Un cadre du Hamas dit que des otages retrouvés morts devaient être libérés en cas d'accord de trêve

FRANCE 24

01/09/2024

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00:00La douleur des familles de 6 otages dont les corps ont été retrouvés dans un tunnel à Rafa,

00:05une manifestation de colère se tient en ce moment à Tel Aviv.

00:08Un appel à la grève générale a été lancé pour la journée de demain, lundi.

00:12Le forum des familles d'otages appelle le Premier ministre Benyamin Netanyahou

00:15à assumer ses responsabilités et expliquer ce qui a empêché la conclusion d'un accord.

00:21On en parle avec vous Claire Duhamel. Bonjour Claire, vous êtes notre correspondante à Jérusalem.

00:25Vous êtes avec nous aujourd'hui en plateau ici à Paris.

00:28Vous allez nous aider à y voir un petit peu plus clair.

00:30Est-ce qu'on est dans un possible point de bascule après la découverte du corps de ces 6 otages

00:35et surtout la colère de ces familles qui s'expriment de plus en plus haut ?

00:38Vous en avez rencontré certains d'ailleurs.

00:40Oui bien sûr, c'est certain que c'est un choc immense pour les familles de ces 6 otages

00:46et plus généralement pour leur soutien et pour toute la population israélienne

00:50puisque ces 6 otages ont été exécutés, c'est en tout cas ce que dit l'armée israélienne

00:55et vraisemblablement très récemment, c'est ce que dit l'armée qui dit que ça s'est produit dans les derniers jours.

01:00Et sur ces 6 otages par exemple, il y en avait 3 qui figuraient sur la liste des otages

01:05qui étaient potentiellement libérables dans le cadre des négociations qui bien sûr on le sait n'aboutissent pas.

01:10Alors bien sûr pour les familles c'est extrêmement difficile à vivre, c'est un peu le scénario du pire

01:15et dès à présent il y a des manifestations à Tel Aviv, également à Jérusalem

01:20et l'Istadrout qui est le syndicat principal en Israël a annoncé que dès demain il y aurait une grève générale

01:26ce qui est relativement rare en Israël et le but c'est bien sûr de mettre la pression sur le gouvernement israélien

01:32et je pense que cela montre une profonde fracture dans la société israélienne.

01:37Il y a ces familles d'otages qui s'époumonnent à demander des négociations,

01:40qui s'époumonnent à faire pression sur le gouvernement.

01:43J'avais rencontré par exemple la famille de Carmel Gat qui est l'une des 6 otages qui a été tuée ces derniers jours

01:49et cette famille voulait à tout prix qu'il y ait un cessez-le-feu pour la libération des otages

01:55et aussi pour les civils palestiniens de Gaza.

01:58Et à côté de ça il y a une autre partie de la population qui considère que le plus important c'est les objectifs militaires d'Israël

02:04et qu'en ce sens avant de négocier il faut mener cette guerre malgré sa violence, la brutalité qu'on connaît.

02:12Cette fracture immense de la société israélienne s'illustre de semaine en semaine

02:16et c'est certain qu'un événement comme celui-ci, le corps de 6 otages, cela contribue à la creuser encore plus.

02:22Il y a aussi à prendre en compte les déclarations d'un ancien négociateur,

02:26un homme qui a œuvré il y a quelques années à la libération de Gilad Chalit.

02:30Lui accuse l'État hébreu de saboter les négociations en vue d'un cessez-le-feu.

02:35Oui, il s'appelle Gershon Baskin et il a pris la parole pour la première fois hier,

02:39quelques heures avant que les corps de ces 6 otages aient été retrouvés.

02:44Ce n'était pas un négociateur officiel.

02:46En fait, il est connu en Israël puisqu'il avait négocié pour la libération de Gilad Chalit.

02:51Il dit qu'il a des très bons liens avec des chefs du Hamas.

02:54Et depuis le début de cette guerre, il disait au gouvernement qu'il était prêt à négocier pour Israël

03:00mais qu'il n'avait pas été appelé.

03:02Et il y a quelques semaines, le forum des familles des otages,

03:05qui est l'organisation qui représente les familles,

03:08lui a demandé de mener des négociations parallèles de manière à parler au Hamas,

03:12à savoir où on en était exactement.

03:14Et il dit qu'un accord est atteignable.

03:16Il dit que lui, de par ses contacts privilégiés, il pense que c'est possible.

03:21Mais depuis hier en tout cas, il accuse assez frontalement le gouvernement israélien

03:25et dit que Benyamin Netanyahou n'a pas intérêt à ces négociations

03:28et qu'il participe grandement à phagociter les négociations qui sont toujours en cours.

03:33Ce n'est bien sûr pas la parole officielle israélienne

03:36puisqu'encore aujourd'hui, Benyamin Netanyahou a pris la parole

03:38et dit que c'était le Hamas qui empêchait la possibilité d'avoir un accord

03:43pour la libération de certains otages israéliens

03:45et puis bien sûr pour la population palestinienne de Gaza.

03:48Et un chiffre à préciser, je rappelle que sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre dernier,

03:5397 otages sont toujours à Gaza actuellement,

03:5633 sont déclarées mortes par l'armée israélienne.

03:59Claire, vous vous êtes aussi rendu plusieurs fois en Cisjordanie occupée.

04:03C'est un territoire sur lequel il y a une véritable chape de plomb depuis deux ans maintenant,

04:07mais les dernières opérations, les dernières incursions ont été particulièrement meurtrières.

04:11Oui, la Cisjordanie, c'est beaucoup plus facile d'accès aux journalistes étrangers tout simplement

04:16puisque depuis le 7 octobre, on ne peut pas aller indépendamment à Gaza.

04:19Par contre en Cisjordanie, quand on est un journaliste étranger,

04:23on peut régulièrement se rendre notamment dans les camps de réfugiés palestiniens en nord de la Cisjordanie.

04:28Moi, ça fait bientôt trois ans que je travaille en Israël-Palestine

04:31et régulièrement je vais à Djenine, Naplouz, Tulkarem

04:34et depuis deux ans environ, ces raids de l'armée israélienne sont devenus plus réguliers.

04:39Ils participent à un sentiment de peur très forte de ces habitants des camps de réfugiés.

04:45Les Israéliens, eux, disent qu'ils visent des cellules de combattants,

04:49le Hamas notamment, mais aussi le djihad islamique.

04:52Et là, depuis cinq jours, on observe un nouveau raid,

04:55cette fois-ci parallèle sur plusieurs camps de réfugiés en même temps,

04:58notamment Tulkarem et Djenine.

05:01L'armée israélienne a nommé cette opération « Summer Camps »,

05:04les camps d'été en français,

05:06et c'est très rare que l'armée israélienne donne un nom comme ça pour une opération en Cisjordanie.

05:11Cela fait cinq jours que de nombreux bataillons sont déployés,

05:14que la population palestinienne est sommée d'évacués,

05:17par exemple les camps de réfugiés.

05:19Il y a aussi des frappes aux drones,

05:21c'est un niveau de violence qui est rare en Cisjordanie,

05:24ou du moins qu'on ne voyait pas régulièrement avant le 7 octobre.

05:28C'est un peu l'autre guerre que mène Israël,

05:30mais là, c'est ce qui est certain,

05:32des ramifications communes avec la guerre à Gaza,

05:35ces évacuations de civils notamment,

05:37ce qui est très très rare, je l'insiste, en Cisjordanie.

05:40Ces frappes de drones aussi étaient très rares avant le 7 octobre,

05:44et la population de ces camps de réfugiés, à chaque fois qu'on s'y rend,

05:47elles disent qu'elles ont la sensation d'être un petit peu oubliées,

05:51par rapport notamment aux yeux du monde qui se tournent un petit peu plus vers Gaza,

05:55et elles considèrent que plus la guerre est brutale à Gaza,

05:58plus l'occupation et le quotidien qu'ils vivent est également brutal,

06:01et ils craignent pour la sécurité de leurs enfants,

06:03pour les infrastructures de la ville,

06:05et de manière générale à ce que ces raids de l'armée israélienne

06:08continuent à dégrader grandement leurs conditions de vie.

06:11Merci beaucoup Claire, un grand merci à vous.

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