Fillette frappée par une enseignante: "On a affaire à une fonctionnaire aguerrie, respectée, à la carrière irréprochable, qui a craqué", indique l'avocat de l'institutrice
Laurent Hazan, avocat de l'institutrice accusée d'avoir frappé une élève de 3 ans dans une école du XVe arrondissement de Paris, était l'invité de BFMTV ce jeudi soir.
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00:00Comment justifie-t-elle ce geste ?
00:03Alors, comment est-ce qu'elle le justifie, ça...
00:06Effectivement, elle a pu se confier à moi très longuement hier.
00:10Ce qu'elle m'a livré restera pour l'instant confidentiel.
00:13Et elle réserve ses déclarations à la justice,
00:17aux autorités de police qui l'auditionneront bientôt.
00:20Ce que je peux vous dire, et la raison de ma présence aujourd'hui,
00:24c'est qu'il y a un emballement médiatique insupportable.
00:29Je vois ma consœur, avocate de la famille et de l'élève
00:35passer de plateau en plateau pour nous expliquer
00:38qu'on a affaire à un monstre, à une personne déséquilibrée.
00:43On nous dit que d'autres dossiers sortent, que les langues se délient.
00:47Ce que moi, je veux dire, juste pour terminer,
00:50c'est qu'on n'a pas affaire à une déséquilibrée.
00:54On n'a pas affaire à une enseignante inexpérimentée.
00:58Bien au contraire, on a affaire à une fonctionnaire aguerrie,
01:03respectée, à la carrière irréprochable,
01:07mais qui a malheureusement eu un geste malheureux, qui a craqué.
01:12– C'est ce qu'elle vous a dit, elle a craqué ?
01:13– Elle a craqué.
01:14– Et pourquoi a-t-elle craqué ?
01:15– Sous l'effet de la pression.
01:18– Quelle pression ?
01:19– Et sous l'effet de conditions de travail qui sont devenues insupportables.
01:23– Quelle pression ?
01:24Précisément, parce que là, on est à la rentrée.
01:25La pression de la rentrée, l'impréparation de la rentrée,
01:29la pression des effectifs, la pression des conditions de travail.
01:34– Oui, pardon Maître, c'est assez contradictoire parce que vous nous dites
01:37que c'est une professeure expérimentée.
01:39– Elle a 22 ans d'ancienneté.
01:40– 22 ans d'ancienneté et en même temps, vous nous dites
01:42qu'elle n'a pas supporté la pression, c'est assez contradictoire.
01:45Ce n'est pas une jeune enseignante,
01:46ce n'est pas la première fois qu'elle fait une rentrée
01:48avec des petits qui sont séparés,
01:51et notamment pour cette petite fille, pour la première fois, de leurs parents.
01:54Donc cette explication, elle a du mal quand même à passer.
01:57– Pourquoi est-ce que cette rentrée-là ne passe pas ?
01:59– Mais parce qu'elle a été particulièrement compliquée
02:02et parce que comme tout à chacun,
02:04elle peut aussi avoir des difficultés dans sa vie quotidienne,
02:07des soucis de santé, des soucis personnels.
02:10– Ça justifie qu'on ne fera pas l'enfant ?
02:11– Non, ça ne justifie pas.
02:13Là-dessus, il n'y a pas de débat, qu'on soit bien clair.
02:16– Elle regrette ce geste ?
02:17– Évidemment qu'elle le regrette, elle s'en est excusée immédiatement.
02:21Donc moi, je ne suis pas là pour, si vous voulez, vous plaider son innocence.
02:25– C'est la première fois qu'elle frappe un enfant ?
02:26– Évidemment que c'est la première fois qu'elle frappe un enfant.
02:29– Il y a un signalement de 2012,
02:30où il lui a été reproché d'avoir mis une gifle à un enfant ?
02:33– Oui, il y a un signalement.
02:35Qu'est-ce qu'un signalement ?
02:36C'est un courrier de parents au rectorat,
02:41qui n'a donné suite à rien.
02:44Il n'y a pas eu de plainte pénale,
02:45il n'y a pas eu d'enquête administrative interne, absolument rien.
02:50Et ça, ça arrive dans la carrière d'un enseignant, une fois, deux fois par an.
02:55Donc ce n'est pas un événement exceptionnel, c'est anecdotique.
03:02Et cette affaire, elle est anecdotique.
03:04– Pas pour la petite-fille ?
03:05– Attendez, pas pour la petite-fille et les parents de la petite-fille ?
03:07– Absolument pas, je m'explique, je m'explique.
03:10Elle est anecdotique, elle est tristement banale,
03:14au regard de la réalité des conditions de travail
03:17de bon nombre d'enseignants dans ce pays.
03:19Je m'explique.
03:20Quand je dis ça, je ne minimise en rien la gravité des faits,
03:24qu'on soit bien clair.
03:26Je ne minimise pas la douleur.
03:30– Qu'est-ce qui est anecdotique alors, pour qu'on comprenne bien ?
03:33– Le craquage d'une enseignante, d'une fonctionnaire,
03:39qui aujourd'hui, en 2024, ne peut plus travailler dans des conditions sereines.