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Mis en lumière lors de l'épidémie de Covid-19, les services de réanimation prennent en charge les patients dont le pronostic vital est engagé et connaissent une forte activité en raison du vieillissement de la population. Le réalisateur Eric Guéret s'est introduit pendant six mois au coeur du service de réanimation de l'hôpital Delafontaine de Saint-Denis, en région parisienne. On y découvre un personnel soignant engagé, solidaire et parfois à bout de force. Pour en parler, Jean-Pierre Gratien reçoit en plateau Éric Guéret, réalisateur du documentaire "Pronostic Vital" et spécialisé dans les films de proximité.LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:02...
00:00:16Bienvenue à tous.
00:00:17La crise Covid les a, bien malgré eux,
00:00:19propulsées en pleine lumière.
00:00:21Débat d'oct' s'intéresse aujourd'hui
00:00:23au service de réanimation des hôpitaux,
00:00:26là où les malades se trouvent le plus souvent
00:00:28entre la vie et la mort,
00:00:30avec le documentaire qui va suivre,
00:00:32Pronostics vitales, réalisé par Éric Guéret.
00:00:35Pendant six mois, sa caméra s'est introduite
00:00:38au coeur du service de réanimation
00:00:40de l'hôpital de La Fontaine de Saint-Denis,
00:00:42en région parisienne.
00:00:43Les patients y arrivent en état critique.
00:00:46Certains en ressortiront, d'autres pas.
00:00:49On y découvre aussi, et peut-être surtout,
00:00:51un personnel soignant engagé, solidaire
00:00:54et parfois à bout de force,
00:00:56car, vous allez le comprendre,
00:00:58les chocs émotionnels s'avèrent extrêmement violents.
00:01:01Je vous laisse découvrir ce film,
00:01:03puis Éric Guéret sera cette fois avec nous,
00:01:05sur ce plateau, et il nous expliquera
00:01:08ce qu'il a retenu de cette enquête
00:01:10en pleine immersion au sein d'un service de réanimation.
00:01:14Bon doc.
00:01:19Il mesure combien ?
00:01:2020,75 m.
00:01:2287 kg.
00:01:26Bonjour, monsieur.
00:01:27Je suis le docteur Aziz, le médecin de réanimation.
00:01:30Vous écoutez quoi comme musique ?
00:01:32...
00:01:36Ah, elle est au téléphone avec vous ?
00:01:38OK, c'est bien.
00:01:40Je n'ai pas été gardé en grand dormant.
00:01:42On va devoir vous endormir, monsieur.
00:01:44D'accord ?
00:01:45Sinon, je le renforce avec ça.
00:01:47Parce que là, vous êtes épuisé.
00:01:49C'est trop compliqué de vous laisser comme ça, vous êtes d'accord ?
00:01:53Musique douce
00:01:55Vous ne le sentirez pas, vous dormirez.
00:01:57...
00:02:00Vous lui avez dit, à votre femme ?
00:02:02Elle parle anglais ?
00:02:03...
00:02:05Hi, I'm the doctor from the intensive care.
00:02:11I'm with your husband.
00:02:15We will intubate him to protect his lungs.
00:02:21We'll take her number, OK ?
00:02:23...
00:02:24Tell me,
00:02:26is he out of danger or in danger ?
00:02:30He's in danger, OK ?
00:02:32Because of his lungs.
00:02:34...
00:02:36OK ?
00:02:38But it's OK, it's OK.
00:02:41Now he's in the right place,
00:02:43so everything will be done, OK ?
00:02:47Don't worry, everything will be done.
00:02:50OK ?
00:02:51...
00:02:53We all...
00:02:54...
00:02:56I don't have a percentage.
00:02:58We all hope he will recover.
00:03:00He's young and he's very strong.
00:03:03OK ?
00:03:04He's very strong.
00:03:05...
00:03:07We have hope, OK ?
00:03:09...
00:03:13No, it's very important now.
00:03:15He's very tired.
00:03:16OK ?
00:03:18I'm sorry.
00:03:19...
00:03:21Bye.
00:03:22...
00:03:24Please.
00:03:26Bye.
00:03:27...
00:03:28We can go.
00:03:30...
00:03:32See you later.
00:03:34...
00:03:37I'll come back later.
00:03:38...
00:03:42...
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00:04:31...
00:04:32...
00:04:33...
00:04:36...
00:04:37L'objectif, c'est de passer un cap.
00:04:39La inflammation dans vos poumons est importante
00:04:42et gêne la capture de l'oxygène par vos poumons.
00:04:46...
00:04:48On fait ce qu'on peut pour vous aider à capter l'oxygène.
00:04:51Vous êtes bien soufflées. J'ai vu que vous êtes courageuses.
00:04:55Mayonnaise ?
00:04:56...
00:04:57...
00:04:58...
00:04:59ça y est c'est piqué ok maintenant il ya le plus gros le plus gros l'été fait là
00:05:08ce qui pique c'est fait oui ça sert à un petit peu vous allez voir on est trop gentil
00:05:18la dame a dit qu'on est gentil alors qu'on lui plante des légumes dans tous les vaisseaux
00:05:26on le fait délicatement je peux enregistrer ça et le dire à ma mère
00:05:31marie la délicatesse vous avez trois heures
00:05:36bonjour je suis le docteur l'air museau je suis médecin de réanimation donc on a pris en
00:05:51charge votre femme ce matin depuis les urgences parce qu'en fait de façon assez brutale vers
00:05:59vers 10h elle a présenté une détresse respiratoire avait beaucoup de mal à respirer pour l'instant
00:06:04elle est consciente et c'est elle qui respire toute seule et on peut discuter avec elle et
00:06:09ça va un peu mieux et si jamais ça va plus mal oui que nos traitements y suffisent pas à ce
00:06:16moment là peut-être qu'on sera amené à l'endormir alors c'est plusieurs jours et souvent plusieurs
00:06:22semaines d'accord mais on n'en est pas là et on va essayer de pas le faire si on doit le faire
00:06:29c'est vraiment qu'on est obligé de le faire d'accord parce que le problème j'espère que c'est
00:06:34tout va bien parce que c'est c'est pour ses enfants bien sûr moi c'est pas un problème
00:06:39on peut pas laisser ses enfants tout seul non mais on n'en est pas là on est là pour la prendre en
00:06:44charge on s'occupe d'elle j'ai compris on s'occupe d'elle parce que c'est ses enfants moi c'est pas
00:06:51un problème mais si c'est si le père laisse ses enfants comme ça on n'en est pas là pour l'instant
00:06:55elle a juste besoin de quantité d'oxygène très importante et son état il est préoccupant c'est
00:06:59pour ça qu'on l'a mise en réanimation on la surveille de très près pour être pour faire au
00:07:04mieux d'accord c'est gentil donc là le produit est là pour vous laver les mains avant et après
00:07:15d'accord alors on vous laisse tout seul et du coup ça vous angoisse un peu
00:07:24j'espère être tranquille comme maria vous a montré tout à l'heure et puis si jamais vous êtes trop
00:07:33fatigué vous n'arrivez pas faudra qu'on vous aide est ce que je peux vous laisser un petit peu avec
00:07:38votre mari pour vous profiter d'accord on est à côté encore une fois on a tous les répétiteurs
00:07:42à tout à l'heure
00:08:12je vous mets un petit peu de grâce et de la vitamine a
00:08:27dans un jour ou deux il n'y aura plus rien
00:08:43ok on va faire 250 mg de kétamine on y vait des
00:08:50voilà ma belle la tête tourne
00:08:56j'avais déjà tout j'avais déjà tout prévu quand elle arrivait ce matin j'ai commencé par lui
00:09:14poser ces questions là y'a un truc qui va pas y'a un truc qui va pas
00:09:31le ventilateur et un truc qui cloche la dame et le tube c'est bon qui tu peux le sculpter
00:09:40si tu veux c'était quoi
00:09:53ça remonte déjà sa fille que j'ai eu au téléphone à l'heure était non mais il
00:10:03faut pas l'endormir elle va pas se réveiller c'est un peu dur
00:10:10mais on espère que ça va marcher
00:10:12c'est une patiente de 49 ans qui n'a pas d'incident pas de
00:10:39chirurgie ni rien et coma glasgow 3 à l'arrivée des pompiers avec déjà une anisocorie elle était
00:10:45très hyper tendue dès le départ on a passé du sérum sali hypertonique toujours en anisocorie
00:10:51après le scanner montre un énorme hématome qui peut-être dû à un anédrysme ils n'étaient pas
00:10:58sûrs alors au final nous sommes en réanimation à l'hôpital de la fontaine ils retrouvent comme
00:11:12ce que je craignais et comme ce que je vous avais expliqué une hémorragie qui est dans le cerveau
00:11:17donc je vous invite à venir maintenant en réanimation à de la fontaine et comme ça
00:11:25vous verrez un réanimateur pour qu'il vous explique la suite de la prise en charge
00:11:28là on sait qu'il ya malheureusement plus rien à faire pour elle et qu'elle risque soit de passer
00:11:38en mort en céphalique soit d'être un dans un état végétatif donc c'est catastrophique ce qui lui
00:11:43arrive maintenant il faut qu'on prévienne la famille qu'on leur explique tout ça et une fois
00:11:51qu'ils auront un peu compris où on en est dans notre réflexion passer à la deuxième étape qu'est
00:11:56le prélèvement d'organes il ya une liste des refus et donc on consulte cette liste des refus
00:12:01de dons d'organes si la patiente n'est pas sur cette liste de refus c'est que par élimination
00:12:07elle est pas contre en france en tout cas c'est ça la réglementation mais ce qu'on fait c'est
00:12:12que l'on s'informe auprès de la famille si de son vivant à la part évoquer des choses qui pourraient
00:12:17nous faire dire qu'elle est contre don d'organes souvent on s'en tient à ce que ce que dit la
00:12:22famille du coup parce que c'est quand même trop brutal de dire bah non elle n'a pas dit non donc
00:12:25on y va c'est quand même c'est quand même déjà déjà dur pour eux donc donc voilà on attend on
00:12:32attend d'avoir leur aval en fait pour pour continuer la procédure
00:12:34en fait donc c'est difficile à expliquer mais quand le cerveau est mort le corps est mort en
00:12:51fait d'accord c'est même si là pour l'instant vous avez l'impression qu'elle respire c'est la
00:12:58machine qui pousse de l'air qui envoie de l'air donc ça fait beaucoup d'informations en même temps
00:13:03pour vous là j'imagine que je pense que c'est bien que vous posiez un peu et puis on reparlera
00:13:09peut-être un peu un peu plus un peu plus reposé de tout ça parce que là c'est beaucoup de choses
00:13:15en même temps donc là les organes ils tiennent pour l'instant mais on sait pas combien de temps
00:13:22est ce qu'ils vont tenir donc quand on fait un ton d'organe il faut le faire rapidement
00:13:52alors elle est cathétère à droite du coup j'imagine que c'est vers vous et comme ça
00:14:01c'est l'idéal d'accord comment vers les filles et ensuite on bascule vers le ventilateur et toi
00:14:07on prend le scope si ça vous ennuie pas donc on commence par une lévitation vers le haut
00:14:14voulez vous baisser le lit ça va ça va à 3 1 2 3
00:14:19on fait la rotation comme ça vous serez débarrassé 1 2 3
00:14:39récupération de la main par l'équipe
00:14:41l'intubation ça a permis de lui sauver la vie dans l'immédiat parce qu'elle tenait
00:14:56plus en respiration toute seule après les besoins d'oxygène sont restés trop importants malgré 100%
00:15:03d'apport en oxygène elle avait un rapport entre la pression artérielle en oxygène dans son sang
00:15:06et l'apport en oxygène qui était quand même relativement bas et qui était l'indication à ce
00:15:13qu'on la ventile sur le ventre donc c'est ce qu'on a fait cette nuit elle a bien répondu au
00:15:18décubitus ventral quand on avait sur le ventre parce que ça irait les parties postérieures de
00:15:22ses poumons c'est le même qui a un surpoids donc ça ça a bien servi après ça reste un état
00:15:30précaire et ce sera probablement un traitement qu'on sera amené à renouveler dans les jours
00:15:34du coup son fils nous dit qu'elle aurait été contre l'organe
00:15:52en fait on va arrêter les soins quoi la patiente est morte en fait au niveau cérébral donc nous
00:16:02on faisait de la réanimation d'organes comme on appelle ça pour maintenir les organes à peu
00:16:07près en vie pour pouvoir les transférer dans sur un receveur mais là s'il n'y a plus de
00:16:11possibilités on va tout arrêter
00:16:32ça va ça a été la nuit
00:16:52bonjour monsieur
00:17:03monsieur je vous bouge la tête un petit peu je regarde votre centre d'intubation
00:17:14au bout je l'ai bien
00:17:21de leur parler de les prévenir de ce qu'on fait c'est une façon de garder un contact un lien
00:17:26quand même avec les patients un lien humain parce que si on occulte tout ça devient des
00:17:34objets des objets de soins c'est pas le but faut pas que je perde de vue que c'est quand même un
00:17:43être humain c'est quand même le papa ou l'époux de quelqu'un le frère peut-être le fils de
00:17:47quelqu'un parfois dans la journée ou la nuit de travail quand quand on est tellement occupé par
00:17:55les soins qu'on a tellement de choses à faire les situations d'urgence s'enchaînent bah c'est
00:18:00vrai qu'on occulte celle certains soins et notamment le soin relationnel surtout
00:18:05chez les patients qui sont inconscients je me rends compte après je me dis j'ai pas été bonne là
00:18:12les cuirs et pour un peu folle aussi insuline bon bah il va pas bien lui
00:18:27il ya la couverture mouillée parce qu'il a beaucoup de fièvre il n'a pas trop les oedèmes
00:18:42on doit il a de la fièvre depuis combien de temps au moins depuis il m'a dit ça 39 7 d'accord
00:19:13on va y aller là on est prêt
00:19:22en fait c'est parce qu'il y a le médecin qui va vous enlever le tube on faut qu'elle se mette
00:19:26de ce côté là d'accord allez donc là je vais ouvrir un peu le truc qui tient le tube
00:19:35est-ce qu'on l'avait aspiré aussi en sous-platique tout est fait
00:19:40et toussé bravo
00:19:46bravo
00:19:54est-ce qu'on peut éteindre la machine attendez c'est très bien vous avez fait
00:20:07beaucoup aussi ah oui vous avez été très courageux alors super tout ça
00:20:13très bien
00:20:39c'était c'était grave
00:20:43c'est pour tous les enfants
00:20:48il faut pas que tu restes
00:20:53c'est pas grave tu sais tu avais peur que tu parles
00:21:05tu m'as parlé de quelqu'un
00:21:07je le vois je le vois que c'est que pédophile
00:21:21la parfaite
00:21:23la parfaite
00:21:35c'est bon
00:21:37c'est bon
00:21:44bravo
00:21:46trop bien
00:21:48bravo
00:21:50très bien
00:21:52bravo
00:21:54bravo
00:21:56bravo
00:21:58Qu'est-ce que c'est que ça ?
00:22:28On va le lever pour enlever le client.
00:22:423, 2, 1.
00:22:43On dépose.
00:22:44Ok.
00:22:45Alors à 3, encore un petit coup.
00:22:461, 2, 3.
00:22:47Allez-y.
00:22:48On tourne ?
00:22:49Ouais.
00:22:50On est parti.
00:22:52C'est bon ?
00:22:53Ouais, c'est bon.
00:22:54C'est bon.
00:22:55C'est bon, ça va se faire.
00:22:56Son sommeil est gonflé.
00:22:57Il a des plaies sur le nez, sur le front, la bouche.
00:22:58C'est le 14e déj' qu'on lui fait, donc...
00:23:03Je vais te faire avoir de la vitamine A s'il te plaît.
00:23:11C'est son... C'est le 14e déj' qu'on lui fait, donc...
00:23:16Goumba, je peux avoir de la vitamine A, s'il te plaît ?
00:23:20Parce que ça s'insère mal, il est rapidement...
00:23:23Il est toujours dans un état gravissime.
00:23:26Y a une petite amélioration, y a un petit peu de mieux,
00:23:29y a surtout une très bonne réponse des coups d'utiles ventrales.
00:23:32Donc on continue et on y croit.
00:23:35En termes d'entourage, y a pas grand monde, hein.
00:23:37Y a que des amis...
00:23:39Ouais, c'est ça.
00:23:40Sa famille, elle est au pays, si je ne me trompe pas.
00:23:43Donc c'est l'autre chose, ouais.
00:23:45Pas très... Pas très facile.
00:23:49Bon, bon, bon...
00:23:51Ce matin, j'ai remis sur le dos un patient de 48 ans
00:23:54et en fait, il a des escarres au niveau de la face qui sont très impressionnantes.
00:23:58Le menton et la commissure des lèvres sont très abîmées, c'est le serré,
00:24:02c'est vraiment vilain comme tout.
00:24:04Donc ça, c'est choquant parce que c'est quelque chose qui se voit.
00:24:08Je pense qu'il cicatrisera correctement, qu'il aura pas forcément de séquelles,
00:24:12mais chez ce patient-là, on a un espoir,
00:24:14enfin, on va mettre tout en oeuvre pour le sortir
00:24:16parce que justement, il est très jeune et qu'on a un espoir qu'il récupère une vie de qualité.
00:24:19Quand on fait exactement la même chose chez des patients qui ont un âge plus avancé
00:24:24et qu'en plus, a priori... Enfin, a priori, c'est pas...
00:24:27Que dans la majorité des cas, ça finit par un décès,
00:24:30on rend un corps dans un état de délabrement physique
00:24:33qui est difficile aussi à tolérer.
00:24:38Un sentiment de maltraitance, c'est ce que j'ai parfois.
00:24:41Parce que l'objectif de la réanimation, c'est pas de sauver la vie à tout prix,
00:24:44c'est de faire passer une phase avec un danger vital
00:24:47pour que derrière, les patients reprennent une vie de qualité.
00:24:50Ce qui sera peut-être différent de leur vie d'avant,
00:24:52mais en tout cas, que ce soit une vie...
00:24:54Pas la vie à n'importe quel prix, quoi.
00:24:56La question, c'est de bien choisir les candidats à des prises en charge invasives.
00:25:01Et c'est un exercice super difficile, super difficile,
00:25:05parce qu'on manque de critères robustes
00:25:09et on est souvent dans certains aspects qui sont subjectifs.
00:25:27Mon P sur F à 120.
00:25:29Moi, je pense que là, la patiente, il faut qu'elle repose un peu sa peau, là, non ?
00:25:32Parce que le DV de 20 heures, au dernier moment, elle va...
00:25:35Ils ont dit qu'elle s'abîme à niveau du ventre.
00:25:40Je suis tellement inquiète pour elle, franchement.
00:25:43Bah écoute, moi, je suis pas favorable.
00:25:45Lorsqu'on la retourne de nouveau, elle a passé 20 heures en DV,
00:25:47je pense qu'il faut la reposer cette nuit, on verra demain matin.
00:25:49Ouais, de toute façon, on peut pas...
00:25:51Je peux pas attendre un minimum.
00:25:53En fait, le DV du ventral, c'est un vrai mode ventilatoire.
00:25:55Donc, le plus longtemps tu le fais, le mieux c'est.
00:25:57Le problème, c'est que les patients, ils tolèrent moins bien
00:25:59d'être sur le ventre que sur le dos.
00:26:01Il faut le temps pour faire bien les soins.
00:26:04Et puis, il faut reposer la peau, parce que...
00:26:08Ils sont moins bien installés, donc...
00:26:11Mais sinon, c'est un mode ventilatoire, en soi.
00:26:13Donc, le plus longtemps tu y passes, le mieux c'est.
00:26:16OK.
00:26:18Oui, on peut se voir.
00:26:20Bonjour, monsieur.
00:26:22On va s'installer à côté, dans la salle des familles.
00:26:24Merci.
00:26:26Oui, avec la voisine.
00:26:28Ça va ?
00:26:30Non, non, non.
00:26:35Vas-y, installez-vous.
00:26:37Comme ça, on sera mieux, on sera au calme.
00:26:39Merci.
00:26:41Donc là, madame Gabrielle, ça fait plus de 3 semaines.
00:26:43On a fait qu'elle est chez nous.
00:26:45En fait, pour sa pneumonie qui s'est aggravée
00:26:48de façon considérable, pour laquelle elle a été intubée,
00:26:51elle a été sédatée.
00:26:53En effet, son état, malgré une prise en charge maximaliste,
00:26:57maximale, a continué à se dégrader.
00:27:01Donc, on a fait un test, on a fait un test,
00:27:03on a fait un test, on a fait un test,
00:27:05on a fait un test, on a fait un test,
00:27:07on a fait un test, on a fait un test,
00:27:09et elle a continué à se dégrader.
00:27:11On s'est posé la question du bien fondé,
00:27:15de la poursuite des traitements aussi lourds.
00:27:19J'ai entendu que vous alliez la remettre sur le ventre.
00:27:22Donc là, on avait prévu de la remettre sur le ventre.
00:27:24Est-ce que ça vaut vraiment ?
00:27:26C'est... En effet, on se pose la même question.
00:27:29En effet, est-ce que c'est pertinent ?
00:27:32Jusque-là, c'est ce que je disais.
00:27:33Après, moi, c'est, comme je dis,
00:27:35mon beau-père, ça n'engage que moi.
00:27:37Là, justement, hier, les filles m'ont posé la question,
00:27:39les infirmières,
00:27:41est-ce que c'est, pour vous,
00:27:42est-ce que c'est de l'acharnement thérapeutique ?
00:27:44Jusqu'hier, non.
00:27:46Je ne peux pas dire non.
00:27:47Vous avez fait ce que vous pouvez.
00:27:48On ne voudrait pas que ça en devienne, justement.
00:27:50Mais complètement, c'est une question qu'on se pose
00:27:52à chaque instant.
00:27:54C'est-à-dire, est-ce que ce qu'on fait
00:27:57et ce qu'on continue à faire,
00:27:58est-ce que ça a du sens ?
00:27:59Est-ce que ça a du sens ?
00:28:00C'est une question qu'on se pose quotidiennement.
00:28:03Oui, mais dès qu'il n'y a pas tout d'acharnement
00:28:05thérapeutique...
00:28:07C'est une femme qui ne voulait même pas
00:28:09entendre parler de fauteuil ou l'autre.
00:28:11Alors, si c'est pour qu'elle entraîne dans la douleur,
00:28:14parce qu'elle ne souffre pas,
00:28:15parce qu'elle est en bébé,
00:28:17et c'est une femme très, très courageuse.
00:28:20Alors, si vous voyez que ça va l'emmener
00:28:22pour rester comme un légume,
00:28:24ce n'est pas du bien, ça ne le fera.
00:28:26Là, en début de semaine,
00:28:28demain ou mardi,
00:28:29on va se réunir à nouveau.
00:28:31D'accord.
00:28:33On va se réunir à nouveau
00:28:35et on va rediscuter, en effet,
00:28:37du projet de soins de madame Gabrielle.
00:28:39D'accord.
00:28:40Et à ce moment-là, mardi,
00:28:41on aura deux jours de recul
00:28:43et puis on prendra les décisions
00:28:46qui en découleront
00:28:47concernant le projet de soins de madame Gabrielle.
00:28:50Voilà, on fait le maximum,
00:28:52on fait le mieux
00:28:53et puis, surtout,
00:28:54on essaie de faire des choses qui ont du sens.
00:29:03...
00:29:32...
00:29:37Donc, madame Gabrielle,
00:29:38c'est une patiente de 71 ans
00:29:40qui a comment précédent de l'hypertension,
00:29:42une EFA, une Obesité, un Lupus
00:29:44et un syndrome d'apnée du sommeil
00:29:46qui est hospitalisée maintenant
00:29:48depuis 26 jours
00:29:50et, en fait, les différentes thérapeutiques
00:29:52dont elle est bénéficiée
00:29:54ne sont pas vraiment
00:29:56permis d'amélioration.
00:29:57Là, la patiente,
00:29:58elle reste toujours catastrophique
00:30:01sur le plan respiratoire.
00:30:03Donc, là, la question,
00:30:04c'est plutôt du côté d'un arrêt de traitement ?
00:30:06Oui, ce serait ça, enfin...
00:30:09Tazine ?
00:30:10Euh...
00:30:11Je suis toujours un petit peu embêtée
00:30:13pour madame Gabrielle
00:30:14parce que je pense que je suis très attachée à cette dame.
00:30:17J'aurais envie de dire
00:30:19qu'on a envie de continuer.
00:30:21Après, voilà, la seule chose qui m'embête
00:30:23et je pense qu'il y a à prendre en compte,
00:30:25c'est la famille,
00:30:26parce que si la famille évoque de l'acharnement,
00:30:29ça va nous aider à prendre une décision.
00:30:32Sur ce que tu dis,
00:30:33moi, il y a quelque chose
00:30:34auquel je pensais.
00:30:35C'est la question
00:30:36d'être abîmée au niveau du visage.
00:30:39Être abîmée au niveau du visage,
00:30:40je pense que ça renvoie à quelque chose de différent
00:30:42et je crois qu'il n'y aurait pas...
00:30:44Ce ne serait pas autant investi
00:30:46comme un effet vraiment maltraitant
00:30:48les escars
00:30:49si ça avait été seulement à d'autres lieux
00:30:51du corps,
00:30:52mais que quand il y a quelque chose
00:30:53qui vient marquer le visage,
00:30:55je crois que ça interpelle.
00:30:57Ça nous interpelle tous beaucoup plus
00:30:59parce que le visage
00:31:00et la peau du visage,
00:31:02ce n'est pas les cicatrices,
00:31:04voir un visage abîmé,
00:31:06ça ne renvoie pas à la même chose
00:31:07que voir d'autres parties du corps abîmées,
00:31:09il me semble.
00:31:10Mathie ?
00:31:11Donner ce poids-là
00:31:13aux escars cutanés,
00:31:15je trouve que c'est difficile,
00:31:17parce que je pense que qui ça dérange ?
00:31:19Finalement, ça nous dérange, nous.
00:31:20Ça dérange peut-être la famille aussi.
00:31:22Ça va peut-être les traumatiser.
00:31:24En effet, s'ils parlent d'acharnement,
00:31:25c'est peut-être pour cette raison-là
00:31:26et peut-être qu'il faut le prendre en compte.
00:31:28Mais centrer la décision
00:31:29sur les lésions cutanées,
00:31:31je ne sais pas,
00:31:32je trouve que c'est finalement accessoire.
00:31:34Moi, je m'en foutrais d'être abîmée
00:31:36si on arrive à me maintenir en vie.
00:31:39Franchement,
00:31:40arrêter les thérapeutiques, non.
00:31:42Et puis après,
00:31:43surtout prendre l'avis de la famille,
00:31:44je pense qu'il est super important
00:31:45parce que finalement,
00:31:46on est tous partagés sur cette question.
00:31:49Peut-être qu'elle va nous aider aussi
00:31:51à avancer là-dessus.
00:31:54Après, quand même moi,
00:31:55par rapport à ça,
00:31:56que la famille soit contre
00:31:57ou que la famille soit pro,
00:32:00j'ai tendance toujours à dire
00:32:01que c'est dans un deuxième temps.
00:32:03La question, c'est d'abord de voir
00:32:06quelle est la position
00:32:07de l'équipe médicale et soignante
00:32:10et d'une certaine façon,
00:32:12qu'on ait une famille qui dise,
00:32:14non, mais on veut absolument
00:32:15que vous vous acharniez
00:32:16ou qu'on ait une famille qui dit,
00:32:17non, mais vous faites de l'acharnement.
00:32:19C'est évidemment à prendre en compte,
00:32:20mais dans un deuxième temps,
00:32:21une fois que l'équipe s'est décidée
00:32:23sur ce qui lui semblait
00:32:24le plus pertinent
00:32:25comme projet pour le patient.
00:32:27Mathilde ?
00:32:29Bien sûr que la charge affective,
00:32:31elle est lourde.
00:32:32Bien sûr qu'on est très investis
00:32:33auprès de la malade.
00:32:34Bien sûr que c'est perturbant
00:32:35d'avoir des lésions cutanées
00:32:37qui se voient
00:32:38et que la famille se pose
00:32:39la question d'acharnement thérapeutique.
00:32:40Mais je trouvais que c'était
00:32:41très, très judicieux de ta part
00:32:43de rappeler que quand on prenait
00:32:44une décision médicale d'arrêt de soins
00:32:45et que la famille avait du mal
00:32:46à le comprendre,
00:32:47on allait expliquer à la famille
00:32:49pourquoi est-ce qu'on voulait
00:32:50arrêter les soins.
00:32:51Et que là, c'est déstabilisant
00:32:52parce que c'est l'inverse.
00:32:53Mais qu'aujourd'hui,
00:32:55on discute de la pertinence médicale
00:32:57de poursuivre des soins.
00:32:59C'est une famille qui se pose
00:33:00des questions,
00:33:01mais avec qui on travaille
00:33:02en confiance
00:33:03et qui sera tout à fait ouverte
00:33:04à écouter si jamais on leur dit
00:33:05que bien sûr que le risque
00:33:07que cette patiente ne sorte pas
00:33:09de réanimation,
00:33:10il est très grand.
00:33:11Mais que tant qu'il y a de l'espoir,
00:33:12on est là pour...
00:33:13Pour moi, à l'heure actuelle,
00:33:14il n'y a rien de rédhibitoire
00:33:15à poursuivre la réanimation
00:33:17chez cette patiente.
00:33:19OK.
00:33:22Musique douce
00:33:24...
00:33:40...
00:33:423 minutes,
00:33:43on doit manger proprement.
00:33:44Comment on mange une lampe
00:33:45proprement ?
00:33:46...
00:33:47Quand même !
00:33:48...
00:33:49Et là, on teste de...
00:33:50...
00:33:51...
00:33:53Mais genre, les pâtes,
00:33:54c'est hyper bon.
00:33:55Ah ouais ?
00:33:56...
00:33:57La cuisson, elle est parfaite.
00:33:59...
00:34:00Rires.
00:34:01...
00:34:03Ah non !
00:34:04...
00:34:05Ah non !
00:34:06...
00:34:07Rires.
00:34:08...
00:34:09...
00:34:10C'est grave !
00:34:11...
00:34:12C'est grave !
00:34:13...
00:34:14Ah non !
00:34:15...
00:34:16Ah !
00:34:17...
00:34:18C'est bon, c'est bon !
00:34:19...
00:34:20Toujours !
00:34:21...
00:34:22Rires.
00:34:23...
00:34:24Oh !
00:34:25...
00:34:26Rires.
00:34:27...
00:34:28Rires.
00:34:29...
00:34:31...
00:34:32...
00:34:35...
00:34:36...
00:34:46...
00:34:47...
00:34:48Est-ce que vous avez mal quelque part ?
00:34:49Non.
00:34:50Non.
00:34:51Vous n'avez pas eu de douleurs dans la poitrine ?
00:34:53Non non.
00:34:54Pas du tout ?
00:34:55Ni dans le ventre,
00:34:56pas de douleur ?
00:34:57Euh non...
00:34:58ça va donc votre coeur se contracte bien pour votre âge où ça vous avez fait
00:35:14quoi comme métier cheminot on a l'impression que toutes les parois se
00:35:24rejoignent bien ce contracte bien est-ce que vous avez des questions un petit peu
00:35:29là ok est-ce que ce que vous fumez beaucoup ou pas vous avez fumé j'avais
00:35:37jamais fumé d'accord ok et vous vivez tout seul elle vit avec vous ok et qu'est
00:35:48ce que vous faites de votre journée en général c'est quoi votre activité
00:35:51favorite des mots croisés vous êtes bon un mot croisé il faut qu'elle vous en ramène alors
00:35:58ce qu'ici faut s'occuper les journées sont longue soit vous avez la télé vous n'avez pas la télé
00:36:07du coup faut qu'on lui dise de vous ramener des mots croisés
00:36:21oui je suis le docteur asie je suis un des médecins du service et du coup je sais pas
00:36:35vous comptiez passer aujourd'hui c'est ça en courez donc là en tout cas je préfère être honnête
00:36:48avec vous mais c'est vrai que là il est confortable lui lui se sent bien en tout cas pour l'instant
00:36:52lui voilà il dit que tout va bien qu'il sent bien mais on voit bien nous sur nos paramètres qu'il a
00:36:58des besoins énormes en fait il ya des besoins énormes en oxygène et que au vu de ce qu'on
00:37:04de notre expérience et de tout le contexte bah c'est ça en fait et et on a voilà on n'a pas de
00:37:15patients qui sont sont vraiment sortis avec avec un tableau comme votre papa en fait ouais voilà
00:37:21pour pour tout vous dire donc je pense que c'est important que vous veniez c'est ce que c'est ce
00:37:24que je voulais vous dire je sais pas si vous allez pouvoir venir aujourd'hui ou plutôt demain c'est
00:37:29je sais pas si vous l'avez vu depuis d'accord ce que je veux dire c'est que votre papa il c'est
00:37:43possible qu'il décède en fait de cette maladie et donc je pense que votre papa c'est important
00:37:51que vous le voyez je pense que c'est vraiment important d'accord je peux vous aider si vous
00:38:01êtes là parfait et alors juste essayer de respirer par la bouche fort
00:38:32on a monsieur achraf qui se réveille tranquillement monsieur achraf serrez-moi la main
00:38:39monsieur achraf ouvrez les yeux oh là vous êtes en réanimation d'accord vous vous réveillez
00:38:48tranquillement il ya toujours la sonde dans la bouche qui fait que vous pouvez pas parler c'est
00:38:54normal d'accord mais vous allez de mieux en mieux ouvrez bien fort les yeux allez-y ouvrez les
00:39:01yeux super super faut essayer de se réveiller le plus calmement possible d'accord c'est la
00:39:11machine qui vous aide un petit peu à respirer ok c'est très bien ce que vous faites c'est très
00:39:20bien il ya des amis qui viennent vous voir régulièrement et qui informe votre femme au
00:39:30pakistan d'accord
00:39:31je suis dans le foin
00:40:01c'est qui
00:40:16qui t'aimais bien mais la chaîne elle n'est pas morte
00:40:28alors pourquoi tu parles de ça
00:40:32c'est ce qu'ils tracassent
00:40:43comment ça va finir qu'est ce qui va finir
00:40:50pourquoi tu es focalisé sur madison
00:41:02c'est toi qui faut qu'ils remontent la pente
00:41:06c'est toi qui faut qu'ils remontent la pente
00:41:21voilà c'est un peu pour raconter l'histoire donc 80 ans pas mal d'antécédents notamment
00:41:28un avc ischémique avec des séquelles à type d'épilepsie un pacemaker sur une maladie de
00:41:36l'oreillette pour lequel il est anticoagulant la dose curative et un monsieur qui n'a même pas
00:41:43une semaine des symptômes agissent si ces symptômes donc et qui s'aggrave on voit là
00:41:47de jour en jour en cas hier par rapport à aujourd'hui c'est déjà bien pire
00:41:53il est passé par les urgences c'est sophie qui l'a pris je pense pendant sa garde à qui j'ai
00:42:04parlé disait que d'emblée il y avait eu l'idée de le prendre pour faire de l'optiflom et que la
00:42:10question de l'intubation donc ce serait une façon de pouvoir en parler pour vérifier que le projet
00:42:17médical convient à tout le monde et donc c'est ce monsieur on n'ira pas jusqu'à l'intubation
00:42:23c'est ce que je propose c'est à dire que si on intube c'est aussi du coup si on va être cohérent
00:42:33avec nous même ça veut dire dv ça veut dire que la réalisation ça veut dire un patient qui va
00:42:37dégrader la famille qui va le voir donc c'est aussi finalement la famille à prendre en charge
00:42:42aussi dans ces circonstances leur leur assurer le deuil le plus le plus viable possible pour eux
00:42:49aussi et puis même pour le patient enfin même s'ils sont sédatés ils ressentent peut-être
00:42:56rien mais ne pas intubé c'est aussi pour certains patients leur éviter des souffrances inutiles
00:43:06parce que on a des éléments qui nous font dire que si on l'intubé si on met sous ventilation
00:43:10mécanique avec tout ce que ça comporte dans un contexte aussi grave que le sien et ben c'est
00:43:17se retrouver à faire de l'acharnement thérapeutique ou faire être dans l'obstination déraisonnable
00:43:21ce d'autant plus que ce que vous dites avec la famille je suis d'accord avec une famille qui vit
00:43:26loin en corée ce qui a priori peut être là que jusqu'à dimanche donc après ça va être un monsieur
00:43:30qui va pas forcément avoir beaucoup de visite il faut pas intubé ce monsieur il faut pas l'intubé
00:43:36et c'est l'accompagner tout en essayant de voilà de lui donner les moyens de lutter
00:43:43contre l'hypoxémie assurer le confort c'est le confort qui est la priorité
00:44:00donc bon voilà il a il a des besoins en oxygène qui sont énormes qui sont au
00:44:19voilà au maximum de ce qu'on peut donner mais on voit que ça son oxygène dans le sang diminue
00:44:25d'heure en heure quand vous êtes venu le voir hier vous l'avez trouvé très surpris par rapport à
00:44:34ce que vous m'aviez dit on s'attendait vraiment on va dire à le voir mourir on l'a trouvé très
00:44:40bien certes il avait le problème de respiration mais ça n'a pas plus choqué que ça voilà en
00:44:52fait c'est vrai que je vous ai appelé un peu on va dire tout en même temps je préférais que
00:44:57vous le voyez dans un bon état que vous lui disiez ce que vous avez à lui dire quand il
00:45:01est encore encore bien que finalement arriver trop tard parce qu'en fait on a maintenant
00:45:06malheureusement une expérience de ce ces évolutions là et en fait c'est et là votre estimation de
00:45:15survie oui elle est inférieure à 1%
00:45:20je sais bien c'est bien elle insulté qui a dit connasse de vie de merde
00:45:40ouais
00:45:41non
00:46:09c'est du poisson à la tomate avec la ratatouille à la tomate et surtout elles sont
00:46:22et encore ça on y accède à 21h parce qu'ils estiment que avant manger manger avant 21h
00:46:38en garde c'est quand même pas possible tu vois donc la porte elle s'ouvre qu'à 21h tu vois
00:46:42on va croire que c'est du sang t'as amené de la bouffe ou tu t'amènes un truc et bah tu as bien
00:46:59raison je sais très bien que je peux pas faire confiance moi je ramène du poisson
00:47:08non franchement tu crois maman c'est crêpe là j'avais dit quoi
00:47:29il va s'arrêter
00:47:55c'est possible en fait qu'il ne passe pas la nuit
00:48:26c'est ultra dur là il risque de quitter dans deux minutes tu vois
00:48:30mais tu vois c'est j'aime on lui on lui fait ouais on lui fait dix milligrammes ou cinq
00:48:38milligrammes milligrammes par cinq milligrammes on peut faire cinq milligrammes de valium
00:48:41on lui met on le prépare la morphine dans la chambre on lui fera des bolus de morphine
00:48:47tu prépares le pousserain comme ça on fera directement
00:48:51faisons ça un milligramme de morphine 5 de valium on prépare l'IVSE de morphine
00:48:57il est complètement confus
00:49:17souvent je leur dis ben à votre âme je leur parle quoi tu vois je pense rien je me dis
00:49:28juste voilà je l'accompagne jusqu'au dernier moment je pense à la famille s'ils sont dans
00:49:31la chambre j'essaye de faire au mieux que je peux comme j'aimerais qu'on fasse au mieux
00:49:36pour moi tu vois est ce qu'on se dit des fois ouais bah des fois tu te sens un peu
00:49:43un coup de un coup sur toi mais après tu essaies de pas forcément de montrer après
00:49:49on a ils vont te dire faut pas montrer ses émotions faut pas pleurer faut pas on est
00:49:54des êtres humains des fois la famille si elle voit qu'on est touché bah c'est comme ça on
00:49:58peut pas faire semblant on n'est pas on n'est pas des robots il ya des situations bah tu rentres
00:50:05chez toi tu pleures tu parles tes collègues tu pleures comme là tu vois là il ya deux semaines
00:50:11j'ai une dame de 41 ans tu vois qui est décédée la matière qu'on a vu c'est pas facile elle
00:50:20donne la vie elle est censée donner la vie elle perd son enfant elle meurt elle aussi tu vois donc
00:50:24c'est pas en fait ces histoires il faut pas les raconter à tout le monde et pas n'importe comment
00:50:30parce que les gens ne sont pas prêts vraiment à caisser tout ce qu'on vit quoi donc c'est après
00:50:35on discute beaucoup entre nous c'est ça qui est bien mais il ya des gens qui ne sont pas vraiment
00:50:39du milieu je j'en parle pas plus que ça quoi c'est le taf c'est la réa voilà mais sans plus
00:50:45sans rentrer dans trop de détails voilà nous tant qu'on a nos blouses on peut tout encaisser
00:50:51mais les gens en face n'a pas forcément qu'on faire faut faire attention à ce qu'on dit et
00:50:59aux mots qu'on emploie tu penses que tant qu'on a nos blouses on peut tout encaisser c'est une
00:51:04armure la blouse ouais je pense ouais je pense que si on fait un sondage ouais ouais bah ça met
00:51:10un petit barrière je pense que ouais on peut tout entendre tout vivre dès qu'on a notre blouse ça
00:51:17passe mais voilà c'est notre costume de super héroïne
00:52:04bonjour madame je suis un des internes de réanimation je m'appelle pierre valzac comment
00:52:20vous vous sentez avec le nouveau dispositif assez ça va ouais avant vous étiez avec le
00:52:26masque c'est ça mais là ça a l'air d'aller mieux avec le petit flot là ça se passe plutôt bien
00:52:31et ça pourrait être une infection avec une bactérie en fait parfois il ya des bactéries
00:52:37qui peuvent donner des infections pulmonaires surtout que il ya certains germes qui touchent
00:52:42plutôt les patients jeunes donc on va peut-être rajouter des antibiotiques en plus donc ça c'était
00:52:47pour le poumon et après votre bébé du coup vous aviez vu les gynéco ce matin c'est ça en gros la
00:52:55question c'est le probablement qu'il faudra vous faire accoucher n'est que extraire le bébé alors
00:53:02probablement sur ces ariennes et là la question c'est quand donc ça je vois qu'on en discute avec
00:53:10eux je vais les rappeler ce matin et puis on verra un peu ce qu'ils nous disent quoi donc elle est
00:53:15plutôt stable mais elle a des besoins d'oxygène qui sont importants puisqu'elle a une fio 2 à 50%
00:53:22elle a quand même quand on la regarde un petit corps et un utérus très gravis donc un
00:53:27retentissement quand même assez important sur la fonction respiratoire de la grossesse voilà
00:53:31à moi mon impression comme ça c'est que quel est l'intérêt d'attendre l'intérêt ça reste quand
00:53:38même un prémat on est avant 37 semaines ça reste un prémat c'est pas une prématurité sévère mais
00:53:43bon les prémats peuvent faire des complications même s'ils sont nés à 34 semaines mais bon
00:53:47et effectivement c'est la balance bénéfice risque si vous estimez qu'elle est grave sur
00:53:51plan respiratoire qu'il va falloir naître le bébé en France la balance elle va pencher vers la
00:53:56l'extraction quoi mais ça reste quand même au delà si on était bon à 37 semaines je pense que
00:54:01la discussion n'aurait pas lieu d'être on aurait dit accouchement c'est sûr on reste dans la
00:54:06prématurité mais mais c'est pas la prématurité sévère non plus donc voilà nous on s'est dit
00:54:13que voilà dans ces situations là la discussion est vraiment collégiale avec vous pour pour décider
00:54:18ensemble si on sert pas ou bébé la dernière patiente bon le tableau était gravissime et
00:54:24voilà c'était à 30 semaines et c'était très simple aussi comme décision parce qu'on était
00:54:30dans là on est dans une situation un peu entre les deux donc c'est ça mais en fait c'est vraiment
00:54:35entre les deux on est juste dans la zone grise c'est pas très bien aussi tu le rapports bénéfices
00:54:39elle va pas s'améliorer avant 48 heures je vois pas très bien ce qu'on va gagner à
00:54:45attendre plus si l'évolution elle est si vous sentez que la moindre inquiétude pas de souci on le sort
00:54:52notre discussion elle allait vraiment autour de votre insuffisance respiratoire aiguë et des
00:55:10risques qu'on vous fait prendre à soit aller trop vite soit aller trop lentement voilà et
00:55:16donc de déterminer le bon moment vous allez un tubé pour un sous-variant j'ai ce que de rester
00:55:23un tubé alors vous allez revenir sous ventilation artificielle ici je suis endormi vous serez
00:55:32endormi d'accord et après ça va dépendre de vos échanges gazeux c'est à dire de la qualité
00:55:40de l'oxygénation pendant le pendant le je pourrais rester un tube aussi ça sera c'est
00:55:46même c'est plus intéressant voilà je vois qu'il n'y a pas je suis voilà qu'il n'y a pas
00:55:52d'amélioration ce qui est sûr aussi c'est que vous allez mieux respirer sans le sans le l'utérus
00:56:01voilà le bébé elle sorte bien c'est vrai que vous m'avez fait de kilos est une estimation
00:56:07de quoi honnêtement c'est pas pour lui qu'on est très inquiets mais si on n'arrive pas à
00:56:17m'extubé et que ça dure trop longtemps qu'est ce que on va vous guérir il n'y a pas d'autre il n'y
00:56:26y a pas d'autre solution d'accord mais si on va là ça fait 24 heures que vous êtes que vous
00:56:38êtes en insuffisance respiratoire aiguë d'accord est ce que vous avez vous ce qui une infection
00:56:44pulmonaire ça s'améliore pas en quelques heures donc il faut plusieurs jours mais par contre on
00:56:51va s'en sortir voilà on passe vite là
00:57:22bon
00:57:23à
00:57:25un moment donné je suis rentrée
00:57:50Quand je t'ai appelé, je t'ai dit Sissou, Vincent, je crois qu'il voulait que je...
00:57:54Qu'il voulait que je me détache un peu.
00:57:56Voilà, parce que tu prenais trop les choses à cœur.
00:57:59T'étais pas bien, en fait, j'ai vu.
00:58:01Non, mais j'étais pas bien.
00:58:03La nuit, j'ai fait des cauchemars.
00:58:05J'entendais que j'étais en train de crier et pleurer dans mon sommeil.
00:58:08Ouais, parce que t'as fait un transfert, en fait.
00:58:10Voilà, c'est ça, t'as fait un transfert.
00:58:12Et moi, j'ai vu.
00:58:13Faudrait que je sois partie te voir après, parce que je me dis, non,
00:58:15si tu craques maintenant, elle a besoin que tu l'encourages.
00:58:20C'est pour ça que je pouvais pas monter au bloc.
00:58:22C'est pour ça que je t'ai posé la question.
00:58:24J'ai dit, laisse-moi, je prends le relais, parce que si tu le sens pas,
00:58:27c'est mieux que c'est moi qui y va.
00:58:28Et moi, je voyais ton angoisse.
00:58:30Elle était en train d'angoisser et, en fait, elle te regardait.
00:58:32Et comme elle voyait que dans ton regard, t'étais pas là, présente,
00:58:35elle était pas rassurée.
00:58:36Elle s'est dit, ouais, elle est pas bien, ma copine,
00:58:39donc finalement, peut-être que je vais m'en sortir.
00:58:41Peut-être qu'elle s'est mis ça dans la tête.
00:58:43En fait, moi, je la voyais pas du tout comme patiente dans le lit.
00:58:45C'était ça.
00:58:46Déjà, j'avais pas de gants.
00:58:48Enfin, pas...
00:58:49Je l'ai vue comme une amie.
00:58:52Et en fait, cette situation-là, je me suis dit, en fait,
00:58:54en réa, faut s'attendre à tout.
00:58:56C'est-à-dire qu'il faut même s'attendre à ce que tes propres parents soient là.
00:58:59Parce que moi, le fait de l'avoir dans le lit,
00:59:01ça, je me suis dit, c'était pas possible.
00:59:04J'aurais tout imaginé, sauf quelqu'un que je connais,
00:59:06dans le service où je travaille, en tant que patiente.
00:59:09On est soudés, c'est ça, la force aussi.
00:59:11Parce qu'on est très soudés entre nous.
00:59:13Sinon, on tiendrait pas, si on était pas soudés.
00:59:15Moi, je dis ça, je le dis toujours.
00:59:17Parce qu'on est très soudés.
00:59:18Sinon, on tiendrait pas.
00:59:20Franchement, l'entraide qu'il y a entre nous, la solidarité qu'il y a entre nous,
00:59:22le travail d'équipe qu'il y a entre nous...
00:59:25Si, moi, il y avait pas ça, moi, cette année, je serais à la ramasse.
00:59:29Moi, je sais pas où j'en serais.
00:59:30On serait tous en burn-out, je pense.
00:59:33Si on avait pas cette solidarité entre nous, je sais pas comment on aurait fait.
00:59:46...
00:59:53Mercredi, il a fait le poids à peau.
00:59:55Et sinon, ça va, il pète la forme.
00:59:58Il attend que sa maman, là.
01:00:02Faut que tu sois patiente et courageuse.
01:00:05On est au bout, là. OK ?
01:00:11T'inquiète.
01:00:13T'sais, c'est la fin, là.
01:00:21Ça mérite un petit passage sur le coiffeur, après.
01:00:24...
01:00:27La durée de vie d'une infirmière en réanimation,
01:00:30aujourd'hui, je crois que c'est 3 ans.
01:00:31Pourquoi ?
01:00:33Parce que c'est dur.
01:00:35Parce que c'est éprouvant.
01:00:37Parce que c'est stressant.
01:00:38Et parce qu'on est confrontés à des situations difficiles très souvent.
01:00:46Et le fait que ça soit très souvent,
01:00:49même si on en est conscient avant d'arriver,
01:00:51même si on en est conscient quand on choisit de travailler en réanimation,
01:00:57eh bien, je crois qu'on a tous un quota
01:01:00de situations difficiles.
01:01:04Et quand on a épuisé notre propre vie,
01:01:07et quand on a épuisé notre quota, on s'en va.
01:01:10Parce qu'après, c'est notre santé,
01:01:12c'est notre bien-être
01:01:14qui s'en trouve en difficulté.
01:01:20T'en es où, de ton quota, toi ?
01:01:22Moi, je l'ai pas atteint, encore.
01:01:25Je dirais que je l'ai pas atteint.
01:01:26J'aime beaucoup...
01:01:28J'adore ce que je fais, j'adore mon métier,
01:01:30j'adore mon service, mon équipe.
01:01:32C'est une question de passion, aussi,
01:01:33parce que s'il y avait pas tout ça derrière,
01:01:35si on n'était pas passionnés, on ne le ferait pas
01:01:37et on ne viendrait pas, quoi.
01:01:41Il faut une bonne dose de motivation
01:01:42et puis une bonne dose de conviction, aussi, dans ce qu'on fait.
01:01:45C'est très clair qu'on vient pas travailler à l'hôpital
01:01:48pour gagner beaucoup d'argent.
01:01:50C'est très, très clair.
01:01:53La motivation, elle est au-delà de ça,
01:01:55elle est sur des valeurs humaines, comme on l'a dit.
01:01:58Et s'il y a pas l'engagement de chaque professionnel de santé,
01:02:02de chaque médecin, de chaque ASH, aide-soignant, infirmière,
01:02:07chef de service, etc., et j'en passe,
01:02:09l'hôpital, il tient pas.
01:02:12Parce qu'on fait beaucoup plus d'heures qu'on devrait,
01:02:15on s'engage beaucoup plus que ce qu'on devrait, aussi,
01:02:18et ça tient uniquement là-dessus.
01:02:26Le CC.
01:02:28C'est peut-être plus facile d'enlever la sonde gastrique, d'abord,
01:02:31et puis d'enlever la...
01:02:32Tu veux des ciseaux ?
01:02:40Vous pouvez me dire bonjour ?
01:02:45Bon, bah, super.
01:02:46Ça y est ?
01:02:48Vous êtes arrivés ?
01:02:49Vous atterrissez ?
01:02:50Vous êtes arrivés ?
01:02:51Vous êtes arrivés ?
01:02:52Vous êtes arrivés ?
01:02:54Vous êtes arrivés ?
01:02:55Vous êtes arrivés ?
01:02:56Vous atterrissez ?
01:02:59Trop bien !
01:03:01Là, si tu veux, je peux même t'accrocher le scope.
01:03:04Je crois que j'ai cru que j'allais mourir.
01:03:06Je te jure que j'ai cru que j'allais mourir.
01:03:09Je suis fier de toi.
01:03:10T'es une guerrière.
01:03:12Tu peux appeler Charlie ?
01:03:13Je lui ai dit quoi ?
01:03:14Je te ramène le téléphone ?
01:03:16Tu veux que je t'appelle en visio ?
01:03:17Devenir ?
01:03:18Vas-y, va là.
01:03:19Attends, je vais prendre le téléphone.
01:03:20Comment tu te sens, là ?
01:03:22Beaucoup mieux.
01:03:23Ça va ?
01:03:24Ouais.
01:03:26Tu peux parler, tout ça.
01:03:27Ouais.
01:03:28Je suis contente.
01:03:29Bravo.
01:03:30Yeah !
01:03:34Comment elle va ?
01:03:35Regarde !
01:03:36C'est pas mal, non ?
01:03:38Ouais, mais l'oxygène et tout ?
01:03:40100 % !
01:03:43Je regarde.
01:03:44Oh, il y a bien !
01:03:45Oh, bébé !
01:03:48Mais non, Charlie !
01:03:50Charlie, non !
01:03:53Mais t'arrives !
01:03:54Elle t'attend.
01:03:56Est-ce que tu auras ses lunettes ?
01:03:58Elle a besoin d'avoir ses lunettes.
01:03:59Oui, ramène ses lunettes.
01:04:00Il est beau, Liam.
01:04:01Ouais, il est beau.
01:04:03Ouais, il est beau.
01:04:06À tout à l'heure.
01:04:09Oh !
01:04:13Quand on nous regarde du monde extérieur,
01:04:16on fait des soins.
01:04:17On nous résume à faire des soins.
01:04:19Alors qu'en fait, prendre en charge des patients, c'est tout.
01:04:23C'est prendre en charge sa famille, ses proches, ses amis, ses voisins.
01:04:28C'est prendre en charge sa pathologie.
01:04:30Et puis ses peurs, ses doutes, ses craintes, ses pleurs, ses rires.
01:04:35On nous donne plus les moyens d'avoir cette relation.
01:04:38Parce que t'es parasité par tes problèmes organisationnels,
01:04:41du manque de personnel, du manque de lit,
01:04:43d'un problème technique, d'un matériel, d'un dispositif médical.
01:04:47Et tout ça, en fait, ça parasite le coeur de notre vie.
01:04:53De notre métier, en fait.
01:04:54C'est vrai que le patient, souvent, on lui parle pas, on n'a pas le temps.
01:04:58On n'a pas le temps.
01:05:00On ne peut pas prendre vraiment en charge son sentiment
01:05:03et son ressentiment sur des gens.
01:05:04Si tu veux prendre ce temps-là, tu peux le prendre pas avec tous.
01:05:07Donc tu vas sélectionner.
01:05:08Ceux qui, potentiellement pour toi, ont le plus besoin.
01:05:12Tu vas sélectionner pour prendre du temps avec eux.
01:05:14Moi, je l'ai vécu aussi.
01:05:15Mais ça prend du temps sur...
01:05:17Pendant tes repas, tu manges très rapidement ou pas.
01:05:21Et puis, t'es là, t'es en train d'essayer de discuter avec une famille,
01:05:24puis tu sens les gens autour de toi qui viennent te chercher,
01:05:28les petits regards, les petits doigts en l'air, comme ça.
01:05:30S'il vous plaît, s'il vous plaît.
01:05:31Et en fait, non, en vrai, t'as pas le temps.
01:05:33Et du coup, tu rentres chez toi et tu te dis...
01:05:35J'ai laissé une famille en galère, j'ai laissé un patient en galère
01:05:39avec plein de questions, plein de doutes.
01:05:42Ou alors j'ai mal répondu,
01:05:43ou j'ai pas su répondre parce que j'avais pas le temps.
01:05:46Et du coup, j'ai dit, je reviens, je suis jamais revenue.
01:05:49Puis tu rentres chez toi et tu te dis...
01:05:51Merde, quoi !
01:05:53J'ai pas bien fait mon taf.
01:05:54T'as l'impression que ton travail, tu l'as pas fait comme tu aurais aimé.
01:06:00Et c'est culpabilisant.
01:06:02C'est très culpabilisant, même, parfois.
01:06:05Des fois, quand tu vois l'investissement fait,
01:06:07toute une carrière, toute une vie faite à l'hôpital
01:06:10et comme entremerciés...
01:06:12Ça pique un peu, aussi.
01:06:15Toi, là, aujourd'hui, tu te vois infirmière toute ta vie ?
01:06:18À l'hôpital ?
01:06:21À l'heure d'aujourd'hui, là ?
01:06:23Franchement, j'y ai pas réfléchi.
01:06:26Moi, je crois pas.
01:06:27Là, j'y ai pas réfléchi, mais après, je pense que non.
01:06:29Je pense qu'il y a une attitude qui va rentrer.
01:06:31Moi, je pense pas que je serais infirmière à l'hôpital toute ma vie.
01:06:38Non.
01:06:40Sauf s'il y a une amélioration exceptionnelle et...
01:06:46Où je change de pays.
01:06:47Où je change de pays.
01:06:53Ça y est, c'est terminé !
01:06:55Ça y est, c'est terminé !
01:06:59Adieu !
01:07:01Adieu !
01:07:05Elle est même pas encore sortie d'ici, elle dit adieu !
01:07:09Salut !
01:07:12Ah, t'es contente ?
01:07:13Super, c'est l'essentiel.
01:07:15Ah ouais !
01:07:16Ça, c'est la victoire !
01:07:18La victoire !
01:07:21Salut !
01:07:22Merci, merci encore !
01:07:23De toute façon, j'ai envie d'être heureuse avec toi.
01:07:26Je t'enverrai des messages.
01:07:37Vous avez un fils magnifique !
01:07:38Il est tellement beau !
01:07:41Le petit chat !
01:07:43Oh, qu'est-ce qu'il est beau !
01:07:47J'ai vous donné une blouse.
01:07:48Comme ça, vous pourrez le toucher.
01:07:49D'accord.
01:07:52Merci.
01:07:57Il était temps.
01:07:58Merci.
01:08:01Oh, mon petit chaton !
01:08:04Oh, mon petit cœur !
01:08:07Bah oui, je t'embête, on se connaît pas encore.
01:08:11Mais si, on se connaît un peu aussi, quand même.
01:08:13On se connaît un petit peu.
01:08:14Oh !
01:08:16Maman, elle te chantait plein de chansons.
01:08:20Oh, mon amour !
01:08:22Merci, maman !
01:08:23Oh, mon petit cœur !
01:08:24Oh, mais t'es tout beau !
01:08:27Oh !
01:08:29Qu'est-ce que t'es beau !
01:08:32Oh, mon amour !
01:08:34Si tu savais à quel point je t'aime !
01:08:40Oh, mon amour !
01:08:42Oh, mon amour !
01:08:44T'es tellement beau !
01:08:51Qu'est-ce que je t'aime !
01:08:53Je t'aime tellement, mon cœur !
01:08:58Les services de réanimation.
01:09:00La crise Covid les a bien malgré eux propulsés en pleine lumière
01:09:04et ce documentaire tourné à l'hôpital de La Fontaine de Saint-Denis
01:09:08en région parisienne vient donc de nous permettre
01:09:11de mieux comprendre leur utilité.
01:09:13Leur fonctionnement pour la prise en charge de malades
01:09:16se trouvant le plus souvent entre la vie et la mort.
01:09:19Son auteur est maintenant avec nous sur ce plateau de Débat Doc.
01:09:23Bienvenue, Éric Guéret.
01:09:25Vous êtes donc celui qui a réalisé ce documentaire
01:09:28pronostic vital.
01:09:29Vous êtes d'ailleurs spécialisé, comme c'est le cas ici d'ailleurs,
01:09:33dans vos films, par un travail de très longue période
01:09:37en totale immersion avec les personnages,
01:09:40les personnages, les lieux que vous avez décidé
01:09:43de mettre, vous aussi, en lumière.
01:09:46Quelles sont les règles de tournage que vous vous imposez
01:09:50lorsqu'il s'agit justement de vous immerger
01:09:53dans un lieu, dans un sujet ?
01:09:55Moi, je filme des combats et je filme en général des combats intimes,
01:09:59des combats de personnes qui se battent pour eux-mêmes
01:10:02mais dont le combat individuel représente des combats collectifs.
01:10:05Je suis obligé d'être très proche de mes personnages.
01:10:08Pour ça, la première chose, c'est d'être tout seul.
01:10:10Moi, je suis complètement autonome, je fais l'image, le son,
01:10:13je pose les questions.
01:10:14Et donc, ça me permet d'être vraiment au contact d'eux,
01:10:17au plus proche d'eux, d'être au cœur de l'intime.
01:10:20Et puis, je filme pendant de très longues périodes.
01:10:23Là, c'était six mois.
01:10:24Parfois, j'ai filmé jusqu'à un an et demi.
01:10:26C'est-à-dire que je ne me mets pas de limites
01:10:28dans la durée des films.
01:10:29Ça, c'est un peu les règles qui permettent finalement
01:10:32de disparaître en étant très présent.
01:10:34Je ne suis pas petit, j'ai une grosse caméra.
01:10:36Mais ce dispositif...
01:10:38Vous fondez dans le décor, d'une certaine manière.
01:10:41Je me fonds dans le décor.
01:10:42J'ai la place du collègue.
01:10:43Je dis aux gens, vous pouvez me parler.
01:10:45Je suis tout le temps là, tout le temps avec eux.
01:10:47Finalement, les gens ne font pas semblant que je ne sois pas là,
01:10:50mais ils me parlent, ils me poussent.
01:10:52Moi, je discute avec eux, j'ai des confidences.
01:10:54Donc, dans ma position de cinéaste,
01:10:56j'ai la position de celui avec qui on travaille,
01:10:59du collègue de travail.
01:11:00Il faut demander des autorisations de tournage.
01:11:02J'imagine qu'en amont de ce tournage,
01:11:05il était facile de les obtenir et vous les avez obtenus
01:11:08auprès de la direction de cet hôpital de Saint-Denis.
01:11:11En revanche, pour l'autorisation de tournage des patients
01:11:14qui arrivent dans ce fameux service de réanimation,
01:11:16les choses ne devaient pas être aussi simples.
01:11:18J'avais très peu de temps pour leur demander l'autorisation.
01:11:21J'ai obtenu l'autorisation toujours.
01:11:23Je demandais l'autorisation avec un médecin.
01:11:26Et puis, après la première séquence,
01:11:29et quand je les filmais plusieurs fois,
01:11:31chaque jour, je leur reposais la question.
01:11:33Est-ce que ça vous a pas dérangé ?
01:11:35Est-ce que vous êtes toujours d'accord ?
01:11:37Je faisais attention que le consentement soit éclairé,
01:11:40le plus éclairé possible.
01:11:41Après, je posais la question à la famille aussi.
01:11:44C'est vrai, dans l'imaginaire collectif,
01:11:47on s'attend à de l'urgence, beaucoup de stress,
01:11:50de cris, voire des larmes dans un service de réanimation.
01:11:53Or, ici, ce qui frappe,
01:11:55c'est le calme qui prévaut dans votre film.
01:11:58Où se situe la vérité, en réalité ?
01:12:00La vérité, elle est là,
01:12:01plus que dans les films urgences tournés aux Etats-Unis.
01:12:05Dans les services de réanimation français,
01:12:07quand vous rentrez dans un service de réa,
01:12:09ce qui est d'abord surprenant, c'est le silence total.
01:12:12Tout est très calme.
01:12:14C'est des services qui sont petits.
01:12:16Le personnel est très méticuleux,
01:12:20très affairé, très professionnel.
01:12:22Il y a pas un bruit.
01:12:23Il y a deux moments où tout d'un coup, tout s'excite.
01:12:26C'est quand un patient arrive.
01:12:27Et là, il y en a dans le film, tout d'un coup,
01:12:29il y a cinq, six personnes autour
01:12:30parce qu'il faut faire très vite le brancher.
01:12:33Et puis, quand il y a une urgence vitale
01:12:35ou quand quelqu'un décroche ou décède,
01:12:37là, tout d'un coup, le service se met en effervescence.
01:12:41Mais le reste du temps, c'est extrêmement calme,
01:12:44extrêmement silencieux, extrêmement posé.
01:12:46On peut pas traiter l'urgence dans la confusion.
01:12:50Et donc, voilà, c'est maîtrisé.
01:12:53Quelle est la séquence qui vous a le plus marquée
01:12:56à l'occasion de ce tournage ?
01:12:58C'est difficile de choisir parce qu'il y en a beaucoup.
01:13:00Mais c'est vrai que moi,
01:13:02j'ai toujours été touché par les extubations.
01:13:04C'est-à-dire que vous avez un patient qui arrive,
01:13:06on lui dit, bon, voilà, il y a un problème,
01:13:08on va vous intuber, ça va vous aider.
01:13:10Le moment où on intube la personne,
01:13:12on ne lui dit pas réellement,
01:13:14mais on n'est jamais sûr qu'elle se réveille.
01:13:16Et ça, je pense que ça se sent à l'extubation.
01:13:19C'est-à-dire qu'à chaque fois, on a l'impression d'une naissance.
01:13:22Il y en a dans le film qui sont montrées.
01:13:24Les gens ont l'impression de renaître.
01:13:26Ils remercient tout de suite.
01:13:28Ils disent merci, merci, merci.
01:13:30Est-ce que vous pouvez appeler mon mari ?
01:13:32Est-ce que vous pouvez appeler ma femme ?
01:13:34Et moi, je suis bouleversé rien que de me les rappeler.
01:13:37C'est vrai que c'est le moment où on touche du doigt,
01:13:40en fait, la puissance de cette médecine,
01:13:43de cette belle médecine française, quand même,
01:13:45et sa capacité à sauver des vies.
01:13:47C'est vrai que dans un service de réanimation,
01:13:49il y a une personne sur cinq qui n'en sort pas.
01:13:52Mais il y en a quatre, quand même, sur cinq qui en sortent
01:13:55et qui en sortent grâce à ce professionnalisme.
01:13:58Et de voir quelqu'un se réveiller, être extubé,
01:14:01re-respirer et remercier,
01:14:03moi, je trouve que c'est un magnifique hommage
01:14:06au travail incroyable que font ces équipes soignantes.
01:14:09Sachant qu'il y a une très longue période de rééducation
01:14:12et de réadaptation lorsqu'on sort d'un service de réanimation.
01:14:15Alors, on voit pas dans vos films, parce que c'est pas votre sujet,
01:14:18mais c'est pas gagné, une fois qu'on est sorti.
01:14:20Il y a encore une très longue période.
01:14:22En fait, quand on est intubé, ce qu'on sait pas,
01:14:24c'est que l'intubation et le fait d'être rallongé,
01:14:26surtout quand les gens sont endormis, ventilés mécaniquement,
01:14:29par une machine qui les fait respirer et intuber,
01:14:31en fait, très rapidement, les muscles fondent,
01:14:34le corps perd de sa puissance
01:14:36et au bout d'une semaine, deux semaines,
01:14:38quand il se réveille, les gens ne peuvent plus tenir debout.
01:14:41Donc, un mois de service de réanimation,
01:14:43un mois, par exemple, d'intubation, c'est énorme.
01:14:46J'ai filmé des personnes qui sont dans ce film
01:14:49qui en ont passé parfois plusieurs mois
01:14:51et ils ont fait trois ou quatre mois de rééducation derrière
01:14:54pour réapprendre comme un bébé.
01:14:56C'est une séquence que j'ai pas gardée, pardon.
01:14:59Il y en a où il réapprend à manger un yaourt,
01:15:01à se servir de ses mains, à se mettre debout, à marcher.
01:15:04Faut tout réapprendre.
01:15:05Vous n'avez aucune séquence que vous n'avez pas gardée.
01:15:08Y a-t-il des séquences que vous êtes interdits de filmer
01:15:12ou, justement, que vous n'avez pas gardées
01:15:14lorsqu'il s'agit de monter ce film ?
01:15:17Il y a des séquences que j'ai pas pu filmer
01:15:19parce que j'ai pas eu l'autorisation de les filmer.
01:15:21C'est presque miraculeux que j'aie pu en filmer autant
01:15:24parce que c'est des gens très fragiles
01:15:26à qui j'ai demandé de pouvoir les montrer dans cet état-là.
01:15:29Mais après, je me suis rien interdit,
01:15:32globalement et en même temps au montage.
01:15:35Je passe mon temps à m'interdire
01:15:37de monter certaines parties des séquences.
01:15:39Quand on filme au coeur de l'intime,
01:15:42il faut faire attention de pas franchir la limite
01:15:46du voyeurisme, de la vulgarité,
01:15:48et de rester à la bonne décision.
01:15:50C'est la pudeur qui doit primer ?
01:15:52Il faut de la pudeur.
01:15:53D'ailleurs, les films sont forts quand ils sont pudiques.
01:15:56Moi, j'évite de faire des zooms avant
01:15:58quand les gens souffrent ou quand ils pleurent.
01:16:00J'ai plutôt tendance à faire des zooms arrière.
01:16:02Je pense qu'il faut garder la distance,
01:16:04même par respect pour les gens qu'on filme.
01:16:06Si aujourd'hui, je continue à pouvoir aller filmer
01:16:09aussi souvent, aussi proche des gens
01:16:11qui sont dans des difficultés immenses,
01:16:13c'est parce que mes films précédents plaident pour moi
01:16:16et que, justement, je crois que j'ai réussi
01:16:18à jamais être indélicat.
01:16:20Enfin, je l'espère, en tout cas.
01:16:22On se situe souvent entre la vie et la mort dans ce service.
01:16:25Les questions éthiques, comme celles
01:16:27d'éventuel acharnement thérapeutique,
01:16:29vous ont-elles réellement semblées centrales
01:16:32dans les discussions entre soignants
01:16:35ou alors entre soignants et familles des patients ?
01:16:38Elles sont omniprésentes.
01:16:40Elles sont au coeur de chaque journée,
01:16:42de chaque discussion, de chaque décision médicale.
01:16:45C'est-à-dire que la question éthique
01:16:47est l'essence même du service de réanimation.
01:16:50Il y a une personne sur cinq, peut-être sur six,
01:16:53ça dépend des époques, qui ne va pas s'en sortir.
01:16:56Et pour une bonne partie de ces personnes,
01:16:59elles décèdent suite à des arrêts de traitement
01:17:02qui ont été décidés de consensus
01:17:04avec la famille et avec le groupe de médecins.
01:17:07Je l'ai filmé, il y a des staffs éthiques
01:17:10où toute l'équipe médicale se retrouve.
01:17:12Toute l'équipe médicale,
01:17:14c'est du chef de service aux médecins,
01:17:16infirmiers, aides-soignants.
01:17:18Tout le monde est convoqué à s'exprimer
01:17:22et à décider de savoir, sur un cas précis,
01:17:25si on n'est pas dans l'acharnement thérapeutique
01:17:28et s'il faut continuer à traiter.
01:17:30C'est des questions extrêmement délicates,
01:17:33infiniment délicates.
01:17:35Elles sont gérées heureusement collectivement.
01:17:38C'est des choix que personne ne peut faire seul.
01:17:42Et gérées au coup par coup.
01:17:44Gérées de minutes en minutes.
01:17:47Discussions entre soignants, on les a bien vues dans votre film.
01:17:51Discussions aussi entre soignants et famille des patients.
01:17:55Oui, très difficile.
01:17:57On arrête, on n'arrête pas.
01:17:59Une mort cérébrale, mais malgré tout,
01:18:02le corps continue encore à vivre.
01:18:04Tout ça est très bien expliqué dans votre film.
01:18:07Là aussi, ce sont des moments de très forte émotion
01:18:09que vous vivez comme tel au moment du tournage ?
01:18:12Je les ai vécus avec les familles.
01:18:15La relation avec les familles est extrêmement complexe.
01:18:18Tout le monde a peur.
01:18:20Il y a une douleur immense de voir un de ses proches
01:18:23entre la vie et la mort.
01:18:25Donc, la manière dont on s'adresse aux familles,
01:18:28ce qu'on leur dit, ce qu'on ne leur dit pas,
01:18:31la dose de vérité qu'ils sont prêts à entendre
01:18:34et celle qu'ils demandent de ne pas savoir,
01:18:37c'est des jeux très compliqués.
01:18:39Et là, moi, je les ai trouvés remarquables.
01:18:42Alors, j'espère que je suis dans un service de réanimation
01:18:46qui ressemble à tous et que c'est fait partout comme ça.
01:18:49Moi, ce que j'ai vu à l'hôpital de La Fontaine,
01:18:52c'est franchement une gestion extrêmement fine
01:18:56de la relation avec la famille,
01:18:58de l'annonce des difficultés,
01:19:01du partage avec la famille, de l'arrêt des traitements,
01:19:05de décider ou pas de la mort de quelqu'un
01:19:08parce que, de toute manière, ça terminera comme ça.
01:19:11Il faut que la famille la comprenne.
01:19:13De laisser aussi aux familles le temps d'accepter
01:19:16la disparition de son proche
01:19:18avant de mettre fin au traitement.
01:19:20Il y a aussi parfois des soins de confort
01:19:22qui sont un peu prolongés pour laisser aux familles le temps.
01:19:26Donc, voilà, c'est très bien fait.
01:19:28La question des dons d'organes
01:19:30est également abordée dans votre documentaire.
01:19:33Elle est importante, cette question, au sein de ce service ?
01:19:36On l'a vu énormément.
01:19:37Ce n'est pas des cas fréquents, mais en réanimation,
01:19:40il y a des personnes qui arrivent
01:19:42et qui peuvent être en mort cérébrale.
01:19:44La grande difficulté, c'est de faire accepter à la famille
01:19:48que leur proche, qui voit, qui respire,
01:19:51grâce à une machine,
01:19:53dont le coeur bat, grâce à des médicaments,
01:19:56est décédée alors qu'elle est vivante.
01:19:59C'est extrêmement compliqué.
01:20:01Là, on leur demande, dans un temps très court,
01:20:04parce qu'il faut aller très vite,
01:20:06de se prononcer sur la possibilité du don d'organe.
01:20:09En France, la loi est très claire.
01:20:11Si vous n'avez pas refusé le don d'organe
01:20:14et si vous n'êtes pas inscrit sur la liste des refus,
01:20:16ça veut dire que vous êtes d'accord.
01:20:18Les équipes soignantes pourraient se passer de l'accord de la famille,
01:20:22mais dans les faits, ils ne le font pas, globalement pas,
01:20:25parce que, voilà, par délicatesse,
01:20:27justement par rapport à l'accompagnement des familles,
01:20:30dont je parlais tout à l'heure,
01:20:32il faut savoir si le proche, dans sa vie,
01:20:35s'est exprimé en faveur ou en défaveur du don d'organe.
01:20:38Et en fonction de ça, il y a une décision collégiale de le faire.
01:20:42C'est évidemment des cas tragiques,
01:20:45mais là encore, quelle incroyable prouesse de la médecine
01:20:49de se dire que quelqu'un qui est décédé
01:20:52peut aider d'autres personnes à survivre,
01:20:55à avoir un coeur qui bat,
01:20:57à avoir des poumons qui respirent ailleurs.
01:21:00Il faut évidemment que ce soit accompagné
01:21:03par une démarche humaine,
01:21:06voilà, très puissante,
01:21:08mais, voilà, c'est incroyable.
01:21:10Les services de réanimation et leurs difficultés,
01:21:13c'est vrai, ont été mis en lumière lors de la crise de la Covid.
01:21:17Les séquelles de cette crise sanitaire étaient-ils perceptibles
01:21:21lors du tournage auprès du personnel soignant ?
01:21:24Sachant que vous avez tourné durant la 2e et la 3e vague.
01:21:28Oui, mais après, j'ai mis longtemps à monter le film,
01:21:31donc je suis resté en contact.
01:21:33Alors, il y a des séquelles.
01:21:35L'hôpital ne va pas bien.
01:21:37Ce n'est pas une nouvelle,
01:21:39mais il n'y allait pas bien avant la crise de la Covid.
01:21:43Et puis, rappelez-vous, il y a eu une année de grève
01:21:46avant, avec des revendications
01:21:48qui se sont arrêtées pendant la crise de la Covid.
01:21:51Et ça, c'est terminé avec le Ségur de la santé,
01:21:54où ce gouvernement a dit qu'il avait réglé les problèmes
01:21:57avec des décisions.
01:21:58Ca a été mal vécu par les équipes soignantes.
01:22:01Ce service s'est submergé à l'occasion de la 1re vague de Covid.
01:22:04Ils ont été submergés, ils ont tout donné,
01:22:07ils ont mis leurs revendications de côté,
01:22:09et surtout pour les personnels paramédicaux,
01:22:12ils ont tout donné.
01:22:13Ils ont été mal remerciés.
01:22:15La séquelle la plus importante pour l'hôpital,
01:22:18c'est que depuis, le personnel est parti.
01:22:20Il y a une partie des lits d'hôpitaux qui sont fermés
01:22:23parce qu'il n'y a plus d'infirmiers,
01:22:26c'est-à-dire qu'on a tellement bien remercié
01:22:29le personnel soignant d'avoir sauvé autant de vies
01:22:31pendant la crise de la Covid que ces héros, d'un jour,
01:22:34ont été oubliés le lendemain et ont quitté pour partie l'hôpital
01:22:38et l'hôpital n'arrive plus à fonctionner.
01:22:41Donc il est grand temps,
01:22:42c'est une banalité de le dire tellement tout le monde le dit,
01:22:46mais c'est bien de le rappeler,
01:22:48de considérer le personnel soignant comme il doit l'être,
01:22:51de le payer correctement
01:22:52pour qu'il continue à faire tourner l'hôpital public
01:22:56parce qu'il n'y a pas d'hôpital public possible.
01:22:58Aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
01:23:00-"Nous avons un quota de résistance
01:23:03qu'on fit une infirmière dans votre film."
01:23:05Vous l'avez touché de près, ce quota de résistance
01:23:08aux côtés des soignants ?
01:23:10Et à quelle occasion ?
01:23:11-"L'infirmière qui prononce cette phrase dans le film
01:23:14a quitté l'hôpital depuis, malheureusement,
01:23:17parce qu'elle est formidable."
01:23:19Oui, l'espérance de vie d'une infirmière,
01:23:21avant, c'était 3 ans.
01:23:23Aujourd'hui, c'est moins.
01:23:24On est une infirmière,
01:23:26on est un soignant dans un service de réanimation ?
01:23:29-"Être soignant dans un service de réanimation,
01:23:32c'est forcément du volontariat, c'est extrêmement engageant.
01:23:35Déjà, c'est hyper technique, c'est hyper pointu techniquement
01:23:39et c'est extrêmement engageant humainement, moralement.
01:23:42On est confronté à la mort très souvent,
01:23:45plus souvent qu'on en a envie,
01:23:47parfois avec des femmes enceintes,
01:23:49parfois avec des gens qui sont jeunes.
01:23:51Donc oui, il y a de l'usure.
01:23:53C'est une charge mentale, on la ramène à son domicile.
01:23:56C'est une phrase très belle dans le film,
01:23:58elle dit que tant qu'on a nos blouses, ça va.
01:24:01C'est nos costumes de superhéroïnes
01:24:03et on essaie de laisser les problèmes avec la blouse
01:24:06dans le vestiaire, mais c'est rarement ce qui se passe.
01:24:09Évidemment, les problèmes peuvent rentrer à la maison,
01:24:13ils peuvent fatiguer, ils peuvent épuiser.
01:24:15Et oui, il y a du personnel qui tient pas
01:24:18et on peut pas leur en vouloir.
01:24:20Cet infirmière qui témoigne depuis quitter le service,
01:24:24ce turnover du service par épuisement,
01:24:27suite à cette fameuse charge mentale, justement,
01:24:30vous l'avez vu aussi, vous l'avez observé,
01:24:32vous avez changé le personnel durant cette durée de tournage ?
01:24:36J'ai vu des gens partir pendant le tournage.
01:24:38J'ai vu des gens qui sont arrivés très motivés
01:24:41et puis, à force, qui ont besoin de passer un peu le relais.
01:24:45Mais c'est pas critiquable, c'est juste que c'est un marathon.
01:24:48C'est un marathon avec la vie et avec la mort,
01:24:51au quotidien, tous les jours.
01:24:53Et que, voilà, en plus, comme je l'ai dit,
01:24:56comme on n'est pas très bien remerciés
01:24:58par l'Etat et par les hôpitaux du travail qu'on donne,
01:25:03qu'on fournit, pardon,
01:25:05ça peut participer de l'épuisement.
01:25:07Une manière de tenir, c'est la solidarité
01:25:10entre personnel soignant.
01:25:11C'est aussi ce qui ressort de votre film.
01:25:14La solidarité et l'engagement.
01:25:16Franchement, ce métier de personnel soignant
01:25:20repose sur l'engagement et l'ensemble de l'hôpital public
01:25:24repose sur l'engagement de ce personnel.
01:25:26S'il n'y avait pas cet engagement,
01:25:28on gagne mieux sa vie dans le privé.
01:25:30Pour venir travailler là, dans le public,
01:25:32c'est qu'on a envie de donner de soi aux autres.
01:25:35Merci, Eric Guéret. Merci pour ce film,
01:25:37ce formidable documentaire,
01:25:39que nous avions le plaisir de présenter
01:25:41dans cette émission Débat doc.
01:25:43Vos réactions, ce sera sur hashtag Débat doc,
01:25:46sur Twitter. Merci à Selma Salih,
01:25:48qui m'a aidé à préparer cette émission.
01:25:50Je vous donne rendez-vous pour un prochain Débat doc,
01:25:53et ça sera, bien entendu, avec son documentaire et son débat.
01:25:57A très bientôt.

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