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Victime de viols pendant dix ans de son mari et de 50 inconnus engagés par ce dernier sur Internet, la femme de 71 ans a témoigné pour la première fois, jeudi 5 septembre dernier, devant la cour criminelle du Vaucluse. Régine Delfour était présente et raconte : «Elle est extrêmement digne et courageuse».

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Transcription
00:00C'était un témoignage extrêmement attendu, puisque c'est la première fois qu'elle s'exprime depuis 4 ans, depuis le mois de septembre,
00:06où son mari a été interpellé dans un hypermarché de Carpentras, puisqu'il a été surpris en train de filmer sous les robes, les jupes des femmes.
00:16Et en fait, en septembre 2020, elle est en banlieue parisienne avec ses petits-enfants, elle est en train de les garder.
00:24Son mari l'appelle et lui dit « Écoute, j'ai fait une énorme bêtise ». Il lui dit « Voilà, j'étais surpris ».
00:30Elle lui dit « Écoute, c'est inadmissible, il faut que tu présentes tes excuses, mais tu vas te faire soigner et je suis prête à t'aider ».
00:38En novembre, c'est le 2 novembre qu'elle va connaître, le 2 novembre 2020, où elle est convoquée au commissariat de Carpentras,
00:45et elle s'attend à ce qu'on lui parle de cette affaire d'hypermarché à Carpentras.
00:49Et pas du tout, en fait. Là, l'enquêteur, qui a interpellé Dominique Pellicot, a fait ses investigations au niveau du matériel informatique de l'ordinateur.
00:59Il va tomber sur des vidéos, sur des photos, et il va lui montrer, en fait, il va lui annoncer ce dont elle a été victime.
01:06Elle n'en a aucune connaissance. Et là, elle dit « Ma vie a basculé du jour au lendemain ».
01:12Elle n'a pas voulu tout voir. Elle ne verra que tout l'ensemble du dossier en mai 2024, quelques mois avant le début du procès, parce que c'est énorme.
01:21Elle dit « Je vois une photo d'une femme, je ne me reconnais pas tout de suite, ce n'est pas mes vêtements, il y a des hommes qui sont sur moi, c'est une scène de viol, c'est de la barbarie ».
01:33Et ce que je retiens, moi, de ce témoignage, c'est qu'elle est extrêmement digne, très courageuse. Pendant son témoignage, elle livre ce témoignage, mais sans aucune retenue.
01:44C'était jeudi. Elle fait face quand même à ces 50 hommes, plus son mari, qu'elle découvre.
01:53Deux jours avant, puisqu'il y a eu la lecture des actes d'accusation, il y en a quand même 35 qui n'ont pas reconnu.
01:59Qui n'ont pas reconnu le viol et qui pour eux disent, c'est leur moyen de défense, que c'était soi-disant un jeu libertin dans un couple, alors que pas du tout.
02:09Elle le dit, et j'ai été sacrifiée sur l'hôtel du vice. Pas un de ces hommes ne s'est inquiété. C'était une poupée de chiffon, un sac poubelle.
02:19Elle a demandé à ce qu'il n'y ait pas ce huis clos, pour que les médias, le public, enlèvent ce tabou de la soumission chimique.
02:30Et que d'autres femmes, qui sont sûrement victimes aussi de cette soumission, par des conjoints, par d'autres membres de leur famille, par des personnes, puissent se dire, qu'est-ce qui m'arrive ?
02:42Parce que pendant ces 10 années, Gisèle Pellicot va souffrir d'absence de mémoire. Elle a peur de souffrir de la maladie d'Alzheimer.
02:50Donc elle va faire des IRM, des scanners, elle va voir des neurologues. Évidemment, on ne va rien trouver.
02:56C'est une femme qui disait, j'étais quelqu'un de très actif, le week-end, j'avais fait mes cours, je faisais beaucoup de choses, alors il m'arrivait de dormir jusqu'à 18h.
03:04Elle ne comprend pas. Et même une fois, elle demande à son mari, elle lui dit, mais tu ne serais pas en train de me droguer, mais sur le ton de la plaisanterie.
03:12Et lui, il s'effondre en disant, mais comment tu peux dire ça ?
03:15Donc, c'est pour cela qu'elle ne veut pas le huis clos, c'est vraiment pour soulever ce tabou, et pour en parler.
03:24Et après, il y a eu ce témoignage vendredi de sa fille, qui elle aussi a été victime, mais de photos qui ont été prises, des photos montage, ces belles filles aussi.
03:34Donc, c'est toute une famille. Et là, on parle de 51 hommes avec Dominique Pellicot, mais en fait, c'est 51 hommes qui ont été identifiés.
03:44Il y en a 30 en plus qui ne l'ont pas été.
03:48– C'est absolument incroyable. Et peut-être, Régine, est-ce que vous nous disiez, effectivement, une femme absolument courageuse,
03:57on y reviendra avec vous dans un instant aussi sur cette nécessité de s'opposer au huis clos pour se reconstruire.
04:03Vous avez vu ces visages, les visages de ces bourreaux ?
04:06– Oui, parce qu'en fait, il y a 18 hommes qui sont dans des box, puisqu'ils sont eux encore en train de purger une peine,
04:14parce qu'ils avaient d'autres accusations, mais beaucoup, tous ceux, les autres, ont fini leur détention provisoire et sont dans la salle à vos côtés.
04:23Donc, on les voit, j'aime pas cette expression, mais c'est vrai, c'est un peu monsieur tout le monde.
04:28On a tous les profils de la société, que ce soit au niveau professionnel, que ce soit aussi au niveau salarial, les niveaux de vie,
04:39et aussi au niveau de l'âge, ça va de 26 ans jusqu'à 74 ans.

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