Benoît Perrin : «J’aimerais qu’il dise pardon au nom de toute la classe politique»

  • le mois dernier
Benoît Perrin, directeur général Contribuables Associés, revient sur la situation économique du pays d’après Michel Barnier : «J’aimerais qu’il dise pardon au nom de toute la classe politique française depuis 50 ans qui gère mal l’argent des Français et public».

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Transcription
00:00Probablement qu'il va redire ce qu'on entend, vous avez raison, depuis des années,
00:03c'est-à-dire on a une dette qui explose, on a un déficit de plus en plus important.
00:06On a vu les chiffres cette semaine.
00:08On va arriver à un déficit de 5,6 %, alors que le gouvernement avait prévu
00:12d'un déficit de 5,1 %, donc c'est quand même à nouveau un gros dérapage.
00:17Donc ça, il va le redire, mais on va dire on est habitué.
00:19Moi, ce que j'aimerais beaucoup, c'est qu'il dise les yeux dans les yeux la vérité aux Français,
00:22c'est-à-dire très concrètement qu'aujourd'hui, en termes de dépenses publiques,
00:25on est sept points supérieurs à la moyenne des pays européens.
00:29Qu'en termes de prestations sociales, c'est-à-dire tout ce qui est budget
00:32de la sécurité sociale pour aller vite, on est cinq points supérieurs
00:35à la moyenne des pays européens.
00:36Donc je veux dire, on ne se compare pas à des pays trop éloignés.
00:39Juste au niveau européen, on dépense beaucoup plus que nos voisins.
00:43Deuxièmement, je crois qu'il faut dire la vérité aux Français aussi,
00:45c'est-à-dire que comme on a des recettes qui sont largement inférieures
00:49à nos dépenses, eh bien, on doit se tourner vers les marchés financiers
00:51exactement comme un individu, quand il a besoin d'argent, se tourne vers sa banque.
00:56Donc du coup, on est tributaire des marchés financiers.
00:59Et les marchés financiers, eh bien, ils regardent très simplement
01:02comment est géré notre argent.
01:03Si on gère mal notre argent, ce qui est le cas en France depuis des années,
01:06eh bien, forcément, il a tendance à nous imposer des taux d'intérêt importants.
01:11Je voudrais aussi qu'on dise que d'ici quelques années, la dette,
01:15la charge de la dette, c'est-à-dire simplement les intérêts qu'on rembourse
01:17à nos créanciers, va devenir le premier budget de l'État.
01:20Donc c'est-à-dire devant l'éducation nationale.
01:23Donc je voudrais vraiment qu'ils disent aux Français presque pardon
01:26au nom de toute la classe politique française depuis 50 ans.
01:29Qui gère mal l'argent des Français, qui gère mal l'argent public.
01:32L'argent public, je le répète, c'est de l'argent privé
01:34qui est confié à nos élus, confié aux hauts fonctionnaires.
01:37Et je voudrais vraiment qu'ils demandent pardon au nom de toute la classe
01:39politique française.
01:40Et du coup, je voudrais maintenant qu'ils disent la vérité.
01:43Dernier point, c'est-à-dire maintenant, il faut agir.
01:45À chaque fois qu'on a un nouveau premier ministre, il nous dit la même chose.
01:48On va faire attention.
01:49Cette fois-ci, on va attention à ne pas dépenser n'importe comment.
01:52On va faire attention à l'euro près.
01:53Mais ce n'est jamais ou quasiment jamais suivi d'action.
01:58Donc là, ce qu'il faut comprendre, c'est que là, cette fois-ci,
02:00maintenant, on va devoir payer la facture.
02:02Et qui va la payer ? Ça veut dire plus d'impôts pour les Français ?
02:05Alors déjà, a priori, on a déjà des pistes qui ont été envisagées.
02:08C'est-à-dire qu'on sait déjà que les entreprises vont être plus taxées.
02:11On sait qu'il va y avoir des taxes sur les rachats d'actions,
02:14des taxes sur les super profits des entreprises d'énergie.
02:17On sait que l'apprentissage, on va sabrer le budget.
02:20On sait que le crédit impôt recherche qui présente beaucoup d'argent,
02:227 milliards, va être certainement raboté.
02:25Donc pour les entreprises, c'est sûr qu'elles vont trinquer.
02:27Pour les particuliers, on le sait déjà.
02:28On a eu la taxe foncière qu'on doit payer pour les propriétaires,
02:32donc un Français sur deux, plus 3,9% de nos impôts locaux,
02:36décidés au niveau national.
02:38Et après, à chaque mairie, le cas échéant, d'augmenter ou non ce taux.
02:42Donc on sait que déjà, au niveau local, on va avoir des impôts supplémentaires.
02:45Après, on sait déjà, Bercy commence à travailler sur des hausses d'impôts,
02:49sur les successions, en tout cas les grandes successions,
02:51sur la suppression d'un certain nombre de niches fiscales.
02:54Alors on va vous dire, ce n'est pas une augmentation d'impôts.
02:56Sauf que quand vous êtes habitué à payer moins d'impôts que le taux normal,
03:00si on vous supprime cette niche fiscale,
03:02au final, vous allez payer davantage d'impôts.
03:04Donc on sait que pour équilibrer un budget,
03:07soit vous faites une baisse de votre dépense,
03:11soit vous augmentez vos recettes, soit vous faites les deux.
03:13Et à mon avis, on va probablement faire les deux,
03:15c'est-à-dire qu'on va probablement essayer de maîtriser la dépense publique.
03:19Mais j'ai très peur qu'en parallèle, on augmente considérablement
03:23les impôts qui pèsent sur les Français et sur les entreprises françaises.
03:27Et dernier point, il faut rappeler que nous sommes champions d'Europe des impôts,
03:31puisqu'aujourd'hui, il y avait un petit match avec le Danemark.
03:34Aujourd'hui, on l'a gagné.
03:35En 2023, on l'a gagné.
03:37Nouvelle médaille pour la France, non comptabilisée dans le cadre des Jeux olympiques.
03:40Mais c'est dommage parce qu'on pourrait aussi avoir une médaille d'or
03:42en termes de dépenses publiques, puisque là, on est le premier pays au monde.
03:45Mais pourquoi ?

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