Parade des Champions de Paris 2024 : "Une image plus ressemblante de la société française"
Le compositeur Victor Le Masne, directeur musical de Paris 2024, l'historien Patrick Boucheron, co-auteur de la cérémonie d'ouverture des JO et l'escrimeuse Auriane Mallo-Breton évoquent la Parade des champions qui réunit les athlètes olympiques et paralympiques samedi sur les Champs-Elysées.
Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end
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00:00Encore un peu de magie dans le grand entretien avant la parade des champions qui aura lieu
00:04tout à l'heure aux Champs-Élysées.
00:06Pour la parade qui commencera dès 16h, 70.000 personnes attendues, place de l'étoile,
00:13Paris est une fête, encore une fête pour quelques heures et plusieurs invités avec
00:19nous en studio ce matin.
00:21Il y a l'une des championnes qui a été double médaillée d'argent à l'épée
00:27Auriane Malobreton, bonjour, bravo et merci, Victor Lemann, bonjour, et bienvenue, vous
00:33avez composé la bande-son de ces Jeux, vous êtes le directeur musical de Paris 2024,
00:39« Parade », c'est le titre qui d'ailleurs est disponible sur toutes les plateformes
00:44depuis hier minuit, et notre grand historien Patrick Boucheron, bonjour, vous êtes l'un
00:50de ceux qui ont raconté la France en images et qui avaient coécrit, imaginé la cérémonie
00:56d'ouverture qui restera dans les mémoires.
00:59J'invite nos auditeurs à poser leurs questions, à nous faire part de leurs émotions, éventuellement
01:04de ce qu'on appelle maintenant la « J-ostalgie », comme une forme de nostalgie avant même
01:10la fin de la fête que vous nous appelez sans aucun souci au 01 45 24 7000 ou sur l'application
01:18France Inter pour vous exprimer.
01:20Première question peut-être pour vous en l'occurrence Auriane Malobreton, qu'est-ce
01:24que ça représente pour vous cette « Parade des champions », qu'est-ce que vous en
01:29attendez ?
01:30Alors comme vous l'avez dit, c'est vraiment une grande fête et le fait de se retrouver
01:33vraiment tous les athlètes olympiques et paralympiques ensemble, je trouve que c'est
01:37vraiment une super image et j'ai vraiment envie de profiter de cette journée du début
01:44à la fin et voilà, c'est vraiment une grande fête aujourd'hui.
01:47C'est une grande fête qui se prépare, on va entendre la musique qui a été donc la
01:52bande-son Victor Lemann, c'est sur ses notes d'ailleurs qu'on a vu et qu'on a accompagné
02:00ces Jeux olympiques, elle a apporté les champions, elle a apporté les compétitions.
02:05Pour vous, qu'est-ce que vous en attendez de cette parade ?
02:06Effectivement, c'est une dernière fête, une célébration, il y avait un vivre-ensemble
02:12pendant cette grande séquence olympique, paralympique qui était magnifique à voir
02:15et là c'est encore l'occasion de montrer un beau moment du tous-ensemble.
02:21Patrick Boucheron, qu'est-ce que ça représente une parade ?
02:24Alors, c'est autre chose qu'une cérémonie, vous avez travaillé pendant longtemps sur
02:27la cérémonie d'ouverture, la parade des champions, qu'est-ce qu'elle symboliserait ?
02:31Quand on travaillait sur la cérémonie, effectivement, on n'a jamais oublié qu'elle ouvrait les
02:35Jeux olympiques et que ce qui allait aussi être donné à voir et à comprendre et construire
02:41une fraternité retrouvée, c'était les Jeux olympiques et paralympiques et d'abord les
02:45athlètes et les paralympiques.
02:47Donc c'est leur triomphe à elles et à eux.
02:50L'arc de triomphe, normalement, c'était un symbole un peu martial et vous avez compris
02:54qu'on avait voulu donner à comprendre et à ressentir une image plus ressemblante de
03:02la société française, plus diverse, plus ouverte, où le patriotisme était remis au
03:08bon endroit, qui n'est pas celui du nationalisme agressif.
03:11Donc il va falloir une fois de plus, mais je suis certain que la bande-son va y contribuer.
03:15On va l'entendre, parade ! On va l'entendre sonner sur la terre !
03:19A désarmer l'arc de triomphe.
03:21Justement, Victor Le Manne, en fait, on nous a dit que ce soir, ce sera le best-of des
03:27Jeux, ce sera le best-of des meilleures images, des meilleurs moments.
03:30Est-ce que ce sera le best-of aussi de la musique ? On va retrouver Céron, on va retrouver
03:33Loki Love, on va entendre Parade ?
03:35On va entendre Parade, effectivement, c'est l'idée, c'est un grand best-of.
03:39Et on l'entend !
03:40Voilà, un grand best-of des quatre cérémonies, pas seulement celle d'ouverture.
03:45A cette occasion, je vais diriger un orchestre symphonique et également pop.
03:49Sur la place de l'étoile ?
03:50Sur la place de l'étoile, oui.
03:52Accueillant des artistes, tous les athlètes olympiques, paralympiques et le public, bien
03:58sûr, très nombreux.
03:59Et il y a ce moment, celui de la remise de décorations par le président de la République,
04:04c'est un moment symbolique, c'est un moment que vous attendez, Auréliane, par exemple ?
04:09Oui, c'est vraiment un moment qui va être très, très impressionnant, je pense.
04:15Et voilà, en plus, on a la chance d'avoir aussi nos familles qui sont invitées et je
04:21pense que c'est vraiment important de pouvoir célébrer avec nos proches aussi.
04:25A propos de décorations, Patrick Boucheron, le président de la République, il fait des
04:29annonces concernant l'héritage des Jeux et il va créer une décoration spéciale.
04:34Qu'est-ce que vous en pensez ? Quelle est la symbolique de ça ?
04:37Alors, je ne sais pas ce que va annoncer Emmanuel Macron, mais je pense que ce n'est pas qu'à
04:44lui qu'il appartient de définir la portée des Jeux olympiques, de ce qu'on a vécu
04:51ensemble.
04:52C'est à tout le monde.
04:53Là, maintenant, ça nous appartient.
04:55Le mouvement sportif, vous le savez bien, vous êtes aussi engagé dans la question
04:59de la santé, des femmes, la diversité.
05:02Le mouvement paralympique, on a vu des choses merveilleuses.
05:06C'est vrai, dans ces cérémonies, nous, les autrices et les auteurs, on a tenté de
05:10faire les quatre.
05:11Enfin, en tout cas, de comprendre les quatre.
05:13On a donné à voir la diversité, le courage.
05:16Maintenant, il faut qu'une politique suive.
05:18Ce n'est pas que des décorations.
05:20En l'occurrence, là, on parle de la décoration des athlètes qui vont avoir la Légion d'honneur
05:24ou l'Ordre du mérite.
05:25Il va y avoir cette nouvelle décoration, ce nouveau symbole ?
05:29Oui, il y a plein de symboles et il y a plein de conséquences à en tirer.
05:34Alors, sur votre antenne, Philippe Catherine, en tire les conséquences poétiques.
05:39Tous les jeudis matin.
05:40Moi, je vais tenter, plus prosaïquement, d'en tirer, ici ou ailleurs, des conséquences
05:46politiques.
05:47Sur la cité, je dirais, d'une manière générale.
05:50Vous qui êtes spécialiste de la ville et notamment des monuments dans la ville, Patrick
05:54Boucheron.
05:55Par exemple, on disait toujours, et en particulier depuis Barcelone 92, que les Jeux olympiques
05:59étaient un opérateur de transformation urbaine.
06:02Et là, on l'a vu et on le ressent, c'est moins la ville qu'on a transformée que le
06:06regard sur la ville.
06:08Pas seulement ces monuments.
06:09Les monuments, c'est important.
06:10Comme Ajoly le dit, il n'y a aucun rapport, enfin, j'ai aucun intérêt à opposer le
06:16patrimoine à l'art vivant, puisque l'un a grandi l'autre et qu'on en est, d'une
06:22certaine manière, exalté.
06:23Ça, c'est quelque chose.
06:25Et vous avez quand même concouru sous la verrière du Grand Palais.
06:30C'est magnifique.
06:31C'est extraordinaire, Auriane Malobreton, parce que c'est vrai que le lieu était invraisemblable
06:36de beauté.
06:37Le cadre où avaient lieu les compétitions d'escrime, ça vous a sans doute porté ?
06:42Oui, franchement, c'était un lieu magique, en fait, je pense qu'il n'y a pas d'autre
06:45mot.
06:46Et c'est vrai que cette descente aussi des marches, quand on a fait la visite du Grand
06:52Palais, avec le contrôle du matériel et du coup tout ce qui va avec, deux jours avant
06:57la compétition, j'avais l'impression d'avoir cinq ans et de découvrir vraiment ce lieu
07:02qui était magnifique et de me dire, c'est vraiment ces marches que j'ai envie de descendre
07:06dans deux jours et d'avoir pu le faire, c'était fou.
07:10Et deux médailles d'argent en plus.
07:12Mais vous êtes déjà nostalgique ou pas ?
07:14Je ne sais pas si c'est de la nostalgie, mais non, je suis vraiment très reconnaissante
07:21d'avoir pu vivre toutes ces émotions et d'avoir pu y retourner aussi en tant que spectatrice
07:26des Jeux Paralympiques et d'avoir pu soutenir les Eskrimers en fauteuil, c'était vraiment
07:34dingue.
07:35Et d'avoir pu emmener mon fils aussi.
07:36Quel spectacle !
07:37Franchement, c'était fou et de voir cette ambiance aussi pour les Jeux Paralympiques,
07:44c'était vraiment merveilleux.
07:45Victor Lemann, vous avez prononcé tout à l'heure le mot de collectif et c'est vrai
07:48que ce soir encore, ça va être un exercice collectif avec tout le monde, les volontaires
07:52qui vont monter également les chambres, même les friges, il va y avoir cet orchestre, ce
07:56grand concert, les athlètes paralympiques qui vont se mêler aux athlètes olympiques.
08:01L'Elysée aussi dit qu'on veut un moment collectif, à quel moment ce moment collectif
08:06est le nôtre et à quel moment il devient aussi un instrument, un objet politique, un
08:11discours politique ?
08:12Ça c'est Patrick Boucheron qui sera le maître de cette réponse, mais oui, le discours
08:17politique effectivement, c'est-à-dire que tout ce qu'on fait est politique.
08:20Moi, en tant que directeur musical, mes choix musicaux sont politiques, sont symboliques
08:26Ça ne s'agit pas simplement de faire danser, oui.
08:28Non, quand on voit ce qu'on a fait entre Ayane Camoura et la garde républicaine, entre
08:33Gojira, Marina Viotti à la conciergerie et Maurice Ravel.
08:36Il faut une compil' de tout ça ?
08:39Ça viendra peut-être un jour, mais oui, entre Maurice Ravel, Jean-Michel Jarre, Kavinsky,
08:44Angèle, je ne sais pas, Alexandre Kotorov jouant jeu d'os ou des trompes d'os, tout
08:49est symbolique, tout est politique.
08:50Et ça dit quoi alors ?
08:51Ça dépend de chaque segment, mais par exemple, pour Gojira, Marina Viotti à la conciergerie,
08:58cette idée de révolution, il y a une violence dans cette musique, dans ce métal, qui m'a
09:04semblé très intéressant de mettre en corrélation avec ce qu'est la révolution.
09:09Musiquellement, c'est une musique révolutionnaire, je voulais dire quelque chose avec ça.
09:11C'est la première fois qu'on entendait une musique comme ça, si rude, à la télévision
09:16déjà quasiment hors d'écoute, et encore plus en musique de cérémonie olympique.
09:21Et là, carrément, sur la conciergerie avec Marie-Antoinette et compagnie, là c'est
09:26Patrick Boucheron qui prendra la suite.
09:28Quand on invite du monde chez soi, on prépare une playlist et on fait en sorte qu'elle
09:35soit dansante, mais qu'elle nous ressemble aussi.
09:36C'est un récit ?
09:37C'est un récit.
09:38C'est un récit en images, c'est un récit en gestes, en mouvements.
09:42En sons ?
09:43En sons.
09:44De manière générale, c'est un récit qui s'est logé dans un moment politique très
09:48particulier.
09:49Cet été où la société s'est mise en mouvement, où on peut considérer, c'est
09:53pour ça que j'avais quelques difficultés à vous répondre, que la classe politique
09:57est très en retard par rapport à ce mouvement.
09:59Les gens ont fait des efforts, les gens ont été là où on ne les attendait pas.
10:04Ils ont aimé une cérémonie dont on leur disait qu'ils allaient la détester.
10:08Mais où ça va être notre amour et où commence la récupération politique aussi, qui permet
10:11de détourner l'attention peut-être ?
10:12Moi, ce qui m'intéresse, c'est que par exemple, qu'est-ce qu'on a vu cet été ?
10:17D'abord, on ne l'a pas halluciné, on l'a vu, on l'a vécu, on l'a ressenti.
10:21Les volontaires, parlons-en.
10:23Les bénévoles.
10:24Les volontaires, les bénévoles, vous êtes d'accord, ce sont les héros de la fête.
10:29Il y avait là une générosité, un courage, une bonne volonté qui s'impose à tout le
10:34monde.
10:35Et on voit que quand la puissance publique est dans la rue, les choses vont mieux.
10:39Du point de vue de la police, qu'on appelait autrefois « police de proximité », elle
10:45était là, dans la rue, la police de proximité.
10:47Il y a donc des leçons politiques à retirer.
10:49Et souvent applaudi, ce qui n'est pas évident et qui ne s'était pas produit depuis 2015.
10:55Mais un mot Patrick Boucheron, malgré tout, avant de donner la parole à Auriane, sur
10:59cette dimension politique, est-ce qu'il ne faut pas se méfier de la ferveur, de l'enthousiasme,
11:05de cette image de communion ?
11:07On se souvient de la France « Black Blambler » de 1998, alors qu'est-ce qui est différent
11:11et qu'est-ce qui ne doit pas être une illusion, un désenchantement, comme ça a pu être
11:18le cas après 1998 ?
11:19C'est un moment.
11:20Et ça n'arrivera qu'une fois.
11:22Et il faut d'emblée le dire quand, évidemment, la tentation est forte de prolonger les jeux,
11:29moi ce n'est pas du tout mon idée, ou d'installer, on va le faire un petit peu avec les statues,
11:34mais globalement, les statues de femmes, j'aimerais bien qu'elles soient toujours visibles à Paris,
11:40mais globalement l'idée c'est ce qu'on a vécu et ce qu'on va en faire.
11:44Et bien entendu que la ferveur, elle peut être cruellement démentie.
11:48Donc il faut en faire quelque chose collectivement et trouvons les moments et les lieux pour le faire.
11:55Auriane Malaubreton, le président de la République, annonce aussi qu'il y aura une grande fête
11:58du sport, un peu comme la fête de la musique, les 14 septembre.
12:02Comment vous le sentez, vous ?
12:05Franchement, je trouve que c'est vraiment une bonne chose parce que le sport,
12:09c'est sûr qu'il y a le sport de haut niveau et c'est juste une petite partie du sport.
12:15Le sport, il faut en faire, c'est la santé, on a tous besoin de bouger.
12:20Et du coup, je trouve que c'est hyper important vraiment d'ancrer cette journée.
12:26Et en fait, c'est une fête pour tout le monde.
12:29Victor Lemaine, vous y participeriez à cette fête de la musique annuelle qui deviendrait
12:32une tradition comme la fête de la musique ?
12:34Une fête du sport, pourquoi pas.
12:36Et ce qu'on a aimé, en tout cas moi j'ai adoré ça, c'était de mélanger l'art dans le sport,
12:42le sport dans l'art, etc.
12:43Donc peut-être que cette fête du sport, elle peut être aussi musicale, pourquoi pas.
12:47On file au Standard.
12:48Bonjour Olivier.
12:50Oui, bonjour.
12:51Et bienvenue sur Inter, avant cette parade des champions.
12:56Oui, merci.
12:56Ma question était pour M. Boucheron, vous avez déjà un peu évoqué le sujet avant
12:59sur la Coupe du Monde 98 et la France Black Blamber.
13:03Comment les Jeux Olympiques vont rester dans la mémoire collective ?
13:06Quand restera-t-il ?
13:07Et comment faire en sorte de ne pas répéter les erreurs finalement de 98
13:11où il n'est pas resté grand-chose de ce slogan Black Blamber à l'époque ?
13:15Merci pour votre question.
13:16C'était sinon une obsession, du moins une inquiétude ou une préoccupation.
13:21Il ne fallait pas qu'on refasse ça, en particulier du point de vue urbain.
13:24On sait bien qu'à ce moment-là, en Seine-Saint-Denis, le Stade de France
13:28s'était posé comme une soucoupe volante et que vous avez vu combien
13:32l'intégration urbanistique des équipements, même si on a finalement...
13:36Oui, c'était un vrai pari d'organiser les Jeux dans la ville.
13:39Dans la ville.
13:39Et il fallait voir, on parle de Paris 2024,
13:42mais moi j'ai été voir du Paras à Viron à Versure-Marne
13:47où par exemple, les extraordinaires compétitions de cyclisme sur piste
13:55à Clichy-sous-Bois, on avait quand même une autre vision de cette ville.
14:02Et maintenant, ça a changé.
14:04Et donc, du point de vue de la diversité,
14:07évidemment que j'ai l'impression qu'on a fait des pas de géant quand même.
14:11On a rendu visibles des choses.
14:13Du point de vue du handicap, nous, les autrices et les auteurs,
14:16on avait l'idée que peut-être à la fin, on pouvait poser un discours
14:21sur ce qu'on avait vu dans la cérémonie de clôture.
14:24Finalement, ça ne s'est pas fait.
14:25Ce n'est peut-être pas si mal, mais c'est à nous de le faire maintenant.
14:28Orianne, parlons sport justement.
14:30Patrick Boucheron parlait du mot changement.
14:33Est-ce qu'il y a un avant et un après pour vous dans le rapport des Français au sport ?
14:38Est-ce que vous pensez qu'il y a une sorte de petite révolution
14:41qui a eu lieu le temps de ces Jeux olympiques ?
14:43J'espère, j'espère vraiment.
14:45Comme je le disais, je pense que le sport, c'est la santé, c'est vivre mieux.
14:51Mais vous le voyez au niveau des fédés, par exemple.
14:54Est-ce qu'il y a davantage d'inscrits ?
14:55Est-ce qu'il y a des vocations que vous avez suscitées chez les plus jeunes,
15:00par exemple, qui auraient voulu se mettre à l'épée, au sabre, à l'escrime, tout simplement ?
15:04Alors, c'est vrai que des fédérations comme la nôtre,
15:06où on attend vraiment les Jeux olympiques,
15:09c'est vraiment souvent le pic d'inscription après les Jeux.
15:13Et de ce que j'ai entendu, je n'ai pas les chiffres,
15:16mais c'est sûr qu'il y a beaucoup d'inscriptions dans les salles d'escrime.
15:21Et c'est sûr que ça fait vraiment plaisir de savoir qu'on a contribué à cette réussite-là.
15:26Il y a le sport et la musique, la musique et le sport.
15:28On en parlait tout à l'heure, Victor Lemann.
15:29Il y a David et Jeanne qui nous demandent sur l'application France Inter
15:32au sujet de la réinterprétation de la Marseillaise.
15:34Quand pourrons-nous récupérer les partitions musicales
15:37pour les rejouer avec notre orchestre ?
15:40Très bonne question.
15:43On me la demande souvent, mais je les donne à qui veut,
15:50à tout orchestre de jeunes.
15:51Souvent, il y a des professeurs de musique dans des collèges, des lycées qui me le demandent.
15:55Donc, je les offre avec plaisir.
15:59C'est la Marseillaise.
16:00Mais c'est incroyable qu'on vous demande la Marseillaise !
16:02C'est assez incroyable.
16:03L'orchestre divertimento Zayazouani l'avait repris également,
16:07mon arrangement de la Marseillaise, au Stade de France pour la cérémonie de clôture.
16:10Je sais que maintenant, c'est dans son programme.
16:12Je crois qu'elle le joue.
16:13C'est un peu la Marseillaise de Zaya.
16:14J'adore cette idée.
16:15Et oui, cette Marseillaise, c'était mon premier rapport avec les Jeux Olympiques
16:19puisqu'on me l'avait demandé dès 2021 pour la cérémonie de clôture de Tokyo.
16:25Est-ce que vous savez que la figure d'Axel Saint-Cyrèle
16:28se trouve dessinée au pochoir dans bien des villes, des villages et des cités de France ?
16:32La femme qui a chanté sur le toit.
16:35Votre Marseillaise, Victor Duhaut, justement de votre Grand Palais.
16:41Et que cette image, qu'est-ce qu'elle nous donne à voir ?
16:45D'abord, elle nous fait lever les yeux.
16:47C'est comme les statues, elles sont hautes.
16:48Il ne s'agit pas simplement de les admirer,
16:49il s'agit de voir le projet politique d'émancipation qu'elles portent.
16:53Elle nous fait lever les yeux vers ce qui est possible.
16:56Donc, qu'est-ce qu'on a donné à voir et à entendre
16:58et à admirer grâce aux sportives comme vous ?
17:02Des choses qui étaient possibles.
17:03Alors, ça ne veut pas dire qu'elles ont lieu, qu'elles vont avoir lieu.
17:06Mais ça ne veut pas dire non plus qu'on les a hallucinées.
17:08Elles étaient déjà là.
17:09Cette société qu'on a mise en scène et qui s'est reconnue dans cette mise en scène,
17:14elle est là.
17:15Et donc, voilà, Ayanna Kamoura, c'est la queen, c'est la star mondiale.
17:21Mais Axel Saint-Cyrèle, elle n'était pas très connue quand même.
17:25Et c'est exactement comme ces destins de sportives et de sportifs
17:29pour les jeunes d'aujourd'hui.
17:32Ça leur montre que c'est possible.
17:34Et du point de vue de la diversité, c'est un pas énorme.
17:39Ça ne suffit pas.
17:40Mais c'est un bon début.
17:42Vous êtes l'auteur d'un livre sur la force des images.
17:45Patrick Boucheron, je vais vous demander très rapidement
17:47si vous deviez retenir une image justement de ces Jeux olympiques,
17:51puis paralympiques.
17:52Je ne peux pas.
17:53Dans notre désir le plus fou, on se disait comme Jesse Norman en 1989.
18:00Et si on pouvait garder une seule image,
18:02je crois honnêtement qu'il y en a eu plusieurs.
18:04Auriane ?
18:06C'est très compliqué, mais c'est vrai que moi, je vais parler avec le cœur
18:10et c'est le Grand Palais.
18:12Évidemment.
18:13Victor Lemaine ?
18:13Je suis un peu comme Patrick Boucheron,
18:15c'est-à-dire que les images et les sons, en ce qui me concerne,
18:18il y en a eu des milliards.
18:20J'ai besoin de temps pour faire une digestion de ça, de process un petit peu.
18:25Pour l'instant, c'est un peu trop tôt.
18:27Auriane Malambreton, je vais être plus terre à terre.
18:29C'est vrai que dans l'héritage sportif dont on parlait,
18:31il y a effectivement l'importance du sport pour les gens,
18:34mais il y a aussi, tout bêtement, la question du nombre de licenciés,
18:37des infrastructures.
18:38Et c'est vrai qu'aujourd'hui, le budget du sport, dans le budget de la nation,
18:42c'est 0,2% des dépenses.
18:44Est-ce que vous attendez plus, par exemple, sur les infrastructures
18:47de la part de l'État quand on aura un budget ?
18:51Oui, c'est sûr.
18:51De toute façon, on espère toujours plus, on veut toujours mieux.
18:56Moi, j'espère vraiment que par rapport aux salles d'escrime,
19:00il y ait dans plus de clubs, la possibilité de faire de l'escrime fauteuil.
19:05C'est pas le cas aujourd'hui.
19:06Dans tous les clubs, c'est pas possible parce que c'est vrai que c'est du matériel qui coûte cher.
19:11Et je pense que ce serait vraiment hyper intéressant, même en tant que valide,
19:15de pouvoir tourner et de travailler aussi sur les fauteuils
19:20parce qu'en fait, on peut travailler plein de choses.
19:22Et du coup, ça permettrait encore cette inclusion
19:25et qu'il y ait de plus en plus de personnes en situation de handicap qui puissent faire de l'escrime.
19:29Et ça, c'est quelque chose de très fort, ce que vous dites, Auriane Malot-Breton.
19:33Patrick Boucheron et Victor Le Manne, il y a juste un mot à dire
19:36pour ce qui se prépare maintenant, c'est-à-dire que Paris
19:40est devenue une capitale de la fiction, d'un grand récit que vous avez,
19:43tous les deux, contribué à écrire.
19:46Plus encore, peut-être même, que Los Angeles,
19:49qui est la capitale mondiale de la fiction, Patrick Boucheron.
19:51Oui, je pense qu'ils s'en remettront, mais pour l'instant, effectivement,
19:53ils passent un mauvais moment.
19:55La capitale de l'entertainment, bien sûr, c'est Los Angeles.
19:59Ils ont inventé cette culture-là.
20:00Et là, je suis assez heureux de ça,
20:03fier d'avoir ramené toute cette culture, toute cette pop aussi.
20:06Et toute cette culture.
20:07Toutes ces cultures.
20:09C'est pour ça que je disais Ravel et Gojira,
20:11parce que Thomas Joly, il ne faut quand même pas l'oublier.
20:14C'est quand même quelqu'un qui a fait jouer Shakespeare en 24 heures,
20:19qui a fait jouer Thieste de Sénèque dans la cour d'honneur d'Avignon.
20:23Et donc, c'est aussi une figure du théâtre public et d'un théâtre exigeant.
20:27Et quand on parle d'une politique culturelle qui serait hors-sol,
20:31vous trouvez qu'on a été hors-sol ?
20:33Vous trouvez qu'effectivement, à ce moment-là,
20:35on n'était pas solidement sur nos appuis ?
20:37Et montrant que voilà, c'est comme ça, maintenant, la société.
20:44Et ça peut être comme ça, une politique culturelle.
20:46Ça ira.
20:47Merci pour le mot de fierté.
20:49Aurélien Malombreton, c'est un mot que vous pouvez prononcer vous-même.
20:52À quoi ressemblera l'avenir, très rapidement, avant de mettre fin à ce grand entretien ?
20:57Alors, ça va être un peu de kiné.
21:00Je recommence à travailler à partir de lundi.
21:03Donc voilà, je vais être référente santé de la femme dans un cabinet du sport.
21:07Parce que voilà, c'est quelque chose qui me tient à cœur.
21:10Et je pense que voilà, on ne traite pas une femme de la même manière qu'un homme.
21:13Et voilà, dans l'espoir, c'est pareil.
21:15Donc voilà.
21:17Merci infiniment à tous les trois d'avoir été nos invités
21:20en ce jour de grande parade des champions.
21:23Il est 8h43.
21:24Bonne journée.
21:25Oui, bien sûr, ça commence à 16h et ça se poursuivra jusqu'à très tard dans la nuit avec un immense concert.
21:33Merci à tous les trois.