Passer au player
Passer au contenu principal
Passer au pied de page
Rechercher
Se connecter
Regarder en plein écran
Like
Commentaires
Favori
Partager
Ajouter à la playlist
Signaler
80 ans après la libération, Anne-Marie et Monique racontent leurs souvenirs
Journal L'est-éclair
Suivre
23/08/2024
Ces femmes n’étaient pour la plupart que des enfants au moment où le général Patton et ses troupes ont libéré l’Aube de l’occupant allemand. Elles témoignent, 80 ans plus tard.
Reportage : Glenn Essoly & Sarah Lavoine / Réalisation : Glenn Essoly
Catégorie
🗞
News
Transcription
Afficher la transcription complète de la vidéo
00:00
Vous commencez avant moi ?
00:01
Ah, moi je veux bien commencer, c'est comme vous voulez.
00:04
Honneur aux vieux, je ne sais pas qui c'est qui a la plus vieille.
00:08
Ça doit être moi la plus âgée.
00:10
Non, c'est moi.
00:11
Mais je suis 98.
00:12
Ah oui, vous avez 97.
00:15
Je suis née à un petit village à côté de Brienne, à Saint-Léger.
00:18
Voilà, ça c'est moi, attendez.
00:22
Ah oui ?
00:23
Il paraît que je n'ai pas changé.
00:25
Ma sœur, c'est celle que j'emmenais dans mes péripéties.
00:33
La plus petite, mais elle est de 44.
00:36
Et lui, il est de 42, mon frère.
00:38
Alors moi, j'avais 6 ans à 40.
00:42
J'avais mon neveu qui avait 3 ans de moins, il se rappelait de tout.
00:46
Vous vous rappelez, vous ?
00:49
De l'exode ?
00:50
Ah bah oui, j'avais 6 ans, oui.
00:52
Vous avez été où ?
00:54
À la grande jarronnée, c'est pas telle-là.
00:57
À la grande jarronnée, dans Lyon.
00:59
Ah oui ?
01:00
Vous savez, quand les gens sont partis, chacun a voulu emmener des choses vraiment inimaginables.
01:06
C'était la trouille des Allemands, tout le monde est parti.
01:09
On est allés, on est arrivés tous les samedis.
01:12
Et puis le dimanche, on est rentrés.
01:14
C'est-à-dire qu'on est rentrés.
01:17
Bah oui, parce que très peu sont rentrés.
01:19
Tous les gens du Nord, enfin du Nord, la Belgique et tout ça,
01:25
ils avaient repris nos maisons.
01:28
Nos maisons, bah oui.
01:30
Il fallait bien qu'ils...
01:31
Vous, vous vous étiez installés à la grande jarronnée,
01:33
eux se sont installés chez vous, hein.
01:36
C'est ce qu'on appelle de bonne guerre, là.
01:39
Il y avait un officier allemand, on était en train de manger avec la famille, quoi.
01:45
Il vient, il rentre, comme chez lui.
01:48
Il allume la radio.
01:50
C'était pour écouter les Anglais.
01:54
Comme ça, ils parlaient anglais, alors ils connaissaient tout ce qui se passait.
01:59
Ils étaient les maîtres chez nous.
02:01
Bah oui, ah oui, ils étaient les maîtres.
02:03
Du fait qu'ils avaient le camp, et bien ils se mettaient les maîtres, hein.
02:07
Mais on ne disait rien, hein.
02:09
Oh non, il ne fallait rien dire, hein, il ne fallait pas...
02:11
Non, non, on laissait faire, hein.
02:13
Il fallait aller laisser faire.
02:14
Parce qu'il y avait le couvre-feu.
02:17
On avait mis des rideaux en plus, des volets, pour ne pas qu'ils voient de la lumière.
02:21
C'était pour les avions.
02:23
Il ne fallait pas qu'ils voient de la lumière, non, non, non.
02:25
Et puis alors, un jour...
02:28
Ah ben, je ne sais pas, les avions, hein.
02:30
Alors, ma sœur, elle nous a emmenés à Estissac,
02:33
je me dirais, ça faisait 4 kilomètres, je ne sais pas comment on a été,
02:36
se cacher dans une cave chez une cousine.
02:38
Parce que les avions, ça passait, hein.
02:41
Alors, mon papa, comme il travaillait dans les champs,
02:45
avec son cheval.
02:46
Oh, là, tu vois l'avion.
02:48
Et puis, il y a un parachute qui descend.
02:50
Le cheval, il a eu peur.
02:52
Alors, il s'est sauvé, c'était un ordlet.
02:55
Il s'est sauvé dans la forêt.
02:56
Et puis, mon papa, il a ramené le parachute.
02:58
Et on l'a mis à la mairie.
03:00
Ben oui, pour le redonner, c'était un beau parachute.
03:03
Vous l'avez donné à qui ?
03:04
Hein ?
03:05
À qui vous l'avez redonné ?
03:06
Ah ben, à la mairie, pour le mettre à la mairie, le parachute.
03:09
Ah ben, oui.
03:11
Moi, je l'aurais gardé, j'aurais fait des robes.
03:12
Et cet ordlet-là, il a été caché au café.
03:16
Personne ne le savait, heureusement.
03:19
Je sais pas, assez longtemps quand même.
03:21
Et puis après, il a pu repartir.
03:23
Je sais pas comment il s'est débrouillé, mais il a pu repartir.
03:25
Et puis alors, après ça, quand les Américains sont arrivés en 44,
03:29
ah ben oui, alors là, tous nos gamins, on était sur le bord de la route, hein.
03:34
Pour avoir du chocolat, pour avoir des chewing-gums et tout ce qui s'ensuit, hein.
03:38
Je n'aurais pas les mêmes souvenirs si j'étais née à trois.
03:42
Parce que je ne les aurais pas vus.
03:44
Je n'aurais pas vu la libération.
03:47
À trois, ben, ils sont passés à trois.
03:50
Ils sont passés dans des rues, les Américains.
03:54
Tandis que nous, on était sur la route nationale 60.
04:01
Donc, les armées arrivaient.
04:04
Ils avaient libéré Paris.
04:06
Ils ont libéré trois le 25 août.
04:10
Ils sont arrivés en allant sur Nancy.
04:14
Ils allaient sur Nancy.
04:16
Ils sont donc passés les premiers le 26 août chez nous.
04:25
Sur la route nationale 26.
04:28
Je dis bien la route nationale parce que nous, on habitait dans le village.
04:32
Et pour pouvoir les voir, parce qu'on était curieuses avec ma petite sœur,
04:37
eh bien, on allait sur la grande route.
04:39
On descendait la route du village.
04:41
Le premier détachement est arrivé chez nous.
04:43
Il s'agissait en un d'une estafette.
04:49
C'était une estafette, une petite Jeep.
04:52
Dans le convoi, il y avait, si je me souviens bien,
04:55
ben, il y avait des chars, évidemment.
04:58
Mais il y avait aussi une cantine.
05:00
Et c'était ça qui était intéressant.
05:03
Je dis souvent pour nous, parce que j'ai embarqué ma petite sœur.
05:06
Elle était de 40, elle avait 4 ans à l'époque.
05:09
Mais je l'embarquais dans mes périples lointains.
05:15
C'était loin pour nous.
05:16
Bien des fois, je me suis dit, quand j'ai vu des documentaires,
05:20
comme on en voit sur la libération de Paris ou des choses comme ça,
05:25
bien des fois, je me suis dit, mais nous, on est bêtes.
05:27
On avait des fleurs plein le jardin.
05:29
Mais on était des gamines.
05:30
On ne savait pas qu'on pouvait danser des fleurs aux militaires.
05:35
On n'y a pas été qu'une première fois.
05:37
On y a été tous les jours qui ont suivi.
05:40
Parce que tous les jours, il est passé des militaires qui remontaient sur eux.
05:44
Donc sur Nancy et Strasbourg.
05:47
Il en est passé, je pense que nous, notre petite manœuvre,
05:51
elle a bien duré une quinzaine de jours.
05:53
Les plus âgés, ils étaient plus que contents.
05:57
On montait dans les camions.
05:58
Ils nous soulevaient sur leurs camions ou sur leurs chars.
06:04
Et on avait trois petites embrassades.
06:08
Et je me rappelle, un qui m'a dit, on viendra vous rechercher.
06:13
J'ai toujours retenu que les plus âgés,
06:18
cette idée de la nostalgie de revoir leur famille.
06:23
Peut-être que tous ne l'ont pas revu malheureusement.
06:27
On a bien profité de leur venue.
06:31
Ils distribuaient des choum-gommes.
06:33
Alors ça, les choum-gommes, vous n'en avez sûrement jamais mangé des pareils.
06:39
Aujourd'hui, vous mâchez, vous mâchez.
06:42
Et puis au bout d'un moment, il faut bien recracher le...
06:45
Vous ne le crachez pas ?
06:47
Vous avez dit ça, vous ?
06:49
C'était des choum-gommes qui fondaient.
06:53
Ils fondaient dans la bouche.
06:55
Il n'y avait pas à recracher de petits restes, rien du tout.
06:58
Les choum-gommes, c'est presque le symbole de la libération.
07:05
Pour moi, la libération, les Américains, c'est vraiment la fête.
07:10
C'était vraiment la fête tous les jours.
07:11
Pendant 15 jours, ça a été la fête.
07:17
Tous les jours, j'emmenais ma sœur sur la route, je vous ai dit.
07:22
Et tous les jours, on revenait avec nos petites provisions.
07:25
Ça a été vraiment la fête.
07:26
Marie, qu'est-ce qui a changé après la libération pour vous ?
07:30
Est-ce qu'il y a quelque chose en particulier qui a changé
07:33
ou finalement, la vie est restée la même ?
07:36
C'est-à-dire qu'il fallait se reconstruire.
07:41
C'est vrai, se reconstruire la vie.
07:45
Nous, il n'y avait rien de démoli, il n'y avait pas à reconstruire.
07:48
Il y avait plutôt à reconstruire.
07:51
Moi, j'étais trop petite pour ça,
07:53
mais je pense que pour les adultes, il fallait reconstruire psychologiquement.
07:57
Plus se dire, ça y est, c'est fini.
08:02
Est-ce que pour vous deux, aujourd'hui, 80 ans après la libération de l'Aube,
08:08
est-ce que vous avez un message à faire passer aux jeunes ?
08:13
Est-ce que tout le monde s'entend bien ?
08:15
Et puis avec l'Europe, c'est vrai qu'on cherche quand même.
08:21
Il faut de la tolérance, il faut aimer tout le monde.
08:27
Pour moi, c'est mon point de vue.
08:31
Qu'on soit tous bien ensemble.
08:34
Et aussi qu'il ne faut pas non plus être dupe.
08:37
Il y aura toujours des petits cailloux pour gripper le chemin.
08:47
Il y a toujours eu, pendant la guerre,
08:49
nous, on sait qu'il y avait des résistants, moi, j'en ai vu.
08:55
Et on sait qui dans le village, ils n'ont jamais été dénoncés.
08:59
Ils n'ont jamais été dénoncés, même aux résistants.
09:04
Je crois que c'est un de mes plus grands mots, la tolérance.
09:09
Parce que de toute façon, on ne peut pas imposer ce qu'on croit à quelqu'un.
Recommandations
0:49
|
À suivre
AAA2023 - Intervention de Thierry Roquefeuil 1
Ouest-France.fr
27/11/2023
0:44
AAA2023 - Intervention de Sylvie Le Clech Ropers 3
Ouest-France.fr
27/11/2023
1:31
Âgée de 99 ans, Aimée Dupré dénonce le viol de sa mère commis par des soldats américains en 1944
BFMTV
06/05/2024
7:29
28 août 1944 : Les Américains libèrent Semoine
Journal L'est-éclair
18/08/2022
1:48
39-45, elles n'ont rien oublié
Télé 7 Jours
13/03/2025
2:37
Messagères de guerre
Télé 7 Jours
14/03/2025
0:54
Pierre, déporté : "Faut que les jeunes sachent !"
ici Bourgogne
13/08/2024
1:44
Il y a 75 ans, 20 résistants étaient tués à Petite-Forêt : une méprise de l'armée américaine
ici Nord
02/09/2019
1:54
80 ans du Débarquement : à Cachan, d'anciens soldats américains racontent leur expérience de la libération de la France
Europe 1
05/06/2024
2:29
Seconde Guerre mondiale : un fils raconte l'histoire de son père, résistant et déporté
franceinfo
05/05/2021
1:01
Mattarella et Steinmeier commémorent le 80ᵉ anniversaire du massacre de Marzabotto pendant la Seconde Guerre mondiale
euronews (en français)
29/09/2024
2:57
Seconde Guerre mondiale : le parcours de Madeleine Riffaud, une résistante encore en vie, raconté en bande dessinée
franceinfo
27/08/2021
1:00
D-Day: que contenaient les rations des soldats de la Seconde Guerre mondiale?
BFMTV
06/06/2024
9:40
8-Mai: le devoir de mémoire, 80 ans après la capitulation de l'Allemagne nazie
BFMTV
08/05/2025
1:27
Une conserve, des chewing-gums, 4 cigarettes... Ce que contenaient les rations des soldats lors de la Seconde guerre mondiale
BFMTV
06/06/2024
1:53
Rafle de Pexonne: 80 ans après, descendants de SS et de déportés fraternisent
Agence France-Presse
26/08/2024
2:37
8 mai 1945 : une ancienne résistante témoigne
franceinfo
06/05/2019
2:25
Première guerre mondiale : la difficile reconnaissance des soldats fous
franceinfo
11/11/2020
4:00
Comment les Américains se souviennent-ils de la Première Guerre mondiale ?
Geopolis
15/11/2017
5:35
Normandie : un couple passionné par la Seconde Guerre mondiale plonge dans le passé
franceinfo
16/06/2021
0:52
Un vétéran de la Seconde Guerre mondiale s'est marié à Carentan-les-Marais
ici Cotentin
10/06/2024
1:47
Cimetière allemand. Elles veulent savoir pourquoi leur tante a collaboré
Le Télégramme
19/11/2017
29:40
Les Enfants de la Guerre - EP4 - Le Dragon Vert
Cinéma cinémas
30/06/2017
2:44
Commémoration 80 ans après le bombardement de Mailly-le-Camp
Journal L'est-éclair
03/05/2024
1:31
AAA2023 - interview de Jean-Luc Poulain
Ouest-France.fr
27/11/2023