Allemagne: la percée des extrêmes qui fragilise Olaf Scholz

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Luc André, correspondant de l’Opinion à Berlin, analyse la percée de l’AfD et du BSW en Allemagne après les élections régionales en Saxe et en Thuringe

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00:0034 ans après la réunification,

00:02l'ex-RDA est toujours en retard par rapport à l'Ouest.

00:05Il y a des inégalités sur les salaires,

00:07sur les patrimoines,

00:08qui sont vécues comme des humiliations.

00:15Il faut commencer par dire que ni la SAX, ni la Turinge

00:17ne sont des bastions du SPD, le parti du chancelier.

00:23Il y a dix ans, les sociaux-démocrates

00:25plafonnaient déjà autour de 12 % dans ces territoires.

00:29Et la dégringolade s'est accentuée.

00:31Ce qui frappe, c'est que les trois parties

00:33de la coalition d'Olaf Scholz, ensemble,

00:35rassemblent 10 % des voix en Turinge

00:37et un peu plus de 12 % en SAX.

00:38Donc oui, on peut parler de véritable revers,

00:41de claque même pour Olaf Scholz.

00:43C'étaient des scrutins régionaux avec des thèmes propres,

00:46mais la campagne s'est déroulée en partie

00:48sur des questions nationales, comme la guerre en Ukraine.

00:51Et force est de constater que l'échelon fédéral

00:54n'a pas apporté d'effet d'entraînement

00:56pour les partis de la coalition d'Olaf Scholz,

00:59donc les sociaux-démocrates, les écologistes et les libéraux.

01:02Au contraire, les problèmes budgétaires,

01:05les dissensions au sein de cette alliance

01:08sur la politique sociale, économique ou sur l'immigration

01:10ont véritablement pesé comme un handicap

01:13pour les partis de la coalition au pouvoir.

01:19Alors, avec plus de 30 % des voix,

01:22on n'est plus sur du vote protestataire.

01:23L'AFD séduit différentes catégories socioprofessionnelles

01:27et cible des thèmes qui ont un écho au-delà de son électorat,

01:30à commencer par la volonté de limiter l'immigration.

01:33On peut dire qu'il y a même une sorte de quasi-consensus

01:36au sein de la classe politique allemande sur le sujet,

01:38d'autant plus depuis l'attentat de Sollingen,

01:42qui a été commis par un demandeur d'asile

01:44que l'Allemagne a échoué à expulser.

01:47Il faut savoir que la SAXE et la Thuringe

01:48abritent une population étrangère plus faible que la moyenne nationale.

01:52C'est un héritage de la RDA.

01:53Il existe sur ces territoires une réticence envers l'immigration et l'islam

01:57que l'AFD a su exploiter,

01:59alors même que ces régions ont une population vieillissante

02:03et ont d'ores et déjà besoin de main-d'œuvre étrangères

02:06pour faire fonctionner leur économie.

02:07L'AFD est donc jugée plus compétente que d'autres parties sur l'immigration,

02:11mais aussi sur la lutte contre la criminalité

02:13ou alors pour porter la voix de l'Est.

02:1634 ans après la réunification,

02:18l'ex-RDA est toujours en retard par rapport à l'Ouest.

02:21Il y a des inégalités sur les salaires,

02:22sur les patrimoines qui sont vécues comme des humiliations.

02:26Le vote AFD traduit aussi une détresse face au recul

02:30des services publics dans les zones rurales

02:33et la peur de perdre pied face aux changements

02:37impliqués par la transition climatique.

02:39Il faut aussi ajouter le positionnement pro-russe de l'AFD

02:43qui touche une corde sensible dans cette région,

02:46malgré quatre décennies d'appartenance forcée aux blocs soviétiques.

02:50Est-ce que c'est inquiétant ?

02:51Complètement.

02:52En Thuringe, l'AFD va disposer d'une minorité de blocage

02:56et pourra perturber les institutions,

02:58notamment bloquer les élections de juges constitutionnels

03:01et même de juges judiciaires.

03:03C'est un problème car la Thuringe va connaître

03:06une grande vague de départs en retraite dans la magistrature

03:09et aussi ces neuf juges constitutionnels

03:11doivent quitter leur fonction pendant la législature

03:14qui va commencer maintenant.

03:16Cela rappelle des phénomènes qu'on a vus à l'œuvre en Hongrie

03:21ou en Pologne, sous le PIS,

03:23donc des populistes qui cherchent à bloquer

03:25ou verrouiller les institutions à leur profit.

03:33D'abord, j'ai envie de dire que le BSV jouait à domicile.

03:35Le parti est issu d'une scission de Die Linke

03:39qui était très fort dans tous les territoires d'ex-RDA.

03:42Die Linke dirigeait par exemple le gouvernement régional en Thuringe,

03:45une véritable bastion avec plus de 30% des voix

03:48lors des élections régionales de 2019.

03:50Et en Saxe, cette famille politique faisait 20%

03:54il n'y a pas si longtemps avant l'essor de l'AFD.

03:56Et comme l'AFD, comme l'extrême droite,

03:59le BSV a ciblé l'immigration, les inégalités SOS

04:02et surtout la guerre en Ukraine.

04:04Comme argument de campagne, le BSV est clairement pro-russe.

04:07Il se présente comme le parti de la paix.

04:09Des thèmes de politique nationale qui ont bien fonctionné,

04:11même si le BSV espérait un peu plus.

04:15Sa chef, Zara Wanknecht, poursuit dans cette veine,

04:18dans l'optique de négociations de coalition avec les conservateurs notamment.

04:22Elle réclame des gages sur l'aide à l'Ukraine

04:24ou sur le stationnement de missiles américains

04:27qui est prévu à partir de 2026 en Allemagne.

04:29Mais il faut le préciser,

04:30aucune troupe étrangère n'est autorisée à s'installer en ex-RDA

04:34en vertu des traités ayant ouvert la voie à la réunification.

04:37Donc c'est une demande qui est un petit peu hors sujet,

04:40mais qui mobilise dans cette région

04:43qui, comme je le disais, est encore sensible à une bonne entente avec la Russie.

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