32:50C'est que les filles restent à l'école et qu'elles aient leur bac.
32:52Bon, tu crois encore au parchemin, toi ?
32:54Non, je n'y crois pas beaucoup, mais pour ces deux-là, j'y crois.
32:56Et on peut savoir pourquoi ?
32:57T'es un bourgeois, tu ne peux pas comprendre.
32:59Bourgeois ? Dis donc, mon père était conducteur de travaux.
33:01Oui, mais mon père, il ne les conduit pas, les travaux.
33:03Il les fait. Allez, monte.
33:05Dis donc, tu prends ta revanche.
33:07Dis donc, tu prends ta revanche.
33:12Bon, vous le mettez là.
33:14Peut-être un peu plus vers le fond, par là.
33:15Attends, pousse-toi, Hervé.
33:16Oui, pousse-toi.
33:18Voilà, comme ça, c'est bien.
33:20Bravo.
33:24Mesdames et messieurs, je vous remercie de votre présence ici.
33:29Nous allons ouvrir le conseil de classe dès que M. le Censeur sera arrivé.
33:32En attendant, si quelques-uns d'entre vous ont des observations à faire
33:35ou des suggestions à formuler, je suis prêt à les accueillir.
33:57Écoute, il faut que tu te casses.
33:58Ça fait trois jours que tu viens, tu vas te faire gauler.
34:00Ok, on se voit ce soir ?
34:01Ok, d'accord.
34:02Mais où tu vas ?
34:03Reste blague, je suis le Censeur.
34:04Mais qu'est-ce que tu fous ? Mais ça va pas !
34:14M. le Censeur !
34:15M. le Censeur !
34:16Oui ?
34:17Il me faudrait une autorisation pour sortir.
34:18Vous avez un mot de vos parents ?
34:19Ah non, j'ai oublié, mais c'est pour aller voir le toubib, enfin le docteur.
34:23Oui.
34:25Quel est votre nom ?
34:26Depardieu, Gérard.
34:28Voilà.
34:29M. le Censeur.
34:30Et portez-moi le mot de vos parents.
34:31Je n'oublierai pas. Demain, M. le Censeur.
34:33Ah, bien.
34:38C'est dans le cours.
34:39M. le Proviseur, tous les élèves du lycée sont d'accord pour dire que la prof de maths,
34:43Mme Page, dicte trop vite et pense qu'en conséquence...
34:48Un mot avant d'aller plus loin, jeune homme.
34:50Mettez-vous bien dans la tête que vous n'êtes pas ici pour juger vos parents.
34:54Mettez-vous bien dans la tête que vous n'êtes pas ici pour juger vos professeurs,
34:57mais pour que vos professeurs vous jugent.
35:00Mme Page, avez-vous l'impression d'aller trop vite ?
35:04Moi, M. le Proviseur,
35:07moi dont la clarté est le principal souci,
35:10alors ça, je répète chaque théorème plusieurs fois
35:14et même je redessine chaque graphique plusieurs fois au tableau
35:18et j'élabore plusieurs hypothèses afin de permettre aux élèves les moins doués
35:21de suivre le cours de la classe.
35:23Et j'ai même instauré l'usage d'écrits de couleurs différents.
35:28Parfait, madame. Merci, merci. La question est réglée.
35:32Voilà, M. le Censeur, nous allons pouvoir ouvrir la séance.
35:44La bande francoise ?
35:45Oui, monsieur.
35:47Voilà.
35:49Monsieur.
35:58Cette situation est inadmissible.
35:59Oui, elle a parfaitement raison. Que ça vous plaise ou que ça ne vous plaise pas ?
36:05Mademoiselle, je vous en prie.
36:08Mlle Mazard, vous êtes intervenue à plusieurs reprises dans ce conseil de classe.
36:11Je remarque que chaque fois, c'est pour défendre de mauvais élèves.
36:14Ah, pardon ? Rolande Bénard n'est pas une mauvaise élève.
36:17Eh bien, qu'est-ce qu'il vous faut ?
36:18Non seulement elle ne travaille pas, mais de plus,
36:20elle a une attitude insolente vis-à-vis de ses professeurs.
36:24Je tiens à porter l'attention du conseil que le père de Rolande Bénard a été incarcéré voici quelques mois.
36:30Cet élément me paraît susceptible de perturber le comportement d'une adolescente.
36:33Mlle Mazard, il entre peut-être dans vos attributions de me signaler le fait,
36:36mais moi, je travaille dans le concret.
36:38Le concret, ce sont les notes.
36:40Les notes de Mlle Bénard ne sont pas satisfaisantes.
36:43Mais elles l'étaient jusqu'à ce trimestre.
36:45Elles ne le sont plus aujourd'hui.
36:47Il me semble quand même que dans le cas présent...
36:49Vous voulez dire que nous devrions être plus indulgents pour la fille d'un repris de justice que pour celle d'un honnête homme.
36:52Votre moralité n'est pas la mienne.
36:54Je veux dire, M. le Proviseur, que c'est la grand-mère qui élève l'enfant.
36:57Et que si j'ai pu aujourd'hui lui avoir une allocation,
37:00celle-ci disparaîtra en cas de redoublement de classe.
37:02Ça me paraît une sage mesure.
37:04Mais supprimer la bourse, c'est l'arrêt des études.
37:07A un an du bac.
37:09M. le Proviseur, cette fille était une bonne élève.
37:11L'incident est clos.
37:15Mlle Bénard ne suit pas.
37:17Nous ne pouvons rien faire pour elle.
37:19Je ne tolérerai aucun favoritisme à son sujet.
37:22J'espère que mesdames et messieurs les professeurs sont de mon avis.
37:25Certainement.
37:27Pourtant...
37:29Pourtant, M. Varlo.
37:31Ces événements familiaux sont douloureux.
37:34Il est certain que l'élève a pu subir un certain traumatisme.
37:39Monsieur, j'ai connu des gens qui avaient subi des traumatismes beaucoup plus profonds.
37:45Et même des traumatismes permanents.
37:48Ça ne les a pas empêchés de mener à bien leurs études.
37:53Personnellement, M. le Proviseur, je suis tout à fait de votre avis.
37:57Nous ne sommes pas les petites sœurs des pauvres.
38:00Exactement.
38:02Où je le suis moins, c'est sur l'analyse des notes.
38:05Comment, vous avez...
38:07Vous avez écrit vous-même, gars à la chute.
38:10Sans doute, oui.
38:1214, 7, 6...
38:14C'est une chute dangereuse.
38:16Mais tout de même, il y a ce 15 qui rattrape la moyenne.
38:2115, quel 15 ?
38:23J'ai vu 14, 7, 6, 5.
38:255 ? Oh, non.
38:27Jamais.
38:29J'ai là mon carnet, M. le Proviseur.
38:3214, 7, 6, 15.
38:35Roland Benard a eu 15.
38:37Alors, ça change tout.
38:40Elle passe en maths, elle passe en histoire géo,
38:42elle passe de justesse, enfin, elle passe.
38:45Bon, si elle passe aussi chez vous, alors...
38:47alors, nous l'admettons.
38:49Merci, M. le Proviseur.
38:51Pas d'avis contraire ?
38:53Alors, adoptez.
38:55Vous constaterez, Mlle Mozart, que nous ne pratiquons aucun ostracisme.
38:59Vous constaterez aussi que vos théories sont fausses.
39:02Une élève qui a subi un choc familial peut parfaitement obtenir un 15
39:06si elle consente à travailler.
39:09La séance est levée.
39:27Mme Blaise ! Mme Blaise !
39:29Je voulais vous remercier pour Roland.
39:31Ne dites rien, c'est la première fois que ça m'arrive.
39:33J'ai l'impression d'avoir trompé mon mari.
39:43Écoute, Roland.
39:45Si tu fais un troisième trimestre convenable, tu passes en première.
39:48Ça vaut le coup, non ?
39:51Alors, c'est à toi de bosser, maintenant.
39:55Je pourrais pas te repêcher à chaque fois.
39:58Quand je dis je, c'est surtout la mère Blaise qui t'a sauvée.
40:01Entre parenthèses, tu pourras lui dire merci.
40:03De que ? Pourquoi je dirais merci ?
40:05À qui je dirais merci ? Au juge ? Au flic ? Au gardien ?
40:09Quand on l'a foutu en taule, mon père, personne m'a rien demandé.
40:12Ni les juges, ni les flics, ni les profs.
40:14Moi non plus, je demande rien. À personne.
40:19Et quand on demande pas, on n'a pas à dire merci.
40:21Roland ! Merde !
40:28À mon avis, elle t'a envoyée au plateau.
40:30Je crois qu'on t'a pas sauvée.
40:36C'est ta faute, je te l'ai dit. T'investis trop.
40:39J'investis trop, j'investis trop.
40:41Tu me fais marrer.
40:43Je suis là pour ça, moi.
40:45T'es pas là pour te rendre malade.
40:47Je mets à leur place, qu'est-ce que tu veux ?
40:49Ils sont douze cents dans ce lycée.
40:51Si tu dois te mettre à la place des douze cents, t'es pas sortie de l'auberge.
40:54L'assistance sociale, ça a des limites.
40:56Ah ouais ? Mais où elles sont, ces limites ?
41:00Là.
41:03Écoute, on est samedi.
41:05Tu arrêtes un peu de penser à Roland, à Laetitia, à tous les autres.
41:09Et on pense un peu à nous.
41:12Pour ce soir, Roland, fini.
41:16T'as raison.
41:30Je dirais qu'il va voir demain sur son marché.
41:33Demain ?
42:00Bravo, bravo, bravo.
42:03Je t'ai mis le cheveu dans la main.
42:15Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept.
42:17T'es tout le temps en septième siège ?
42:19Toujours. Je fais de la haute volution.
42:21Je fais pas la télé.
42:22C'est super.
42:23Ouais, je voudrais bien y aller.
42:26Si t'avais vu la gueule de l'assistante sociale, clouée, elle était.
42:30Je te vache pour ce qu'elle fait. Elle est sympa ?
42:32Elle est sympa. Y a personne qui est sympa.
42:35Y a que ma grand-mère.
42:36Ma grand-mère, elle est sympa. Elle est vachement sympa, ma grand-mère.
42:39Hé, les gars, c'est la grand-mère de Roland qui est sympa.
42:42Ouais, elle est sympa. Ouais, elle est sympa.
42:45C'est bien ce que je te dis, elle est sympa.
42:47Un petit coup, elle sera encore plus sympa.
42:49T'es trop con, tu peux pas comprendre.
42:51Si, je comprends qu'elle est sympa.
42:54Écoute, arrête de l'emmerder.
42:56Mais y a personne qui peut comprendre ma grand-mère.
42:59Ouais, moi je comprends.
43:00Toi ?
43:01Alors là, t'es vraiment le dernier qui peut comprendre.
43:04Mais regarde comment c'est chez toi.
43:06Regarde ! Regarde comment c'est autour de toi.
43:09Mais regarde ! Regardez !
43:11Mais ça, t'es pas un mauvais mec, mais tu peux pas comprendre ma grand-mère.
43:14Me raconte pas de conneries.
43:16Mais regardez !
43:17Oh, et puis tiens, je m'en vais.
43:19Oh, qu'elle s'inquiète.
43:20Allez, on reste là.
43:22On reste là.
43:23On s'assied sur l'escalier.
43:25On fait une grosse risette à son mimi.
43:27Il prend un petit peu de jus.
43:29Oh, qu'il est mignon.
43:43Ça va ?
43:45Tu comprends pas que si je faisais de la peine à ma grand-mère...
43:50C'est que je serais vraiment la reine des salopes.
43:55Quand j'étais en colo, tu sais ce qu'elle faisait, ma grand-mère ?
44:00Tu le sais pas, hein ?
44:03Elle m'envoyait des meringues.
44:06Vous pouvez rigoler, bande de tarés.
44:08Vous savez pas ce que c'est, peut-être, des meringues.
44:11Et la colo non plus, vous savez pas ce que c'est.
44:15C'était à la cano.
44:17Vous connaissez même pas la cano, bande de ploucs.
44:22Parce que j'étais heureuse à la cano.
44:25Il y a la mer.
44:27Le sable.
44:29Puis l'étang.
44:34Le pied.
44:40Dis, toi, t'as une mobilette ?
44:43Tu peux m'envoyer la cano ?
44:45Si tu veux.
44:46T'es chouette. Tu sais y aller, à la cano ?
44:48À la cano, non.
44:49Tu sais y aller à Bordeaux.
44:51À Bordeaux, oui.
44:52Tu vas jusqu'à Bordeaux et tu tournes à droite.
44:54Je t'expliquerai.
44:55OK.
44:56T'es sympa.
44:57OK.
45:00Tu y vas, mais tu reviens vite.
45:02Non, il revient pas.
45:03Les salauds, ils transpirent dans mon dos.
45:06Ils transpirent.
45:07Ils conspirent.
45:08C'est pareil, ils conspirent.
45:10Ils croient que je les entends pas, les salauds.
45:13Qui m'emmène à la cano, maintenant ?
45:15Moi, je te dis.
45:16C'est sûr, tu fais pas le poil en verre.
45:18D'abord, t'as de l'essence ?
45:20Pour tout le voyage ?
45:21Oui, je vous l'ai montré.
45:22Et ta grand-mère, t'y penses plus ?
45:24J'y pense plus à ma grand-mère.
45:26Pourquoi tu dis que je pense plus à ma grand-mère ?
45:28D'abord, tu sais ce qu'elle est, ma grand-mère ?
45:30Elle est sympa.
45:31Ouais, elle est super sympa.
45:46Tu m'emmènes, tu t'écoutes pas.
45:48Ouais, ouais, je t'emmène.
45:49A la cano.
45:50Avec le casque.
45:51C'est sûr ?
45:52Mais oui, je t'emmène.
45:53Non, tu me fais pas le coup, parce que je connais.
45:55Il y en a des fois, ils disent, ouais, ouais, j'y vais.
45:57Et puis après, ils y vont pas.
45:58Moi, je suis pas comme ça.
45:59Mais non, je t'emmène à la cano, je t'emmène.
46:03Mets ton casque.
46:04Non.
46:05Tu mets ton casque.
46:06Si tu mets pas ton casque, on va pas à la cano.
46:16C'est vraiment un chieur, hein.
46:20C'est un chieur qui t'emmène à la cano quand même, hein.
46:23C'est rien.
46:24Non, c'est là-bas, la cano.
46:25C'est là-bas.
46:35Allons-y, les avocats étant au réclame ce matin.
46:37Deux francs la pièce, deux francs.
46:39Au choix.
46:40Un kilo d'oeufs ?
46:41Deux bananes.
46:42Un kilo de bananes pour moi.
46:44Bonjour, Roland.
46:46Bonjour, madame.
46:47Roland n'est pas là ?
46:48Non, je l'ai pas vu, je sais pas où il est.
46:52Qu'est-ce que je vous sers ?
46:54Euh...
46:55Oh, donnez-moi une sautée de veau, s'il vous plaît.
46:57Sautée de veau ?
46:58Eh ben oui, c'est comme ça.
47:00On prend cette fille pour les rangs de service,
47:02alors tout va très bien pendant deux mois.
47:04Puis ce matin, plus de caissière, hop, disparue.
47:06Alors c'est sa grand-mère, la pauvre femme,
47:08qui est obligée de se pointer à sa place, à son âge.
47:10Ah, la jeunesse d'aujourd'hui.
47:12C'est pas pour dire, hein.
47:13Mais c'est des gens qui en ont besoin.
47:15Parce que je la connais, la situation.
47:17Ah oui, ça, je la connais, la situation.
47:22Bon, je pense là-dessus, hein.
47:23Malgré tout, c'est ma caisse que je lui confie, non ?
47:25Bon, je vous en mets combien, là ?
47:27J'en veux plus, merci.
47:29Vous m'avez dit...
47:30Oui, je sais, je vous ai dit, mais c'est comme ça.
47:32Qu'est-ce que vous voulez ?
47:33C'est la jeunesse d'aujourd'hui, elle est changeante.
47:35Au revoir, monsieur.
47:36Aujourd'hui elle est changeante.
47:37Au revoir, monsieur.
47:39On est à la canot ?
48:04Non, pas encore.
48:05Où on est ?
48:08À Rambouillet.
48:10Rambouillet ?
48:12Ben ouais, à Rambouillet.
48:14Merde, et ma grand-mère qui est toute seule au marché.
48:17Dis, on n'a rien fait ?
48:28Comment ça on n'a rien fait ?
48:30Ben, cette nuit ?
48:33Non, on est arrivé puis t'as dormi.
48:38C'est ta veste ?
48:42Ouais, t'avais froid.
48:43Et toi, qu'est-ce que t'as fait ?
48:45J'ai couru.
48:48Pourquoi faire ?
48:50Ben, pour me réchauffer.
48:51T'es gentil, tu sais.
48:56T'es super gentil.
49:03Pourquoi tu dis des conneries ?
49:04Je dis pas des conneries.
49:06On t'a jamais dit que t'étais gentil ?
49:08Je crois pas, non.
50:36Tous les enfants ont besoin de rêver.
50:56Plus ils sont grands, plus leurs rêves sont grands.
51:05L'adolescent est un enfant.
51:13Est un enfant qui rêve à ses volants.
51:21Et dans son âme, pour l'entraîner sur l'océan.
51:32Tous les enfants ont des rêves cassés.
51:40Voici le temps, le grand temps des passés.
51:47Rien n'est plus beau que le cadeau.
51:55Tous ces enfants qui rêvent, les hommes d'en haut.
52:03Vivre son rêve et donner sa liberté.
52:14Et rien qu'un peu d'amour.
52:29Tous les enfants ont besoin de rêver.
52:37Plus ils sont grands, plus leurs rêves sont grands.
52:44L'adolescent est un enfant.
52:52Est un enfant qui rêve à ses volants.
53:00Et dans son âme, pour l'entraîner sur l'océan.
53:11Un océan d'amour.
53:18Un océan d'amour.

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