François Mallet, invité de "Nouvelles têtes"
C'est un athlète des sautes d’humeur ! Ex patineur artistique et néo humoriste, François Mallet a fait de son trouble bipolaire la matière de son spectacle « Heureux soient les fêlés » ! Il est ce matin l'invité de Mathilde Serrell. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-jeudi-29-aout-2024-5985229
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00:00Place aux nouvelles têtes Mathilde Serrel ce matin, l'humoriste et patineur François
00:05Mallet est dans notre studio.
00:07La passion, la puissance, bienvenue dans le monde du patinage artistique, c'est carrément
00:22dégoûtant, c'est comme ça qu'on fait les bébés, gamin ! Sur le créneau, patinage
00:29artistique et humour, il a été précédé par ce film « Les Rois du Patin », trésor
00:34de la comédie américaine des années 2000 avec Will Ferrell, mais en France, il reste
00:40encore des places à prendre, notamment pour ceux et celles qui voudraient changer des
00:43blagues de Philippe Candelerault, pourquoi pas ! Dans son spectacle « Heureux soit les
00:47fêlés », il a investi un segment bien particulier, patinage, bipolarité et homosexualité quand
00:53on a grandi à Bourg-en-Bresse.
00:54Et ça marche très bien ! François Mallet, bonjour !
00:57Bonjour, merci de me recevoir !
00:59Vous avez été un roi du patin, vous avez fait du patinage en compétition depuis vos
01:03huit ans.
01:04Votre rêve, c'était de devenir danseur sur glace, de faire les JO de Sautier en 2014,
01:09et qu'est-ce qu'il s'est passé ?
01:10Ben, plein de choses ! C'était une école très difficile, la compétition c'était
01:16super, et puis il y a eu une blessure à la fin, vers mes 18 ans, qui m'a forcé à arrêter
01:23la compétition, puis à me concentrer sur les études, c'était un petit déchirement
01:27mais aujourd'hui c'est passé, je pense.
01:29C'était au championnat de France ?
01:30C'est ça, exactement.
01:31Alors, vous avez décidé ensuite de devenir commentateur sportif, de commenter cette
01:36fois-ci le patinage, c'était le plan ?
01:37Je voulais remplacer Nelson Monfort, et pareil, ça s'est passé.
01:41Vous êtes passé par Sciences Po, pour vous former, et puis vous êtes devenu agent d'ambiance
01:46en entreprise.
01:47On en a aussi, nous, on les paye en plus ! Et à Lyon, voilà, vous êtes venu…
01:52Pourquoi vous me regardez ?
01:54Vous avez mis la bonne ambiance quand même ! C'est vrai, ça !
01:57Et vous êtes allé dans des entreprises faire rire les salariés ?
02:00C'est ça, je suis allé dans des entreprises, on faisait des événements d'entreprise,
02:04donc je faisais errir les salariés des entreprises, et surtout on faisait des événements pour
02:08des clients privés, on faisait des parodies de Koh-Lanta, des parodies d'émissions
02:12télé, c'était chouette, c'était chouette un moment avant de faire de la scène, mais
02:16c'était chouette.
02:17Alors, cette scène justement, ce spectacle, « Heureux soient les fêlés », c'est une
02:20formule de Michel Audiard, c'est tous les mardis au Métropole à Paris, à partir
02:23du 10 septembre, et vous racontez, vous dansez même, autour de ce trouble psychique qu'est
02:28la bipolarité.
02:29Vous en donnez une des définitions, c'est quelqu'un qui passe de longues périodes
02:33à ne pas faire le ménage du tout, puis des phases où il fait le ménage tout le temps,
02:37à 4h du matin.
02:38C'est ça la bipolarité ?
02:39Ouais, c'est ça, c'était une manière humoristique un peu de le vulgariser pour
02:43le grand public, évidemment c'est beaucoup plus complexe que ça, mais disons que pour
02:46amener le thème de la psychiatrie, qui est encore difficile à amener, même si la parole
02:50se libère beaucoup à ce sujet-là, c'était une entrée en matière, puis après évidemment
02:54dans le spectacle, c'est beaucoup plus détaillé, c'est très personnel aussi, mais je crois
02:57que ça touche pas mal de personnes quand on sait qu'une personne sur 10 souffre de
03:01dépression.
03:02Voilà, donc c'était une manière d'amener ça de manière un petit peu plus légère,
03:06on va dire.
03:07Et on va vous entendre, on va reconnaître même un rire dans cet extrait.
03:10La clinique privée, là je vous emmène, c'est le club mec de la psychiatrie.
03:16Je suis arrivé, on m'a remis un emploi du temps d'activité de 50 heures par semaine.
03:21J'étais en dépression, on m'a rajouté un burn-out.
03:23Allez les girls, on prend son lexomyle et on se met face au miroir.
03:29Ouais, parce qu'en attendant, le trou de la sécu, il morfle.
03:32Allez, 5, 6, 7 et je m'aime comme je suis, je m'aime comme je suis, je ne veux plus mourir,
03:41je ne veux plus mourir, je touche le bonheur, j'ai le droit au bonheur, je touche le bonheur,
03:49yeah !
03:50Et cette petite voix, c'est celle de Charline Vanhoenacker, vous l'étiez au grand dimanche
03:56soir.
03:57C'est ça.
03:58Là, c'était quoi ça ?
03:59Oui, c'était l'émission Le Dimanche, qui a lancé notamment le talent de François
04:07Mallet.
04:08C'était chouette.
04:09Je sais que vous racontez aussi, dans ce spectacle, que vous venez d'un milieu qui
04:14est la campagne, Bourg-en-Bresse, vous avez grandi au milieu des champs de maïs, des
04:17champs de colza.
04:18Et que l'idée de la sensibilité, ce n'était pas dans la culture familiale, ça veut dire
04:22quoi ?
04:23Oui, ce n'était pas dans la culture familiale.
04:24Je pense que comme beaucoup d'enfants qui naissent à la campagne, c'est des terres
04:30vraiment, au sens propre et figuré, de travail, il n'y a pas beaucoup de place pour les
04:34émotions.
04:35Après, ce n'était pas du tout quelque chose, je n'étais pas renfermé, ce n'était
04:38pas quelque chose qui était brimé, mais on ne parlait pas beaucoup de nos émotions,
04:41on ne pleurait pas beaucoup.
04:42Moi, j'ai toujours été un enfant qui pleurait et sans dire que je me cachais, ce n'était
04:46pas quelque chose que je montrais très souvent, notamment à mon père.
04:49Je pense que les pères ne pleurent pas beaucoup, ou pas assez en tout cas, et c'était un
04:54peu une ambivalence à ce niveau-là.
04:55Vous dites « 80% des jeunes comme moi vont voir un psy » parce que 80% des Martines
05:00et des Jean-Luc n'y sont pas allés, c'est votre définition.
05:04En parlant de la santé mentale, vous êtes allé peut-être aussi plus loin, vous avez
05:08décidé de raconter votre vie en dansant, c'est-à-dire que vous n'êtes pas là pour
05:12refaire du patinage artistique sur scène, vous avez intégré les chorégraphies pour
05:16raconter des séjours qu'on raconte rarement, les séjours en HP, les gens qui vous regardent
05:21bizarrement quand vous dites que vous allez chez le psychiatre, et pas le psy.
05:25Donc la danse, c'est revenu ?
05:27Oui, c'est revenu.
05:28C'est vrai qu'avec Quentin Amiaux qui a la mise en scène et puis Maxime Boissier
05:32aux chorégraphies, on avait vraiment envie, à certains moments du spectacle, de traduire
05:35par le corps, par des chorégraphies, ce qui était compliqué à dire ou en tout cas là
05:40où les mots ne suffisaient pas.
05:42Et du coup c'est venu petit à petit et maintenant je crois qu'on est très heureux
05:45de faire ça comme ça.
05:47Et vous êtes venu, François Mallet, par camaraderie aussi avec Charline, avec la bande,
05:52avec un petit cadeau ce matin, on vous écoute.
05:54Oui, absolument.
05:58Cher toi, toi et moi on s'est rencontrés début juillet et depuis on ne se quitte plus.
06:02Je t'ai aperçu sur une aire d'autoroute et après avoir payé 45 euros mon sandwich
06:05triangle, je t'ai embarqué avec moi.
06:08C'était fou.
06:09Comme l'année qu'on a tous vécu.
06:10J'avais besoin de repos, tu m'as dit que tu comprenais, j'avais besoin de chaleur,
06:14tu m'as dit que tu t'y connaissais.
06:15J'ai ouvert mes bagages, tu étais là, je te racontais ma vie morose des derniers
06:19mois sous une pluie battante permanente, tu m'as dit qu'avec toi ça n'arriverait
06:22pas.
06:23Je me suis baladé et baigné dans tes bras, et quand j'ai refermé ma valise, tu m'as
06:27dit je remonte avec toi.
06:28C'est fou.
06:30Comme l'année qu'on se prépare à vivre, j'imagine.
06:32Depuis quelques jours, je te sens un peu plus distant, un peu moins à fond.
06:35Mais c'est toujours comme ça les amours de vacances, non ? Un feu d'artifice le
06:3914 juillet, la passant brûlante début août, et puis quand la rentrée arrive.
06:42Mais c'est drôle parce que malgré tout tu restes.
06:45T'es toujours là, le matin, avec ton sourire à la Julia Roberts, et plus tard dans la
06:48journée, quand j'ai envie d'hurler « quand c'est vert pour les piétons, c'est
06:51vert pour les piétons ! », tu me retiens.
06:54J'ai l'impression que t'as envie de rester.
06:56Alors si tu le veux bien, mon cher soleil.
06:59Je te garde avec moi.
07:00Merci.
07:01Bonne route, heureux, sois les fêlés, c'est votre spectacle à partir du 10 septembre
07:08à Paris, au Métropole.
07:09On était ravis de vous avoir avec nous.
07:11Merci infiniment.
07:12Et merci Mathilde.