Le 15 avril 2019, une partie de la cathédrale brûle sous les yeux du monde entier. Fixé sur 500 jours, le chantier de reconstruction arrive bientôt à échéance. Où en sont les travaux ?
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00:00Avec nous pour en parler, Edouard Delamas, bonjour, vous êtes avocat et surtout président de l'Observatoire du Patrimoine Religieux, merci d'être avec nous ce matin.
00:08Tandis que Marie-Jean Trick est sur le parvis de Notre-Dame de Paris ce matin, alors que nous sommes aujourd'hui à pile 100 jours de la réouverture de la cathédrale.
00:18Ça y est, les échafaudages commencent à être enlevés. On garde tous évidemment en mémoire les images terribles de ce 15 avril 2019, tout le monde se souvient de où il était le soir où Notre-Dame a brûlé.
00:29Et on est saisi évidemment par le contraste entre ces images et celle du chantier qui est en train de s'achever.
00:34On se souvient aussi des mots d'Emmanuel Macron au soir de ce 15 avril, de cette promesse qu'il avait faite. Écoutez.
00:41Cette cathédrale, nous la rebâtirons tous ensemble et c'est sans doute une part du destin français. Nous ferons appel aux plus grands talents et ils sont nombreux qui viendront y contribuer.
01:00Et nous rebâtirons, nous rebâtirons Notre-Dame.
01:06Et ce sera tenu ce pari, donc 8 décembre prochain. D'abord très simplement Marie, réouverture donc 5 ans après, promesse tenue et beaucoup de travaux réalisés.
01:17On peut donc dresser un premier bilan très très positif de ces travaux.
01:24Oui et ce bilan, je vous propose de le dresser vous-même avec Philippe Gaillot. On a décidé de venir sur les quais pour que vous puissiez avoir un aperçu de Notre-Dame.
01:31Voilà à ce à quoi ressemble la cathédrale aujourd'hui. Alors certes, il reste des grues. Il y a encore un tracteur qui est en train de s'activer. On l'entend. Je ne sais pas si vous l'entendez depuis chez vous.
01:39Il y a encore des échafaudages. Mais comparé à ce qu'on pouvait voir il y a quelques mois, voire quelques années, ça n'a absolument rien à voir.
01:46Ces échafaudages, ils ont quand même culminé à certains moments jusqu'à 100 mètres de hauteur. Ils pesaient jusqu'à 600 tonnes.
01:51En fait, on retrouve vraiment la silhouette de la cathédrale avec notamment cette flèche emblématique qui s'élève dans le ciel.
01:59Cette flèche qu'on avait vu s'effondrer sous nos yeux en avril 2019 et qui a été reconstruite à l'identique.
02:04Alors hier, j'ai pu voir les travaux d'un peu plus près. J'étais sur le chantier avec Philippe Jost qui supervise ces travaux.
02:11Et je lui ai demandé si les travaux allaient bel et bien être finis à temps pour la date du 8 décembre. Sa réponse.
02:19Je peux vous dire qu'on est confiants, qu'on est dans les temps et que vraiment à ce stade, le gros du travail est derrière nous.
02:25C'était quoi le gros du travail justement ?
02:27Alors le gros du travail, c'était de reconstruire les voûtes effondrées et puis de rebâtir les toitures entièrement consumées par l'incendie.
02:35Et cette flèche de violet duc dont l'effondrement a été une des images les plus dramatiques de l'incendie.
02:40Donc ça, c'était des travaux importants, lourds sur le monument qui sont maintenant derrière nous.
02:46Édouard Delamas, combien de compagnons travaillent encore sur le site ? Il y en a beaucoup ?
02:50Il y en a beaucoup. Ils sont très concentrés sur la base de la flèche et au croisier du transept.
02:56Ils sont 500.
02:57C'est au centre là. On le voit bien d'ailleurs.
03:00Sur cette maquette.
03:01Voilà. Sur la maquette, on les voit. Ils sont là. En réalité, ils sont là parce qu'il fallait d'abord démonter l'intérieur, les échafaudages à l'intérieur pour pouvoir dégager l'extérieur.
03:13Donc là, il n'y a plus d'échafaudage à l'intérieur ?
03:15Terminé.
03:16Terminé.
03:17Terminé. Et là, l'événement important, à 100 jours, c'est que maintenant, on découvre l'intérieur.
03:22C'est ce qu'on n'a pas vu là, mais c'est ce qu'on va pouvoir voir le 7, 8 et 9 décembre et qui va être le grand événement parce qu'il y a une surprise.
03:30Laquelle ? Celle de voir en fait la cathédrale comme elle était il y a 860 ans. C'est ce que disent ceux qui l'ont vue, l'intérieur.
03:38Oui et non. Avec quand même Viollet-le-Luc. Il y a une surprise, c'est la couleur, la lumière de l'intérieur.
03:48Puisqu'un lait de choux ocre clair est en fait posé, comme il était à l'époque, sur les pierres et donne une lumière toute nouvelle qu'on n'a jamais vue.
03:58Un peu orangé ?
03:59Un peu orangé. On appelle ça ocre clair. C'est en fait un peu jaune, un peu rouge jaune avec une petite surprise qui est le liseré rouge dessiné par Viollet-le-Duc.
04:13Donc on a au fond l'ambiance médiévale avec le point d'originalité de Viollet-le-Duc. Et ça, on ne l'avait jamais vu.
04:23Mais Edouard, où en est la polémique sur les vitraux ? Parce que vous parlez de la lumière et évidemment la lumière passe par les vitraux.
04:28Parce que le président de la République, lui, était favorable à la pose de vitraux contemporains. En en est où de cette histoire ?
04:33Alors en fait, l'idée de mettre des vitraux contemporains n'est pas une mauvaise idée. Tout le monde est d'accord.
04:38Mais le problème, c'est la charte de Venise pour savoir s'il faut démonter les vitraux Viollet-le-Duc pour mettre des vitraux contemporains.
04:47En réalité, tout semble dire qu'il faut...
04:50Ça, c'est l'image de la restauration des vitraux existants.
04:53Voilà. La charte de Venise et l'ensemble des accords qui sont pris au niveau des monuments historiques amènent plutôt à dire qu'on ne démonte pas ce qui existe
05:02et on vient apporter effectivement un élément nouveau et pourquoi pas effectivement un élément moderne avec des vitraux modernes mais là où il y a des verres blancs.
05:12Donc c'est là. C'est pas grand-chose. Le principe d'avoir des vitraux modernes, c'est une bonne chose. J'espère qu'il va venir.
05:18Ça peut cohabiter.
05:19Ça peut cohabiter. Il faut que ça cohabite. Simplement, il ne faut pas chasser l'un pour faire venir l'autre.
05:23Bon, mais là, dans les urgences d'ici 100 jours, il y a quoi à faire ?
05:27Alors, il y a à terminer d'abord ce centre. Là, c'est très important. Les Parisiens et ceux qui sont venus aux Jeux olympiques ont pu voir qu'il y avait une bâche
05:38qui était posée, là on le voit un peu sur votre image en direct, qui est une bâche où on imite le plomb parce qu'effectivement, le plomb n'est pas encore posé à cet endroit-là.
05:48Et donc, on a mis une bâche pour bien montrer le départ de la flèche. C'est à ce centre-là.
05:53Elle n'est pas blanche. Elle est noire.
05:55Elle est noire. Elle est mal dessinée. On a recomposé, c'est-à-dire les dessins du plomb. Donc ça, c'est une chose qui doit être terminée.
06:03Ça va être fait dans les délais maintenant qu'on a retiré, comme je disais tout à l'heure, l'échafaudage à l'intérieur.
06:09Maintenant, il y a des choses qui arrivent encore maintenant parce que ça évolue tous les jours.
06:14Il y a l'ange à la trompette sur le pignon ouest.
06:19Alors, montrez-nous sur la maquette.
06:20Alors, le pignon ouest, vous l'avez là. Et l'ange à la trompette, malheureusement, il n'est pas sur la maquette.
06:26Je l'ai regardé tout à l'heure, je ne l'ai pas retrouvé, mais on peut l'imaginer.
06:29L'ange à la trompette, alors, pourquoi il est intéressant ? Pourquoi on en parle ?
06:34Parce que c'était une rare statue médiévale qui existait encore et qui avait été abîmée pendant l'incendie et qui a été en fait copiée à l'identique
06:45et qui vient d'être posée d'ailleurs et qui est intéressante par son regard parce que, vous verrez, il y a toute une histoire.
06:52L'ange à la trompette mérite effectivement toute une poésie.
06:56Marie, très très concrètement, qu'est-ce qu'il reste à faire d'ici 8 décembre ?
07:04En fait, il reste des choses à peaufiner, des choses à fignoler, vraiment à l'intérieur de la cathédrale, comme vous étiez en train de le dire en plateau.
07:12Alors, quand on dit comme ça des choses à peaufiner, des choses à fignoler, on peut se dire que ce sont des détails,
07:16mais c'est des détails qui ont quand même leur importance. Écoutez ce que me disait Philippe Jost.
07:21Dans la cathédrale, nous avons la réfection des sols, du dallage du sol à terminer. Elle est bien avancée.
07:28Nous avons des travaux importants d'électricité. L'électricité a été entièrement revue.
07:33Et puis, le diocèse de Paris, avec qui on travaille en très étroite coopération, va installer son mobilier liturgique,
07:40c'est-à-dire un nouvel hôtel, un baptistère, enfin de quoi célébrer le culte à la réouverture.
07:46Et vous entendez Philippe Jost parler du mobilier qui va être installé par le diocèse de Paris,
07:51parce que le jour de la réouverture de Notre-Dame de Paris, ce n'est pas simplement la réouverture pour les touristes,
07:56ça va aussi être le jour d'une grande messe qui va être donnée.
07:59Donc voilà, c'est pour ça que c'est important que le mobilier soit installé en temps et en heure.
08:03Quinze millions de visiteurs, quand même, ont entendu pour la réouverture le 8 décembre.
08:07Edouard ?
08:08Deux choses. On attend aussi les cloches qui vont revenir.
08:12Vous vous souvenez que pour l'anniversaire du 850ème anniversaire de la cathédrale,
08:16on avait refait fondre des vieilles cloches, on a fait des nouvelles cloches.
08:19Elles sont où là, les cloches ?
08:20Elles vont revenir en octobre. Elles sont en train d'être nettoyées et elles vont arriver à revenir à l'automne.
08:26Donc ça, les cathédrales sont en cloche.
08:29C'est une grande étape.
08:31Ça va être donc réglé. Et ce qui est important, ce que vient de rappeler M. Jost,
08:35c'est que, vous voyez, on entend les travaux de l'État, on entend parler du diocèse.
08:41C'est que ces travaux se sont faits conformément à la loi de la séparation de l'Église et de l'État.
08:47C'est-à-dire que ce qui appartient à l'État est à la charge de l'État.
08:50Et ce qui est à la partie liturgique et du culte est à la charge du diocèse.
08:54D'où ce mobilier.
08:55Il faut que les gens comprennent que c'est un modèle à la fois, j'allais dire, d'élan, d'intérêt, mais aussi de procédure.
09:04Restons dans la cathédrale encore. L'orgue, il est revenu dans la cathédrale ?
09:09L'orgue est revenu, il n'est pas encore fonctionnant.
09:12On ne l'a pas encore accordé.
09:14Et le parvis, quelque chose va changer sur le parvis ?
09:16Le parvis va être remis en état. Actuellement, il est occupé par, vous savez, cette fameuse vidéo 3 dimensions.
09:25Il y a encore beaucoup d'installations.
09:27Les cérémonies du 7, 8 et 9 décembre, d'ailleurs, dont on a la description sur le site du diocèse,
09:34pour ceux qui s'intéressent, de voir exactement comment ça va se dérouler, vont être un peu l'ouverture d'un chantier.
09:42Il ne faut pas exagérer.
09:43Oui, ça continuera après.
09:45Justement, ce qu'il faut savoir, c'est que les travaux, effectivement, continueront après la réouverture.
09:49Parce que, et ça, on ne le sait pas forcément, il reste beaucoup d'argent grâce à la générosité des donateurs.
09:54C'est ce que dit aussi Philippe Just.
09:56Les donateurs ont été vraiment exceptionnellement généreux.
10:00Nous avons reçu un peu plus de 840 millions d'euros de dons.
10:03Et à l'issue de la réouverture de la cathédrale, il nous restera environ 140 millions d'euros.
10:08Ce qui nous permet d'entreprendre des travaux de restauration en extérieur de la cathédrale, du côté du chevet,
10:15justement le côté qui est sous nos yeux ici, des arcs boutons à reconstruire, des sculptures, des parements en pierre,
10:21comme on dit, qui ont été rongés par l'atmosphère parisienne au fil des années, à reprendre, à resculpter.
10:26C'est ce que nous allons pouvoir commencer en 2025 et poursuivre sur quelques années.
10:31140 millions d'euros, on peut faire des choses.
10:34S'il y a encore un peu de reste, il faudra peut-être penser aux églises de nos campagnes,
10:42nos petites cathédrales qui sont également à la charge des communes.
10:46Vous avez 60 cathédrales communales en France.
10:49La charge des communes, c'est extrêmement lourd.
10:52D'ailleurs, le président de la République l'a annoncé au Mont-Saint-Michel
10:56qu'il allait lancer un grand plan pour le financement de ces cathédrales communales.
11:02C'est un grand mouvement qui se passe.
11:04– Tous sur l'évolution du chantier dans le journal de la restauration,
11:07numéro 7, la fabrique de Notre-Dame.
11:09Et on peut avoir une pensée ce matin pour le général Georges Lin,
11:11qui est disparu il y a un an, le grand ordonnateur de ses travaux,
11:16personnage charmant, très atypique, évidemment, remplacé par Philippe Jost.
11:20Merci d'être venu nous voir ce matin sur notre première édition.