Stéphanie De Muru reçoit Gilles Sezionale
Stéphanie de Muru revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité.
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00:00Europe 1 et vous, 11h-13h, Stéphanie Demerue, Léon Marchand.
00:18Exceptionnel Léon Marchand qui n'était pas devant sa télé hier à vibrer.
00:23Je crois qu'on a tous vibré Estelle, une enfant.
00:26Comme des gosses en fait.
00:28On est fiers, on est très fiers.
00:30Léon Marchand, triple champion olympique, doublé historique du nageur français.
00:34Deux médailles d'or dans la même soirée, 200 mètres papillons, puis Bras.
00:37Trois médailles d'or, vous vous rendez compte, au compteur, depuis le début de ces Jeux olympiques.
00:42Et peut-être, peut-être une quatrième ce matin, puisque Léon Marchand replonge aux alentours, je crois de midi,
00:48en vue de son prochain objectif sur 200 mètres quatre nage.
00:52Incroyable. Alors on va en parler avec Gilles Saisoniel, qui est président de la Fédération française de natation.
00:59Bonjour Gilles Saisoniel.
01:01Bonjour.
01:02Vous êtes un président de FEDE heureux.
01:04Oui, on ne va pas cracher dans la soupe.
01:08Non, là non.
01:09Ça serait compliqué quand même.
01:11Non, non, là ça serait compliqué.
01:13Alors, qu'est-ce que vous avez ressenti hier soir, Gilles Saisoniel, devant votre...
01:16Vous étiez peut-être sur place d'ailleurs.
01:18J'étais sur place, oui, comme tous les jours.
01:20Et là, je suis déjà sur place pour regarder Florent qui va faire sa série du 50 mètres.
01:24Mais fabuleux. Vous allez pouvoir nous commenter ça.
01:27Oui, si vous voulez.
01:29Non, ben, on était, alors, sans être, on va dire, trop sûr de soi,
01:36mais on était assez serein dans le staff par rapport à la capacité de Léon.
01:40La petite interrogation, c'était sur le 200 papillons, parce que Milak est un très grand champion.
01:46Et on avait vu qu'effectivement, en demi-finale, Milak, qui part toujours très vite,
01:52a eu beaucoup de mal à terminer ses 15 derniers mètres.
01:55Et en fait, on s'était dit qu'avec les capacités de Léon de gérer sa course,
02:01s'il était au contact dans les 15 derniers mètres, c'était jouable.
02:04Et effectivement, c'est ce qui s'est passé.
02:07Donc, c'était une course fabuleuse.
02:09Ah, c'était incroyable.
02:10Parce que Milak était encore en tête à 10 mètres de l'arrivée.
02:15Et Léon s'est envolé, comme il sait très bien le faire, à la coiffée sur le poteau.
02:21C'était vraiment une course à preuve.
02:22Pour le 200 bras, on était beaucoup plus encore serein,
02:26parce qu'il a tellement dominé cette nage qu'on savait qu'il n'y aurait pas trop de soucis par rapport au 200 bras.
02:35Et ce matin, alors, qu'est-ce qui va se passer ?
02:38Selon vous, vous êtes optimiste.
02:40Oui, oui, bien sûr.
02:42Là, il va assurer.
02:43Après, je pense qu'il a quand même fait deux courses à très peu d'intervalles.
02:49Oui, mais ça, c'est une première Gilles Saisonnel.
02:52Il faut le souligner.
02:55Deux finales l'une à la suite de l'autre, ça ne s'est jamais vu.
02:59Il avait une heure entre les deux.
03:01Donc, c'est vrai que c'était tout un protocole pour le faire récupérer.
03:04Comment vous avez fait ?
03:07Il faut remercier tout le staff avec les entraîneurs,
03:11avec tous les gens qui s'occupent de l'équipe de France.
03:16Après, le protocole, il est assez connu.
03:18Léon, après sa course, a plongé pour faire descendre son taux de rectat.
03:23Il a récupéré.
03:24Après, il a eu le podium.
03:26Après, il s'est refait un petit échauffement pour préparer sa deuxième course.
03:30Tout ça, c'est quelque chose.
03:32Mais les entraîneurs ne sont pas chauds d'habitude pour faire recourir.
03:37Comme on l'a dit, c'était inédit parce que les performances sont...
03:41Non, il y a Florent qui va plonger dans le bassin.
03:45Ah oui, alors vous nous envoyez...
03:48Vous savez ce qu'on vous propose, chers auditeurs.
03:51Vous avez le droit de regarder la télé.
03:53On va aller sur un auditeur.
03:55Vous restez avec nous.
03:56Vous venez nous commenter la course après.
03:57Les auditeurs, vous vous mettez devant la télé.
03:59Vous restez sur Europe 1.
04:00Gilles Saisonial, on vous retrouve dans quelques instants.
04:02Lou, on a un auditeur qui veut réagir.
04:04On a Pascal de Nantes qui, comme nous tous, je crois, était devant sa télé hier soir.
04:09Pascal, bonjour.
04:11Oui, bonjour Stéphanie.
04:13Alors, racontez-moi un petit peu qu'est-ce que vous avez ressenti.
04:15Vous étiez à la télé, vous à Nantes.
04:17Eh oui, j'étais à la télé, bien évidemment, avec ma famille, ma femme et mes enfants.
04:21J'ai appelé Manu Militari, qui était à différentes pièces de la maison,
04:24pour venir assister à l'événement.
04:27C'est quand même un événement dont on se souviendra très très longtemps.
04:31Qu'est-ce qui vous a touché, marqué le plus ?
04:37Ce qui me touche, c'est la décontraction de Léo Marchand par rapport à l'événement.
04:42C'est un sportif de haut niveau et il arrive à gérer ses émotions.
04:45Manodou qui vient d'arriver premier aussi.
04:47Alors, décidément, la Fédération Française de Natation, c'est incroyable pour la France.
04:51Pardonnez-moi, je vous coupe Pascal.
04:53Mais c'est vrai que Manodou, Florian Manodou, lui aussi vient de...
04:57Ça vous enchante d'entendre des nouvelles comme ça ?
05:00C'est clair, je regarde en même temps vous.
05:02C'est du calife, pardon, on me dit.
05:03Parce que moi je suis devant un écran sans son, alors je ne sais pas ce qui se passe.
05:06Bref, je vous commente en direct.
05:08Le matin, c'est du calife.
05:10Bon, c'est déjà bien.
05:11Par contre, vous avez le président de la Fédération avec vous, c'est ça ?
05:14Alors, je ne sais pas s'il est revenu, Gilles Saisonnial, s'il est avec nous.
05:17Vous pouvez l'interpeller.
05:19Gilles Saisonnial, vous êtes toujours là ?
05:21Oui, oui, je suis toujours là.
05:22Super, bon, moi je crois que c'est une calife.
05:24Donc Pascal veut vous interroger.
05:27Oui, oui, je voudrais féliciter le président de la Fédération
05:30parce qu'on n'obtient pas des résultats comme ça
05:32sans que la Fédération fasse du bon boulot derrière.
05:36Il y a 30 ans, la Fédération de natation française était au fond du trou.
05:41On n'avait aucun résultat, on était la risée.
05:44Et depuis des années et des années, il y a un vrai travail en profondeur qui est venu.
05:49Avec les présidents, bien sûr, et les entraîneurs et tous les staffs.
05:52Et bien sûr, ça donne des résultats.
05:54Donc ça, c'est formidable parce que ça ne vient pas nulle part.
05:57Ça, c'est le projet tonnel, c'est lui, comme les autres.
06:00Gilles Saisonnial, qu'est-ce que vous répondez à Pascal qui nous appelle de Nantes
06:04et qui vous félicite ?
06:06Merci Pascal, après il a tout à fait raison.
06:09Après la génération dorée de Londres et la Fédération n'avait pas tellement anticipé.
06:14Donc quand j'ai été élu en 2017, on a remis un plan marché
06:17pour vraiment restructurer la natation rapidement.
06:21Enfin, il faut 7-8 ans pour faire une génération.
06:23Et on avait en vue les Jeux de Paris,
06:26parce qu'on ne pouvait pas se permettre, à mon sens, de rater ces Jeux.
06:29Donc il y a eu tout un travail de réorganisation au travers des centres de formation,
06:34des clubs d'excellence, avec Julien Dussoulet, directeur technique,
06:37avec le directeur général, Laurence Hubini.
06:39On a travaillé avec les coachs, avec les clubs, bien sûr,
06:43parce que tout part des clubs.
06:44Donc ça a été tout ce travail-là qui a permis, aujourd'hui,
06:48de voir les résultats que l'on voit.
06:49Parce qu'il faut souligner qu'à côté de notre locomotive Lyon Marchand,
06:54on n'a jamais eu autant de nageurs assez jeunes en demi ou en finale.
06:59Donc c'est quelque chose d'extraordinaire.
07:01Ça veut dire que vous les détectez plus facilement ?
07:04Vous les entraînez mieux, concrètement ?
07:06Le plan qui avait été mis en place, que j'avais écrit lors de mon élection,
07:11c'était de dire qu'on restructurait avec les centres de formation,
07:13et au-dessus, les clubs d'excellence.
07:15Parce que chaque entraîneur, j'étais moi-même entraîneur,
07:18je n'ai pas forcément les qualités pour entraîner un champion du monde.
07:22Donc il faut que les centres de formation travaillent,
07:25parce qu'il faut reconnaître tout le travail qui est fait par ces entraîneurs.
07:30Et ensuite, ils vont progresser dans des centres un petit peu au-dessus,
07:34qui sont les CAF.
07:35Et derrière, on a mis les clubs d'excellence,
07:37avec notamment, on avait remis en premier lieu,
07:40avec Michel Chrétien, l'INSEP, qui est notre plateforme, on va dire, numéro 1.
07:45Donc c'est vrai que tout ce travail a conduit.
07:48Le club de Toulouse, où Léon a été formé,
07:51avec Nicolas Castel, Nicolas continue à suivre, avec Bob Oman.
07:54C'est tout un travail d'osmose entre les coachs,
07:57aussi bien d'un niveau un peu, on va dire, en dessous.
08:01Mais il faut les mettre en valeur,
08:02parce que s'il n'y a pas de formation, il n'y a pas de résultat.
08:06Et tout ce travail a été fait pendant 7 ans,
08:08depuis 2017.
08:10On arrive dans la 8ème année,
08:12et aujourd'hui, on peut s'enorgueillir, bien sûr.
08:15Et Pascal a tout à fait raison de dire ça,
08:18mais ça s'est passé tout seul, quoi.
08:22Et ça donne des extraterrestres, comme Léon Marchand.
08:25Tout à fait.
08:26Gilles Saisonial, qu'est-ce qui fait ce joueur d'exception ?
08:30Comment expliquer ce talent inouï ?
08:34Il a un talent inné de ses jeunes.
08:38Ses deux parents, d'ailleurs, sont nageurs.
08:41Xavier est un des champions du monde à Perse.
08:44Sa maman aussi, ils ont fait des Jeux.
08:47L'ADN.
08:48Tous les deux, c'est de l'ADN.
08:50Après, c'est un garçon qui est épanoui, c'est un bosseur.
08:55Et il a besoin, quand il a gagné le 404,
08:59moi j'étais avec lui après,
09:01il a regardé les séries du Saint-Bras, il est bien.
09:04Si j'avais su, j'aurais pu même être champion du Saint-Bras.
09:08C'est quelqu'un, il a besoin de se mettre des challenges.
09:10Il dit lui-même, ça le fait kiffer.
09:13C'est vrai que quand il a annoncé qu'il voulait doubler,
09:16c'est un doublé inédit, qu'il ne s'est jamais fait.
09:18Après, tout le monde, Bob, tout le staff de l'équipe de France
09:23s'est mis effectivement dans cette logique-là
09:25pour lui faciliter le travail et l'amener à cette concrétisation.
09:29Mais il reste très calme, c'est ça ?
09:30D'ailleurs, je crois qu'il fait aussi sa popularité.
09:33Oui, il est épanoui dans sa tête.
09:36Il a peut-être la pression comme tout le monde.
09:40C'est vrai que ça ne se voit pas.
09:42Je le disais par rapport à d'autres nageurs,
09:45on a vu par exemple Mewen qui sur le sando est passé complètement à côté
09:49parce qu'il avait une pression et qu'il n'a pas supporté.
09:52Après, il s'est bien remis hier sur le 200.
09:54Mais alors que Mewen a dominé toute la saison sur le sando,
09:59là il est passé au travers parce que c'est quand même dur.
10:02On n'imagine pas la pression qu'ils ont.
10:04Ce sont des jeunes athlètes.
10:05Ils ont 20 ans, 22 ans.
10:07Il faudra tenir, avoir la tête froide après ces jeux.
10:10Il faut avoir la tête froide.
10:12Et puis quand vous avez toute une piscine,
10:14parce que l'ambiance est formidable,
10:15qui est derrière vous à scander votre nom,
10:18il y en a qui ont du mal.
10:21C'est vrai.
10:22Ça c'est chacun à son caractère.
10:24Un garçon qui est un peu plus introverti va avoir plus de mal
10:27qu'un garçon comme effectivement Léon qui lui,
10:31il est là, il est content, il vit sa vie.
10:35J'étais à côté de lui quand le président Macron l'a appelé
10:38et il a conclu en me disant « Bonne soirée ».
10:41C'est drôle.
10:42C'est l'idée.
10:44On peut parler au peuple, je crois que ça va pas du tout.
10:48C'est peut-être ça qui fait d'ailleurs aussi sa force
10:51en dehors de cette ADN et ce talent inné.
10:55Gilles Cézonial, on imagine que des vocations vont naître à l'issue de ces jeux.
10:59J'espère qu'il y aura assez de piscines en France quand même.
11:02C'est le problème sur lequel aussi on travaille à côté du côté sportif.
11:06La fédération a beaucoup de retard en France.
11:09On n'a pas beaucoup d'équipements.
11:11On a eu beaucoup de la concurrence des DSP, des délégations de service public
11:15qui mettent un mal au club parce qu'ils n'ont plus l'accès à la piscine.
11:19Parce que ce sont des gestionnaires privés,
11:21ils prennent ce qu'il y a à prendre financièrement
11:23mais les clubs souvent se retrouvent à la portion congrue.
11:26Donc là aujourd'hui, depuis quelques années déjà,
11:29nous nous portons aussi sur ces DSP
11:32et on a signé déjà des conventions avec des collectivités.
11:36Et on travaille sur des modèles de bassins
11:38à des prix nettement moins onéreux que des cathédrales fermées.
11:43Donc ce sont des bassins ouverts.
11:46On a vraiment tous des modèles.
11:48On a beaucoup aussi avec l'agence pour pallier au manque
11:52dans les endroits ruraux sur des bassins un peu plus éphémères de 20 mètres.
11:57Et on travaille énormément sur le plan J'apprends à nager.
12:01Par exemple, la fédération, l'été, passe plus de 30 000 enfants pour leur apprendre à nager.
12:05D'ailleurs, on parlera de noyade justement tout à l'heure dans cette émission
12:10parce que c'est vrai qu'il y a beaucoup de noyade.
12:11En tout cas, merci Gilles Cézonia.
12:13Je vous rends à vos jeux.
12:16Et puis on lui souhaite bonne chance à Léon Marchand
12:18pour cette quatrième médaille d'or.
12:20Pascal de Nantes, merci à vous.
12:22Vos enfants font de la natation ? Je ne sais pas quel âge ils ont.
12:26Ma fille a fait de la natation pendant quelques années.
12:30Elle a 23 ans quand elle était adolescente.
12:34Mon fils, non, pas plus que ça.
12:36Peut-être qu'il va s'y mettre maintenant du coup.
12:38Ça va susciter des vocations.
12:40C'est clair. C'est le plus jeune probablement.
12:42En tout cas, c'est important de fédérer.
12:45Il y a toute la nation derrière qui est fédérée.
12:48On porte tous les clivages et toutes les générations.
12:50Absolument. Et ça fait du bien notre pays.
12:53On est joyeux de voir ça.
12:54Merci beaucoup Pascal.
12:56Merci d'avoir été avec nous sur Europe 1.