Passer au player
Passer au contenu principal
Passer au pied de page
Rechercher
Se connecter
Regarder en plein écran
Like
Commentaires
Favori
Partager
Ajouter à la playlist
Signaler
La BD culte "La Route", "Blast" et même "Le Combat ordinaire", c’est LUI !
Konbini
Suivre
22/08/2024
La BD culte "La Route", "Blast" et même "Le Combat ordinaire", c’est LUI ! Manu Larcenet, auteur et dessinateur de BD, nous raconte la folle histoire de la BD "La Route" et comment il a réussi à donner vie à ses planches
Catégorie
📚
Éducation
Transcription
Afficher la transcription complète de la vidéo
00:00
Souvent, les dessinateurs réalistes font crier dans des trucs un peu hollywoodiens.
00:05
Et surtout, je voulais pas faire ça parce que ça marche pas dans ce récit.
00:07
Lui, c'est Manu Larcenet, un auteur-dessinateur de BD que vous connaissez sans doute pour ça, ça ou encore ça.
00:13
Son dernier ouvrage, La Route, est un véritable succès critique et commercial.
00:17
Il nous raconte comment il a réussi à donner vie à ses planches.
00:19
C'est un des graphistes de chez Dargaud qui m'a donné La Route.
00:23
Je l'ai lu à l'hôtel et il y avait beaucoup de choses que j'aimais dedans.
00:25
Vraiment, le fait qu'il n'y ait pas d'arc narratif, le fait que ce soit une histoire un peu impressionniste,
00:30
un petit peu faite de petites scènes nettes comme ça.
00:32
Le fait aussi que c'est absolument désespéré.
00:34
Et puis la cendre, la cendre pour un graphiste, pour un dessinateur, la cendre.
00:37
C'est rare de pouvoir faire un album entièrement sous la cendre.
00:40
Donc, c'était graphiquement quelque chose que j'avais jamais fait et qui faisait très envie.
00:43
Donc, une fois que j'ai lu le livre et que je l'ai trouvé vachement bien,
00:46
je l'ai relu une deuxième fois pour me dire est-ce que je peux le faire ou pas,
00:49
est-ce que je peux trouver un vocabulaire graphique qui irait avec ça.
00:52
Et puis, j'ai commencé direct et après, j'ai embrayé et finalement, j'ai fait comme je sentais.
00:56
Et puis, après, je corrige les choses au fur et à mesure quand je me plante.
01:00
C'était, ouais, il y a deux ans, deux ans et demi avant la sortie.
01:02
Ça a été des recherches particulièrement compliquées parce que j'ai commencé par rechercher des ruines.
01:07
Donc, j'ai vu des centaines de photos sur les bombardements de la fin de la guerre,
01:10
sur les bombardements d'Angleterre, en Allemagne, à Brest.
01:13
J'ai essayé de comprendre comment ça faissait les maisons, comment tombaient les bâtiments.
01:17
Est-ce qu'on voyait les charpentes ? Est-ce que les charpentes étaient au-dessus ?
01:19
Est-ce qu'elles étaient enlevées ?
01:21
Voilà, donc je me suis fait mon petit vocabulaire, mais le plus dur, ça a été les charniers.
01:24
Il y avait deux, trois scènes avec des charniers dedans et je ne savais pas comment faire.
01:27
J'essayais. Au début, j'avais un peu peur de chercher des photos.
01:30
Donc, du coup, j'essayais comme ça.
01:31
Ça, c'est ridicule. On aurait dit un tas de schtroumpfs.
01:33
Ça ne marchait pas du tout. C'était ridicule.
01:35
Et donc, je me suis, pendant plusieurs semaines,
01:37
j'ai cherché des photos des camps de concentration avec des tas de morts.
01:41
Ça m'a plongé dans une sorte d'état second de regarder ça tous les jours, tous les jours.
01:44
Et je suis parti de ça pour faire les charniers dans la route.
01:47
Ça n'a pas été simple. Ce n'était pas la meilleure période du livre.
01:50
Je ne suis vraiment pas un dessinateur réaliste, donc j'ai toujours des problèmes avec ça.
01:53
Dans Blast, par exemple, j'avais laissé un gros nez au personnage
01:56
qui mettait le lecteur dans une sorte d'entre-deux.
01:59
On ne sait pas si c'est de l'humour, si ce n'est pas de l'humour.
02:01
Qu'est-ce que c'est que ce code de la bande dessinée d'humour qui arrive dans un truc sordide ?
02:04
Ça mettait les lecteurs un peu en porte-à-faux.
02:06
Et là, j'ai essayé. Ça ne fonctionnait pas.
02:07
Ça faisait ridicule. Ça faisait clown un peu.
02:10
Donc, je me suis dit, il n'y a pas le choix.
02:11
Je vais le faire absolument en réaliste, avec des traits réalistes.
02:14
J'ai dû racheter des livres d'anatomie, parce que j'avais un peu oublié comment ça se passait.
02:18
J'ai trouvé un livre extraordinaire où il y a 1500 expressions faciales.
02:23
Parce que j'avais besoin. Je ne connais pas bien.
02:25
Donc, du coup, je me suis entraîné pendant 2-3 mois à dessiner des regards,
02:28
à dessiner des pincements de lèvres, à dessiner des trucs très légers,
02:32
pour ne pas tomber justement dans la caricature.
02:34
Souvent, les dessinateurs réalistes font crier dans des trucs un peu hollywoodiens.
02:39
Et surtout, je ne voulais pas faire ça, parce que ça ne marche pas dans ce récit.
02:41
Ça ne fonctionne pas.
02:42
Il fallait toujours rester sur le fil dans cet album.
02:44
Je ne pouvais pas tomber sur la caricature, que ce soit une caricature sordide ou au contraire, comique.
02:48
Chaque case a été un échelon vers la suivante.
02:51
C'est la première fois de ma vie entière où je ne travaille pas par planche.
02:54
Parce que je voulais que les gens puissent se perdre dans chaque case.
02:57
Je voulais utiliser un dessin à la limite de l'illisibilité.
03:01
Et donc, je regardais comment faisaient Durer, les graveurs, Doré et compagnie.
03:05
Et je voyais quelles étaient leurs techniques, mais eux, c'était sur des illustrations.
03:07
Sauf que là, comme j'ai traité chaque case comme un dessin en entier,
03:10
j'ai fait 4000 dessins, je crois, j'avais vaguement calculé.
03:12
Ça a été épuisant.
03:13
Mais en même temps, le résultat fait que je n'ai jamais vu des gens tourner les pages comme ça.
03:18
J'ai toujours peur quand il y a très peu de texte, que les gens lisent trop vite.
03:20
J'ai vu beaucoup de gens qui ne s'intéressent pas plus que ça au dessin
03:23
et qui survolent là où il n'y a pas de texte.
03:25
J'avais très peur de ça, parce que si les gens font ça, ça ne marchera pas.
03:28
Le bouquin ne fonctionne pas.
03:29
Donc du coup, il a fallu complexifier le dessin.
03:31
Ne pas s'arrêter juste quand c'est lisible, aller un peu plus loin pour que l'œil travaille.
03:35
Il y a une scène avec la mort du père où ils sont sous une tente
03:38
et j'ai multiplié à l'envie les plis de toutes les tentures,
03:41
de toutes les salles couvertures du vet qu'ils ont.
03:43
De sorte que l'œil passe tout autour avant d'arriver presque surpris
03:47
vers une sorte de visage ou des choses comme ça.
03:49
C'était plein de petites techniques comme ça.
03:50
En général, je commence par ce que j'appelle construire la case.
03:53
C'était un mètre trois traits pour avoir les horizontales, les verticales,
03:56
pour avoir un repère structurel dedans.
03:58
Et après, j'y vais au feeling, ça marche, ça ne marche pas.
04:00
J'essaye un bout de tissu dans un coin, ça ne fonctionne pas, je l'enlève.
04:03
C'est vraiment du coup par coup.
04:05
Je n'arrive pas à conceptualiser avant ce qu'il y aura dans la case
04:08
plus que la construction.
04:09
Et puis parfois, il suffit de feuilleter un bouquin pour se dire
04:11
« Ah bah ouais, je pourrais mettre un baril ici. »
04:13
Mais alors, ça vient d'un état où quand je commence un livre,
04:16
je suis attentif à tout dans la vie, à tout ce que je vais voir.
04:20
Ça nourrit ce que je vais faire dans la journée ou des choses comme ça.
04:23
L'autre fois, j'avais vu un amoncellement de pierres.
04:24
Il y avait des travaux pas loin de chez moi
04:27
et les pelleteuses avaient remonté des grosses pierres et les avaient posées comme ça.
04:30
Et je me dis « Ah ouais, c'est bien ça ! »
04:31
Je n'aurais jamais eu l'idée de les poser comme ça.
04:34
Et ce n'est que des choses comme ça.
04:36
Tous les jours, tous les jours, que ce soit en regardant la télé
04:38
ou en regardant des films ou en allant me balader,
04:41
il y a des choses qu'on peut transposer.
04:43
Et il y en a tellement que finalement, il y a sous la main une bibliothèque
04:46
d'objets, de choses à dessiner.
04:49
Quand on m'a donné le bouquin et qu'on m'a dit que ça a été fait en film,
04:52
je me dis « Ah bon, je ne l'ai pas vu. »
04:53
Et en fait, je l'avais vu.
04:54
C'est-à-dire que j'aime beaucoup Viggo Mortensen depuis Indian Runner.
04:57
Moi, dans Indian Runner, j'ai adoré ce film.
05:00
Et j'avais vu le film, mais il ne m'avait pas laissé.
05:02
C'était un bon film.
05:03
Je me souviens avoir passé un bon moment, mais je ne me souviens pas
05:06
de plus que ça.
05:07
C'est après avoir fini, j'ai regardé la série Last of Us
05:10
et je me suis dit « J'ai été bien con. »
05:12
Si j'avais regardé ça avant, il y a tous les décors là-dedans.
05:14
J'aurais pu pomper ça comme de rien et je l'ai vu après.
05:18
Donc voilà, c'est ça.
05:19
Ça a été difficile tout le temps.
05:20
C'est rare d'ailleurs, les choses qui se simplifient en avançant.
05:24
C'est plutôt au début, c'est plus simple
05:25
parce que je me pose moins de problèmes.
05:27
« J'y vais, je suis content, ça démarre, il faut y aller à fond. »
05:30
Et puis au milieu du livre, en général, je me dis « Arrête. »
05:32
Et donc là, ça n'a pas échappé.
05:34
J'ai refait une vingtaine de pages du début quand je suis arrivé au milieu
05:37
parce qu'elles ne collaient plus.
05:38
En fait, ce n'est jamais plus facile.
05:39
C'est ce que c'est.
05:40
C'est plaisant à faire parce que c'est ce que j'aime.
05:42
Mais en même temps, c'est compliqué.
05:44
C'est compliqué parce que c'est un style qui n'est pas naturel.
05:46
J'ai toujours plus de facilité à montrer des choses dures
05:48
qu'à montrer des choses légères.
05:50
En bande dessinée, je trouve que ça passe mieux.
05:51
La dureté, la noirceur, c'est des choses que je connais,
05:54
que j'aime bien rendre et surtout que je sais rendre.
05:56
Sur Thérapie de groupe, j'étais parti sur l'idée de ne pas faire de récits,
05:59
d'arriver à l'atelier le matin, de faire ma page
06:02
sans exactement savoir ce qu'elle allait se trouver après
06:04
parce que c'est comme ça que je fonctionne dans mon esprit.
06:06
Et je voulais rendre ça.
06:08
Alors, des fois, c'est réussi, des fois, c'est raté.
06:10
La route, c'est un récit.
06:11
Alors, ce n'est pas le fameux arc narratif ou les conneries comme ça,
06:14
mais c'est un récit.
06:15
On va d'un point A à un point B.
06:17
Ce n'est pas un exposé comme j'avais fait dans Thérapie de groupe.
06:20
Mais je suis Baudorque, si je n'avais pas fait Thérapie de groupe,
06:22
il est bien possible que je n'aurais pas fait la route derrière.
06:24
Parce que j'aime bien, moi, quand un projet s'arrête,
06:27
embrayer directement le lendemain sur autre chose.
06:29
Et en général, pas la même chose, pas des choses approchantes.
06:32
Donc, je ne suis pas sûr que si je n'avais pas fait Thérapie de groupe,
06:34
j'aurais eu envie de faire un truc aussi réaliste que ça.
06:37
Je ne suis pas sûr.
06:37
Je ne me vois pas le refaire dans l'instant, non, non, non.
06:40
Mais par contre, ça m'a plu d'être d'une intensité égale pour chaque case.
06:44
Alors que quand je travaillais sur les planches,
06:45
des fois, on a tendance à dire, bon, ce dessin n'est pas si bien que ça,
06:49
mais ce n'est pas grave, la suite n'est pas mal.
06:51
Là, j'avais un dessin à faire et il fallait le faire.
06:54
Donc, ça, je pense que je le referais.
06:55
Des fois, j'ai eu des albums qui ont eu du succès comme ça.
06:57
Mais alors, rien comparé à ça, c'est-à-dire que je n'ai eu que des retours positifs,
07:01
que ce soit des lecteurs, que ce soit des journalistes,
07:03
que ce soit des éditeurs, des collègues, des machins.
07:06
Je n'ai eu que des bons retours.
07:07
C'est gratifiant parce que ça justifie ces deux années,
07:10
la tête, la première et sans bouger et sans prendre de vacances et sans rien du tout.
07:15
C'est un peu un truc monastique.
07:17
C'est tous les matins, faire le sillon toute la journée, tout le temps, tout le temps, tout le temps.
07:23
C'est intense et c'est épuisant.
07:25
Et le fait que les gens voient ce que j'ai voulu faire, c'est une récompense incroyable.
07:30
J'ai du mal encore à analyser le truc.
07:32
Je ne sais pas, mais quel plaisir.
Recommandations
4:47
|
À suivre
Zoë Kravitz transforme son fiancé Channing Tatum en psychopathe dans son film Blink Twice
Konbini
24/08/2024
5:45
Lewis Trondheim l Papier Crayon
Konbini
27/01/2020
2:48
Comment dessiner "La Route" ? La leçon de dessin de Manu Larcenet
France Inter
29/03/2024
3:25
Les humains dans Wall-E
Hitek
18/10/2015
3:12
Fabien Toulmé : "Comment dessiner "En lutte" ?"
France Inter
08/06/2022
45:03
Conférence de Charles Pépin : les vertus de l'échec
Psychologies.com
30/09/2019
2:54
Changer notre regard sur l'échec - 3 questions au philosophe Charles Pépin
Psychologies.com
30/11/2016
0:41
C'est quoi les 5 piliers de l'Islam ?
Konbini
05/02/2024
3:24
"Grigny la Grande Borne, b*te sur l'épaule" : on a retrouvé Gazouza !
Konbini
24/08/2024
12:46
Jacques Audiard raconte le tournage du film Emilia Perez
Konbini
22/08/2024
5:00
Un frenchy chez Harry Potter : William Nadylam aka Yusuf Kama
Konbini
15/04/2022
12:51
On a squatté la loge de Tahnee au théâtre de la Tour Eiffel juste avant son spectacle pour le Pride Comedy Show.
Konbini
23/08/2024
6:41
Dieudonné | Tout Seul au Palais des Glaces 1997 | Le drogué
FouRire
16/05/2021
1:14
Pourquoi il ne faut pas boire d'eau fraîche en été ?
Konbini
22/08/2024
0:57
Vous avez envie de vous acheter un vaisseau spatial ? Alors lisez 2001 Nights Stories, le manga que François vous recommande grandement
Konbini
23/08/2024
1:22
A l'intérieur de Douchy... Anthony Delon dévoile une image forte depuis le domaine de son père Alain Delon
Purepeople
22/08/2024
4:44
Oasis - The Shock of the Lightning (Live)
Purecharts
28/08/2024
1:33
La vie de Patrice Leconte racontée dans une BD
BFMTV
20/11/2021
2:09
Comment dessiner "Au pied des étoiles" par Baudoin et Lepage
France Inter
26/03/2024
1:07
Le tuto de Jim Bishop auteur de la BD "Lettres perdues"
ici
17/01/2022
3:16
Pénélope Bagieu : "Comment dessiner "Les Strates" ?"
France Inter
10/11/2021
1:29
Festival d'Angoulême : la BD pour comprendre la 2ème guerre mondiale
CNEWS
02/02/2020
0:30
Bande-annonce de la BD Latah du Gembloutois Thomas Legrain
Lavenir.net
03/05/2023
1:36
BD : derrière la palette graphique de Frédéric Pham Chuong
JOURNAL L'ALSACE - LALSACE.Fr
09/10/2019
1:27
Eddy Mitchell raconte sa jeunesse en BD dans "Des Lilas à Belleville"
BFMTV
07/11/2022