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00:00Et cette offensive ukrainienne en territoire russe, on va continuer d'en parler avec notre invité. Et c'est vous, Jean-Paul Paloméros. Bonjour.
00:07— Bonjour. — Merci à vous de répondre à nos questions ce midi sur France 24. Vous êtes ancien chef d'État-major de l'armée de l'air.
00:14Merci à vous. L'Ukraine semble progresser, on a l'impression, dans la région de Kours. Est-ce que cette avancée peut durer
00:21ou est-ce que c'est un feu de paille, selon vous ?
00:24Ah, bien malin celui qui pourra le dire. En tout cas, ce qui est certain, c'est que l'Ukraine se sent enraculée quelque part,
00:32parce que la pression est très forte dans le Donbass. On le sait. Les troupes russes sont à quelques kilomètres de Kovrovsk.
00:40L'Ukraine doit, devait reprendre la main. Et c'est pour ça qu'ils ont décidé, en dépit des risques que ça peut comporter,
00:49de rentrer dans cette partie, sur ce territoire russe, qui est un peu une sorte de ventre-mou.
00:57Il n'est défendu que par des concerts, pratiquement, même si les Russes sont en train d'essayer de renforcer cette défense.
01:04Et ils espèrent bien remettre les cartes. C'est ça, l'enjeu. Bien sûr qu'ils prennent des risques, mais ils sont obligés.
01:11Que se passe-t-il ? Ils sont acculés dans le Donbass. Ils ont des frappes aériennes pratiquement quotidiennes contre leur population,
01:18leur centre névralgique et leur centre économique. Et puis, ils ont la pression aussi du temps.
01:26L'automne va arriver. Et avec l'automne, les élections américaines. Donc il fallait qu'ils fassent quelque chose.
01:33Ils ont tenté cela. Maintenant, il reste beaucoup de points d'interrogation sur la durée, les conditions dans lesquelles l'Ukraine
01:40pourrait rester sur place. Et tout ça va dépendre bien entendu de la réaction des Russes par rapport à cette incursion.
01:48— Oui. Reprendre la main, donc, sur le cours de cette guerre. Vous l'avez dit, Jean-Paul Paloméros.
01:53Les Ukrainiens, ils justifient également une partie de ces attaques en disant « Voilà, en faisant ça, on veut se protéger
01:59des attaques en profondeur de la Russie sur le sol ukrainien, et notamment les attaques aériennes ».
02:04C'est aussi ça, le but de cette offensive ? — Ah oui. Ça, c'est une justification. C'est pas l'essentiel, dans mon sens.
02:15Les bombardiers russes peuvent frapper à grande distance. C'est pas quelques dizaines de kilomètres qui vont changer les choses.
02:21Mais c'est vrai que l'Ukraine, installant ce qu'on pourrait appeler une zone tampon, plus ou moins large, fait reculer les Russes.
02:30Ça, c'est une certitude pour les moyens sols, pour l'emploi des drones, pour tout ça. Et surtout, ça peut constituer
02:38à terme une monnaie d'échange, si les Ukrainiens sont capables de maintenir cette zone. Et ça, c'est une question
02:45auxquelles il est difficile de répondre aujourd'hui. — Oui. C'est la question que j'allais vous poser.
02:50On a l'impression – vous l'avez dit brièvement – que la Russie... Les Ukrainiens ont bien ciblé la zone.
02:55Elle a été défendue par des conscrits, des soldats peu expérimentés. On a l'impression que la Russie a du mal à réagir
03:02pour l'instant à cette offensive ukrainienne. — La Russie... D'abord, M. Poutine a fait un péché d'orgueil, parce qu'il n'a pas pensé
03:13en tout cas que ce sous-peuple, comme il considère les Ukrainiens, pouvait envahir la mer Russie. Donc eh bien si, c'est fait.
03:23Et partant de là, il lui est difficile de dégarnir son front de l'Est, qui reste son objectif principal dans les oblastes annexés.
03:32Et puis il n'a plus beaucoup de réserves, visiblement. C'est là-dessus que misent les Ukrainiens en pénétrant dans cette région.
03:39Alors il va essayer d'en trouver à droite, à gauche, d'en faire revenir de Kaliningrad et de Jeunessezou. Il est vraisemblable
03:46qu'on voie une action de l'armée de l'air russe dans les jours qui viennent. Mais les Ukrainiens ont déployé des moyens solaires aussi.
03:53Évidemment, ils savent qu'ils vont devoir se protéger. Donc voilà. Mais c'est une bonne chose, me semble-t-il, que les Ukrainiens
04:01aient repris la main en prenant des risques. Mais on ne gagne pas une guerre, ou en tout cas on ne stabilise pas une guerre,
04:07en l'occurrence, sans prendre des risques. — Oui, la Russie, qui va donc amener de nouvelles troupes fraîches dans la zone,
04:13mais qui veut à tout prix éviter d'épeupler le Donbass, où pour l'instant – vous l'avez dit – elle est à son avantage.
04:22— Oui. Ça reste l'objectif stratégique. Écoutez, maintenant, on le sait. Surtout ce nord-est, je dirais, l'oblaste de Donetsk.
04:34Et là, il va pas lécher la main, parce que ça a été d'abord trop difficile et trop coûteux en termes de vie humaine pour en arriver là,
04:41à quelques kilomètres après kilomètre. Et ils sentent bien que ça peut être un piège, cette affaire, cette incursion ukrainienne,
04:50dont je suis pas certain que les Ukrainiens savaient exactement jusqu'où ils allaient aller. Ça doit donner pas mal de grain à moudre aujourd'hui
04:59pour l'état-major ukrainien de savoir comment défendre au moins une partie de ce qu'ils viennent de gagner et d'attendre les Russes
05:08pour essayer de les piéger dans ce combat.
05:12— Est-ce que cette offensive peut changer le cours de la guerre ? Ou est-ce que le but, finalement, ce n'est pas de stabiliser le front et l'équilibre des forces ?
05:22— Vous savez, chaque parti essaye en permanence de changer le cours de la guerre quand c'est pas à son avantage.
05:26Et j'ai expliqué que les Ukrainiens, en ce moment, étaient certainement en difficulté. J'ai pas parlé aussi des difficultés de mobilisation.
05:32Donc tout ça contribue aussi au moral, au moral des Ukrainiens. C'est une victoire. C'est important, quelle qu'elle soit.
05:39Ça peut être important comme facteur de mobilisation, qui est absolument indispensable. Les pays occidentaux, d'ailleurs,
05:47soutiennent ce droit de légitime défense, puisque tout ça s'inscrit parfaitement dans la Charte des Nations unies et ce droit de légitime défense.
05:55Donc on voit que les lignes qui étaient rouges ou pointillées, en tout cas jusqu'à maintenant, ont sauté, parce que les Ukrainiens
06:03ont eu l'audace de le faire. Et je crois que ça change quelque chose, quand même, dans la nature des choses.
06:09La mer réussit à envahir ce qui n'avait pas été le cas depuis 1941, quoi.
06:14— Est-ce que du côté des alliés occidentaux de l'Ukraine, c'est une forme de silence pour l'heure sur cette offensive,
06:22mais une forme de silence réjoui, on a presque l'impression ?
06:26— Oui, c'est plutôt un silence bénévolent. Enfin c'est un silence... Non, chacun s'est exprimé en stipulant que tout ça était parfaitement
06:38dans le droit international, comme je l'ai dit, le droit de défense. Et les alliés continuent à fournir des armements.
06:47Il y a une question qui reste malgré tout posée dans tout ça. C'est quand les alliés et l'ensemble des alliés,
06:53en particulier les Américains, vont enfin lever ces restrictions, qu'ils mettent à l'emploi certaines armes les plus efficaces pour l'Ukraine.
07:01Et ça, M. Zelensky le dit régulièrement. Et il a raison.
07:07— Ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup, Jean-Paul Paloméros, d'avoir répondu à nos questions ce midi sur France 24.

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